NINA P. CORRALES ► Nicole Scherzinger

Mon enfance... Je pourrais vous raconter toutes sortes d'histoire, mais je ne m'en rappelle pas. Je crois qu'elle s'est bien passée, oui. Nous avions une famille soudée. Mais c'est lorsque j'ai eu 6 ans que tout a déraillé. Simplement pour information, j'ai trois frères et soeurs. À ce moment-là, soit à mes six ans, j'ai deux petites soeurs de 2 ans et 4 ans ainsi qu'un grand frère de 7 ans.
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« Attention, attention. Tout le monde est prié de resté chez soi, enfermé à double tour. Les rues sont dangereuses. Dangereuses! » C'est la panique, chez moi. J'ai peur. Je suis en âge de comprendre, mais pas tout à fait encore. Mon grand frère, d'un peu plus d'un an que moi, nous emmène, moi et mes deux soeurs, dans la cave secrète de la maison, dissimulée derrière une trappe qu'un tapis bien normal cache. Mon frère nous dit que des méchants attaquent les gentils, et que comme dans les comptes de fées, ce sont les gentils qui gagneront. Ça me calme un peu, c'est vrai. Pourtant, j'entends mon père faire les cents pas au-dessus de nos têtes. Notre mère n'est pas rentrée, c'est ce que je l'entends dire. Elle était partie faire des courses lorsque l'alerte et les mesures de sécurité a été annoncée. Soudainement, plus un bruit. Mon père ne marche plus. Je l'entends ouvrir la porte. Dans la cave, c'est le silence total. Mon père sort, et puis tout à coup, un bruit fort retentit et il lâche un cri puissant : « ELENA !!!! » Elena, c'est ma mère. Mon père cri comme un demeuré au-dessus. Mes petites soeurs pleurent, et moi et mon frère essayons tant bien que mal de les calmer. Une petite berceuse, même si nous avons peur tous les deux. Et puis là, ce sont les pleurs de mon père qui retentissent au-dessus. « Elena... Elena!! Réveille-toi ma chérie! Elena...! »
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J'ai maintenant 14 ans. C'est la journée de la mort de ma mère. Cela fait déjà 8 ans qu'elle est décédée, lors de la guerre civile à Barcelone, abattue par une balle à la tête. Elle me manque terriblement, même si les souvenirs que j'ai d'elle disparaissent petit à petit. J'ai l'impression que les souvenirs de l'enfance disparaissent un à un à chaque seconde où l'on vieillit. Ils disparaissent encore plus rapidement depuis que mon père est tombé dans l'alcool. Il est complètement alcoolique, et nous oublie, moi et mes soeurs et frère. Je pense à tout ça, couchée dans mon lit, dans le noir. Des larmes ruissellent sur mes joues. Et puis, j'entends la porte s'ouvrir : c'est mon père. Il s'approche de mon lit doucement, une bouteille à la main qu'il dépose juste à côté. Je ne bouge pas, me demandant ce qu'il veut. Cet homme me fait peur, maintenant. Depuis un an, il me bat. Je ne veux pas qu'il fasse subir la même chose à mes deux autres soeurs, c'est pourquoi je lui dis que je veux encaisser les coups. Soudainement, il pose ses mains sur mon corps d'adolescente et je panique. Que fait-il? Je dis d'une voix effrayée : « Papa?! Qu'est-ce que tu fais? Va-t'en... » Il grogne de colère, et me frappe au visage. Je retiens mes larmes. Il continue ses caresses sur mon corps. « Laisses-toi faire, ou tu le regretteras! »
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J'ai 16 ans, à présent. Je n'en pouvais plus des attouchements et des viols de mon père, ainsi que des coups qu'il me donnait à maintes reprises. Je me suis sauvées avec mes soeurs et mon frère, apportant nourriture et vêtements dans différents sacs. Nous savons où aller : chez notre oncle, un riche homme que nous ne voyions pas souvent, mais que nous aimons bien. Arrivés chez lui, il nous ouvre la porte et découvre nos mines tristes, déprimées, effrayées. Il nous fait entrer et nous promet que rien ne nous arrivera, à nous quatre. Pour la première fois depuis mes six ans, je dors bien, la nuit.
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Mon oncle a besoin de déménager aux États-Unis. Nous quittons Barcelone, et je crois que ça me fera le plus grand bien. Mon frère s'est trouvé une femme, même s'il est encore plutôt jeune. Moi et mes soeurs quittâmes Barcelone avec mon riche oncle, pour aller vivre à Cambridge, ville immense, près d'une université de grande renommée. Je veux faire quelque chose de ma vie, autre que simplement dessiner tous les jours : enseigner. J'ai 18 ans, alors mon oncle me paye mes études d'enseignement. J'adore cela ! Réellement. Tout ce que je fais tourne autour de l'art et de l'enseignement, et c'est ce que je veux faire le reste de mes jours. Je suis heureuse, maintenant. Tous les jours, je pense à ma mère. C'est un peu grâce à elle que tout cela arrive, même si j'aurais préféré qu'elle ne meurt pas, bien sûr.
À mes 25 ans, je suis appelée par un vieil homme. Je prend bien évidemment la ligne et répond gaiement. L'homme qui se présente être le Doyen de l'Université Harvard, auquel je m'étais présentée dernièrement pour avoir la possibilité d'enseigner dans cette énorme université prestigieuse qui n'est pas si loin de mon appartement. Il m'offre le job. En déposant le téléphone, ayant raccroché, je me laisse tomber dans le canapé de mon salon, et éclate en sanglots. Je suis si heureuse, maintenant. Je suis enseignante à Harvard. Ma vie prend enfin tout son sens...