Explosion of feels (Elvira)

23/09 • Plusieurs jours que tu t'es enfermée dans le silence. Que tu rumines dans ton coin. Seuls quelques moments partagés avec Jared pour faire comme si la vie continuait. Le déni. La colère qui grimpe en toi comme on blinde un réservoir d'essence. Tu laisses une traînée derrière toi, tu n'as plus qu'à l'allumer pour que tu déverse ta rage sur le monde. Les idées sont là, bien implantées dans ton esprit. Tu veux jouer ce dernier round. Elvira que tu préviens indirectement, requête refusée par la blonde qui malgré tout se veut présente pour toi. Qui veut veiller à ton alimentation, connaissant ta capacité à sombrer dans les troubles du comportement alimentaire dans la continuité d'événements traumatiques comme celui-ci. D'ailleurs, tu l'entends arriver. Tu vas lui ouvrir sans un mot encore.

@Lenny Killbane | Ca me fait mal, cette situation dans laquelle se trouve Lenny. On est loin d'être des bff c'est vrai, mais le temps - et les drames - ont fini par faire leur oeuvre et ont fini par nous rapprocher. Elle faisait partie de la famille désormais, même si ni le sang ni le nom nous liait et ça me semblait normal de venir la soutenir dans l'épreuve qu'elle traversait. Une bouteille de vodka dans mon sac, comme promis, ainsi qu'un tas de finger food pour la gaver toute la soirée si nécessaire, et j'étais en route pour la rejoindre sans trop savoir dans quel état j'allais la trouver. Une surprise qui pouvait s'avérer très mauvaise en raison du traumatisme vécu. Lorsque la porte s'ouvre, je ne suis pas surprise de la voir cernée, fatiguée, mais au moins, elle dispose encore d'une certaine énergie physique. Dans un geste fraternel, je la prends quelques secondes dans mes bras sans dire un mot. Je pourrais bien dire qu'elle en avait besoin, mais je crois que c'était plutôt moi, de la voir dans cet état. Beurk, visiblement je devenais trop tendre avec elle. « Va pas y prendre goût, ça arrivera pas deux fois. » Que j'annonce, pour garder les bases de notre naturel. « Comme promis, j'ai de la vodka et de la bouffe ! Je peux utiliser le four ? »

La blonde devant toi remet des images dans ton esprit que tu voudrais pourtant oublier un peu. Des images trop réelles, trop présentes, douloureuses. Action qu'elle réitère d'ailleurs, que ce jour-là. Une étreinte qui fait mal dans ton corps. Mais cette fois, tu ressers tes bras sur elle, plus consciente des choses. Peut-être que t'en avais un peu besoin, de cet élan affectif, même venant d'elle. « C'est pas la première fois. » que tu murmures, la voix ayant du mal à sortir après ces quelques jours à garder le silence. Tu hoches la tête quand elle demande à utiliser le four, lui indiquant la cuisine d'un geste lent.

C'est parfois bizarre avec Lenny depuis que notre relation avait évolué. Elle, Jared et Clary faisaient désormais partie de la famille, et pourtant, j'avais toujours ce goût et cette envie de faire chier la blonde. Même dans des temps sombres. Bien sûr, je pourrais être plus mielleuse et compatissante encore quand je la prends dans mes bras, mais d'autres seraient plus efficaces que moi dans l'apaisement de son âme, mais moi... Moi j'étais là pour la faire sortir de sa torpeur je suppose. J'arque un sourcil en entendant le son de sa voix, rauque, ses cordes vocales n'ayant pas servi depuis plusieurs jours. " Et bah j'espère que t'as kiffé, parce c'était les premiers et les derniers. " Pas sûre de le tenir cet engagement, surtout quand on sait tout ce que cette famille pouvait traverser, mais bon, qu'on me laisse y croire. Avec plus d'entrain qu'elle, je me dirige vers la cuisine, allume le four et fouille dans les placards comme si j'étais chez moi pour trouver un plat adapté. " Bon je me suis pas fait chier, y a un peu de tout. Onion rings, wings, japaleños poppers, bref, t'as compris l'idée. Pour les sauces tu veux quoi ? " Que je lui demande, en la regardant, ne sachant pas si elle allait reproduire l'effort de parler ou non.

Le silence comme armure pour ne pas effriter cet équilibre précaire dans lequel tu te trouves. T'as peur qu'un seul mot détruise la cuirasse des émotions refoulées. Que tout te pète en pleine gueule et éclate à la tronche de quiconque se retrouve près de toi. Te murer dans le silence pour faire taire le vacarme de tes pensées sombres. Ne pas craquer en guise de déni de la réalité. Te faire à l'idée, lentement, que ce claquement sourd qui te réveille encore en sursaut est bien réel. Que l'enveloppe au sol était bien celle de ta mère. Et dans les bras d'Elvira, tout prend du sens. C'est réel. Les retrouvailles fut de courte durée, mais elles ont existé. Elles existeront toujours dans ta mémoire, et c'est une façon pour toi de la garder en vie, quelque part. Etreinte relâchée, tu lèves les yeux au ciel, sachant très bien qu'avec vos bagages à trainer, ce ne sera pas le dernier. « T'es plus sensible que tu veux l'faire croire. » Léger sourire qui se laisse apercevoir un instant avant de la suivre dans la cuisine d'un pas lent, et d'appuyer ton corps contre l'encadrement de la porte. Haussement des épaules quand elle demande pour les sauces. Tu sais même pas si tu vas vraiment manger, malgré le fait que tout ce qu'elle a énoncé semble appétissant. « Peu importe. » En contrepartie, tu sors deux verres, que tu remplis d'alcool. Pur pour toi. « Tu veux la couper à quoi ta vodka ? »

Je ne réponds pas à la remarque de Lenny concernant ma sensibilité. Bien sûr que je le suis plus que je ne veux bien le faire croire, et ça avait toujours été le cas, malheureusement, cela avait été réprimé pendant des années, et aujourd’hui, je n’avais plus la force que cela me soit reproché de nouveau. Je sais que la blonde n’en fera rien, mais je savais qu’un autre ne me laisserait pas faire preuve d’une telle faiblesse sans conséquences. Comme si j’étais chez moi, je me dirige vers la cuisine, allume le four et fouille dans les placards pour trouver ce dont j’ai besoin. Parce que je sais que si je dois attendre que Lenny se décide à le faire, alors ma présence ne servirait à rien. J’étais là pour la secouer, autant que prendre soin d’elle. Je déverse le contenu du sac, séparé par de petits sachets, dans un grand plat que j’enfourne, avant de sortir les sauces, et de regarder dans le frigo de la blonde ce qu’elle pouvait avoir en plus. Mon regard se pose sur elle, alors qu’elle me propose un verre. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, mais pas vraiment de sympathie. Je crois que c’est plus un de ceux qui veulent dire que je vais la démonter. Je me rapproche d’elle et saisis les deux verres, ainsi que la bouteille. « D’abord, tu manges, et ensuite on verra si je te laisse boire ou pas. Et je conseille de pas essayer de me la faire à l’envers si tu veux pas que je vide toutes les bouteilles dans l’évier. » C’est un poil brutal et autoritaire, je sais bien, mais il fallait qu’elle se reprenne en main, qu’elle mange et dorme un peu. L’alcool ne pouvait pas tout arranger. « Je te demande pas de te gaver pour me faire plaisir Lenny, mais au moins de manger un peu et de te reposer. »

t'es bien mal placée pour parler de sensibilité, toi qui as un contrôle des émotions aussi chaotique que ta fidélité. pourtant, tu ne trouves pas mieux à faire que de charrier la blonde à ce sujet, parce que c'est toujours plus simple de voir une tâche sur le voisin que sur soi-même. tu la laisses prendre ses quartiers, de toute façon personne n'est là depuis quelques temps maintenant, alors elle peut bien agir comme il lui plait. toi, tu erres comme un zombie derrière elle, trop sobre, trop sombre, poupée désarticulée par la vie elle-même, ou par la mort peut-être; parce que c'est surtout elle qui t'a emmenée dans ces abysses desquelles tu ne parviens plus à sortir depuis trop longtemps. quelques éclats par-ci par-là, mais l'obscurité gagne toujours. et plus l'obscurité gagne du terrain, plus ton coeur renferme de rage, plus l'avide idée de vengeance est précise, plus le plan élaboré prend forme. c'est dans le silence verbal mais dans le vacarme de ton esprit que tout s'échafaude. et tu sais que ça ne fera pas que des heureux, mais la décision est prise. une seule personne te prendra au sérieux. une seule personne sera heureuse de te voir rentrer dans le rang. finalement, ton esprit revient à Elvira et tu connais ce sourire. tu as le même parfois. le sourire qui crie de fuir. levant les yeux au ciel, tu abdiques, parce qu'elle ne te laissera pas gagner cette fois. « mh.. d'accord, pas besoin de menacer autant. » t'es comme une gamine boudeuse qui n'a pas ce qu'elle veut à l'instant où elle le veut, mais tu sais que c'est pour ton bien. peut-être qu'entre vous deux, c'est bien la seule qui s'en préoccupe. « j'me repose, j'me tue pas au boulot pour pas penser. au contraire, j'suis trop lucide. mais j'vais te faire plaisir et bouffer un peu plus que ces derniers jours. » tu fourres finalement ta tête dans le frigo, sortant deux sodas. « tiens, y a pas d'alcool là-dedans. »

@Lenny Killbane |On peut pas vraiment dire que ça a toujours été simple entre Lenny et moi. Faut dire qu’on a toutes les deux un sale caractère bien prononcé, et qu’on avait vite compris comment faire chier l’autre. Un jeu dans lequel on excellait toutes les deux, qui se veut désormais plus bon enfant qu’il n’a pu l’être depuis notre rencontre, mais qui, des fois, faisait un retour old school comme on dit. C’est peu le cas ce soir, alors que je ne laisse rien passer dans l’attitude de la blonde. Je sais que ça la fait chier que je m’impose autant, que je lui retire une partie de son libre arbitre, mais je sais aussi que c’est nécessaire, que c’est le seul moyen de faire en sorte qu’elle m’écoute et fasse ce que je lui demande. Des demandes faites pour l’obliger à prendre soin d’elle, à faire en sorte qu’elle se nourrisse, s’hydrate et se repose convenablement. « C’est vrai, mais bon, ça retirerait aussi tout le plaisir. » Je lui fais un grand sourire, de quoi la narguer, alors qu’en réalité, ce n’est qu’une façade. Pour une fois, ce n’est pas par plaisir que je la menace, pas dans le but de la provoquer pour qu’elle me réponde quelque chose d’acerbe. Je le fais pour elle, pour qu’elle accepte d’écouter, tristement d’obéir. J’ai été à sa place après tout, d’une toute autre façon, mais je me rappelle très bien de ce que le deuil peut provoquer, et je voulais juste l’accompagner dans certains essentiels du quotidien, bien souvent négligés dans ces moments-là. Je l’écoute attentivement, tente de lire entre les lignes, si possible qu’il y en ait, mais ne voit rien qui pourrait m’inquiéter outre mesure. « Tu penses, et c’est ça qui m’inquiète un peu. C’est pas toujours une bonne idée. » Et surtout, dans la famille, c’était pas toujours bon signe. J’accepte le soda qu’elle me tend et la remercie pour, m’appuyant sur le plan de travail, tout en portant la canette à mes lèvres. « Si t’es lucide, à quoi tu penses du coup ? Parce que je pensais que tu passerai tes journées au Sun, à ne voir ni le jour ni la nuit. » Je me suis visiblement trompée sur sa gestion du deuil, mais sans trop savoir pourquoi, celle-ci ne me paraissait pas beaucoup mieux que celle que j’imaginais.