Night out | Mannabeth

Quand elle lui a proposé de sortir, ça lui avait semblé naturel, à l’espagnol, que de surenchérir. Prendre un verre en sa compagnie, certes, mais pas dans l’un de ces bars populaires qu’il connait par cœur. Vouloir quitter la ville de Boston durant toute la soirée, et plus selon ce qu’ils feraient. Une envie, oui, de prendre ses distances avec les délires universitaires, les factices pauvres petites guerres. Les manipulations et la malhonnêteté, comme si dans cet art, Manny n’était pas le premier. Mais il ne peut pas le nier, le presque avocat, cette histoire avec Alexane, elle l’a touchée plus que ce qu’il n’est en droit de l’avouer. Eternel fiancé, qui ne peut s’attacher, encore moins à une fille qui, de lui, s’est moqué.

Alors oui, il rumine, l’égo éraflé, sur sa moto quand il arrive en bas de l’immeuble d’Elizabeth. De sa veste, il sort rapidement son téléphone afin de lui signifier qu’il est là. Et il se dresse sur ses pieds afin de sortir le casque destiné à la demoiselle de son coffre. Quelques minutes à l’attendre, et la voilà qui fait son entrée, il en craque un sourire, malgré qu’il soit toujours contrarié. Un état d’esprit qui n’en finit pas de traîner, qu’il déteste, à dire vrai. « Madame, » qu’il prononce, ancré dans ce rôle de gentleman, tout en lui tendant ce qui lui permettra de monter avec lui en toute sécurité, « comment tu vas ? » et ça l’intéresse vraiment, n’est-ce pas ? Elle fait partie des rares avec lesquelles il passe des nuits et dont il se soucie. « Worcester, ça te dit ? » Ce n’est pas très loin, ça leur permettra de vider leurs têtes sur le chemin, d’avoir ce sentiment de liberté, et de décrocher de la réalité.

@Elizabeth McCarthy