(Kang - Jessica) little story

Little story

La voix du professeur était lente et monotone. Contre ta chaise de cours, tu survolais l'écran de ton ordinateur. Ca t'arrivait souvent ces derniers temps, participée à des cours auxquels tu n'étais pas inscrite, calée dans un coin, ignorée de tous bien qu'attentive. Tu n'ignores pas la foison de stéréotypes qui accompagnent les membres de la Dunster House. Certains, exagérément élogieux te feraient presque rire. D'autres, infondés, pernicieux ragots sortit de leurs contextes colportés par quelques membres des autres confréries vous élevaient au rang d'irascible snob, tu n'y prêtes pas plus d'attention pour autant. En revanche, ce sont les racontars de l'entourage de ta famille, animés d'une curiosité malsaine, d'un pseudo élan conservateur, s'épanchant sur le dos de ton "malheureux" père qui t'inquiètent. On raconte, suppose, rapporte tant de chose au sujet de tes activités extrascolaire. On s'interroge sur le bienfondés de tes fréquentations, observes d'un œil bienveillant ta place aux sommets des classement, quand on ne jase pas sur la tendance de tes rapports sexuel, t'accuse de déviance, souligne la question de l'héritier. Pourtant, tu te caches. Tu mens, tu détournes, tu biaises. Ce n'est pas seulement par souci d'équité, mais aussi pour conserver un minimum de liberté. Ton père n'est pas connu pour son indulgence.

▬ Oh pardon, je suis vraiment désolée !

Tu clignes légèrement des yeux en revenant au moment présent, étonnée de sentir une douleur diffuse se propager dans ton épaule. Un petit sourire rassurant se peint sur ton visage, et tu secoues négativement la tête en rangeant ton mac de ton sac.

▬ Ce n'est rien, je ne faisais pas attention. Vous allez bien?

Sans doute que oui. Il n'y avait pas de quoi s'inquiété.
Tu fronças tes sourcils, analytique. Il fut un temps où tu aurais put percevoir son désarroi sans pouvoir mettre un nom dessus, aveugle aux autres, inattentive. Pas aujourd'hui. Tu eu un drôle de sourire, un léger soulèvement de la commissure de tes lèvres, moins large, moins éblouissant. Plus doux.

▬ Je crois que tu as besoin d'un cupcake et d'un chocolat chaud.

Je suis un peu désarçonnée par sa réaction. Est-ce qu'elle me lance une invitation ?
Je n'ose croire en cette chance.
Je suis particulièrement attirée par les filles d'origine asiatique et celle-ci, avec ses cheveux au reflets roux jaillissant d'une casquette noire, son haut rose aux longues manches et sa jupette blanche qui découvre ses fines cuisses nues est tout à fait le genre qui me fait craquer.
Mais il faut bien me rendre à l'évidence, je ne rêve pas. Je suis bien invitée à partager un cupcake et un chocolat chaud avec cette princesse. Et moi qui tout à l'heure désespérait d'avoir des amies dans cette nouvelle université ! me voila comblée au-delà de mes espérances.
Toute surprise et essayant de masquer la joie qui m'envahit je réponds
" J'en prendrai avec grand plaisir ! Mais... je suis toute nouvelle ici, ou faut-il aller ?"

FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

J'en prendrai avec grand plaisir ! Mais... je suis toute nouvelle ici, ou faut-il aller ?

Il y avait quelque chose d'amer et de fragile dans les traits délicats de l'indienne, des espoirs innocents oubliés, des esquisses de rêves et d'utopies mutilés, arrachés, évincés. Tu avais cette habitude de te réfugier dans le chocolat quand les choses n'allaient pas, bercée par les effluves de cacao, tapie comme un chat repus dans les replis duveteux de ta couette en coton blanc. Tes lèvres dépourvues de toutes substances artificiels s'étiraient un peu plus comme la caresse qu'on accorderait à un innocent apeuré, aux êtres tourmentés, à ceux qui ne savaient plus vivre, aux photographies jaunis qui remémoraient de bon souvenir. Tes gestes naturellement esquissés trahissaient l'apparente nonchalance de ton expression, ces réflexes que tu avais rapidement apprise à adopter et qui avait peu à peu prit le rang d'anodine ligne de conduite. Tu étais providence et victime, tu étais une enfant un peu trop maligne dans un corps de grand.

▬ Ne t'en fais pas, il y a un café pas loin du campus. Je te montrerais.

Un îlot perdue au milieu du pacifique dont chaque courbe sablonneuse reflétait cette douce solitude qu'on ne parvenait plus à s'octroyer dans ce pays surpeuplé. Tu te faisais confidente et bouée de sauvetage, un appui sur lequel la jeune femme pourrait s'appuyer si elle souhaitait. Tu pris sa main sans plus y penser, la tirant doucement à travers les couloires de l'institution.
La soulagée sans en avoir l'air.
Comme tu l'avais fais quelques années plus tôt avec Blake.

FICHE BY LAVENDER J. TREVENA

Loin de l'effervescence estivale, deux corps s'animaient sous la caresse des néons. Tu n'étais pas le genre de fille qu'on voyait souvent accompagnée. Ça avait toujours été dans ton intérêt de devoir te la jouer discrète, pour les autres comme pour toi, tu étais loin d'être une experte en relation humaine. Tu appréciais la chaleur grisante d'un après midi passé en bonne compagnie. Une personne agréable avec qui la conversation ne devenait pas stérile au bout de deux échanges. Tu aimais les gens.
A petite dose.
Sans caprice et sans excès.

▬ Je suis à Harvard depuis trois ans et je suis originaire de Boston. Même si j'ai beaucoup voyagé en Corée pour des séjours prolongés.

Tu fis tournée la tasse entre tes doigts, appréciant silencieusement la caresse brûlante de la céramique contre le grain de ta peau. Tu étais juste un petit tout, un petit rien, un peu épicée, à la fois sucrée et salée. Quelque chose qui ne s'explique pas, qui se découvre pas à pas. Il y avait des milliers d'hypothèses à formuler, jamais une sur laquelle se focaliser, qui aurait eu la patience de s'y essaye;

▬ J'étudie la biochimie et les maths appliqués mais je ne sais pas encore ce que je souhaiterais faire après la fac. Et toi? Comment t'appelles-tu? Où as-tu vécu avant de venir ici? As-tu des envies? Des attentes?

Ta voix se fit plus douce, moins docte, plus taquine. Tu vais oubliée les convenances et la bienséance, les règles du parraitre et la distance de rigueur qu'une dame se devait de manifester face à une presque inconnue. Tu n'avais jamais été très douée pour ce jeu là et t'étais toujours montrée encline à emmerder les conventions.

Quelle est mignonne.
Légèrement, un peu trop pour son propre bien, mais suffisamment pour captiver ton attention. mais suffisamment pour relevé le coin de tes lèvres dans un sourire inconscient. Qui pourrait rester de marbre? Mis à part l'un des protagoniste de l'Elliot House. Dans tout les cas, tu te demandais bien ce que l'indienne mettait tant de temps à te demandé. Petit à petit, tu te demandais pourquoi tu prenais tant de précaution?
C'est vraie ça, pourquoi?

Par un étrange élan d'humanité?
Par compassion?
Par altruisme?
Si tu devais réfléchir tous de suite, tu n'arriverais pas à placer une étiquette sur ta ligne de conduite. Y avait-il vraiment une logique dans tout ça? Malheureusement pour toi, il y a des choses que même la raison ne peut pas expliqué, quoi qu'on en dise. Le soucis, c'est que si tu as le malheur de te faire prendre, tu auras alors deux choix, faire comme si de rien n'était, ou bien te montrer ouvertement odieuse. Qui a décidé que tu ne pourrais pas fréquenté les personnes de ton choix?
Ah oui. Ton bâtard de père.

▬ Moi j'avais prévu d'aller au ciné, je sais pas si ça te dit ?

Un rire qui pourrait presque couvrir les bavardages environnant, tandis que ta main portait la pâtisserie à tes lèvres.

▬ Avec plaisir Jessica, on se retrouve devant le cinéma?