[ wittgensteins ] devil doesn’t bargain

devil doesn’t bargain ~ @Soren Wittgenstein
un plaisir loin d’être commun à ses activités habituelles. pourtant, l’eau emporte ses tourments dans ses profondeurs insipides, l’odeur chlorée infiltre ses sens, efface ses tracas. des souvenirs d’enfance s’invitent dans son inconscient tandis qu’il flotte paisiblement à la surface, et il ne souhaite qu’une seule chose : que le calme perdure, que le temps se fige. il ignorait combien de temps il était resté baigné dans l’insouciance eren, dans le silence du complexe sportif mais pas dupe, savait que son vœu de calme éternel ne s’exaucerait pas aujourd’hui. et pour lui donner raison, un bruit retentit au loin, le tirant de sa rêverie, les premiers sportifs, ne tarderaient pas à débarquer; il piétinait sur leur heure d’entraînement très matinal. l’insomnie avait du bon, il avait pu au moins voler quelques longues minutes de répit. résigné, sans chercher à contester, même désireux de faire profil bas, il s’enfuit. sortit de l’eau, la peau parsemée de frissons automnales et évita soigneusement les nouveaux arrivants en contournant les vestiaires par derrière. manque de bol, à son arrivée par la seconde porte de ces sites vestiaires, son torse manqua de percuter un de ces nageurs. eren retint un juron, leva le nez, tomba sur la fin définitive de sa tranquillité. soren. son petit frère. évidemment. les mots se coincèrent dans sa gorge, bouchée bée. des sons inintelligibles se faufilèrent ensuite de cette même bouche, un abruti sans nom ; il savait que c’était une porte ouverte à la première attaque de son frère, dominant, offensif. l’ironie quand lui, était le grand frère. « pousse-toi. » il fallut appeler tout son courage au fond de ses entrailles pour qu’il daigne enfin sortir deux mots limpides. deux simples mots, un simple ton neutre mais il le savait, déclencheurs d’une bataille, d’une guerre.

visage froid et esprit fermé. l'air solitaire qui l'habite au moment où soren entre dans ces vestiaires. concentration maximum et capacités maximales. la natation. un des nombreux sports qu'il pratique depuis enfant, discipline qui a hissé l'allemand sur le haut haut des podiums des compétitions nationales et européennes. des résultats extraordinaire pour un gamin destiné à un futur exceptionnel. qu'il était venu chercher ici, sur le sol américain, des années plus tard. là, où son attrait pour la compétition ne le quittait toujours pas. jamais. jamais il ne se contenterait d'entrer dans ces vestiaires, sans avoir conscience que tous ici cherchaient à être meilleurs que les autres. lui, le premier. il ne cherchait pas à l'être, non il l'était de toute évidence. aucun de ces types ne lui faisait peur et son indifférence à leur égard ne mentait pas. c'était toujours la même histoire, trois matins par semaine. le bassin pour eux, à celui qui délivrera sa meilleure performance pour s'assurer le meilleur placement au prochain championnat. dès son entrée au bassin, soren était dans son monde, sa bulle et rien ni personne ne pouvait venir la percer. ou peut être que si. cette personne, qui vient le heurter de plein fouet à la sortie des vestiaires. soupir fortement agacé qui s'échappe volontairement de lui, avant de même laisser place un regard noir quand ses pupilles croisent celles d'eren. eren et ses sons incompréhensibles si bien qu'on pourrait croire qu'il était devenu bègue avec les années. sourcils qui se froncent, les yeux qu'il lève qu'il lève au ciel, las devant ce manque de charisme. avant que ce dernier ne prenne son courage à deux mains, il le savait. les deux étaient opposés en tout point et c'était peu dire que ça ne viendrait jamais à l'idée de soren de le prendre comme exemple. de toute façon, comment pouvait-il prendre exemple sur un frère qu'il ne connaissait pas ? – félicitations, tu retrouves petit à petit l'usage de la parole. soren ne bouge pas d'un centimètre, le regard qui toise durement celui d'eren. – barre toi de là, tu n'as rien à faire ici, comme dans beaucoup d'autres endroits. pique incessante, devant son profond dégoût d’atterrir au même endroit que lui. d'avoir emprunter les meilleures chemins pour se trouver confronter à ceux de son frère, quand ne pas le voir n'était même pas un souhait. sa haine l'aveuglait mais se laissait facilement transparaître. – qu'est-ce que t'attends ? lui ? qu'il cède, et retourne balbutier ses mots ridicules dans son coin.

@Eren Wittgenstein