A social expérience [Maxeng

J’adore tester de nouvelle chose, et ma curiosité un jour finira par me perdre. On nous avait proposé une expérience sociologique. On ne connaissait rien de ce qui allait se passer, dans quelle condition. On demandait juste des participants. Alors, j’avais donné mon nom au professeur qui n’avait pas été surpris plus que cela de ma participation. En quelques mois sur le campus, mon sérieux n’est déjà plus à prouver. J’imagine que c’est pour cela que je fais partie des candidates gardées. Tout ce qu’on savait c’était le lieu, la date et l’heure.
Alors je me présente, quelques minutes à  l’amphithéâtre sans trop savoir à quoi m’attendre. Assise, je sors quelques affaires pour écrire au cas où mais l’oreille attentive écoute ce début qui ressemble plus à un cours qu’autre chose. Concept de liberté et de libre arbitre. Deux choses que je suis venue chercher ici sur Boston, en venant faire mes études à Harvard, essayant d’échapper un peu à la contrainte d’avoir mon nom de famille en France, et la pression familiale. Souvent on m’a dit quoi faire, quoi dire, à qui parler. Au moins ici plus rien de tout cela n’existe. Mon frère est protecteur, mais il me laisse pour autant faire ma vie et mes propres erreurs. Le professeur pointe du doigt un étudiant. Toi. Celui avec qui j’ai passé un très bon moment sympathique dans l’escape game de la Adams, mais aussi l’ami de celui qui m’a blessé dans le fond, bien que le pardon a été de mise depuis peu, Manny. Cela me fait échapper mes affaires, me retrouvant à me lever essayant d’être discrète. Peine manquée, après toi, c’est sur moi que les regards se tournent. En m’inscrivant, j’ai omis le détail que je pourrais être au centre de l’attention, et automatiquement, mes joues s’empourprent. C’est plaisant, seulement, ce genre de contexte peu me mettre un peu mal à l’aise. Vous vous connaissez ? Simple phrase, et pourtant j’hésite un instant dans ce que je dois dire. Finalement, c’est toi qui prend la parole. Juste de vue. Dans le fond, tu n’as pas vraiment tord. On ne connaît pas les vies de chacun, juste certains détails, mais qui ne devrait pas nous faire défaut ici. On reste deux personnes à se connaître. La tête du professeur se tourne vers moi, hochant la tête, approvant tes dires. Ah la bonne heure. Nous allons donc commencer par vous deux. alors que l’enseignant sort des menottes de son trousseau. Je fini par descendre les quelques marches qui me séparent de l’estrade de l’amphithéâtre pour me retrouver à tes côtés. Toujours sous les regards des autres candidats. J’imagine déjà un peu ce qui nous attend, sans être Einstein pour comprendre que l’on va être lier l’un à l’autre. « Vous allez être lié ensemble pendant un temps imparti. » S’approchant de nous, chacun un poignée, il ne reste que le clac de la fermeture de la menotte qui résonne dans l’enceinte. Il ne nous reste plus qu’à attendre la suite des consignes, alors que l’on se retrouve très proche toi et moi, échangeant juste un regard pour l’instant et un timide sourire de ma part.

J’ai beau être une femme sociable, je ne laisse pas forcément beaucoup de gens rentrer dans mon intimité. Si je n’étais pas en couple à l’heure actuelle, j’aurai certainement dit personne. Je me suis toujours focalisée sur mes études, me disant que le reste ne serait qu’une distraction m’éloignant de mon but final : être la meilleure gynécologue-obstétrique qu’il soit. Depuis septembre, j’ai laissé Esteban perturber tout cela, tout ce que je pensais sur mes choix de carriériste. Alors me retrouver attaché à toi, pendant huit heures selon les consignes que nous donne le professeur, c’est très... étrange. Mais après tout, je me suis inscrite pour ça, pour faire de nouvelles expériences. Alors je ne rechigne pas, j’accepte avec le sourire et adviendra que pourra ces prochaines heures.
Les étudiants quittent l’amphithéâtre, les yeux se braquent sur nous, je sens qu’on parle de nous, et je dois dire que ça m’embarrasse un peu, le rouge me montant aux joues. Encore. Mon regard suit le tient sur l’heure. « Effectivement, ça risque d’être un peu compliqué. Je veux bien essayer, mais...» De ma main libre, je montre ma tenue, qui n’est absolument pas faite pour faire de l’escalade, et me changer risque d’être compliqué. « C’est un peu précipiter que d’aller au vestiaire ensemble.» Je suis pas prête à me mettre à nue comme ça, au sens propre comme au figuré. « Je pense que je peux faire une croix aussi sur le cours de danse classique que je donne à la petite de mon copain après les cours ce soir.» On est mercredi, c’est l’heure que je passe avec elle dans un domaine qu’on adore avec sa fille. Dix ans de danse classique, Tillie en est passionnée, c’est notre moment à elle et moi. A notre tour on quitte la salle de classe, allant dans les couloirs. « J’ai cours de biologie pendant une heure là. C’est quoi ton programme de la journée ? » Il allait falloir qu’on se mette d’accord sur notre journée, choisir ce que l’on va faire. Cela va être drôle aussi d’expliquer au professeur pourquoi nous sommes attacher l’un à l’autre. J’arrive doucement à me détendre, il faut reconnaître qu’on n’est bien loin de l’escape game. Pourtant, je me dis que ça va être sympa que te passer cette journée avec toi, d’apprendre à te connaître un peu plus. Toi qui me disait être différent de ton meilleur ami, ça a piqué un peu ma curiosité.