dès que je te vois × jill

Cappuccino noisette et lait d’amande, tu patientes Théodore. Non, tu l’attends. Cette figure fantasmagorique, ce frisson profond. Chacune minute piaffe d’impatience et tu comptes les secondes. Une, encore une et encore une. Pourquoi cette attirance querelleuse qui tiraille le moindre méandre de ton être ? Quel est donc cette étrange sorcellerie à l’œuvre ? Un dessein pervers s’amusant de tes interrogations ? Tu ignores toute raison dans ce fourmillement nerveux, réveil d’un désir… La porte trésaille et ta chair se tend dans l’insatisfaction totale. Un simple étudiant de passage dans la salle commune, faux espoir. Tu déglutis, première vision. Trouble silhouette féminine pourtant si bien ancrée dans ton esprit désormais. Un mouvement de cheveux, une posture et peut-être même le coin d’un sourire. La soirée des adams s’est avérée bien plus intéressante que tu aurais pu le prévoir. Jamais, tu n’avais croisé ne serait-ce que son ombre et voici Jillyane apparaissant dans toutes ses subtilités chimiques. Irrésistible mélange que tu corps semble réclamer avidement. Donuts, boîte joliment garnie, scellée. Tu sombres dans tes pensées. Quel est donc ce tout créé d’un rien ? Pas même un croisement de regard et tu es là Théodore, aux prises avec cette pesante envie. Innommable chaos d’attirance que tu es incapable de réfréner pour la plus aimable des formes… Quelques feuilles de dessin et des crayons. Tes doigts tambourinent gentiment contre le bois, répétant un même rythme inlassablement.  Pas de noix de coco. Tu as vérifié comme promis cinq fois, toi-même par un examen minutieux des ingrédients, par une vérification visuelle, par de multiples interrogations au pauvre vendeur… Ce n’est décidément pas naturel comme comportement. Tu veux lui plaire, c’est certain. Est-ce cette sale solitude, miasme désagréable collant à ta peau, qui te pousse autant à l’attirer vers toi ? Mielleux piège prêt à se refermer sur elle ? Réponse évident et bien trop simple face à cette situation inédite. Dans ta bêtise impatiente, tu as même appris et vérifié les gestes à faire en cas de réaction allergique. Tu es véritablement répugnant Théodore, à jouer les fervents chevaliers… Bien loin de la réalité de l’immonde être que tu es. Tu soupires légèrement… Aura-t-elle un auto-injecteur d’adrénaline ? Tu quittes la porte du regard pendant un instant, riant à l’absurdité de tes questionnements intérieurs le front posé contre la table. La porte. Elle s’ouvre à nouveau et Jillyane entre. Enfin, ton attente se termine. Tu te lèves, troublé, un déglutissement t’échappant encore. Ta peau est parcourue d’un long frisson et d’un signe de main tu attires son attention. « Promis, je n’ai pas de ciseaux. »