Summer Lovin' // Wendy

« Moi ? J’suis un livre ouvert. » Et moi je vais pencher pour l’option de croire à ce que tu veux bien me rapporter. Parce que j’ai des envies, des besoins, de me changer les idées, et que j’ai décidé, que t’étais celui que je voulais pour m’y aider. Dans mon monde, c’est comme ça, je choisis, et qu’on se le dise, on ne me dit jamais non, ou alors en de rares fois. Et elles se paient très chèrement, ces fois-là. Wendy Witter gagne, la finalité ne peut être autre que celle là.

Puis tu viens piquer ma curiosité, à croire que tu sais comment il faut jouer. « Allons-y. J’connais un bien meilleur endroit que chez moi. » Je te laisse la main, te laisse penser que c’est toi qui contrôle, que je ne suis qu’une poupée suspendue sur le fil de tes volontés. J’en reste d’ailleurs silencieuse, le temps du trajet, je parfais mon rôle de petite idiote encline à la naïveté, de celles auxquelles tu dois savoir vendre du rêve. Jusqu’à ce qu’on arrive face à cet endroit secret.

Une devanture qui me force à cracher un « T’es sérieux, là ? » Dédaigneuse qui ne le cache pas. C’est lors des avant-premières que je vais au cinéma. Celle où l’on m’invite en qualité de gamine bien née. De fille d’actrice à succès. « T’inquièèèète… je connais les lieux. » Il semblerait que je n’aime plus les règles de ce jeu. Je ne saurais même pas dire pourquoi je continue de marcher à côté de toi. Il y a un brin d’angoisse qui s’empare de moi. « On y est presque, j’te jure. » C’est le genre de phrase que l’on balance lorsqu’on prévoit une future torture.

On entre à la finalité dans une pièce réservée, il prend la peine de créer une ambiance, et tout fier, balance un « Tadaaa… » J’en ai, instinctivement, le regard fermé, qui cherche à déterminer un fait. Un mystère que je ne tarde pas à cracher, pas mauvaise, mais vicieuse à souhait. « Bien meilleur que chez toi ? » L’ambiance boudoir privé, refuge pour les catins qu'il pourrait ramasser, c’est meilleur que l’endroit où il habite, si je comprends bien, n’est-ce pas ?
Le venin au bord des lèvres, j’observe les murs, la décoration, ne sait pas comment prendre cette … situation. Plonger dans mes retranchements, j’accepte de te donner le bénéfice du doute, pour l’instant, « Propriétaire ? » comme si ça pouvait excuser que je me retrouve dans cette demie galère.



@Jax S. Madden

Aux antipodes de mes habitudes, tout diffère de ce que je connais dans cet endroit dans lequel tu viens de me traîner. J’ignore si ça fonctionne, avec les autres filles, mais j’avoue que là, tout de suite, je ne suis pas forcément en train de rêver. Est-ce que cela fait de moi, une véritable peste fille à papa ? « Au moins, personne ne risque de venir nous embêter. » En te lançant un regard quasiment étonné, j’en viens à penser qu’après tout, dans la vie, tout est une question de point de vue, pas vrai ?

J’hoche donc la tête, plusieurs fois, parfaitement consciente que je juge encore l’endroit. Du coin de l’œil, je te regarde faire, les bougies, le vin, j’en esquisse un faible sourire, malin. Et te demande à la finalité si ça t’appartient. Si ton niveau est aussi élevé que le mien. « Non… mais est-ce vraiment important ? » D’après moi, oui. Et j’entrevois toutes les possibilités, tout ce qui fait que tu me parais différent. Je ne saurais dire si ça me charme ou si ça me débecte. Parce que je suis du genre à ne pas me mélanger avec les personnes qui ne côtoient pas les sommets. Cependant, ce n’est pas comme si j’avais prévu de te revoir, ou avec toi, me prendre la tête. Alors je me tais plutôt que de m'exprimer sur le sujet. « Aux nouvelles rencontres. » Il entonne en me tendant la coupe qu’il vient de me servir, et j’hésite à la prendre, peut-être que c’est juste ma main qui, vers lui, peine à se tendre.

Quand tu souris, moi je grimace d’incertitude, j’en inspire longuement, à peser le pour et le contre, avant de voir mes doigts s’enrouler autour du verre pour aller le porter à mes lèvres sans sourciller. « On va dire ça. » Aux nouvelles rencontres, n’est ce pas ? Pour la forme, j’en bois une gorgée, c’est instinctif, comme le goût je peux le détester. De fait je le dépose sur le côté, m’explique d’un « Je bois que du champagne, » je n’aime ni ne tolère l’alcool autrement, « mais je n’ai pas soif, » que j’assume totalement, « j’ai plutôt faim. » à passer ma langue sur mes lèvres, pour ne pas laisser place aux doutes quant à mes possibles lascifs desseins, ce qui pourrait calmer l'appétit qui m'étreint.

@Jax S. Madden