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T
he savior
Of the Broken
Of the Broken
C
ela fait quelques jours déjà que je dois user de stratégies pour ne pas rentrer trop tôt, pour éviter au mieux de ne pas envenimer la situation. C’est plus fort que moi mais lorsque je la vois faire exprès de laisser trainer derrière elle ses affaires, je ne peux m’empêcher de le lui faire remarquer, un réflexe - trait de personnalité - qu'elle ne semble pas apprécier. Alors j’y réfléchis, à quitter ce refuge que l’on m’a proposé, cette villa et cette colocation imposée. Le reflet irisé à mon poignet m’indique que dans une heure elle sera enfin partie travailler et moi, j’aurais le champ libre pour me reposer, à condition que rien d’irritant ne vienne s’imposer à ma vue. Ce n’est pas toujours évident de cohabiter quand les concessions ne viennent que d’un côté.
Bref. Une heure à tuer alors j’en profite pour prendre l’air et marcher puisque le temps me le permet. Le ciel nocturne est chargé, la pluie menaçant de tomber mais pour le moment ce n’est qu’une possibilité avec laquelle il faut broder. Les deux mains à l’abri de la brise hivernale, mes pas me conduisent machinalement vers cet amas massif de building reconvertis pour la bonne cause. La misère, bien sur qu’elle existe et j’en ai pour preuve sous les yeux ces femmes et mères isolées, le regard livide et apeuré, qui vont et viennent silencieusement comme si la honte les rongeait. Leurs chemins convergent en général vers ce hall d’entrée - celui du All For One Fondation - qui aujourd’hui semble déserté. Normal: Noël allège les cœurs mais dès la semaine prochaine se sera la refonte du bonheur.
Puis petit à petit, abordant les rues du centre ville pour retrouver mon véhicule, mes pas me conduisent vers cette place qui chaque année accueille le marché de Noël. Dix jours avant la date, il n'y a que les chalets évidés pour le moment, rien de très excitant mais c'est à l'angle de cette rue qu'ils font les meilleurs paninis du coin. Le sac entre mes doigts qui progressivement se tétanisent par le froid, je n'ai pas très loin à faire, m'entends déjà tourner la clef dans la serrure de la portière, mon véhicule stationné face au marché. Mais je ne sais si ma dextérité en a pris un coup avec la chute des températures ou si le mécanisme fait encore des siennes, « saloperie », le premier essai se solde par un échec, le trousseau tombant à terre dans un bruit aux consonances métalliques, me laissant le temps de réchauffer mon poing avant que ne refroidisse mon sandwich.
MADE BY @ICE AND FIRE.
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