(sunny) read your mind

Jude & Sunny

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Je ne me lasserai jamais de cette maison que j'ai acheté l'année dernière dans ce quartier au Sud de Boston. Qui aurait cru un jour que le Jude dévergondé trouverait un petit morceau de bonheur dans un quartier résidentiel reculé du centre ville ? Le bruit des voitures et des étudiants bourrés ont été remplacé par le bruit apaisant des vagues lorsque je me retrouve allongé dans mon lit le soir. La solitude qui me pèse est toujours présente mais comme à mon habitude, je tente de l'oublier en me plongeant corps et âme dans mon travail. Diriger une clinique n'est pas une mince affaire et je me découvre des qualités de management totalement insoupçonnées, mais c'est aussi tellement gratifiant. Toutes les personnes à qui je parle de ma clinique sont impressionnées et je sais que mes parents seraient fiers. Malgré cette obsession pour le travail, j'ai pris le temps de prendre quelques vacances pour passer du temps avec mes enfants. Les promenades matinales au bord de la plage sont ce qu'ils préfèrent, même si les températures ne sont pas propices à se mettre en maillot pour piquer une tête. L'air frais de l'océan nous réveille tranquillement et Aaron n'hésite pas à prendre sa soeur par la main pour l'amener au bord de l'eau afin de ramasser quelques coquillages. Gobelet de café chaud dans la main, je fais signe à mon fils de ne pas trop s'éloigner avant que mon regard ne soit attiré par un visage qui me semble familier. L'index tapote l'épaule de la demoiselle et mon intuition se confirme quand elle se tourne vers moi. Il s'agit bien de Sunny. Ou du docteur Risperdale, ça marche aussi. "Alors là, je ne m'attendais pas à vous voir ici", que je lui lance en cherchant machinalement mes enfants du regard. "On est pas sur une plage de Californie..", que j'ajoute en plaisantant.

@Jude Montgomery & @Sunny Risperdale

Jude & Sunny

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Arrivée à Boston la veille au soir en compagnie de ma collègue qui m'accompagnait pour le congrès de neurosciences auquel nous allons participer d'ici quelques jours, j'étais enfin prête à découvrir cette ville mythique. Bien plus habituée à la côté Ouest qu'Est, cela me faisait bizarre qu'il fasse aussi froid et que l'architecture soit tant différente. Mais ce n'était pas pour me déplaire. J'essayais de ne pas penser au fait que j'avais failli étudier ici, quand j'avais tenté mes chances juste après la fin du lycée. Mais une autre vie m'attendait à cette époque, à San Francisco, qui ne me décevait pas. Je n'étais arrivée qu'hier, mais je voulais voir l'océan, comme chez moi. Je voulais voir une autre vue, un autre océan alors je me dirigeais vers le sud de Boston, pas si loin d'où se trouvait notre airbnb. L'air était frais, la brise était douce et le son des vagues qui s'écrasent contre le sol me rassurait. Je fermais les yeux, mes mains entourant mon gobelet de thé que j'avais acheté en passant, et appréciais ce moment pour me déstresser de ce qui allait se passer les prochains jours : faire une communication orale à un congrès d'envergure internationale en tant que chercheuse. Oui, c'était particulièrement flippant. Mais ça allait le faire. Ca le fait toujours de toute façon. Perdue dans mes pensées, Taylor Swift dans les oreilles, je ne faisais attention à plus rien et je sursautais quand quelqu'un me touchait l'épaule. Je me retournais rapidement, renversant un peu de thé au passage. "Alors là, je ne m'attendais pas à vous voir ici" Alors là. Si y a bien des personnes auxquelles je ne m'attendais pas à voir sur le côté Est des Etats Unis, c'était bien les patients que je voyais de temps en temps en service d'hématologie à San Francisco. Ce travail, en tant que psychologue de la santé, me permettait de garder un pied dans la clinique et de gagner un peu d'argent pour mon loyer. Les bourses doctorales ne font pas tout, non. Ce n'était pas un temps plein mais ça me suffisait en tout cas. Anyway. Je suivais le regard de M. Montgomery pour voir qu'il checkait des enfants. Ses enfants. Wow. C'était étrange ça. "On est pas sur une plage de Californie.." Je souris doucement à cette remarque. Il est vrai que de le croiser ici était réellement un hasard mais surtout impossible. Mais bon, il restait mon seul patient vivant à Boston. Les températures ne sont pas les mêmes en effet. Clairement on partait sur un autre bilan ici. C'est une surprise de vous voir ici. Comment allez-vous ? Notre prochain rdv est dans quelques semaines non ? Je n'avais que quelques patients donc j'arrivais à retenir plutôt bien les RDV. Et en tant que stressée de la vie, je savais exactement quand j'allais les revoir pour mieux m'organiser.

@Jude Montgomery & @Sunny Risperdale

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C'est étrange, car c'est un peu comme si je menais une double vie. Tout est forcément différent lorsque je vais à SF pour faire mes examens à la clinique : je suis dans une ville nouvelle où je ne connais quasiment personne, même si mes aller-retours dans la ville du Golden Gate Bridge m'ont permis de faire quelques connaissances avec le temps. Il faut dire que je me rends là-bas une fois tous les trois/quatre mois selon les résultats de mes examens. Des examens qui se veulent plutôt rassurant depuis le début de l'essai clinique dont je fais partie, même si je ne me fais aucun espoir sur le fait que je vivrai assez vieux pour rencontrer ne serait-ce que mes petits-enfants. Leandra me ferait les gros yeux si elle m'entendait parler comme ça, mais n'est-ce pas mieux que j'ai fait la paix avec cette idée ? Enfin bref, avoir cette partie de ma vie à San Francisco ici, sur les plages de Boston, ça me fait forcément bizarre mais ça me fait plaisir de voir Sunny ici. On peut dire que j'en ai vu, des psychologues depuis mon enfance et je pense que le Dr Rispendale est l'un de mes préférés. J'hoche la tête quand elle me confirme les températures ne sont pas les même et j'ajoute : "Je vous déconseille de piquer une tête. L'Océan Atlantique en plein mois de décembre n'est pas l'idéal" Rien à voir avec l'Océan Pacifique dans lequel on peut plonger à n'importe quelle période de l'année. La vie sur la côte Ouest est définitivement différente. "Bon, vous ne pouviez pas le savoir car vous n'êtes pas d'ici mais je vis à quelques rues d'ici", que je lui explique en désignant la zone où se trouve ma maison. Une maison dont elle a longuement entendue parler pendant nos séances, puisque je l'ai acheté totalement délabrée l'année dernière et j'ai mis plus de six mois à la refaire complètement moi-même et avec l'aide de quelques personnes de mon entourage. Un projet qui m'a tenu la tête hors de l'eau l'année dernière et qui a réussi à me faire oublier les maux qui me hantent. "Je vais bien. J'ai passé les fêtes avec mes enfants", que j'explique en les désignant du regard alors que Riley observe et choisit les coquillages qu'elle veut importer dans la main de son frère. "Et vous, qu'est-ce que vous faites ici ?" Peut-être a-t-elle de la famille dans le coin ? Au final, je ne sais pas grand chose d'elle, ce qui est normal, elle reste mon médecin.

@Jude Montgomery & @Sunny Risperdale

Jude & Sunny

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Le voyage entre San Francisco et Boston était long. Je ne me rappelle plus combien de temps avait pris mon vol pour finir sur la côte Est des Etats Unis mais je me souvenais que c’était long. Alors quand je vois M. Montgomery faire ce fameux trajet tous les trimestres pour son traitement contre la leucémie, je ne peux trouver cela qu’admirable. Et triste. Parce que c’était un peu le traitement de la dernière chance pour lui à San Francisco. Même si j’adorais mon métier de psychologue, il y avait des moments où je voudrais être complètement ailleurs dans les séances pour la simple et bonne raison que ces dernières sont extrêmement dures. Travailler dans un service d’hématologie n’est clairement pas l’endroit où on entend des histoires belles et douces. Au contraire même. Je trouvais tous mes patients courageux et braves. Particulièrement une fois qu’on connaît leurs parcours, par quoi ils sont passés, ce qu’ils ont dû affronter. Comme M. Montgomery. Je me souviens de nos premières séances où il me faisait part de tout ce qu’il avait traversé, rien qu’en étant à Harvard et c’était… désarmant. A croire que l’université était le pire endroit où un humain puisse être, avec un événement dévastateur tous les ans comme une prise d’otages, des bombes, une épidémie, des explosions… bref, j’en passe. "Je vous déconseille de piquer une tête. L'Océan Atlantique en plein mois de décembre n'est pas l'idéal" Je souris à cette remarque. En effet, ça ne doit pas être les mêmes températures qu’à San Francisco. Je pense que je vais prendre note de vos conseils. Ma voix était douce et posée, et même si je regardais de temps en temps mon patient, j’étais absorbée par les vagues qui se trouvaient face à moi. Il s’avère que mon regard s’attardait aussi sur les enfants qui jouaient dans le sable et près de l’eau. Les fameux enfants. Aaron et Riley. C’était particulièrement étrange de les voir en 3D. J’avais tellement entendu parler d’eux. Des bonheurs et des peurs associées. C’est un peu comme si je les connaissais alors qu’ils ne m’ont jamais vu. "Bon, vous ne pouviez pas le savoir car vous n'êtes pas d'ici mais je vis à quelques rues d'ici" Je me tournais vers le lotissement pour voir ce que le médecin m’indiquait et j’acquiesçais. Effectivement, certaines maisons n’avaient pas encore l’air au top de leur forme. Je n’avais pas compris à quel point vous étiez proche de l’Océan. Avec les enfants, ça doit être particulièrement chouette pour vos balades dominicales. Vous avez terminé tous les travaux dans votre maison ? C’est toujours étrange quand on croise un patient en dehors du cabinet, car on ne sait pas trop sur quel pied danser et comment se comporter. Est-ce qu’on est naturels ? Ou bien on garde nos distances ? J’en avais aucune idée, donc j’essayais de trouver une balance entre les deux. "Je vais bien. J'ai passé les fêtes avec mes enfants" Je souris en regardant de nouveau les enfants qui jouaient. Ils n’imaginaient même pas à quel point ils étaient importants pour leur père et à quel point ce dernier était fier d’eux. Je suppose qu’ils ont été gâtés ? Je connaissais déjà la réponse mais ça me faisait sourire d’autant plus en imaginant M. Montgomery le jour de Noël. Un peu de bonheur dans cette vie bien trop sombre. "Et vous, qu'est-ce que vous faites ici ?" J’essaie de ne pas mourir de stress ? Quelle bonne idée ça serait ça. Dans quelques jours, un congrès sur les neurosciences commence à Boston. Et j’y participe. Je ne sais même plus si il savait que j’étais en doctorat ou en recherche et que je poursuivais mes études à côté de mon travail de psychologue. Peut-être que j’ai dû le glisser une fois pour créer une alliance thérapeutique plus forte entre nous. Et disons que j’ai une communication à faire assez importante donc je me suis dit qu’aller près de l’Océan pouvait permettre de relativiser et arrêter de stresser. Un vrai réflexe d’une personne habitant près de l’Océan, même si ce n’était pas le même. On se retrouve tous et toutes au même endroit quand ça ne va pas : l’océan. Maintenant, au moins, je pourrais visualiser quand vous me parlerez de votre vie à Boston, ça sera plus simple. rajoutais-je pour ne pas tirer trop l’attention sur moi. Vieux réflexe ça aussi.

@Jude Montgomery & @Sunny Risperdale