Sasha I. Poliakov ► Alexander Skarsgard.

→ Mémoire de Sasha Poliakov page 06

Mon père m'a toujours dit que c'était une excellente idée de garder ce petit cahier, avec toutes mes pensées et bien entendu, la liste de toutes mes conquêtes. Il y a beaucoup de noms de femmes et d'hommes, ce qui ne me pose pas vraiment de problème. Un Poliakov obtient toujours ce qu'il veut. C'est la première chose que j'ai apprise et ce depuis ma naissance... Bon il faut bien commencer par un début donc commençons par ma vie en Russie. J'ai vu le jour le 26 Décembre à Moscou, en Russie, juste à la fin de la guerre froide. Un climat charmant et pas du tout propice pour un enfant mais là encore, j'ai eu beaucoup de chance. Les combats, la misère et la famine, ce sont des choses qui m'ont toujours été étrangères. Voilà ce qu'être un Poliakov implique. Pour être tout à fait honnête, je ne connais pas le métier de mes parents et mon père m'a toujours dit que moins j'en savais... mieux je me portais. Tout ce que je peux dire et écrire c'est que mon nom de famille impose le respect en Russie et même les plus haut dignitaires politiques connaissent mon père. Nous travaillons dans l'ombre et nous finançons toutes les campagnes politiques et militaires, voilà qui nous sommes. S'il y a bien une chose que mon père m'a appris c'est ça, la patience, chaque chose à sa place dans cet univers et certains naissent dans les rues de Moscou et meurent dans la boue et d'autres naissent avec une cuillière en or dans la bouche. C'est mon cas. Mais qu'on se rassure, je ne suis pas un connard pour cette raison. Mes parents ont tout fait pour que je comprenne la véritable valeur de l'argent et que j'apprenne à ne pas le gaspiller. L'argent ne fait peut être pas le bonheur mais putain... Ça peut être utile de temps à autre. Et il n'y a absolument rien qu'on ne peut pas acheter. Tout peut s'acheter et tout est à vendre, c'est ça les règles du jeu.

J'ai eu une enfance plus que gâtée mais bon qu'est-ce que je peux dire... Oui je l'ai méritée, je n'ai jamais mis les pieds dans une école du genre public avant mon entrée à Harvard. Non, les professeurs venaient à nous, mon père veillant toujours à engager les meilleurs et bien entendu mes notes devaient être excellentes sinon pas question d'aller s'amuser. Là encore, merci papa. Rigueur et discipline et surtout sérieux, ce ne sont pas des leçons que je suis prêt d'oublier. Oui, je suis capable de faire la fête toute la nuit et ensuite me pointer à l'heure en cours pour prendre des notes. Tout est une question d'organisation. Et oui, je suis légèrement maniaque dans ce domaine là et c'est sûrement pour ça que mon Blackberry ne me quitte jamais. Merde, ce téléphone est pratiquemment... Ma femme. Je m'égare, reprenons. Notre famille s'est rapidement agrandie, ma mère donnant naissance à mes deux petites soeurs, des jumelles, Natalia et Sofia. J'adore mes petites soeurs, on se ressemble beaucoup tous les trois et il est impossible de ne pas croire que nous ne sommes pas de la même famille. Une belle addition à notre joyeuse patrie et même mon père qui à la base ne voulait qu'un seul enfant et un homme s'il vous plaît, était plus que fier. C'est comme ça que j'ai grandi, notre demeure juste à côté du QG du parti politique que soutenait mon père. Un jour j'ai eu le droit de venir à une réunion. J'ai pris beaucoup de notes et c'est là que je me suis dit qu'il fallait que j'en apprenne plus et que je prenne des cours de langues, résultat, je parle le russe, l'anglais, le français et l'allemand. Oui, rien que ça. J'aurais pu m'orienter dans une carrière dans la politique mais j'ai choisi un tout autre parcours. Car s'il y avait bien une chose que j'avais retenu de la guerre froide c'était qu'il fallait garder un oeil sur nos chers amis américains et ainsi à quartorze ans j'avais déjà pris ma décision, j'irai étudier dans une université américaine et la meilleure qui soit.

Donc j'ai tout fait pour. Pas facile de concilier sa vie d'adolescent avec ses envies de grandeur. C'est d'ailleurs durant cette période que j'ai pris l'habitude de m'éclipser la nuit pour faire la fête et revenir le jour pour étudier et toujours avoir l'air impeccable devant ma mère. Moscou c'est ma ville, je connais les rues par coeur, je sais où aller pour consommer la meilleure vodka, pour voir les plus jolies filles se déshabiller. J'avais un cercle d'amis assez conséquent en Russie, principalement composé de lèches bottes de ma promotion et bien entendu mes cousins et cousines adorées et parfois mes soeurs. Oui, nous les Poliakov nous sommes soudés. Bref, j'ai perdu ma virginité avec une femme, Ingrid, quand j'avais seize ans et avec un homme, mon cousin d'ailleurs, six mois plus tard. Mon père nous a même supris au lit et il a ri de bon coeur. Il a dit que ma vie privée devait rester privé et que du moment que je ne dégradais pas le nom de notre famille, je pouvais faire ce que je voulais. Vous voyez? Tout est une question d'apparence. J'ai fini le lycée major de ma promotion et l'été de mes dix sept ans, toute la famille est partie aux États-Unis pour aider ce cher Sasha à poursuivre son rêve. J'ai étonné tout le monde en choississant l'architecture comme matière principale mais je me suis dit, quitte à aller aux États-Unis, autant laisser ma trace et ce, de toutes les façons possibles.

"Tu parles comme un vrai Poliakov." m'a dit mon père avant de me serrer la main et de me laisser sur le campus.

Et vous savez quoi? C'est le meilleur compliment du monde.