ballroom extravaganza ─ feat. emir

Les journées à l’hôpital se ressemblent toutes les unes aux autres et Daisy devait bien avouer que cette redondance était plutôt fatigante. Il n’y avait que dans le secteur des urgences que les choses bougent réellement et emmènent un peu de dynamisme aux longues gardes que les élèves pouvaient vivre. La jeune femme avait une petite pause, alors elle était descendue au réfectoire pour pouvoir se délecter d’un petit repas bien consistant. Nous étions au beau milieu de la nuit et l’établissement de soins était tout ce qu’il y avait de plus calme. Seul le son des moniteurs résonnait dans les couloirs ainsi qu’un léger brouhaha des équipes de nuit en pleine discussions personnelles. Le repas terminé, la brunette remonte doucement vers son étage, le nez plongé dans son téléphone, elle ne prêtait pas attention à ce qui se passait autour d’elle. Ainsi, elle n’avait pas remarqué l’intrusion d’un jeune homme blessé qui finira par attraper son poignet et la tirer dans une chambre vide. Surprise, elle ne réagit presque pas à ce qui était en train de se passer.

Ce n’est qu’après un court instant qu’elle atterrit, se rendant compte de la situation. Ce n’était clairement pas normal, pourquoi est-ce que cette personne, habillée en civile, venait de verrouiller la porte à clé ? Le front plissé, elle finit par s'exclamer soudainement. – mais vous faites quoi là ? elle serre un peu plus son téléphone dans sa main, avant de le lever. – je vais appeler la police si vous ne partez pas de suite ! Elle n’était clairement pas à l’aise seule avec un homme qu’elle ne connaissait pas. Après l’histoire avec son ex petit ami violent, elle était pas mal sur la défensive alors bon.

IL Y A QUELQUES SEMAINES - Tout a commencé par une insulte. Pluie d’injures, scandées dans une autre langue, s’abattirent entre ces murs délabrés du hangar abandonné. Profusions de poings, de couteaux, impossible d’esquiver la moindre phalange. Ici, pas de répit : mort ou vivant, seule la chance s’occupe de votre destinée. Les négociations, c’est sa came, Emir. Toutefois, rares sont les fois où elles se terminent en règlement de comptes. Ce soir-là, il y a exception à la règle. Certes judoka durant ses temps libres, il n’est pas cependant pas surhumain et il ne parvient pas éviter une lame fatidique, épiderme alors taillée par l’argent. Un geignement s’échappe des lippes, c’est d’un geste ordonné par l’adrénaline qu’il réussit à s’en débarrasser et de pas frénétiques, il s’échappe du chaos qui aura possédé les lieux. Le froid s’empare aussitôt de lui et de quelques coups d’œil rapides, il remarque avec contentement qu’il est seul dans la rue. Prudent, il tire sa veste et remarque la chemise teintée de sang, avant d’immédiatement cacher la blessure. Hors de question qu’on le voit chanceler dans la ville, il garde la tête haute malgré la douleur qui s’immisce et se met en marche. Il doit rentrer. Plus les minutes s’écoulent, plus il peine à paraître indifférent. Il ne semble pas apercevoir la trainée d’hémoglobine qu’il laisse derrière lui, remarque l’hôpital au loin et s’arrête. Non. Mauvaise idée, qu’il songe. La vue se brouille à ce moment, lui arrachant un grommellement. Il est obligé, il le sait. Discrétion est de mise, il ne sait pas comment il parvient à se faufiler dans les couloirs, ne se rend pas réellement compte que son corps s’est mis en mode automatique. Le cœur bat vite, constat dangereux pour sa maladie cardiaque. Finalement, il la repère. Brune, blouse blanche, occupée sur son téléphone, loin du brouhaha naissant au loin. Il s’avance rapidement et sans réfléchir, logique sur le côté, il saisit son poignet et la tire, sans mesurer sa force. Porte fermée derrière lui, il n’écoute pas ce qu’elle dit, jusqu’à ce qu’il se retourne et remarque son téléphone brandi en l’air. Rapide, car il le faut bien, il attrape sèchement le mobile, le plaçant dans sa poche arrière. Sans lui daigner un mot aux premiers abords, il lui montre enfin le dommage collatéral sur son flanc. « S’il vous plaît, » qu’il souffle dans un ton plaidant, toutefois il s’agit de là d’une semi-comédie. « Je suis blessé. Je peux pas aller aux urgences, ils… » Il déglutit, il faut qu’il créé une histoire. Vite. « Ils vont me retrouver, sinon. » Il s’approche, doucement, sûrement dans l’espoir de ne pas la terrifier davantage : il suffit de plonger son regard dans le sien, pour y voir la crainte.