@Ester Patil-Sharma
― ester's workplace. fin octobre 2022.
l'esprit débridé, tu n'en revenais toujours pas. et pourtant, tu ne t'étais pas trompé. dès l'entrée dans cet immeuble ultra moderne, on t'avait plus ou moins indiqué le chemin. même si cela semblait interdit à toute personne extérieure, tu t'étais montré plutôt persuasif et habile pour obtenir les informations. c'était bel et bien son espace personnel ici, semblable à une loge de théâtre, un panneau sur la porte d'entrée prouvait bien qu'il lui appartenait. le regard qui flâna un peu partout, qui s'attarda un peu trop sur ses affaires, encore sous le choc. tu ne réalisais toujours pas tant elle semblait à portée de main, là juste à côté. tu sentais son parfum dans la pièce. senteur qui te chatouillait les narines, totalement nouvelle. tu voulais l'imprimer dans ta mémoire, qui cherchait à combler son absence coûte que coûte par n'importe quel élément qui te rattacherait encore à elle. dans ton dos, le bruit de la porte qui s'ouvrit te fit presque sursauter, et tu te retournas. là voilà donc. celle qui apparaissait parfois dans ces songes porteurs d'espoir, qui guidaient tes nuits. celle qui avait bien changé après plusieurs années sans nouvelles. tu toussotas en guise de réponse, bien plus gêné que tu ne le pensais. sa présence t'intimidait mine de rien. elle était devenue une femme mais tu revoyais toujours le jeune visage de tes souvenirs planer au-dessus de ses traits. —aap kèsé hè ?* il n'existait pas de guide pour renouer le dialogue, nada. alors faire comme si de rien n'était semblait plus confortable. et impossible d'ignorer tous les souvenirs qui remontaient à l'instant où tes opales avaient croisé son regard, après toute cette éternité sans la voir. sans la toucher. sans la sentir.
*comment ça va ?
(Styx Shipley)