Avalon O'Sullivan ▶ Andy Blossom

I still remember, I was young
You put your hand on my shoulder
Then you were gone
I've been thinking lately
How it could have changed me
Oh, I wish you could see me now

Ta main se pose sur la pierre froide, tremblante. Comme chaque année, tu lui rends visite, déposant sur sa tombe un bouquet d’oeillets rouges, en souvenir d’une courte vie partagée. Les mots se bloquent dans ta gorge cette fois, tu ne réussis pas à parler. Il y a tant de choses que tu aimerais lui dire, que tu aimerais lui confier, mais tu n’y arrives pas. Ce n’est qu’une tombe, ce n’est qu’un bout de granit, une pierre froide pour unique preuve que ta mère avait bel et bien existé, que son rire avait un jour empli des pièces entières, que sa voix avait un jour été entendu, qu’elle était là, il y a de cela 17 ans. Ce n’est qu’un bout de granit et pourtant, tu ne peux t’empêcher de faire courir tes doigts sur les mots qui y sont gravés, tu les connais par coeur. Les émotions se mélangent en toi alors que tu t’éloignes de sa tombe, piétinant légèrement le bouquet déposé par ton père. Des roses rouges, un amour éternel. Tu rabats ta capuche sur ta tête pour te protéger de la pluie et tu quittes le cimetière, te promettant que l’année prochaine, tu réussirais à lui parler.

Maybe I'm hopeless
But I'm only human
I hope that you know that I'd give it all for a moment with you

Les photos étalées sur ton lit, tu fixes avec un sourire mélancolique le visage souriant de celle qui t’avait donné naissance. Elle était magnifique et dans ta tristesse, tu espères lui ressembler. Ton regard se perds parmi les souvenirs d’un temps heureux, avant de s’arrêter sur une photo de tes parents le jour de leur mariage. L’amour est si fort que tu peux le ressentir, même au travers de cette vieille photo aux bords écorchés. Tu serres la photo contre toi dans un vain espoir de sentir près de toi sa présence, un vain espoir qu’elle fasse disparaître la douleur sourde qui résonne en toi comme un tambour, qui fait couler les larmes sur tes joues, qui t’empêche de dormir dès que cette date fatidique s’approche. Ce n’est pas toi, tu n’as jamais été comme ça. La tristesse ne te va pas, Avalon, et tu ne le sais que trop bien alors que tu ranges les photos dans cette petite boîte bleue, que tu t’empresses de ranger sous ton lit. C’est stupide et tu le sais, le paradis n’est qu’une belle invention pour donner espoir aux plus crédules, mais crédule tu n’es pas. Elle n’est plus là, elle ne reviendra pas.

These cold hands
This burning heart
Will always be hollow without you
I lost you
But all the love you left behind
Will always remind me
Remind me of you

Tu rejoins la cuisine où tu retrouves ton père, affalé à la table, comme écrasé par le poids de la maladie et de la tristesse. La triste scène devant toi ne fait que confirmer ce que tu sais déjà, ton père ne va pas mieux, il souffre. Silencieusement, et ce depuis des mois, ton père livrait le pire combat de sa vie, un combat qu’il perdait peu à peu, un combat qu’il ne gagnerait pas. Bientôt, un second bout de granit se rajouterait près du premier, un simple bout de granit en commémoration d’une vie perdue. Une main se pose sur ton épaule, une main tremblante et ferme, la main de ton père. D’un sourire faible, il t’invite à danser et tu acceptes. Plus d’une fois tu avais pensé à ce que la vie serait sans lui et plus d’une fois il t’avait ainsi invité à danser. Sans un mot, sans même un regard, ton père savait lire en toi comme nul autre.

So many years have come and gone
But every picture without you still feels so wrong
I've been thinking lately
What would you say if you saw me?
Would you be proud of what I've become?

Couchée dans ton lit, tu fixes une photo, une photo de ton père. Aujourd’hui, tu avais compris à ton tour ce que tu refusais de voir auparavant, bientôt, ton père ne serait plus là. Après votre danse, ton père t’avait confié en un sanglot qu’il refusait de poursuivre les traitements. Aujourd’hui, en une seule phrase, ton père t’avait annoncé la nouvelle que tu redoutais le plus. La maladie progressait trop vite et son corps s’épuisait, son esprit s’épuisait. L’homme qui était autrefois un preux chevalier était maintenant un roi fatigué, un roi qui ne désirait rien de plus qu’un peu de repos. Dans quelques semaines, quelques mois, un an peut-être, tu seras seule en ce monde. Sans mère, sans père, sans famille. Ton regard retrouve celui statique de ton père, son regard heureux, son regard de tout les jours. Toujours heureux, toujours rieur, voilà le souvenir que tu conserverai de ton père. Le souvenir d’un homme qui souriait lors des épreuves difficiles, le souvenir d’un homme qui voyait la beauté dans chaque petites choses. Le souvenir d’un preux roi qui rejoindrait sa reine après un long combat.