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Premier jour du printemps. Assise dans mon ancienne suite, je termine d’approuver un article que nous allons bientôt publier sur notre site avant de donner un coup de téléphone à Jeremiah afin de savoir comment lui et mes deux merveilles vont. Sourire sur le visage, la voix douce, je passe quelques minutes avec lui et le préviens que je reviendrai pour le repas de midi et terminerai ma journée à la maison. Depuis que nous nous sommes mariés et sommes revenus d’Europe, j’ai officiellement repris mon poste à temps plein mais je partage mes journées entre le bureau et la maison ou le Copley et la maison. J’essaye de retrouver un rythme mais refuse cordialement de laisser Jeremiah s’occuper des jumeaux seul. Ce n’est pas que je ne lui fais pas confiance - loin de là - c’est juste que je n’ai pas envie qu’il me reproche de reprendre ma vie d’avance alors que lui, est encore sur le banc de touche pour quelques mois. Je ne le vois pas le vocaliser mais si je le vois se tendre lors des conversations boulot, c’est moi qui risque de lui voler dans les plumes. Mon mari est soupe au lait pour beaucoup mais je sais qu’il est juste de ceux qui prennent sur eux, qui lissent les angles pour les gens qu’ils aiment. Et avec le décès récent de son grand-père - son mentor - je sais que son monde est une nouvelle fois bousculé. Un baiser envoyé vers l’écran, je vois qu’il est 10h02 sur l’horloge au-dessus de la fausse cheminée et me redresse, déterminée pour ma nouvelle mission - ma préférée. Ma robe blanche lissée par mes longs doigts fraîchement manucurés, je quitte ma suite et prends le temps de l’ascenseur pour laisser mon visage doux de maman s’effacer au profit de celui de la boss qui est là pour faire du tri dans l’équipe. Cela fait si longtemps que je n’ai pas pu faire le tri et avec la rentrée c’est le meilleur moment. Le bruit des portes automatiques me fait tendre ma colonne. Les talons qui claquent contre le marbre, j’avance énergiquement vers le hall et plus précisément vers le bureau de la réception. Je pose mes deux mains sur le comptoir et regarde l’employée devant moi. Envoyez-moi James, Clémence et Lauren dans le bureau de réunion dans cinq minutes. Le ton est froid, sec et aucune opposition ne peut être donnée. Je regarde autour de moi et plisse les yeux. Où sont les femmes de ménage ? Est-ce que c’est de la poussière que je vois voler ? Bonne question… Mon index sur le comptoir, je cherche la moindre chose à dire et manque de bol pour eux, la bouteille de gel hydroalcoolique a laissé un peu de résidu sur la plaque de marbre. Nous sommes dans un quatre étoile ou dans une auberge de jeunesse ici ? Cette fois-ci, c’est à Samantha que je m’adresse, mécontente que personne n’ait vu cela.
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