timing has never been our strong suit //kennelieux

11/11/22, vers 23h il en tremble. il est dans tous ses états, il a l'impression d'être littéralement au bord de l'explosion. il a abandonné sa moto devant le bar, le choc ne l'ayant pas rendu inconscient au point de se croire capable de prendre la route. dans l'état où il se trouve, il ne voit pas comment il aurait pu faire le chemin jusqu'à hope sans se foutre en l'air en cours de route. ses jambes le portent douloureusement. elles ne lui paraîtraient pas plus tangibles et douloureuses que s'il venait d'essuyer un footing depuis plusieurs heures. il s'engouffre dans l'immeuble sans que cette impression de vide ne le lâche. il est au bord d'un gouffre, un gouffre qui menace de l'aspirer. en lui, il n'y a que du chaos. il se retiens de fourrer une main agitée de tremblements dans la poche de sa veste, là où se trouvent les photos. une petite fille brune aux grands yeux bleus accrochés au bras de danielle, une petite fille qui lui ressemble tant au même âge que ça lui en retourne le ventre. il va s'écrouler. il va vraiment s'écrouler. il a l'impression d'être à deux doigts de s'effondrer quand il frappe à sa porte. son poing rebondit contre celle-ci. il n'aurait pas dut venir ici. il y a une limite à ce qu'il peut supporter. peut-être que voir hope va encore empirer une situation dont il peine à voir comment elle pourrait davantage se détériorer. ou peut-être pas. mais il a besoin de la voir. à nouveau, il frappe, avec plus d'empressement. est-ce qu'elle est seulement là ? elle est peut-être sortie se changer les idées. il balance à nouveau son poing contre la porte. il est à deux doigts de forcer le passage en dépit de la porte verrouillée. — @Hope J.F. Kennedy

11/11/22, vers 23h — allongée dans mon lit, le tissu de mon oreiller imbibé par mes larmes, j'ai l'impression que ma tête va exploser, que je vais me noyer. des tas de scénario qui me passent par la tête. toi dans ses bras, ses lèvres contre les tiennes, les sentiments qui te percute de plein fouet, le retour de cette femme dans ta vie qui éclipse toutes les autres, qui te fais te rendre compte que je ne suis pas faite pour toi et que ton véritable amour, le premier, le vrai, c'est elle. ces images, ces peurs qui tournent en boucle dans ma tête, m'assomme de mal être alors que je ne réussi pas à trouver le sommeil. et alors que je me remets à pleurer de plus belle, j'entends les coups contre la porte. au début je me dis que c'est peut-être une erreur et finalement c'est si insistant que je me demande si ce n'est pas juste harlow qui a oublié ses clés. je me lève avec difficulté pour rejoindre la porte d'entrée et quand j'ouvre et que je me retrouve face à toi, c'est le choc. t'es boulversé, t'es crispé, t'as les yeux brouillés par les larmes toi aussi. et je comprends. je comprends que tout les films que j'ai pu me faire étaient vrai. immédiatement je pense que je t'ai perdu et que t'as retrouvé la femme de ta vie, la vrai. que t'es peut-être juste là pour dire au pansement, à la pale copie que c'est terminé. alors c'est comme ça que je continue mon tableau ? le second choix de Sloan, Andrew, Jude, Mikke et maintenant toi. les larmes qui se mettent à couler de plus en plus vite sur mes joues, je veux même pas te regarder plus longtemps. « pas besoin de parler, j'ai compris. tu viens récupérer tes affaires. » je te tourne le dos et me contente de marcher rapidement vers la chambre, pour m'enrouler de nouveau dans les draps et pleurer si fort que même les draps ne peuvent contenir la douleur. — @Tristan Deslieux

11/11/22, vers 23h // tw: langage grossier alors qu'il a l'impression qu'une véritable éternité s'est découlée depuis qu'il a commencé à frapper à la porte (ce n'est pas le cas), elle finit par ouvrir. il la découvre devant lui, l'air tout aussi ravagée que lui. des yeux rouges, comme les siens. dans d'autres circonstances, il l'attirait dans la seconde contre lui, contre son torse, engueulade pas résolue ou pas. il n'hésiterait pas, au risque d'être brutalement repoussé, s'il était dans son état normal. ce serait plus fort que lui, presque inscrit dans ses veines. le besoin machinal, viscéral, de l'encercler de son corps quand elle va mal, même quand, en l'occurence, elle va mal à cause de lui. il devrait parler, mais il reste immobile, les lèvres scellées, encore trop choqué pour récupérer son aptitude à agir normalement. c'est finalement elle qui ouvre la bouche alors que les larmes redoublent, coulant sur ses joues. « pas besoin de parler, j'ai compris. tu viens récupérer tes affaires. » et déjà elle se détourne de lui, le plante sur le pas de la porte, pique presque un sprint en direction de sa chambre. de leur chambre, même si ça aura pas duré bien longtemps. là encore s'il était dans son état normal, il s'élancerait derrière lui. pour la rattraper, la retenir. suffirait de quelques pas pour ça. de là à dire que ce serait facile... non. mais il ferait ce qu'il faut pour la retenir. mais là il a un putain de trou dans le coeur et il sent à la fois trop vide et trop rempli de tout et il a juste envie de hurler, mais ça ne sort pas. c'est qu'une question de secondes, une question de secondes avant qu'elle se réfugie loin de lui. elle est à une milli seconde de sortir de son champ de vision quand il parviens à s'exprimer d'une voix blanche. « elle était enceinte. » qu'il lâche brutalement, sa voix lestée de plomb, comme ses jambes. une vérité qui lui scie le coeur, qu'il ne parviens pas encore vraiment à intégrer. car putain, c'est vraiment insensé. — @Hope J.F. Kennedy

11/11/22, vers 23h —  je pensais que cette fois serait différente. faut croire que je suis vrai nulle à ce jeu. celui de l'amour. je tombe amoureuse de personne qui soit ne veulent pas de moi, sois m'aime le temps de trouver mieux. ou en l'occurence, de retrouver mieux. le problème c'était pas mon manque de confiance envers toi, c'est l'image que j'ai de moi et mon manque de confiance en moi-même. j'ai besoin de personne pour me détruire, je réussi très bien toute seule. je me vois comme celle qui calme, pas celle qui guérit. un comble quand on pense que je suis médecin. alors quand tu déboules chez moi, chez nous, dans cet état, je me dis que t'es juste chamboulé de l'avoir revu, que tu sais pas comment m'annoncer que tu me quittes, que t'es désolé parce qu'au final t'as menti.. je ne suis pas la seule et tu n'es plus à moi. et ça me bouffe de l'intérieur, de perdre la seule personne que j'ai aimé de manière certaine. t'étais une certitude et maintenant ce dont je suis sur c'est que je ne veux plus jamais entendre parler de l'amour. ce truc de merde qui gâche des vies et brises des êtres. alors je me contente de retourner dans mon lit pour étouffer ma peine. mais ta voix elle porte. elle est grave mais elle est puissante. alors quand j'atteint ce qui était notre havre de paix, j'entends tes mots au loin. et soudain mon corps me porte jusqu'à toi, sans même que je l'ai contrôlé. « qu'est-ce que tu viens de dire ? » j'en reste sans voix. « elle.. elle était .. enceinte ? » mais pourquoi elle est partie si elle attendait votre enfant ? et soudain dans ma tête je percute que tu as un enfant. qu'elle et toi vous n'êtes pas liés que par votre passé mais aussi votre présent et votre futur et j'ai la nausée. — @Tristan Deslieux

11/11/22, vers 23h // tw: langage grossier sa voix qui retentit comme une claque dans l'air. cette claque il se la prend à nouveau dans la figure et elle atteins hope au vol également. il la regarde comme dans un rêve (plutôt un cauchemar, en fait) revenir vers lui, l'air tout aussi choquée qu'il l'est depuis que le couperet est tombé, transfigurant toute sa vie à jamais. « qu'est-ce que tu viens de dire ? » pas sûr qu'il soit capable de lui répéter là tout de suite. à chaque fois qu'il prononce les mots, il lui semble que ces derniers tranchent littéralement sa gorge, comme autant de lames de verres venues le charcuter de l'intérieur. « elle.. elle était .. enceinte ? » une image valant mieux que des mots, sans détourner son regard de celui de hope, il fourre à nouveau une main parcourue de tremblements dans la poche de sa veste. il en extirpe les quelques photos que danielle lui a donné. quelques clichés éparpillées de la vie d'une gamine de treize ans. il les tend à hope. elle connaît son visage par coeur, nul doute qu'elle le retrouvera aisément dans les traits de cette fillette inconnue. se sentant fléchir, il se détourne ensuite de hope et atteins en quelques pas le salon. là, il se laisse lourdement tomber dans un fauteuil et se penche, prenant sa tête entre ses mains. « je vais le tuer, putain, je vais le tuer. » qu'il grogne entre ses mains, sa voix muée en ce qui ressemble à des gémissements tout à fait inhabituel chez lui. c'est pas lui ça. ça ne lui ressemble pas de s'effondrer ainsi. pas devant qu'un. même hope. il est plus fort que ça en temps normal.  — @Hope J.F. Kennedy

11/11/22, vers 23h —  j'ai l'impression de m'être pris un bus. une claque monumentale en pleine figure. je m'attendais à tout sauf à ça. je pensais que tu allais me quitter parce que tu l'aimais encore, je pensais même qu'il aurait pu se passer quelque chose entre vous. d'ailleurs j'ai toujours aucune idée de ce qu'il s'est passé durant ce rendez-vous. ce que je sais à présent c'est que tu as une petite fille et qu'elle a tes yeux. je bloque que la photo que tu me tends. putain de merde Tristan, t'es papa. Danielle et toi avez une fille. et alors que tu es sous le choc et que je devrais surement te soutenir. j'y arrive pas. mes peurs reprennent le dessus. je me dis que cette fois-ci je n'ai plus aucune chance. elle, ton première amour, celle que tu voyais être la femme de ta vie... elle pouvait t'apporter ce dont tu rêves depuis si longtemps : un enfant. une vie de père, une famille. et alors que tu pars t'assoir dans un fauteuil du salon, je sens la vague monter en moi. j'entends tes mots dans un sifflement, ainsi que tes gémissements. t'es à deux doigts de pleurer et moi.. « je.. pardon » je cours, passe à toute vitesse la porte en face de toi, la referme avec fracas avant de vomir dans les toilettes. la nausée qui montait au fur et à mesure, incapable de retenir cette vague d'émotion. je me mets à pleurer en même temps. parce que je m'en veux de ne même pas pouvoir te soutenir là, tout de suite.  — @Tristan Deslieux

11/11/22, vers 23h // tw: langage grossier « je.. pardon » il a pas le temps de baisser les mains, de lever la tête, qu'elle s'est mise à courir. quand il regarde là où elle se tenait une seconde plus tôt, il n'y a plus que du vide. « hope— » qu'il lâche laborieusement avant d'être interrompu par la porte qui claque. rassemblant des forces qu'il ignorait encore posséder, il se lève en l'entendant vomir à travers la porte. il rejoins cette dernière d'une démarche lestée de plomb. il reste un instant devant la porte fermée, un goût rance en bouche. il a l'impression d'être là sans l'être. présent pour hope, ce qu'il veut, ce qu'il a toujours voulu être, mais il l'est pas tout à fait. car c'est le bordel dans sa tête. ça rugit, ça hurle, ça lui coupe le souffle. la confession de danielle qui tourne en boucle de sa tête, son regard hanté à lui, obsédé par le cliché de cette petite, de sa fille. hope qui en est carrément malade et cette porte toujours entre eux, dont la surface semble s'épaissir encore et encore sous la main qu'il pose contre le bois. c'est absurde. il y a vingt-quatre heures de ça, tout était différent. peut-être qu'hope avait raison. peut-être qu'il aurait dut l'écouter, ne pas rencontrer danielle. tout serait différent alors, mieux. c'est clair qu'il serait plus heureux, et hope aussi. « hope.. » qu'il relâche dans un gémissement. il a besoin d'elle. il a vraiment besoin d'elle. et il reste planté devant cette porte, incapable d'agir, de choisir quoi faire. les larmes roulent sur ses joues. tous les barrages qu'il a monté en lui depuis l'enfance se fendillent, produisant une inondation d'une ampleur qu'il envisageait même pas possible. il est déjà submergé. il est en train de se noyer. — @Hope J.F. Kennedy

11/11/22, vers 23h —  impossible de retenir cette nausée qui me prend aux tripes. je la sens monter petit à petit. au fur et à mesure que les secondes passent, que je prends conscience de ce que tu viens de m'annoncer, entre tes mots, ton comportement, la photo.. la nausée monte et je finis par courir dans les toilettes pour vomir. c'est trop. trop de sentiments qui me submerge. la peur de te perdre, le choc d'apprendre une telle nouvelle, la colère contre Danielle de revenir pour égoïstement gâcher les vies des autres, la tristesse que cette petite fille a dû ressentir de grandir loin de son père. quelques secondes difficiles que je prends, agenouillé au sol pour pleurer. dans un même temps, j'entends que tu prononces deux fois mon prénom. la dernière fois me brise le coeur, quand derrière la porte, je t'entends pleurer. c'est la première fois que tu te dévoiles de cette manière devant moi. t'as toujours prit soin, même lors de nos nombreuses et douloureuses batailles, de cacher cette partie de toi, la trop vulnérable. cette fois tu ne peux plus la retenir. et toute ta peine, elle traverse la porte et elle vient s'emparer de moi. elle me donne étrangement la force de me lever, de passer de l'eau sur mon visage et de me brosser les dents. je sors de la pièce, face à l'homme que j'aime, les larmes qui coulent, les yeux rouges et le corps fatigués. je viens immédiatement te prendre dans mes bras. cette fois c'est toi que je blottis contre moi, ta tête que je porte à la poitrine pour caresser ta chevelure. « ça va aller mon coeur » que je dis sans même y croire. j'en ai aucune idée de ce que tu veux faire, si je fais encore partie de tes plans, tout ce que je sais c'est que je t'aime assez pour accepter ta décision et surtout, pour ne pas te laisser seule, là maintenant. — @Tristan Deslieux

11/11/22, vers 23h il devrait ouvrir cette porte, il devrait s'accroupir derrière elle, tracer des cercles rassurants dans son dos. c'est en lui. même quand il est à terre, il ne peut pas s'empêcher de se la jouer bravache, de vouloir constituer un soutien de tous les instants. il est comme ça, conditionné dès l'enfance, poussé implicitement par sa mère à incarner le pilier inflexible, invariablement solide. il est rare que lui-même se retrouve tétanisé. et c'est le cas en cet instant. il n'est tout simplement pas en état de prendre sur lui le poids qui pèse sur les autres. il le ferait s'il pouvait. surtout que c'est pas n'importe qui derrière la porte. c'est hope. il tuerait pour hope. il ferait n'importe quoi pour elle, mais là... il ne peut juste pas. il reste stupidement devant une porte close, à prononcer son nom. il ne saurait pas dire combien de temps s'écoule avant que la porte ne s'ouvre sur hope. il s'en fou. il aimante son regard au sien et il ne fait pas mine de résister quand elle l'entoure de ses bras. il n'essaie pas de prendre le dessus, de la consoler. il la laisse l'étreindre bien fort, caler sa tête contre sa poitrine. il l'attire à lui, passe ses bras autour d'elle et il continue de pleurer contre elle alors qu'elle passe affectueusement les doigts dans ses boucles. « ça va aller mon coeur » il doute qu'elle le pense. non, il sait qu'elle ne le pense pas. elle a peur, elle s'inquiète. elle souffre aussi. pour lui, pour elle, pour eux... il reste un moment contre elle, sans bouger, sans broncher. il se laisse faire. pas trop longtemps non plus, néanmoins, au bout de quelques minutes il se redresse, subtilise son visage à sa vue en y passant ses mains, en essuyant ses joues. il doit se reprendre, il doit essayer. « il l'a payée pour qu'elle se taise, pour qu'elle parte.. » qu'il lâche, lui délivrant des bouts d'informations. — @Hope J.F. Kennedy