forgive me • Javel

Vendredi 30 Septembre • Appartement de @Novel Markovich •
La respiration est faible, le cœur est battant trop fort comme depuis des jours. Ne plus savoir quoi faire périple que je fais à l’aveugle. J’attends que quelqu’un sorte, attrapé la porte pour me faufiler dans la cage d’escalier trouver son appartement. Sonner ? Non, je n’ai pas le courage pour ça. La capuche toujours vissée sur la tête pour cacher ce cocard qui trône encore sur mon visage comme un rappel de ce mal que j'ai commis, cacher les yeux semblables à un hamster russe, rougis par la fatigue et les pleurs constant. Le petit sac isotherme cache une boite tupperware à l’intérieur une tartelette à la fraise de ma confection, les quatre points de chantilly indispensable à Novel, l’enveloppe contenant les pages que j’avais déchiré du carnet, glissé dans cette enveloppe où il est inscrit :  

Je suis désolé pour l’état des feuilles, je me suis dit que je devais tenter quelque chose, tu devais lire tout ça.

Je t’aime
J.

J’avais juste à poser ça devant sa porte est filé, mais c’est face à lui que je me retrouve, je pourrais m’écrouler à ce moment-là. Les larmes coulent instinctivement, je ne dis rien, je n’arrive pas. Je lui tends le sac et l’enveloppe, espérant qu’il les prenne.  

Jared a écrit:Je me sens stupide parce que je ne suis pas capable de t’envoyer un message, de t’appeler ou de venir te voir, j’ai peur de ta réaction, j’ai peur que tu me rejette définitivement, que tu me dises que tout est finis entre nous, que je t’ai perdu pour toujours... alors j’écris sur ce carnet que m’a donné mon frère, comme si un jour tu lirais ses mots, alors que je ne serais jamais capable de te les envoyer aussi. J’ai merdé Novel, je le sais à la seconde où le poing d’Anders a touché mon visage, j’ai compris, "ENFIN” tu vas me dire, tu vas me dire aussi que si tu avais su qu’il fallait en arriver là tu l’aurais fait toi-même plus tôt ? Je tente de rire, mais je n’y arrive pas. Je n’en veux pas à Anders, enfin pas totalement, une grosse partie de moi n’a plus envie de croiser son chemin parce que je ne suis pas fan des gens qui me tape dessus et d’un autre je pourrais presque le remercier de m’avoir remis les idées en places... je dois m’excuser auprès de lui, parce que j’ai entrainé son meilleur ami dans les bas fond, encore une fois... Je ne me leurre pas, je serais prêt à tout pour mon meilleur ami peu importe la situation, Anders à juste réagis avec son cœur et vu notre passif peut être qu’il voulait faire ça depuis longtemps. Je veux dire, ça ne sert à rien de lui en vouloir tu vois ? J’ai déjà gâché notre amitié, je n’ai pas envie en plus de gâcher ton histoire avec lui... parce que tout ce que je touche se transforme en malheur...  

J’ai enfin compris tout ce que tu t’es tué à me dire pendant tout ce temps vis-à-vis de Johan et moi... ça n’a pas été inutile tu sais ? C’est juste que j’étais dans cette bulle avec lui et que pour moi personne ne pouvait comprendre ce qu’on pouvait ressentir l’un et l’autre, mais au final notre bulle était destructrice, autant lui que moi et je suis lucide je sais que le toxique entre nous deux c’était moi et rien que moi. Je l’ai entrainé avec moi, je l’ai gardé auprès de moi grâce à toutes ses substances qu’il avait besoin à l’époque et on s'est retrouvé dépendant l’un à l’autre comme une putain de drogue, encore plus dangereuse que la vraie. Ce soir-là je l’ai entrainé avec moi encore une fois, parce que c’est la seule chose que je sais faire quand il m’échappe, j’ai eu tort de briser sa vie encore une fois pour mon bien être personnel, c’était égoïste de ma part. Je ne lui ai pas reparlé depuis qu’Anders m’est tombé dessus et que je suis sorti de cette chambre et en réalité, pour le moment je ne sais pas trop ce que je ressens face à tout ça, je sais juste que c’est terminé, définitivement entre nous et que c’est le mieux pour tout le monde.  

Je me suis toujours senti à part, à part des autres quand j’étais jeune, à part de ma famille parce que mes adelphes son partit tour à tour sans se soucier de moi, à part de mes parents parce qu’ils m’ont fait comprendre que c’était moi le problème et qu’au fond ils ne m’ont jamais aimé. D’ailleurs ma mère est morte, je t’épargne les détails, mais tu vois je ne ressens rien, ça ne me fait rien, parce que dans ma tête elle était morte depuis longtemps. Mon frère me dit que je ne suis pas un monstre de penser comme ça, mais tu vois je ne le crois pas trop. Un être humain normalement constitué pleure pour la perte de sa maman, un être humain normalement constitué ne prend pas de drogue quand ça ne va pas, il en parle, il ne se détruit pas... la destruction c’est tout ce que je connais...

Tu me manque Novel, je ne voulais pas te blesser, je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenir, je ne voulais pas en finir, je voulais juste... ne plus ressentir la douleur. J’avais envie d’aller à ce mariage, le voir de mes propres yeux et être là pour lui parce qu’il me l’a demandé et au final je n’étais pas assez fort, je ne me voyais pas en parler à Anders avant la cérémonie parce que c’est bizarre entre nous alors j’ai tout enfoui, je n’ai pas fait de vague, j’ai été polie, mais oui après j’ai exploser dans mon coin, exploser de douleur parce que c’était réel c’était devant moi tout était finis il ne reviendrait plus à moi, il était à une autre. J’avais juste besoin de couper les pensées pour pas m’effondrer encore plus, juste une ligne de poudre, juste une gorgé d’alcool et repartir comme si de rien était, mais ça ne s'est passé comme ça... au fond tu t’en fou, je n’ai pas d’excuse je le sais, j’ai eu tort. Je n’ai rien repris depuis ce soir-là, j’ai tout jeté, même m’en approcher me dégoute, je repense à toutes ses personnes à qui j’ai fait du mal à cause de cette histoire, je pense à mon meilleur ami que j’ai perdu et je me dis que j’aurais dû réagir avant.  

Tu me manque Novel et ça tourne dans ma tête de savoir comment ça peut s’arranger entre nous, comment réparer notre relation alors que je l’ai brisé ? Je ne sais pas, à part m’excuser un million de fois et même un million ne serais pas assez pour ce que j’ai fait. Je t’aime Novel tu le sais au moins ? Non ? Je t’aime, tu es un pilier dans ma vie depuis que je t’ai rencontré, tu es mon coup de cœur amicale, t’es une partie de moi, t’es mon âme sœur, t’es ma personne comme dirais Christina à Meredith, t’es mon Bob je suis ton Patrick, t’es mon Chandler je suis ton Joey... coincé ensemble pour le restant de l’éternité comme Paul et Mister Jingle hein ? Ma vie n’a plus aucun sens si tu n’en fais plus partit... J'erre depuis lundi sans savoir ce que je dois faire, j’arrive plus à dormir, j’arrive plus à manger parce que je ne sais pas comment tu vas, je ne sais pas si je suis en droit de te le demander et au fond je n’ai pas besoin de le faire parce que je le sais, je le ressens je sais que tu es mal et que tout est de ma faute. Je suis impuissant je sais plus quoi faire, je t’en supplie Novel dis-moi ce que je peux faire pour que tu continues de m’aimer comme avant ?

J’ai besoin de toi …

A aucun moment, je n'aurais songé voir Jared de sitôt. Je savais qu'il était dans sa tanière. Et que je ne voulais pas aller le chercher tout de suite. En tout cas, pas avant une bonne semaine. Le temps de remettre les choses en place dans ma tête et avec Anders, à qui j'en voulais pas mal. Mais Jared, je savais que je devais digérer sa prise de drogues et donc nous laisser de la distance. Ca me fait mal de le savoir loin de moi, d'ignorer ce qu'il fait à la seconde près. Et ca renforce l'idée qu'il est mon meilleur ami et une lanterne dans mon quotidien. Alors tomber nez à nez avec lui, me laisse véritablement sans voix. Je tente de sortir des sons de la bouche mais rien. Il me faut de longues minutes avant de réaliser qu'il était devant moi. Genre tout de suite maintenant. Il est là qu'enregistre le cerveau. Et ça me confuse franchement. Je prends le sac qu'il me tend, un œil jeté et le sourire s'affiche instinctivement. J'aurais pu lui claquer un bisou mais je ne le ferais pas. Je boude encore. J'ose prendre l'enveloppe pour y découvrir des écrits. Et les premiers mots me humidifient mes yeux. La poussière toussa. Je prends le temps de lire et relire pour imprimer ce qu'il a pris le temps de rédiger. Je reste assez surpris mais je crois qu'il avait su trouver comment pouvoir échanger entre nous. Lecture qui me prend une dizaine de minutes avant de prendre une grande inspiration quand j'ai fini. J'essuie mes larmes et replie délicatement les papiers pour les mettre avec ma pâtisserie favorite.

J'observe Jared, comme si je le redécouvrais de nouveau. - Toi et Johan, je n'aime pas et je n'aimerais jamais. Parce que je n'aime pas la manière dont il te transforme. Rien de bon à mes yeux. Tu prends toute la responsabilité de votre acte. Mais vous êtes deux. Et c'est fait. Je comprends que tu as été perdu pendant un temps et que tu t'es raccroché à ce lien malsain entre vous. Mais tu vaux mieux. Tu es entrée dans une école prestigieuse, tu es capable de faire des cascades incroyables. Tu es un battant Jared mais tu refuses de le voir. Alors qu'on le sait tous. Regarde ton parcours, regarde où tu es. Je ne peux pas t'interdire de le voir mais j'aimerais vraiment que tu réduises avec lui. Pour la drogue, je suis très fier de toi et je t'aiderais à arrêter. Je te demande pardon de t'avoir laissé tomber. J'aurais dû venir et vous soutenir. J'ai pensé qu'à moi alors que tu avais besoin de moi. Et je m'excuse de cet acte manqué. Pour ta mère, tu réagis comme tu veux, il n'y a pas de règles. Tu es effectivement pas normal. T'es exceptionnel. Tu as une aura incroyable. Et merde, vois le. Tu me manques aussi Jared. J'ai mal, et je n'ai pas aimé te voir aussi en souffrance, provoqué par une personne que j'apprécie beaucoup. J'en tire aussi mes leçons. Mais une chose est sûre, je ne veux pas passer ma Vie sans toi Jared. Tu m'es important, n'en doute jamais. Ce que tu peux faire, c'est ressortir diplômé et sevré. Accepter que le bonheur puisse entrer dans ta Vie. Je sais que je suis possessif, que je n'aime pas devoir te partager. Mais tu as le droit et c'est normal de faire des rencontres, d'avoir quelqu'un. Tu peux, parce que tu as des valeurs à partager et de quoi enrichir la vie d'une personne comme tu as pu le faire pour moi. Tu es mon meilleur ami Jared et aucune dispute même douloureuse ne pourra nous retirer ce que nous sommes. Je t'aime aussi. Une partie du poids dans le cœur s'efface.

J'avais retrouvé une de mes moitiés. Plus tôt que prévu mais c'était un soulagement finalement. J'ose faire un pas vers lui et lui laisse faire le second si le cœur lui en dit. Ouvrant quand même un de mes bras.

Mon regard qui se pose sur lui et le monde s’arrête de tourner, je crois même que je retiens ma respiration, nos regards l’un de l’autre pendant quelques minutes sans savoir ce qu’on devait faire. J’arrive à faire un seul geste lui tendre le sac et l’enveloppe, il aurait pu me les renvoyer en plein face, mais non, il les garde, il regarde, il déplie les papiers et j’ai l’impression que mes jambes ne me tiennent plus que je vais m’effondrer là devant lui. Jouer nerveusement avec mes doigts pendant qu’il lie, je voudrais voir sa réaction, mais la peur me paralyse véritablement, alors c’est sur le sol que mes yeux son fixer, je ne sais pas combien de temps ça dure, une éternité selon moi et quand je l’entends replier le mot j’ose lever le regard, voir son visage, mes larmes sont toujours présente et il ouvre la bouche, enfin et je ne perds pas un mot de ce qu’il me dit. Ces paroles me font pleurer de plus en plus, larme silencieuse qui coulent sur les yeux, j’enregistre le moindre mot, même si actuellement je n’arrive pas à penser comme lui, je suis conscient de mon parcours lorsqu’il me dit, sans doute que je reviens de loin, mais j’ai quand même l’impression de m’être trompé quelques parts quand je regarde tout le mal que je cause. J’enregistre quand même dans un coin de mon esprit, sans doute que ses mots auront de l’importance un peu plus tard, si ça va mieux.

Tout me va en plein cœur, me rassure à me dire que rien n’a changé entre nous, qu’il va se battre peu importe nos disputes et je me dis que je ne serais jamais seule dans cette relation. Son discours se termine et j’ignore si je dois répondre, ajouter quelques choses, ni même si j’en suis capable. Il reste là immobile et je sais que je dois réagir, son bras s’ouvre et il me faut une demie seconde seulement pour lui sauter dessus et m’accrocher à lui tel un koala, me coller à lui et pleurer de plus belle en répétant “Je suis désolé je t’aime” pendant plusieurs secondes.