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Aucun doute Théodore, ta nuit s’est avérée être une lente noyade dont les eaux reminiscentes perturbent encore ta respiration. Ta carcasse se hisse difficilement jusqu’à la bibliothèque, quelques livres coincés sous le bras. Pourquoi es-tu ici et non dans un quelconque lit, creusant plus profondément ta fuite ? Tu l’ignores. Peut-être pour devenir meilleur, peut-être pour lui plaire ? Peu importe. Les effluves d’alcool cachent encore certains souvenirs pénibles à ta raison, à ta lucidité. La rosée couvre joliment les pelouses et tu pourrais t’effondrer à chaque instant. Non, tu luttes pour étudier. Le froid de l’automne prochain te fait frissonner et tes cernes ne bernent personne. Tu ne veux pas penser, pitié, non pas un souvenir pour troubler ces derniers instants de perdition. Tes pas lourds résonnent dans l’édifice silencieux, personne ne semble encore s’aventurer dans les rayonnages. De nombreuses chaises sont libres, prêtes à t’accueillir mais tu pénètres plus profondément, encore et toujours… Tu ne veux pas travailler non, la musique assourdissante résonne encore dans ton crâne et tes veines hurlent encore leur désir de substance. Laquelle ? Pourquoi choisir ? Un sourire que tu penses narquois fièrement aux lèvres, ton reflet ressemble plutôt à celui d’un mort-vivant cherchant la moindre occasion de s’abreuver de vitalité. Tu trouves quelque part dans ce labyrinthe une pièce vide dans laquelle tu rentres. Assis là, dans la pénombre, car la moindre lumière brûlerait ta rétine, tu es invisible. Caché au reste de ce monde étudiant bienheureux. Les lignes de l’ouvrage tanguent dangereusement, mélangeant les mots. Plus rien n’a de sens… Un sursaut bien désagréable te réveille. Comment ? Où ? Ton crâne palpite d’une douleur bien caractéristique et ta bouche pâteuse ne réclame qu’une gorgée d’eau. Boire. Lit. Bibliothèque. Tu essaies d’actionner la poignée, en vain. Prisonnier dans cette salle maudite, ton corps entier se tend sous l’effet de l’affreuse gueule de bois. Revers d’une médaille bien lourde à supporter à l’examen de tes trop nombreux excès. Ton téléphone affiche un écran noir, plus de batterie et tu es bien malin coincé dans cette salle obscure dont tu ne parviens même pas à trouver l’interrupteur. Tu frappes à la porte, tu joues avec la poignée. Rien. Deux minutes ? Dix minutes ? Une heure ? Geôlier particulièrement stupide, tu es devenu ton propre prisonnier. Ironique mise en situation de ton état constant. Une femme de ménage aurait-elle refermée la porte sans t’apercevoir ? Un étudiant taquin ? Un employé ? Tu soupires longuement, assis par terre et triturant nerveusement une cigarette. Tu as besoin de fumer, besoin de boire, besoin de sortir, besoin, besoin besoin. Les mots résonnent dans ta tête comme une litanie infinie. Finalement, perdu dans une semi-conscience tu entends une clé jouée dans la serrure et tu te redresses violemment. « Enfin ! Vous pourriez être plus rapide ! »
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