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Comme dans un remake de "PS : I love you" ✜ Reaghan&Isaac

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Comme dans un remake de "PS : I love you"

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Isaac descendit enfin du bus qui l'avait conduit jusqu'au parc naturel de Wiclow. Une foule de touristes le suivait alors, certains tellement vieux qu'un corbillard aurait presque été préférable, dans leur cas. Le jeune américain n'y fit cependant pas attention, et, une fois le pied de nouveau sur la terre ferme, il respira l'air frais irlandais qui emmêlait ses cheveux bruns. La main sur son appareil photo, qu'il portait en bandoulière, il caressa doucement l'engin, signe qu'il était enfin prêt à capturer toutes les beautés d'un tel paysage.

D'un pas assuré, le jeune homme s'éloigna donc du groupe. Au pire, s'il n'était pas à l'heure lorsque le dernier bus partirait, il dormirait à la belle étoile. Voila ! Son long manteau bleu marine voguait donc à sa suite, alors qu'il se plongeait un peu plus dans ce paysage serein, couvert de milles couleurs printanières.

Au bout d'un moment, et après avoir longuement observé le paysage, Isaac porta enfin son appareil à sa vue et commença à capturer les montagnes. Il avait pour habitude de prendre son temps et d'attendre parfois plusieurs minutes avant de finalement appuyer sur le bouton tant redouté. S'éloignant toujours plus et ne voyant plus une seule voiture, ni aucune personne, il continua sa recherche de clichés d'un pas décidé.

Au bout d'un moment, cependant, alors qu'il zoomait sur les montagnes du parc, une chevelure blonde attira son objectif et Isaac leva les yeux de l'appareil. Par la barbe de Gandhi, mais c'était une fille ! Et elle...elle se tenait à quelques centimètres d'un léger précipice !! Les yeux du garçon s'agrandirent alors d'un coup et il se mit à courir en direction de la blondinette, les bras levés comme dans une ola de supporters de football.

"Mademoiselle ! Mademoiselle ! Eloignez-vous de...MADEMOISELLE ?!"

Bon, même si elle devait être consciente du danger qu'elle encourrait, Isaac devait la prévenir. Au cas où ! On ne savait jamais...


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L'Irlande! Cela faisait une éternité que je n'étais pas venue ici. Ces vacances avec Charlie me faisait le plus grand bien. J'étais ici depuis dèjà une bonne semaine et je n'avais pas envie de rentrer. Carl avait réussi à convaincre ma mère de me laisser partir avec la rouquine. Cela n'avait pas été une mince affaire. Maman était protectrice et bien que je n'étais plus malade, elle voulait que je fasse attention. Bref, ces petites vacances, je les avais attendu. Et je me retrouvais là, dans le parc de Wiclow Mountain. Il était vraiment superbe et j'étais un peu déçue que Charlie ne soit pas à mes côtés. Mais elle était partie voir de la famille. J'avais préféré la laisser seule. Mais je n'avais pas dis à ma mère que je me retrouvais seule pour quelques jours sinon elle aurait pris sa voiture dans la minute qui suivait. Mais j'étais bien capable de me débrouiller toute seule, et Charlie le savait. Nous nous étions convenues de nous revoir en début de semaine prochaine. En attendant, je visitais quelques coins que je n'avais vu que dans les livres ou les films. Mon appareil en main, je marchais dans le parc sans faire attention au fait que je m'éloignais un peu plus, à chaque pas, du reste des touristes d'un jour. Mais je n'aimais pas ce genre de chose. Je préférais découvrir les endroits comme une grande. Mon appareil en main, je mitraillais le paysage devant moi qui formait un mélange agréable d'herbe verte et de fleurs de couleur mauve dont je ne me souvenais plus du nom. C'était superbe. Je m'étais arrêtée pour observer ce paysage, humant l'air frais qui s'engouffrait dans mes poumons. Un sourire se dessina sur mes lèvres. C'était magique. Je zoomais avec mon appareil, capturant le mouvement de torsion d'une fleur sous la brise montagnarde. Plus loin, il y avait deux autres montagnes et je suppose que c'était là bas, qu'il y avait la cascade. J'allais jeter un œil à ma besace pour y sortir la carte que j'avais acheté au bureau d'informations du parc quand une voix me fit sursauter. Je tournais vivement la tête pour voir un mec courir vers moi. Je pensais être seule, au milieu de ce parc. Je fronçais les sourcils tout en me tournant vers lui. Je baissais mon appareil photo. Puis je finis par dire alors qu'il était à deux mètres de moi. « Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas l'intention de sauter. » Je lui fis un sourire amusé avant de jeter un oeil devant moi. Je ne me lassais pas de cette vue. « Regardez, ce n'est pas superbe? » Devant nous, le vent irlandais jouait avec les fleurs, les brassant d'un côté pour les repousser ensuite de l'autre. Je reprenais mon appareil pour prendre un cliché.
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Les pas du jeune homme ralentirent doucement alors qu’il s’approchait de plus en plus de la jeune fille. Celle-ci finit d’ailleurs par se retourner, sûrement étonnée par les cris de pucelle effarouchée que l’américain avait poussés. Respirant à un rythme plus ou moins saccadé, Isaac leva les yeux vers la blondinette et posa ses pupilles brunes sur l’appareil photo que tenait encore à la main l’étrangère. Un léger sourire se dessina alors sur ses lèvres, signe qu’il était en fin rassuré et que la coïncidence l’amusait.

« Très bien ! Parce que je ne suis pas sûr que je serais descendu vous chercher ! »

Il avait répondu sur le même ton qu’elle et ses lèvres s’étiraient toujours en un sourire légèrement mutin. Le jeune homme détourna cependant les yeux de la jeune femme et suivit le point qu’elle fixait, l’air admiratif. Devant eux se tenait alors un magnifique paysage mouvant, bousculé par le vent joueur qui s’amusait à emmêler les fleurs les unes aux autres. Isaac se tourna alors vers l’étrangère, prêt à partager son entrain, mais fut bientôt stopper par l’objectif qu’elle pointait vers le paysage en question. Gêné, le jeune homme passa une main sur ses cheveux courts et attendit qu’elle prenne sa photo. Après tout, selon Isaac May Lichtman, il ne fallait JAMAIS gêner un photographe en plein travail.

« Je trouve ça vraiment magnifique ! En même temps, heureusement que ça l’est, je n’aurais pas traversé l’Atlantique sinon ! »

Bonjour ! Je suis un boulet et ce qui sort de ma bouche n’est pas toujours intéressant. De nouveau gêné, Isaac dégagea finalement sa main qui traversait déjà depuis 30 bonne secondes ses cheveux emmêlés et la tendit à l’étrangère avec politesse.

« Je m’appelle Isaac. Isaac Lichtman ! Et…vous êtes… ? Photographe, je parie ! »

D’accord ! Il fallait véritablement qu’il apprenne à tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant de parler. En parlant, il avait d’ailleurs pointé d’un doigt à demi assuré l’objectif qui pointait vers l’étudiant son gros œil argenté.

« Je suis également là pour prendre quelques clichés » Petit tapotement sur l’appareil qui reposait le long de son flanc « C’est la première fois que je viens en Irlande et je dois dire que le pays me fascine. Vous êtes irlandaise ? »

Bien que l’anglais soit sa langue maternelle, Isaac devait l’admettre : différencier une anglaise d’une irlandaise n’était pas chose aisée, surtout pour un américain !
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Je ne m'attendais pas à voir quelqu'un, aussi loin dans la réserve. Mais apparemment, une autre personne avait eu la même idée que moi. En même temps, ce n'était pas surprenant de vouloir découvrir seul, ce magnifique paysage, semblable à aucun autre. L'Irlande était vraiment un pays magnifique. Pays dont je ne pourrais jamais me lasser. J'avais déjà pris un bon nombre de clichés quand l'inconnu s'est précipité sur moi, pensant probablement que je voulais en finir avec la vie. Ce qui n'était pas le cas mais cela m'amusait. A ses paroles, je ne pouvais m'empêcher de sourire. « C'est pas très gentil ça. » Je souriais avant de reprendre. « Je vais donc faire attention à ne pas glisser. » En disant ses mots, je reculais un peu du bord de la montagnarde. Après tout, un accident était vite arrivé. J'observais à nouveau le paysage sans me lasser. Je n'aurais écouté que moi, je serais descendu pour cueillir quelques fleurs. Mais elles étaient bien mieux là, dans leur milieu, qu'arrachées, privées de vie et mourantes dans un de mes cahiers. L'inconnu reprit ensuite la parole. Il avait traversé l'atlantique pour venir jusqu'ici? Un peu comme moi, bien que j'avais fais un détour via Londres pour voir ma mère, mon beau-père et mes amis. Puis quand il se présenta, je le saluais de la tête, gardant mon appareil photo dans les mains. « Enchantée Isaac. Photographe? Non mais j'aimerai bien. Je suis juste une étudiante en vacances. » Pour l'instant, la photographie ne restait qu'un passe-temps mais qui sait, plus tard? Puis je lui tendais la main. « Reaghan Evers. » Isaac aussi était là pour prendre. Cela me fit sourire. Nous avions eu la même idée. Je comprenais tout à fait qu'il veuille prendre des clichés du parc. Il était magnifique. Cela faisait des années que je voulais y venir mais la maladie m'en avait empêché. D'ailleurs, maintenant que j'étais guérie, j'avais envie de voyager un peu partout. Mais pour le reste des voyages, j'allais devoir économiser. Je reportais mon regard bleu sur le photographe. A sa question, je répondis: « A moitié. Ma mère est irlandaise, mon père anglais. » Reconnaître mon accent, ne devait pas être difficile. A Harvard, on m'en faisait souvent la remarque. Mais je l'aimais mon accent. Puis je levais à nouveau mon visage sur Isaac. « Et vous? Américain je présume? » Il n'avait pas du tout l'accent du sud ou même du Canada. Puis j'ajoutais: « On dirait qu'on a eu la même idée: ne pas suivre le groupe de touristes. » Je souriais, amusée. C'était bien beau tout ça mais nous risquions aussi de nous perdre à jouer à ce petit jeu.
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Le sourire enfantin et malin d’Isaac s’accentua d’avantage en entendant les mots de la jeune fille. Gentil ? Lui ? C’était un petit diablotin en puissance, qui avait sûrement sa place réservée en enfer, juste à côté du grand Lucifer. Un air rassuré traversa cependant ses pupilles en voyant la jeune fille s’éloigner un peu du bord. Voilà, comme ça, leur conversation sera bien mieux. Isaac n’avait pas spécialement le vertige mais depuis que la blondinette se tenait à quelques pas de la pente, il louchait intensément sur les rochers qui se trouvaient un peu plus bas.

Une étudiante en vacances ? Tiens ! Comme lui ! Il avait d’ailleurs loupé la journée prévue par les Dunster pour se payer le voyage. Il sourit en entendant la blonde. Oui, comme pour beaucoup, la photographie n’était qu’un rêve et un passe-temps. Mais peut-être que parfois les rêves se réalisaient. Il ne fallait pas perdre espoir. Enfin, il serra doucement la main de la Reaghan Evers en question, pensant au passage que les gens de ce pays avaient les mains incroyablement chaudes. Pauvre américain qu’il était !

« Et bien, vous n’allez pas le croire, Reaghan Evers, mais je suis moi aussi un étudiant en vacances. Et on dirait bien que nous avons eu la même idée. » Il tapota une nouvelle fois son appareil photo d’une main bienveillante. « C’est la première fois que je viens en Irlande mais je dois admettre que c’est encore plus beau que ce que j’imaginais. Toutes ces couleurs ! Et cette vie ! On dirait que le pays est un géant qui respire comme nous, qui tremble comme nous. D’ailleurs, je parie que si l’Irlande était un pays, nous serions en ce moment-même sur son torse. Vous avez vu tous ces poils ?! »

Comment ça Isaac parlait pour rien ? C’était faux ! Il avait simplement pour habitude d’éviter toutes conversations gênantes en balançant des remarques stupides. Un nouveau sourire se dessina sur les lèvres du garçon qui avait vu juste. Bien sûr, l’accent, il l’aurait reconnu même à Harvard mais ces gens outre Atlantique avaient tellement d’accents différents que sur le coup, il n’avait pas réussi à faire la différence.

« Anglaise, donc. Charmant ! Et oui ! 100% américain. Je viens de Los Angeles en réalité. Mais tutoyez-moi ! Je ne suis pas si vieux que ça après tout ! »

Il sourit, légèrement gêné par cette politesse dont il n’avait pas vraiment l’habitude. A Harvard, même lorsqu’on ne se connaissait pas, tout le monde semblait être amis, comme une grande famille. Il releva soudain les yeux vers Reaghan et pointa en arrière, dans le vide, un pouce interrogateur.

« Ah ! Tu es venue avec le bus aussi ? Etrange que je ne t’ai pas vu ! Mais en même temps, je déteste faire comme tout le monde t suivre un troupeau de fauteuils roulants » Aouch ! Peut-être fallait-il qu’il se calme. C’était de son pays qu’il parlait. Enfin...de la moitié. « Enfiiin…oui, peut-être devrions nous nous rapprocher des touristes. »

Sans demander véritablement la permission, il commença à revenir sur ses pas, enfonçant ses converses rouges dans les herbes chatouilleuses de la réserve.
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Parfois la vie était surprenante. Alors que je pensais me trouver seule, au milieu de nul part, je rencontrais un autre étudiant et apparemment de mon âge. C'était étrange mais pas désagréable. Découvrir ces plaines fleuries à deux devait être encore plus agréable. J'esquissais un sourire à ses paroles. C'était une drôle de comparaison. Mais pour tout le reste, j'étais bien d'accord avec lui. « J'avoue que j'ai toujours aimé l'Irlande aussi. Malheureusement, je n'ai pas eu trop l'occasion de venir avant maintenant... » Même si j'avais de la famille à Galway, le voyage n'était pas donné. Et nous ne pouvions pas nous voir comme je l'aurais souhaité. « C'est une comparaison assez amusante mais cela résume le pays: vivant. » Ce n'était pas pour rien que l'état d'esprit, la façon de vivre irlandaise était reconnue un peu partout, sans compter la musique, les pubs, la Saint Patrick. Bref, c'était un pays que j'adorais et j'étais contente d'être venue ici avec Charlie. « D'accord, avec plaisir. On doit avoir le même âge. » J'avais eu vingt ans il y a quelques jours et j'avais maintenant la vie devant moi. Je comptais bien en profiter et me faire des souvenirs merveilleux de ce voyage avec ma rouquine préférée. Je reportais mon regard sur les alentours. Le vent soufflait et il s'amusait à nouveau avec les fleurs et l'herbe verte alentour devenait folle, se balançant d'un côté à un autre. A la question d'Isaac, je hochais doucement de la tête. « Oui mais hier. J'ai loué une chambre au McLeary, plus bas dans le village. » C'était une petite auberge typique du pays avec son pub tout proche. [color=#e057e0]« Donc c'est normal si tu ne m'as pas vu. » Je lui souriais avant de m'écarter du bord et de revenir sur la route toute proche. Nous? Est-ce qu'il avait peur que je m'égare toute seule? Je remettais le cache à mon appareil photo avant d'ajouter: « Tu peux aller les retrouver si tu veux. Quant à moi, j'aimerai aller plus bas. D'après ma carte, il y a des cascades. Ça doit être à une heure de marche. » Et j'avais vraiment envie de les voir. « Je n'ai pas envie d'aller retrouver les mamies et papies maintenant. » Bien que je les adorais. Mais j'avais autre chose en tête. Remettant correctement mon écharpe autour du cou parce que le vent était quand même assez froid. Je me mettais en quête de ma carte que j'avais acheté plus tôt au bureau d'informations. Mes longs cheveux qui étaient détachés, volaient autour de mon visage à cause de la brise. Je remettais une mèche folle derrière mon oreille alors que je sortais enfin la carte pour la déplier. Je jetais à nouveau, un œil au paysage. D'après la carte, les cascades devaient se trouver plus à l'est.
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Oui, c’est vrai que l’Irlande l’un des plus beaux pays que le jeune homme avait eu l’occasion de visiter. Et pourtant, il en avait visité des pays ! Véritable trotteur, accompagné de sa mère pendant l’adolescence et de lui-même par la suite, il ne se lassait jamais de découvrir de nouvelles contrées. Avec le temps, il s’était également habitué à la solitude et avait préféré photographier en silence les étendues qui se découvraient devant lui. Isaac sourit en entendant Reaghan qualifier sa comparaison d’ « amusante ». Au moins, il n’avait pas paru trop stupide.
Une légère moue amusée et un petit mordillement de la lèvre inférieure succédèrent à son sourire. Le même âge. C’était possible. Mais il préférait ne pas se lancer le premier.

« Cela dépend. Tu as quel âge ? »

Il avait lancé cela de son regard amusé, se balançant légèrement d’avant en arrière, les mains fermement enlacées derrière son dos. Il avait 21 ans depuis l’année dernière et trépignait d’avance d’ajouter une nouvelle année à son compteur.

« Au Mcleary, dis-tu ? Je vois très bien où c’est ! Moi, je vis chez l’habitant. Enfin, plus précisément, chez un collègue à ma mère, un grand avocat qui vit un peu en retrait du village. Ça fait un peu plus d’une semaine que je suis dans le coin et, à vrai dire, je ne m’en lasse pas. »

Un léger air rêveur se dessina sur ses lèvres alors qu’il observait les gros nuages gris habituels se pressaient au-dessus de leurs têtes. Isaac savait très bien qu’il ne pleuvrait pas. Depuis son arrivée, il avait eu peur des averses et des gros nuages en question mais s’était finalement calmé en voyant qu’ils n’étaient que pour faire peur. Sa rêverie prit cependant rapidement fin lorsque la Reaghan reprit d’un ton qu’il prit pour de l’amertume. Ses yeux noisette s’ouvrirent alors en grand, légèrement paniqués.

« Ah non ! Ce n’est pas vraiment ce que je veux dire ! C’est juste que je croyais que tu avais peur qu’ils partent sans nous ! »

Il venait de revenir sur ses pas et marchait difficilement entre les grandes herbes qui lui barraient la route.
Les cascades ! Il les avait déjà vu mais elles étaient absolument magnifiques et valaient définitivement le détour. S’approchant de la jeune fille, il se plongea lui aussi sur la carte et pointa d’un doigt certain le point qui désignait les chutes d’eau en question.

« Oui, c’est bien là. Mais il faut un peu moins d’une heure. Enfin…tout dépend si tu marches vite ou pas ! »

Sans attendre spécialement sa réponse, il attrapa sans ménagement la main délicate de la jeune fille et commença à s’enfoncer dans les hautes fleurs.

« Si nous voulons arriver avant la nuit, il vaudrait mieux que nous commencions à y aller, Princesse ! »

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J'étais fière de mes origines. Mi anglaise-mi irlandaise, c'était le plus beau mélange à mes yeux. Je regrettais seulement de ne pas connaître autant ce pays que je le voudrais. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion d'y venir souvent et je ne connais pas très bien le pays. Mais je comptais bien remédier à tout ça pendant ces vacances. J'étais contente d'être ici, bien qu'un peu déçu de ne pas partager tout ça avec Charlie ou une autre personne qui comptait beaucoup à mes yeux. Mais je n'allais pas déprimer. C'était mal me connaître. Et puis, Isaac semblait être un garçon très bien. Alors peut-être que j'allais passer un bon moment avec lui. A sa question, je lui répondis avec un sourire, fière d'avoir passer ce cap qui n'avait pourtant pas été certain à un moment. « J'ai vingt ans. Depuis le 15 mai dernier. » Pendant un moment j'ai cru que je n'aurais jamais pu le fêter. Alors que j'étais là maintenant et en bonne santé. Isaac reprit ensuite la parole. Un grand avocat? Oh oh. « Oh je vois. Donc tu connais un peu le coin si tu es ici depuis une semaine. Qu'as-tu vu de beau? » J'étais curieuse de le savoir. En tout cas, je savais que je ne me lasserai pas de ces paysages. Et j'espérais que ce voyage n'allait pas être le dernier. Et que la prochaine fois je pourrais y revenir avec ma mère qui n'avait pas vu sa famille depuis de longues années. D'ailleurs moi même je comptais rendre visite à ma tante et à mon oncle mais pas avant la fin de mon voyage. Ils habitaient à Dublin et j'avais encore le temps de jouer à la touriste avant ça. Puis je fronçais les sourcils aux paroles suivantes d'Isaac. Je tendais la carte entre mes mains, histoire qu'elle ne s'envole pas avec le vent. « Peur qu'ils partent? Non. Je ferais du camping sauvage dans le pire des cas. Dormir à la belle étoile ne m'a jamais fait peur. » J'étais une baroudeuse dans l'âme. Je n'étais pas du tout comme ces filles frivoles qui ne faisaient attention qu'à leur apparence et à leur bien être. Passer une nuit dehors ne me faisait pas peur, même si je me trouvais au milieu de nul part. Je fis ensuite Isaac revenir vers moi et pointait un doigt sur la carte, un endroit qui se trouvait un peu plus loin d'ici. Je levais mes yeux bleus sur lui. « Tu les as déjà vu?? » J'étais surprise. Ces cascades n'étaient pas les plus connues de la région. Et si on ne connaissait pas leur nom, on passait facilement à côté. « Je suis en vacances. Je prends mon temps. » Je lui montrais une nouvelle fois mon appareil photo. « Et puis, j'ai encore beaucoup de place sur ma carte mémoire. » Je lui souriais, encore plus quand il attrapa ma main pour commencer la marche. Je le laissais faire mais rapidement je reprenais mon appareil en mains pour faire de nouvelles photographies au fur et à mesure de notre découverte. Une bonne heure plus tard, nous étions devant les cascades. Leur bruit était assourdissant mais c'était magnifique. Encore plus que je ne l'imaginais. « C'est très beau. » Cela me donnait envie de m'y baigner mais je ne voulais pas attraper froid. L'eau ne devait même pas faire quinze degrés. C'était un coup à tomber malade. Ce que j'évitais soigneusement.
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Isaac était légèrement gêné. Oui, parce que, loin d’avoir menti, il n’aimait pas spécialement se vanter. Enfin…lorsqu’il était à l’étranger. Même en général, en fait, à part lorsqu’il fallait s’amuser, ou draguer. Peu de personnes le prenaient au sérieux. Tout le monde croyait, en le regardant, qu’il n’était qu’un blagueur du dimanche, plus occupé à utiliser ses petites cellules grises pour faire des conneries que pour travailler. Mais en réalité, une fois qu’il était seul, ou en cours, il se passionnait véritablement pour les études et ça, très peu de gens étaient au courant. Se vanter sur ses voyages, sur ce qu’il avait vu, il n’en avait donc pas vraiment l’habitude. La question de la jeune fille était pourtant simple mais il ne voulait pas paraitre pédant et se contenta dons de quelques mots.

« Oh ! Et bien, tu sais, les bars, les pubs, les stades de rugby ! » Il fallait qu’il arrête un jour de jouer d’ironie, plus personnes ne le prendrait alors au sérieux. Toussant légèrement et regardant Reaghan dont le bleu des yeux le rendit soudain muet, il reprit néanmoins son sérieux, enfonçant avec une nonchalance née ses mains dans les poches de son jean. « Non, en vrai, j’ai beaucoup flané. Je suis allé à River Shannon. C’était absolument magnifique et tellement propice à la rêverie. Puis je suis allé un peu à l’ouest, pour voir les falaises Moher. J’y suis resté bien trois jours ! Parfois, je restais là, pendant des heures, et je regardais le soleil descendre lentement dans la mer. C’était véritablement magique. » Pendant un instant, l’étudiant se rappela de ces falaises et laissa son regard se perdre dans le vide comme s’il regardait pour une nouvelle fois ces couchés de soleil. Puis, il revint à lui, un sourire désolé aux lèvres. « Bref, j’ai fait quelques petits trucs durant mon voyage »

Voyant que Reaghan n’avait, par la suite, pas vraiment envie de partir rejoindre les touristes, Isaac éclata de rire comme un phacochère sous acide. Et bien dites-donc ! Voila ce qu’était une femme ! Faire du camping sauvage, il ne l’en aurait pas cru spécialement capable bien qu’apparemment, les apparences étaient trompeuses. Remis à l’ordre, Isaac leva donc les deux mains en signe de défaite et de « d’accord, je n’ai rien dit, excuse-moi », son sourire toujours amusé aux lèvres.

Alors qu’il revenait en arrière et qu’il pointait sur la carte son petit doigt gelé par le temps irlandais, l’américain sourit face à la remarque de la jeune fille. « Je ne t’ai pas dit que j’étais déjà venu hier ? » Un léger rictus mutin se dessina sur ses lèvres, ressemblant comme deux gouttes d’eau à ceux que les enfants de trois ans avaient lorsqu’ils voulaient se vanter de quelque chose en rigolant. De nouveau décontenancé par la jeune fille, cependant, Isaac rigola de nouveau, étonné par sa débrouille bien trop obscurcie par sa beauté de poupée de porcelaine.

Ils finirent cependant par se diriger tous deux vers les cascades, appareils à la main, s’arrêtant assez souvent pour prendre des clichés sous un temps qui commençait sérieusement à s’assombrir. Ensemble, ils parlèrent, rigolèrent, se chamaillèrent presque mais une fois devant les fameuses cascades, aucun bruit ne sortit de la bouche d’Isaac. Oui, c’était définitivement l’un des plus beaux endroits qu’il connaissait et cela malgré le fait qu’il y soit déjà venu. Il hocha donc rêveusement la tête à la remarque de Reaghan, sans prendre la peine d’ajouter quelque chose. Ces cascades, elles étaient sublimes, mélangeant beauté et danger, risques et merveilleux. Il se sentait, devant elles, minuscules. Sortant pour la énième fois son appareil avec précipitation, le garçon se baissa légèrement et prit un nouveau cliché, sa camarade légèrement avancée devant lui. Sans réellement réfléchir, et parce que Reaghan collait parfaitement au paysage et à l’ambiance provoquée par l’endroit, il la photographia, ému par la vision qu’il avait devant lui.
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J'étais assez impressionnée par la liste de toutes les choses qu'avait déjà admiré l'américain. Il faut dire qu'en une semaine, il avait du avoir le temps de tout faire. Quant à moi, je n'étais là que depuis une journée. Mais j'avais une envie folle de parcourir les terres irlandaises. Je ne me lassais pas de ce pays et cela malgré le temps gris. Mais finalement, c'était un climat qui allait parfaitement bien avec les paysages verts et mauves de ces landes. J'esquissais un sourire aux paroles d'Isaac. Je ne connaissais que de noms tout ce qu'il était entrain de m'énumérer. Mais j'avais bien envie de tous les découvrir même si je devais y mettre du temps. Ce n'était pas comme si c'était une corvée, bien au contraire. Je souriais un peu plus quand il arriva à la fin de son récit. « Oui je vois ça. Mais ces « petits trucs » ont l'air d'être magiques! » Qui n'aimerai pas observer un beau couché de soleil? D'ailleurs, l'idée était à garder au chaud pour les prochaines heures. J'avais envie de découvrir d'autres endroits même si pour cela, je devais négliger les horaires des regroupements touristiques. Après tout, j'étais bien capable de retrouver mon chemin. J'avais une carte, un téléphone et une carte, de quoi être capable de retrouver au moins la trace d'un chemin goudronné. En tout cas, c'était bien mon opinion.

Bref, nos pas nous ont donc mené vers les grandes cascades. Elles n'étaient pas les plus connues mais leur beauté ne devait pas rougir face aux autres. Pendant tout le trajet, Isaac et moi n'avons pas arrêté de bavarder. C'était un garçon d'humeur plaisante, avec qui je savais, j'aurais plaisir à parler. Je détestais les gars qui se prenaient pour le nombril du monde, ce qu'Isaac ne semblait pas être. Enfin en même temps, je ne le connaissais pas encore. J'avais eu certaines surprises ces derniers temps. Assez, pour me tenir quand même sur mes gardes, malgré mon sourire chaleureux. Pour l'instant, je m'attardais sur la beauté des cascades. J'avais pris mon appareil photo en main mais j'étais un peu hypnotisé par le spectacle. L'eau prenait une teinte verdâtre en passant devant les gros rochers de mousse et elle tombait dans un petit lac dont le fond était tapissé de rochers et d'herbes vertes et jaunes. C'était vraiment superbe. Le coin semblait être préservé de l'homme et d'ailleurs je faisais attention où je mettais les pieds. J'étais dans mes pensées quand j'entendis le déclic de l'appareil photo d'Isaac. Je me tournais vers lui pour découvrir qu'il me prenait en photo. « Hey! » Je souriais un peu plus. « Je croyais que c'était le paysage que tu voulais prendre en photo? » Je prenais mon propre appareil et je zoomais sur les mousses qui étaient secouées par les eaux tombantes. Je ne sais pas combien de temps nous étions restés ici quand je remarquais que la luminosité était entrain de baisser. Je jetais un oeil à Isaac qui était de l'autre côté du lac. « On devrait se remettre en marche non? »
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