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Insensé. Le trouble sème dans ton cœur, Théodore, de biens étranges engeances, mais puisque ton âme à l’odeur de son odeur, comment extraire le diable qui habite ton corps ? Comment taire ses chuchotements terribles à ton oreille ? Orphéa. Doux murmure que cette faim impossible à assouvir répète inlassablement comme un quantique. Obsession qui ne cesse de te ronger et que tu engloutiras bientôt. La sensation de commettre une terrible erreur agite tes pensées, les yeux perdus tu observes des vapeurs nocturnes s’allongées à l’horizon, certaines entourant les habitations, et d’autres se perdant à l’altitude. Des écartements de nuées accueillent la lumière des réverbères et tu aperçois au loin la bâtisse d’Harvard. Ses murs, ses étendues d’herbes et les fenêtres de ses amphithéâtres. À travers le chaos de ton existence, ta décision a pris une forme bien précise, affermie dans tes viscères les plus sombres. Un dessein se développe lentement, alourdi par un manque cruel. Une légère brise vient chamailler tes cheveux, la température est douce pour les derniers jours d’octobre. Tu devines l’idiotie de tes actions prochaines, cependant il ne s’agit pas d’une lubie passagère. Non. Un poids illusoire pèse sur tes épaules. Ta poche. N’est-ce pas dans la douleur que l’apprentissage est le plus complet ? Nous souffrons pour apprendre ce qui nous appartient vraiment… Comprendra-t-elle ? Insupportable idée qu’elle ne souhaite plus ni te voir, ni te parler, ni même t’écouter si un jour elle unissait sa vie à un autre. Toi qui accepterais de n’être que son ombre, jaloux de ses moindres prétendants, pour ne serait-ce que goûter encore à la sublime brûlure de son sourire, de son regard, de son toucher. Tu ignores tout de l’absurde raisonnement qui te hante Théodore, aucune logique ne vient effleurer ta raison et l’erreur criarde flattant tes iris irritent tes désirs démentiels. Le nécessaire courage pour te déclarer est anéanti par des solutions tortueuses. Pourquoi fuir le célibat ? Pourquoi détruire votre relation pour l’idée si futile du couple ? Quittant ton observation, tu vérifies que ton installation est bien en place. Les sucreries sont disposées, le vieux projecteur et la bande, la toile blanche, les coussins et couvertures. Tout semble parfait. Tu redescends du toit en direction du capharnaüm de ton appartement, tes livres et tes carnets s’amoncellent chaotiquement, tours prêtes à s’effondrer à tout instant. Quelques textes et dessins se sont perdus sur le parquet, tes instruments juxtaposés aux vieilleries de ton grand-père, illustres objets dont il est impossible que tu te sépares. Rappel constant d’une blessure silencieuse. Sur la table basse, une vieille argenterie fait office de salle de shot. Les nombreux rails ont laissé des marques indélébiles. La sonnette retentit et tu te figes un instant… Es-tu certain ? Par réflexe, tu poses ta main contre la poche de ton jean. Oui. Il est l’heure d’ouvrir avec le sourire. « Bonsoir, je t’en prie fais comme chez toi. » Tu t’écartes légèrement, espérant qu’elle ne fuit pas à la première vision de ton antre. « Je te laisse cinq minutes de fouille et trois questions avant que nous ne montions pour ta surprise » Un rire t’échappe alors que tu refermes ta porte.
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