Flora&Yuri ✧ You can't kill me

Et j'ai réfléchis, j'ai essayé de comprendre pendant des jours et des jours à ce que j'avais pu faire de mal. Ces mots raisonnait encore et encore dans ma tête, comme si le fautif c'était moi, comme si j'étais celui qui avait provoqué toute cette merde. C'est faux, j'étais pas le seul coupable dans cette histoire. J'avais mal, en réalité, mal de vivre une fois de plus un abandon. Marnie, je crois bien qu'elle avait réussi à faire naitre des sentiments en moi, à percer cette putain de carapace que j'avais entretenu pendant de longues années. La peine et la violence qui se mélange en moi, l'envie de revenir en arrière et d'empêcher tout ça, de ne pas lui envoyer un message en foutant les pieds à Boston. Mais c'était impossible. Je devais me changer les idées, je devais essayer de penser à autre chose, essayer de ne plus être l'ombre de moi même, de reprendre le dessus sur cette putain de vie. Mon égo était touché, ma fierté en avait pris un sacré coup, mais je ne pouvais pas me laisser abattre, je ne pouvais pas lui donner raison. Parce que malgré tout ça, j'arrive à croire que Marnie non plus, elle n'a pas voulu tout ça, qu'elle aurait surement aimé que ça se passe autrement. Je ne sais pas trop ce que je suis en train de foutre, si rencontrer une autre femme était la solution pour me la sortir de la tête. J'avais aucune idée de la tournure qu'allait prendre cette journée, comme si reprendre ma vie en main et redevenir le Yuri que j'avais toujours été était bien plus difficile que je ne l'aurais pensé. Alors j'attends, j'attends le cul enfoncé dans le canapé du bureau, j'attendais que la jeune femme arrive, comme pour voir si elle pouvait réussir à me faire penser à autre chose. Mon regard était vide, il n'était plus le même qu'avant, Yuri, reveil toi.

Je pense, je rumine, je réfléchis à un millier de scénarios possibles. Comme si éviter l'inévitable avait été envisageable. Est-ce que depuis le départ, j'étais pas conscient que ça allait foirer à un moment donné ? Est-ce que je ne le savais pas qu'elle allait finir par me la foutre à l'envers ? Marnie, elle c'était joué de moi, je ne voyais pas d'autres mots, pas d'autres explications, et je me devais de passer à autre chose. Je pouvais pas rester comme ça, comme une sombre merde à penser à elle encore et encore. Elle n'avait pas le droit, elle ne me méritait pas, en réalité. Si seulement j'étais resté celui que j'avais toujours été, si seulement je ne me serais pas ouvert à elle, si seulement je ne lui avais pas fait confiance putain... Tu peux t'en prendre qu'à toi, Yuri. A toi et à elle en fait. Parce que ouais, c'est elle qui t'a trompé, c'est elle qui est tombé enceinte d'un autre mec alors qu'elle était censé être avec toi. C'est elle la gentille petite fille qui était censé être parfaite et honnête. Mon cul ouais, l'honnêteté, on y reviendra. J'avais pas forcément envie de sortir, pas vraiment envie de voir des nouvelles têtes, j'avais juste besoin de digérer, besoin de me faire à cette idée, que ça rentre bien dans mon putain de crane. Voir cette inconnue était surement une solution pour me changer les idées, pour essayer de redevenir l'homme que j'étais avant tout ça, celui qui ne se laissait pas avoir si facilement. Ouais, c'est même sur, c'est la solution. "J'espère que vous avez apporté votre CV avec vous." Comme un jeu de rôle lorsqu'elle entre dans la pièce, je me lève pour aller m'asseoir derrière le bureau, comme si tout ça était bien réel. Je la détaille, comme pour m'assurer qu'elle était bien la personne avec qui j'avais discuté. Léger sourire quand elle me dit être certain d'avoir les qualités requises, je hausse les épaules, comme pour mimer que je ne savais pas. "Prend place, alors, et je t'écoute... Pourquoi toi?" C'est vraiment la pire question qu'il puisse exister, et jamais je ne viendrais la poser dans un réel entretient. Sauf que là, c'était bien différent, et je savais clairement à quoi je pensais et ce que j'attendais en me permettant cette question.

Fonce Yuri, vas'y, change toi les idées, oublie là, de toute façon, elle, elle s'en branle de toi. Pense à autre chose, sort, vie ta putain de vie, reste pas bloqué là dessus, parce que elle, elle est déjà passé à autre chose. T'as pas besoin de ça, t'as jamais eu besoin de l'affection de qui que ça soit à part ta famille. C'est pas pour toi toutes ces conneries, t'as pas de temps à perdre, t'as une carrière à construire ici, t'as pas envie qu'on vienne te foutre des bâtons dans les roues. Dans l'histoire, c'est elle, la perdante, c'est pas toi. Si je veux m'en sortir, si je veux passer à travers tout ça et redevenir celui que j'ai toujours été, je dois me remettre à fonctionner comme avant. Flora, c'était surement la solution, la première personne que je voyais depuis que Marnie et moi n'étions plus ensemble. Est-ce que j'allais réussir à penser à autre chose un jour ? Est-ce que j'adoptais la bonne façon de faire ? Putain, je devais réussir à arrêter de réfléchir, merde. "Dit comme ça, ça pourrait faire peur... Mais au moins, t'as de l'expérience alors, tu viens pas en terrain inconnu." Putain mais c'est quoi cette phrase ? Reprend toi Yuri merde. On dirait que t'es en train de parler d'un putain de fromage qui serait arrivé à maturité, ou d'un garage à bite, au choix. Enfin, ça n'a pas l'air de la déranger pour l'instant, car elle rentre dans le jeu, sans réfléchir. Elle m'expose, ou plutôt, me donne des indices quant à son CV. Assise sur la chaise, elle continue, elle me regarde, elle ne me quitte pas des yeux et s'amuse à soulever doucement sa jupe. Ah ouais. Déjà. "T'es sûre de toi à ce que je vois. T'as pas peur que je sois un peu trop exigent pour ce job ?" Les bras croisés, mon regard ne quitte pas le siens pour le moment. Voir un bout de cuisse ça ne me fait pas grand chose, mais si elle commence à en faire plus, peut-être que là je vais commencer à regarder autre chose que ces yeux. Défis moi, vas'y.

Je tente de tout reprendre en main, d'être le seul décideur de ma putain de vie sans laisser quoi que ça soit venir interférer. Je dois redevenir celui que j'étais avant, ce mec qui se moquait de tout, qui ne se prenait pas la tête avec des histoires de sentiments, des histoires de cœur. Les sentiments, c'est pour les faibles, c'est pour les personnes qui ont besoin d'un point d'encrage sur terre. C'était pas pour moi, ce ne l'avait jamais été en réalité, bien trop attaché à ma liberté pour finir par me mettre en couple avec une fille qui finirait par me la foutre à l'envers. Conneries inventés par je ne sais quel connard pour te faire croire que t'es mieux à deux. Non, je suis bien tout seul, je n'ai pas besoin d'affection ou d'attention, ma carrière et ma famille sont prioritaire, je ne dois plus m'éloigner de mes objectifs. Je ne dois plus me laisser avoir aussi facilement, pauvre con. J'avais une entreprise à faire grandir, un poids qui pesait sur mes épaules, une putain d'épée de Damoclès qui pourrait rapidement me transpercer si je ne réussissais pas à me faire un nom ici. Mais à défaut de passer de vrais entretient pour trouver une comptable et une secrétaire, j'étais là, avec une inconnue, à jouer à ce petit jeu qui pourrait vite devenir incontrôlable. En réalité, je me moquais bien de son soit disant CV, tout comme ça devait être son cas. Elle savait surement pourquoi elle était là, tout comme moi. Cette envie de voir si c'était possible, cette envie de retrouver un peu de plaisir sans penser au lendemain. "On se prend souvent des murs avant de réussir à obtenir ce que l'on veut vraiment. Faut juste savoir enfoncer les bonnes portes pour se faire une place dans ce monde, je pense... Alors si t'es partante et motivé, je pense que je peux me mettre à étudier ta candidature un peu plus... Sérieusement." Ouais. Plus sérieusement, parce que parler, c'est bien beau, mais au bout d'un moment, il faudra finir par passer aux choses sérieuses. Et, à croire qu'elle lisait dans mes pensées, elle tentait de me provoquer en relevant doucement sa jupe. Comme pour attiré mon regard, chose qui au final n'avait pas fonctionné. Non, il m'en faut bien plus, j'ai plusieurs années de carrière derrière moi, que ça soit dans l'immobilier ou ailleurs. Alors, elle se doutait bien que ça n'allait pas éveiller grand chose chez moi, si ce n'est l'envie de pousser ce jeu encore un peu plus long, comme pour voir qui serait le premier de nous deux à flancher. "Je ne peux qu'être d'accord avec toi sur ce point." La peur est une faiblesse, mais la peur de s'engager en est une autre aussi. La peur de faire confiance, pareil, celle de se dévoiler, encore plus. Je suis faible, sur ces points là, mais fort dans tout le reste. Du coin de l'oeil, je la vois qui commence à se déshabiller, je vois son string finir sur le sol, suivit par ces talons et son collant. Désormais seul sa jupe cachait sa peau libre. Léger sourire qui se dessine, je décroise les bras, jetant rapidement un coup d'œil à ces vêtements qui avaient touchés le sol. "Tu m'as l'air d'avoir certaines qualités requises pour ce poste, oui. Reste à voir si la pression de ce métier ne t'étouffera, pas au final." Mon regard qui se plonge dans le siens, une énième provocation de ma part, comme pour la poussé à bout, la pousser à passer de l'autre côté de ce bureau et me dévoiler réellement toutes ces intentions.