Best meetings are made in swimsuits ft. Jordan 27.09

Plusieurs jours étaient passés depuis la fin de son contrat de nuit à l’hôtel, et Ji-hun avait très vite su comment remplir son nouveau temps libre. D’abord en retrouvant les quelques relations qu’il avait un peu dénigrées, la faute à un planning compliqué. Il était alors sorti au restaurant, était allé au cinéma et avait même remis les pieds dans cet Irish pub qu’il affectionnait tant. Ensuite, il avait bien évidemment travailler sur les formations doctorales qu’il suivait depuis le début du mois, avait lu un bouquin fort intéressant sur la neurologie en à peine quelques soirs, et s’était reposé – beaucoup reposé, pour tenter de rattraper toutes ces heures de sommeil qu’il avait vues s’envoler. Vint finalement la natation, et les divers entraînements physiques qu’il avait dû annuler par souci d’un corps complètement épuisé. Il avait repris contact avec son coach personnel pour retrouver un bon rythme de préparation, en plus des séances collectives.

L’annonce avait été donnée que les rencontres allaient débuter autour du vingt octobre, comme d’accoutumée, ce qui donna un boost supplémentaire au nord-coréen. Sacré autrefois champion intra-muros dans son pays d’origine, il voulait mettre tout en œuvre pour, d’entrée de jeu, se faire une place dans le haut du classement de saison. Malheureusement, le complexe sportif fermait ses portes à vingt heures, ne lui laissant que très peu de choix. Il avait entendu parler de la piscine intérieure de la Adams House, et profita de ses nouvelles connaissances au sein de la faculté de médecine pour y avoir accès. Il décida de s’y rendre en plein milieu de semaine pour éviter de croiser quelques étudiants de la maison, et de devoir rendre des comptes quant à sa présence en ces lieux, surtout à une heure aussi tardive. Vingt-deux heures venaient de sonner, et cela faisait un bon demi tour d’horloge qu’il répétait les mêmes longueurs.

Un pied devant, l’autre derrière, il agrippa le bord du plongeoir et inspira profondément. Mains à quelques millimètres l’une de l’autre, il enclencha le chronomètre à sa montre pour seul signal de départ. Il s’élança, volant au-dessus de la surface avant de sentir son corps tout entier disparaître en-dessous du niveau de l’eau. Il ne chercha pas la profondeur, plutôt la longueur. Le brun ondula, des doigts aux orteils avant de se retrouver à moitié immergé. Le crawl débuta alors, les bras dans un parfait alignement, et les jambes battant la mesure. Il avança d’un point à l’autre, sans faiblir malgré les innombrables va-et-vient qu’il avait pu effectuer en trente minutes. Une pirouette lui permit de ne pas se prendre le mur et de repartir. Il accéléra dans l’espoir de gagner quelques secondes, et lorsqu’il toucha le point de départ, il arrêta les chiffres du temps. Il fut douloureux de constater qu’il en avait inévitablement perdu.

Il jura dans sa langue natale avant de tirer sur ses lunettes, et quitta le bassin, laissant l’eau glisser de sa peau et de son short de bain pour retrouver les millions de millions de […] de milliards de gouttes d’H2O. Il s’assit sur le plongeoir, et tenta de calmer les gonflements de son torse agité, donnant droit à ses poumons à un peu de répits avant de retenter une énième fois. Mais ce fut sans compter sur la silhouette qui lui apparut. Son faciès tout entier exclama la surprise lorsque ses yeux bridés tombèrent sur la Adams – il supposa qu’elle l’était en tout cas. Il resta muet, garda son regard posé sur elle, mais tout en lui transpirait la culpabilité alors il avoua : d’ici, je ne suis pas. À comprendre qu’il ne faisait pas partie des siens. Il sourit toutefois. Par un collègue de la fac, l’accès m’a été donné , s’expliqua-t-il dans cet accent et cette syntaxe qui trahissaient son appartenance à une autre contrée, si je gêne, m’en aller je peux.

Je me faisais vraiment chier à mon étage, Georgia était pas là et le couloir du troisième étage semblait inhabité. Même pas de bruits zarbi qui auraient pu provenir d'une chambre, c'était calme. Et j'aime pas quand c'est calme, c'est trop suspect. J'étais en train de réfléchir aux options que j'avais: bosser sur mes cours, faire un détour à l'appart ou appeler ma mère pour discuter un peu. Je savais également que si je choisissais la dernière idée, le sujet de mes frères arriverait rapidement sur le tapis et j'étais pas vraiment dans l'optique de parler de ça. J'avais du mal à ne pas m'en faire pour eux et je n'osais pas imaginer ce qui devait se passer dans sa tête à elle en pensant à ses enfants. Ma main tenait mon téléphone, manquait plus qu'à appuyer sur le nom. J'avais pas le courage, du moins, pas là maintenant. Peut-être demain ou à un autre moment. Dans tous les cas, je pouvais pas éternellement me défiler. Vu l'heure, elle dormait probablement dormir donc, voilà une raison de plus pour pas le faire. Rangeant mon portable dans la poche arrière de mon jean, je descendais les escaliers pour me rendre sur l'étage principal. La porte qui menait au sous-sol était grande ouverte, finalement il y avait sûrement quelqu'un de présent. J'y avais déjà mis les pieds mais ça faisait un moment que j'y allais plus, ayant vécu un truc pas cool j'préférais éviter les endroits où y avait une piscine. Je décidais quand même d'aller y jeter un oeil vite fait. Je me plaçais à un endroit stratégique où cas où je me sentirais mal. Jambes croisées, j'observais l'individu qui faisait des longueurs -et qui semblait tellement concentré.- J'avais l'impression d'assister à un championnat de natation, sauf que j'étais la seule.. supportrice. J'le supportais en silence, il était vachement doué. Il quittait la bassine peu après mon arrivée pour aller s'installer sur le plongeoir. Il tournait son visage vers moi, au vu de son faciès je comprenais qu'il ne s'attendait pas à voir quelqu'un. « J'ai cru comprendre. » dis-je, en sentant la culpabilité. Je sais pas si je dégageais un truc mais, il paraissait moins serein.« Tu peux l'avouer que t'étais juste curieux de découvrir l'extraordinaire piscine des Adams. » et c'est qui ce collègue? Un adams? Son accent le rendait charmant, il avait rien de menaçant à première vue. « Tu peux rester. J'vais pas te balancer, si c'est ce que tu veux savoir. » faudrait-il déjà que je sache son prénom et même si je le savais, j'étais qui pour lui demander de partir?  

Aucunement fier du résultat qu’il avait obtenu, ses lèvres pestèrent dans une langue d’ailleurs. Mots qu’il s’était autorisé à utiliser que depuis peu, uniquement lorsqu’il était seul, puisque la mentalité coréenne – et surtout nord-coréenne – voulait que ses citoyens sachent se tenir en toute circonstance. Alors quand la silhouette féminine fut à portée d’yeux, il se sentit aussi surpris que gêné. Il n’avait aucune autorisation léguée d'utiliser la piscine intérieure de la Adams House, et s’était montré impoli. Quand bien même il était certain que son langage ne pouvait être compris, le réflexe de culpabilité au moindre faux-pas lui revenait, comme un rappel de ces nombreuses lois auxquelles il ne fallait pas déroger, sous peine de se retrouver dans de beaux draps. Le souffle court causé par l'exercice, il observa la jeune femme qui se tenait à l’écart. Son regard la fixa de longues secondes en silence, jusqu’à ce que ce mutisme ne devienne trop difficile à supporter.

Il avoua ne pas faire partie de la maison, que l’accès lui avait été accordé par un ami de la faculté, et qu’il acceptait de se retirer, si coopérer lui permettait d’éviter bien des ennuis. La brune répliqua sur un ton bien plus sympathique que celui sur lequel il aurait misé. Il se détendit un peu, et se permit de jouer sur le même terrain de jeu, en retour. Toi aussi curieuse tu sembles, fit-il avant de baisser ses prunelles marrons sur les vêtements qu’elle portait. Drôle d'idée. C’était la première fois qu’il voyait une personne faire irruption dans un tel endroit sans porter de maillot de bain – qu’il soit à une pièce ou deux. Quelqu’un tu comptais espionner, comme ça, l’interrogea-t-il. Parce qu’elle était restée cloîtrée dans son coin plutôt que de venir directement le rencontrer. Elle aurait peut-être apprécié rester cachée dans l’ombre, mais son regard affûté de jeune coréen engagé dans la réserve militaire de son pays l’avait aidé à la démasquer ; oops ? Il rit.

Dans un éclat jovial et amical, il ne put s’empêcher de rire. Ils pouvaient tous deux se relaxer. Elle ne le dénoncera pas pour avoir barboté dans ce lieu en plein milieu de soirée, et il ne la poursuivra pas en justice pour l’avoir reluqué dans son short moulant aux couleurs des Crimson. Arrivent les rencontres de natation, se redressa t’il avant de descendre de son piédestal qu’était le plongeoir, mettre en pratique, j’ai besoin. Plus souvent. Les six heures d’entraînement à la semaine ne lui suffisaient pas pour toucher la « presque » excellence ; l’une des trois marches du podium, c’était tout ce qu’il visait en ce début de saison. Il renifla les dernières gouttes chlorées qui s’étaient logées dans ses narines, et s’approcha du sac près duquel quelques affaires personnelles étaient éparpillées. Après avoir jeté lunettes et bonnet, il attrapa la serviette éponge et la passa sur son visage. Et toi, ici tu fais quoi, questionna-t-il la jolie spectatrice. Qu’est-ce qui pouvait bien l’amener à visiter le sous-sol à vingt-deux heures ?