D'un geste répétitif, presque maternel, Abril caresse la main d'Angèle du bout du pouce. Ca lui rappelle presque les discussions avec la plus jeune de ses soeurs quand elles étaient gamines, les premiers émois amoureux, ceux qu'on murmurait caché sous les draps parce qu'on ne les assumait pas. Les secrets aussi et les bêtises en éclat d'étoiles qui venaient imprégner la couverture rabattue en cabane au-dessus de leur tête. Peut-être qu'elle devrait proposer à son ami de bouger les friandises et leur corps sous les draps également pour se protéger du monde. Mais elle sont adultes et le temps des enfantillage n'a plus que le goût un peu fané des sucreries éparpillées.
En silence, elle écoute le récit de sa colocataire, se faisant violence pour ne pas l'interrompre, même si son visage trahi la surprise et la peur. Des courses de voiture illégales... forcément ça fait écho avec l'aventure vécue par Zola l'été dernier et l'accident, les jambes foutues, la douleur, les complications... les mauvais souvenirs qui envahissent sa mémoire. Elle sert les dents pour se forcer à ne pas la couper dans ses paroles, même si l'envie se fait violente de frapper son coussin à défaut de pouvoir frapper cet homme qui l'a fait chanter.
- Oh... Angèle...
Sans faire attention à si elle écrase leur butin sucré, elle fond sur son amie, s'accroche à son cou pour la serrer fort contre elle, comme si elle avait peur qu'elle s'efface et disparaisse.
- Tu aurais dû m'en parler plus tôt, on aurait chercher des solutions... j'aurais pu emprunter de l'argent à mon oncle pour t'aider - elle se sentait désormais stupide de l'avoir fait au nom d'un mort quand sa meilleure amie, encore bien vivante, avait besoin d'elle - ou on serait aller voir la police...