D'échanges multiples à un premier rendez-vous des plus surprenants, la tournure des évènements liés à notre rencontre n'a de cesse de me fasciner. Jamais je n'aurais imaginé discuter avec toi lorsque je te croisais courir. Jamais je n'aurais cru que tu allais me sauver d'une situation aussi périlleuse que celle où j'étais en danger. Jamais je n'aurais cru prendre un café pour parler de vive voix après avoir dialogué par messages. Et jamais je n'aurais cru embrasser quelqu'un dès le premier rendez-vous, t'embrasser à deux reprises de ma propre initiative comme pour panser ton faciès abimé pendant mon sauvetage. Malgré toutes ces interactions, certains sujets ont été mis de côté, consciemment ou non, au point que je ne réalise qu'en me préparant que je te fais rentrer chez moi, dans mon antre. Le lieu est luxueux à en décontenancer plus d'un et étant donné les quelques informations que j'ai pu intégrer, je doute que tu sois familier avec pareil repère. La façade pourrait te mettre la puce à l'oreille, mais qu'en est-il du salon où je lis avec sa petite table en sus ? Ou encore la pièce réservé au sport et à mes travaux manuels en robotique ? Que diras-tu en voyant le second salon qui me sert à regarder mes programmes et jouer aux jeux ? Tu ne pourras pas te perdre dans la cuisine, ni même dans la chambre principale, et tu riras peut-être du côté sobre, comparé au reste, de la chambre d'ami. Tu finiras par te cacher aux toilettes afin de prendre le temps de réaliser où tu as mis les pieds. Tout ceci me stresse légèrement. En aucun cas je ne souhaite faire de mon héritage, de mon privilège quelque chose qui se doit de déterminer le lien qui se crée entre deux êtres humain. Et celui que nous créons commence à m'être précieux. Pour contraster, sans doute, j'ai tout de même tenu à ne pas en faire trop et demeurer sobrement habillé sans perdre pour autant ma patte. Mon portable vibre et alors que je m'apprête à le saisir, la sonnerie retentit. Coeur qui s'emballe, ouvrant le bal aux nombreux battements qui manqueront à l'appel, mains rapides qui décrochent le combiné. ❝ Coucou, je t'ouvre ❞ lance-je avec enthousiasme avant de raccrocher tout en appuyant sur le bouton. Il ne te faudra que quelques étages - ou prendre l'acenceur. La courte attente me laisse seul avec mes pensées, horrible sensation. Tu toques et me délivres automatiquement de cette tornade menaçant de me faire perdre mes moyens. ❝ Coda. ❞ Mon sourire est loin d'être discret. Je suis plus qu'heureux de te voir, de te savoir présent. Cela annihile même le stress de notre rapprochement assuré au cours de la soirée. ❝ Rentre, installe-toi. Tu peux déposer tes affaires là où tu le sens. ❞ Je m'écarte un peu pour te laisser passer, baissant le regard, presque honteux de tant vouloir sentir la chaleur de ton étreinte.
(Eben Wolford)
I repair myself