DEVON VAN ALLAN ► jacob elordi

S’il y avait un manuel à étudier pour devenir con, avec une médaille à la clé pour ceux qui ont rempli avec succès les critères, je serai ressorti vainqueur, avec mention très bien. Franchement, parfois je me demande où est-ce que j’ai la tête. Je ne réfléchis pas toujours à mes faits et gestes et de nature impulsive, c’est pire encore. Déjà gamin, j’étais un peu considéré comme étant le petit caïd du bac à sable, la petite brute, le petit dur à cuire. Je cherchais toujours les ennuies, elles m’aimaient et je leur rendais bien. Bizarre contraste tout de même lorsque tu viens d’une famille croyante qui fréquente à tous les dimanches la maison du Seigneur.  
Franchement, je n’ai rien contre les gens qui crois en Dieu et qui prie tous les jours pour des années meilleures, mais ce n’est pas mon cas. Je n’entre tout simplement pas dans le moule. Je ne vous raconte pas le nombre de fois où je me suis pris la tête avec mon paternel pour des histoires de ce genre. Du fait que je n’avais aucune envie d’aller à la messe le dimanche. Je n’ai pas besoin de tout ça, je fais déjà mes bonnes actions. Oui, je veille, tous les jours de l’année, sur les personnes qui me sont chères…

Enfin, bref. Je suis né à Amsterdam, mais très vite arrivé à Boston, vers mes cinq ans. Autant dire que je connais tous les petits recoins de la ville, les plus intimes aux plus lugubres. Mon père, professeur d’éducation physique a bâti sa carrière et sa réputation en ville, lorsqu’il s’est expatrié, ou plutôt lorsqu’il a décidé de quitter son Amsterdam natale pour venir s’installer ici à Boston. C’est ici qu’il a rencontré ma mère, Erin Fadden, il y a quelques années, avant de retourner tous deux à Amsterdam. Elle est aujourd’hui psychiatre et elle fait peur à toujours avoir raison sur tout. Comme je disais, de cette union sont nés trois magnifiques petites têtes. Mes deux sœurs et moi. Il y a tout d’abord l’aînée, la chiante, la casse-couille. Celle qui se croit toujours meilleure que nous parce qu’elle est l’aînée. Du moins, c’est l’impression qu’elle me donne. Celle qui se prend pour notre mère à nous donner des ordres lorsque ça ne lui tente pas de faire une tâche qui lui ait assignée. Je l’aime ma sœur, mais on pourrait croire qu’elle est née pour me faire chier. Et celle du milieu, ma petite perle, c’est ma princesse et quiconque ose lever la main sur elle, verra l’ouragan Van Allan faire son apparition. Elle est le contraire de Miss je dirige tout, douce, trouve toujours le meilleur chez les autres, ne ferait jamais de mal intentionnellement à quiconque. C’est vraiment pour cela que j’ai ce besoin de la protéger. D’être là pour elle en toute circonstance.

En parlant de famille, nous avons longtemps été famille d’accueil. Laissez-moi vous dire que j’en ai vu passer des jeunes par ici. Il y en a qui sont restés, d’autres sont partis, mais je les considère presque tous comme mes frères et sœurs. Ouais, presque parce que certains sont vraiment trop détestables. Tout comme moi, lorsque j’étais gamin, je dirais. J’avais la fâcheuse tendance à m’attirer tous les ennuis possibles. Toujours en retard. C’était plus facile de rester avec mes potes devant les lieux d’enseignements fréquentés à discuter de tout et de rien, de nanas, du prochain match de Hockey. En fait, tout pour retarder le moment où il faudrait aller s’enfermer dans une salle de cours.  J’étais ce gamin qui n’aime pas les cours, même si je n’ai jamais réellement eu de difficulté, l’école n’est pas faite pour moi. Aucun intérêt à participer en classe. C’était toujours mieux de rester dehors, profiter du temps, des potes, de la clope. Tout, absolument tout était plus intéressant que d’aller en cours. Même se faire arracher une dent. C’était toujours une corvée pour moi de rentrer dans la salle, d’une façon décontractée, sac à dos sur l’épaule, en pleine conversation avec un de mes potes. Peu ou pas de respect pour ceux qui sont déjà prêts et installés à leur table. Non, pour moi mes conversations étaient beaucoup plus importantes. Si je n’écoutais pas en classe, j’étais en train de me battre pour une raison ou une autre. Le plus souvent pour défendre mes potes. Lawrence et Kiara, mes deux joyeux lurons. Je suis si différent d’eux. Lawrence, je le connais depuis la couche aux fesses. Nous étions voisins et toujours ensemble comme cul et chemise. Je n’ai jamais compris pourquoi mes trois acolytes n’ont jamais été en phase avec les autres gamins du collège, voire même du lycée. Ils ont toujours été en retrait, jamais invité aux soirées. Ils étaient jugés, intimidés et moi c’était impossible de voir ça. Alors oui, j’entrais dans la bataille à tous les coups. Ils étaient ma famille, sont ma famille, même si Lawrence c’est un peu plus difficile de nos jours, à cause de sa maladie.

Quoi qu’en même temps, ne pas être inviter aux soirées, il y a du bon dans tout ça. Un événement marquant dans ma vie s’est fait lors d’une fête justement. J’essaye de ne pas y penser, puisque même si tout ça est arrivé il y a un peu plus de dix ans, j’en ai gardé quelques séquelles. J’étais ivre. C’est bien le mot. Tête qui cogne contre celle d’un mec, d’une fille, de toutes les personnes présentes. Je ne suis plus du tout maître de la situation comme j’aime l’être. Mais nous sommes tous en coeur, dans une symphonie. Les voix hurlent, les paroles semble synchronisés à chanter, pas très justes avouons-le les paroles d’un vieux tube à la mode. Les pieds qui bondissent ensemble, sur le rythme de la basse. L’alcool coule à flot. Elle se renverse partout. Mon coeur qui manque de fuir, de tout lâcher. Un rail, un joint, mais pas moi, non… Plus eux. Moi je ne touche pas à cette cochonnerie. J’ai assez de l’alcool et de la cigarette pour me combler.  Des rires. Si libre ce soir-là. Je suis avec ma copine, celle que je considère comme l’amour de ma vie. Nous sommes jeunes et naïf et pourtant, je suis prêt à tout pour elle. C’est le dernier party avant que les cours ne recommencent. J’ai presque seize ans, et je ne me doute pas une seule seconde ce qu’il est sur le point de m’arriver. Mais pour l’instant, je ne m’en fais pas, parce que je suis un roi, ce soir-là.  Ses lèvres sont soudainement contre mes lèvres, sont rire résonnes dans mes oreilles. Un pur délice. Nos corps qui ne peuvent se quitter. Je l’aime à en crever Sara. Son parfum qui me fait sentir vivant. J’aimerais tant lui dire que je pourrais mourir pour elle, pour sa peau. Elle m’échappe, ma belle sorcière. Elle retourne près de ses potes. Mon corps qui titube, qui se cogne sur chaque mur, bien décidé à aller la rejoindre. Ma vision se trouble et je rigole bêtement. Un bras m’attrape soudainement pour me faire boire de nouveau. Tout est beau, tout est magique ce soir. Un verre ou dix en même temps. Des shots attendus sur la table basse. C’est drôle. C’est puissant. Les minutes passent, peut-être des heures, Ma vision se trouble et je n’arrive plus à trouver ma perle, ma Sara. Où est-elle passé ? Me voilà dehors à sa recherche, j’ai envie de quitter la fête, je ne me sens pas bien. Nous sommes supposés rentrer chez elle, ce soir. Ses parents sont à l’extérieur. Un pas, deux pas et puis trois et mon coeur s’affole. Mon souffle se coupe. Mon verre de bière tombe sur le sol et mes jambes ont de la difficulté à me retenir. Je tombe à genoux devant elle. Elle est là, droit devant moi, blanche comme un drap, inerte… sans vie. Ma princesse, ma sorcière n’est plus. L’overdose l’as attrapée et m’as fait plonger dans des abîmes sans fin.

Suite à cet événement tragique, tout a commencé à encore plus mal aller. J’avais du mal avec la disparition de ma petite amie. Je me sentais seul, lasse. La vie était monotone et puis Lawrence a perdu son père. J’ai passé par-dessus mon chagrin pour être là pour lui. C’était mon devoir, c’était ce que je devais faire. Le protéger de tout ce qui pouvait le toucher. Mais je me sentais impuissant, puisque le père de mon meilleur pote a été emporté par une maladie héréditaire et lui, ne veut pas savoir s’il est porteur ou pas. Je ne calcul plus le nombre de fois où j’ai insisté pour qu’il se rendre à l’hôpital, sans résultat concluent. Il me ressemble sur ce point. Lorsqu’il a une idée derrière la tête, impossible de le faire changer d’avis. Tout ça a été pire lorsque je me suis rendu compte que Kiara et lui ne formait qu’un désormais. Si avant, c’était eux qui étaient toujours un peu à part des autres, pour le coup, c’est moi qui se sentait mal. Le pur égoïste que je suis avait du mal à les voir ensemble, main dans la main. Je voulais les voir heureux, je souhaitais dans un certain sens que leur couple fonctionne, mais ce ne fut pas le cas. Je ne croyais déjà plus en l’amour à cette époque. Tout allait exploser d’une minute à l’autre.
C’est ce qui est arrivé. Leur couple n’a pas fonctionné et mon pote est parti, avec sa mère, loin de Boston. Loin de moi, loin de tous… Si j’ai voulu essayer de garder contact, nos nouvelles se sont rapidement faites rare. Des appels téléphoniques lors des moments importants, mais plus rien n'allait entre nous. Je ne le reconnaissais plus. Où était-il ? Où est mon meilleur ami ?

J’ai pu finalement entrer à Harvard en art tout en faisant des pieds et des mains pour devenir illustrateur de bandes-dessiné. Bon je n’en fais pas mon métier, mais j’en crées. Mon cheminement a été difficile, compliqué. Ce n’est pas facile de se faire une place dans ce milieu, mais heureusement, je me suis rapproché d’une nana qui s’amuser à en créer également. Nous avons donc formé une équipe. Cette nana en question, est rapidement devenu une amie, une très bonne amie que j’ai commencé à fréquenter de plus en plus. C’est compliqué… disons que je me suis surpris à la regarder de plus en plus. Elle pique mon intérêt de jour en jour. Elle me fait rire, elle me fait sentir bien. Je sais que je peux tous lui dire, qu’elle sera là. On s’amuse bien ensemble, très bien même si vous voyez ce que je veux dire. Surtout que de l’autre côté, j’ai repris contact avec une ex, avant Sara. Ma première fois, mon premier amour. Et ça fait chier. Je ne comprends pas encore pourquoi elle s’amuse à m’emmerder. Oui, je l’ai remplacé, si je peux parler ainsi, pour Sara. Mais ça fait huit ans de ça et pourtant j’ai toujours l’impression qu’elle me déteste, qu’elle m’en veut. Le choc, lorsqu’on s’est aperçu qu’on allait partager la même chambre à la dudley. Je vous épargne certaines choses, mais même si parfois ça peut être olé olé, il y a aussi les couteaux qui volent bas. Ces deux femmes sont le sel et le sucre pour moi, le sucré et le piquant. Et bon Dieu que j’adore ça !