[margault] daddy cool

ceci explique cela. elle est donc étudiante à boston. harvard peut-être ? surement. t'aurais donc failli la croiser l'année dernière si elle y était à cette époque ― j'suppose que t'es à harvard ? ouais bon, tu pourrais aussi très bien étudier mais j'imagine que si tu viens de si loin... quoi que, j'dis ça mais j'en sais rien en fait. fourres tes mains dans les poches de ta veste en haussant les épaules. puis c'est pas vraiment important. tu t'en fous un peu des études. d'ailleurs, toi, erreur de parcours le fait de t'être retrouvé sur les bancs de cette grande et prestigieuse université. toi t'as l'audace de la quitter du jour au lendemain alors que beaucoup trop la rêve ? eh ouais. clairement, on a tous besoin des livreurs uber. t'acquiesces d'un signe de tête, ricanant à ses mots. même toi tu fais beaucoup trop souvent appelle à eux. bon, à vrai dire tu fais toujours appel à ton collègue et pote, qui te fais toujours payer moitié prix. en contre partie, tu lui files un peu de cam'. donnant donnant. t'as d'la chance que ce soit son établissement à lui ― d'une certaine manière ouais. chaque métier est fait pour rendre service... tous. même les métiers... illégaux. quoi que tu rends pas trop service en vendant ta poudre blanche, ou ton herbe, mais si ça aide sur l'instant la personne qui t'en commande, c'est l'principal. chacun ses problèmes en vrai. et la blonde elle se fait vite un peu trop indiscrète. fronces les sourcils légèrement, puis affirme d'un léger signe de tête, restant vague tout d'même. t'es sympa mais t'as pas envie de t'éterniser sur ta vie privée avec l'inconnue. d'ailleurs elle se rend vite compte qu'elle va surement trop loin dans ses questionnements. tu la contredira pas là dessus. tu te contentes juste de répondre simplement ― ouais ouais. elle la voit souvent. on est juste un couple... séparé. rien d'plus banal. non, c'est beaucoup plus compliqué que ça malheureusement. mais elle a pas besoin de le savoir. et sa dernière remarque te fais légèrement sourire. faut rester droit devant luna, leni. alors tu te contentes de la regarder, d'hausser les sourcils ― ouais mais eh.. qui a dit qu'on pourrait pas s'revoir ? rien ne l'empêche en tout cas.

Tu lui tapes la discut’, posée sur ton banc. Le ciel est gris, bien déprimant. Mais Leni incarne un rayon d’soleil au milieu de ce vernis terne qui recouvre le paysage. Il sort carrément de l’ordinaire et t’aimes bien ça, faire une pause dans ta routine. « T’as raison, je suis bien à Harvard, certes, c’est une faculté prestigieuse, mais j’suis pas partie de Yale pour ça, c’était surtout pour retrouver le fameux padre du p’tit » C’est bien rare que tu sois aussi honnête. C’est pas que pour les profs et la qualité des cours que t’as été transféré, c’était évidemment pour mener à bien ton enquête et aussi te rapprocher de ton père. C’est lui qui a payé les frais de ton hospitalisation lors de ton accouchement. Il a été le seul a t’épauler lorsque tu étais au plus bas, tu ne te voyais vraiment pas rentrer en France et élever seule et sans emploi ton fils. Migrer à Cambridge était la meilleure des solutions. La petite Luna qui gravite autour de vous, plongée dans son imaginaire et chassant les dragons invisibles, tu apprends que le couple qui a crée cette princesse est séparé. C’est les statistiques, de nos jours, les couples explosent tous en cours de route, c’est bien triste. Les mariages ne perdurent plus. Les tentations sont identiques, mais faut croire que les gens ne sont plus capables de faire preuve de pardon. Le divorce est plus facile. Les avocats en ont fait leur gagne-pain. Ouais, les séparations sont devenues un business. « J’suis désolée que ça n’ait pas marché, mais peut être que ça reprendra un jour » C’est juste d’la politesse, en vrai, c’est pas le premier qui t’confie ça. Comme tu le pensais, il n’y a plus grand monde qui célèbrera les noces d’or, déjà parce qu’il faut pas choper une maladie mortelle et ensuite parce qu’il faut accepter les défauts de son conjoint. Pour le meilleur et pour le pire comme on dit. « J’sais pas, j’voulais pas m’imposer dans ta vie alors qu’on se parle depuis cinq minutes. J’étudie les sciences humaines et j’suis incapable de … de tisser correctement des liens. Je suis maladroite. » Tu lèves les yeux au ciel et rapproches ensuite la poussette pour y déposer ton fils qui s’agite. « Comment je pourrais ne pas perdre ta trace ? Meets ? » C’est comme ça que tu interagis avec tes proches, mais ça te parait tellement audacieux comme proposition. Pourtant, l’application permet aussi de faire des rencontres, elle n’est pas dédiée à une messagerie entre potos. « Je peux te filer mon pseudo ou bien je t’ajoute maintenant » Le portable sorti de ton sac à main, il glisse entre tes gants et s’éclate sur le sol. La coque a amorti le choc, plus de peur que d’mal. « Je fais quoi du coup ? Est-ce que tu veux vraiment continuer de parler avec le boulet que je suis ? » que tu demandes comme une gosse, tes gants retirés pour que la pulpe de tes doigts cogne l’écran tactile.

ok, tu fais le gars légèrement impressionné sur ce coup. parce que franchement, tu savais pas que c'était aussi simple de quitter une grosse université comme yale pour aller dans une autre. à moins qu'elle ait été prise aux deux de base ? mais.. franchement, t'y connais tellement rien, que ouais, c'est cool qu'elle ai pu intégrer harvard au lieu de se contenter de la simple université d'boston. ― donc, le père est ici, t'en es sure ? j'suis pas doué pour jouer les détectives, crois pas. c'est juste d'la curiosité. j'avais l'impression tout à l'heure que tu savais pas grand chose de lui. en tout cas, faut être vachement motivé pour se lancer dans ce genre de recherches. après bon, si elle sait déjà comment il s'appelle, rien d'plus simple maintenant tu retrouves qui tu veux avec les réseaux tout ça. toujours un oeil braqué vers ta gosse, t'hausses seulement les épaules en grimaçant lorsqu'elle continue d'parler de la mère et de toi. tu sais pas quoi répondre à ça. pas envie de te lancer dans cette discussion. ― t'inquiètes, je m'en fous. tu peux être aussi curieuse que tu veux. j'répond juste pas si j'en ai pas envie. comme toi tu prends pas mal le fait qu'elle se montre beaucoup indiscrète. tu t'en fous pas mal. tu te donnes juste le droit de pas répondre si t'en as pas l'envie. tu la regardes mettre le petit dans sa poussette, tandis que toi t'essayes de calmer luna, encore beaucoup trop agitée, lui disant que vous allez bientôt rentrer. ― meets ouais, c'est l'bon moyen. elle prend son tel et après l'avoir quasi éclaté au sol, tu lui prends des mains pour y noter ton pseudo. et, ricanant de sa maladresse, t'arques un sourcil en lui redonnant ― ça donne du charme la maladresse. regard électrisant qui se braque dans le sien, sourire charmeur au coin des lèvres et luna, commençant à chouiner, qui vient tout casser en tirant sur ta veste. grognes en détournant le regard ― oui oui, on y va ! non en fait, elle chouinait parce qu'elle voulait pas y aller. le fait que tu répètes la même chose accentues la crise. la gosse se met à se rouler par terre, attirant les regards vers vous. mâchoires crispées, t'essayes de paraître détendu, mais chaud patate quand luna se met à hurler. tu l'attrapes contre toi, puis dans la hâte, tu commences à partir. au dernier moment, tu te retournes dans la direction de la blonde ― ah ouais merde ! euh.. ravi d't'avoir rencontré ! j'compte sur toi pour m'ajouter rapidement ! que tu dis en lui faisant un signe de tête vers son propre téléphone. et tu disparais dans la foule petit à petit, les cris de luna se faisant de moins en moins entendre.

« Affirmatif, le père est bien ici, j’ai euh .. j’en ai la certitude » Non, t’iras pas lui parler de ta vie sexuelle, mais tu avais effectivement couché qu’avec des étudiants d’Harvard. Tu t’étais en effet greffée à eux alors que tu venais d’une autre faculté. Tu t’étais laissé aller plus que de raison et neuf mois plus tard, tu avais eu cette sacrée surprise de pondre un gosse. Alors oui, t’es persuadée que les réponses sont ici, à moins que ce ne soit par le saint-esprit que tu aies été mère. La curiosité qui ne cesse de piquer tes lèvres, tu essaies d’investiguer du côté du brun et les réponses filtrent doucement. Le truc, c’est qu’une fois qu’on est parent, notre vie sociale peut en pâtir. Les mômes ont le don d’être égoïste en se jetant par terre et hurlant. C’est de cette façon que la minuscule Luna allait interrompre votre conversation. Elle s’impatientait et tu pouvais la comprendre, y a rien de transcendant entre deux adultes qui papotent. Son pseudo récolté, tu lui prêtas un court sourire alors qu’il récupérait sa petite au sol. Raphaël se redressa dans sa poussette et commença lui aussi à s’agiter. C’était l’heure de rentrer, chacun de son côté. Le livreur qui s’éloignait, tu te relevas et attrapas les poignées de la poussette. « Avec plaisir et bon courage, elle est déchaînée ! » Tes dents qui se plantèrent dans ta lippe inférieure, tu pris le chemin opposé, direction l’appart pour enfin débarbouiller le petit prince qui s’était tartiné de chocolat. Ce type était cool, t’espérais vraiment que tu puisses en apprendre plus sur lui et pourquoi pas sur d’autres personnes. Cette rencontre ne tenait qu’à un paquet de mouchoirs, c’est dingue la vie.

- FIN -