parents arrivés en floride pendant l’exode dans les années 80. petite soeur, d’une famille de quatre enfants, que des garçons. éducation dans l’paradoxe le plus total, faut s’intégrer aux américains, ils ont ouverts leur frontière pour vous, vous ont accueillis faut pas faire honte, être poli, droit, ne pas se faire remarquer. pourtant quand il s’agit d’vraiment se mélanger c’est un autre problème, rester qu’entre cubains c’est ça l’idée.
ton avenir se trace rapidement sans qu’tu n’ai à dire l’moindre mot, de toute façon ton avis ne compte pas, soit juste être une bonne épouse, bonne mère, c’est ça l’idée. ça colle pas à c’que tu t’imagines toi, recherche de liberté, ton but premier c’est ton indépendance.
le petit voisin d’en face est devenu un beau jeune homme, rôle influant dans la communauté cubaine implantée dans c’quartier de miami. il met l’beau costume dans l’quartier, celui du gars poli, bien sous tout rapport, travailleur. il ramène d’l’argent à ses parents, toujours là pour aider. un bon garçon, sait s’rendre utile, un bon futur mari, tu verras itzi. mais toi tu l’as vu, loin d’ici vendre d’la poudre aux blancs, à croire à la vie de rêve, bien loin d’être comme tony. mais voilà, dans tout les cas, t’as pas vraiment ton mot à dire, y a zéro menace, on parle pas mais tu l’sais, t’as bien vu quand la fille du bout d’la rue est partie avec un gringo. t’vois bien qu’on n’la revoit plus, parait qu’ses parents lui ont interdit d’revenir. alors ouais ça pousse à la réflexion parce que malgré tout ta famille, tu l’aimes.
t’as 17 ans, dernière année d’lycée et tu t’retrouves à faire tes choix universitaire, l’idée c’est d’continuer, tout c’que tu veux c’est continuer, poursuivre au moins se rêve là, tu sais que ta liberté est limitée alors ouais cette chance tu la laisseras pas passer.
depuis toujours bonne élève, enfant curieuse, avide d’en apprendre, de comprendre, ce qui t’intéresse le plus c’est les autres. t’veux comprendre les comportements, expliquer, raisonner, t’sais que tout ne vient pas d’nulle part, faut juste creuser.
t’as vite compris que ce serait ton billet d’sortie.
acceptée à harvard, boston, du mal à y croire pourtant c’est réel. t’annonces ça à tes parents, t’es fière, université prestigieuse, clairement pas n’importe quel pauvre qu’à la chance d’y entrer. ça s’réjouit à moitié, tu sors du champs de surveillance, t’vas faire quoi là bas ? et avec qui ?
l’voisin et toujours là, il t’veut depuis des années, depuis votre enfance, la vérité c’est que tout est déjà prévu depuis longtemps. t’as tout juste 18 ans et l’mariage s’organise, on t’mets la laisse avant d’partir. avec lui tu t’envoles en direction du massachussetts. harvard, c’est l’début du nouveau chapitre de ta vie qui commence.
à boston tu te sens à peine un peu plus libre, tu étudies dans ce que tu as toujours souhaité alors ça suffit à te satisfaire. l’université est ton échappatoire, celle qui tu le sais pourrait être ton véritable billet pour la liberté, quand tu seras diplômée tu pourras partir. tu le sais, n’importe où mais loin d’ici.
le mariage c’est pas une partie de plaisir, pas le genre qu’on idéalise, la vie est difficile quand il n’y a pas d’amour. lui croit t’aimer mais ce qu’il aime le plus c’est le fait d’avoir du pouvoir sur toi. dans ton cœur c’est le néant, rien, aucun sentiment pour cet homme mis à part du dédain. pas de respect pour les raclures.
les études sont fastidieuses, pas par véritables difficultés mais par l’ambiance qu’impose ton époux, tu es dédaigne se mais lui te le rend bien.
tes études ? elles t’servent à rien. de toute façon t’es trop conne pour y arriver. t’auras jamais de boulot c’est pas pour les gens comme toi ça. avec ta gueule de cubaine tu t’es vu ? de toute façon toi t’es bonne qu’à faire le ménage. même ta bouffe elle est dégueulasse.
hors de toi, tu le détestes, tu t’imagines même le tuer parfois. pourtant tu le sais, tant que tu n’as pas fini tes études tu dois tenir, il faut absolument que tu le fasses. sinon tu seras renvoyée à miami voir même à cuba pour ton impertinence, alors faut que tu tiennes jusqu’à l’obtention de ton diplôme.
alors t’encaisse. t’encaisse mais tu ne lâches pas, il croit t’anéantir mais t’as besoin de bien plus que ça. ça continue, toujours, sans arrêt. la violence ne cesse d’augmenter. les mots sont de plus en plus forts, les paroles font mal, tu ne les mérite pas, tout ce que tu voulais c’était de te sortir de ce bourbier. réussir. les années passent et tu ne les vois même pas défilé, la tête dans tes bouquins le temps passe beaucoup plus vite. c’est ta dernière année, après ça tu seras diplômée. ton mari ne cesse de te dénigrer, l’image que tu as de toi s’écorche mais tu ne le montres pas, tu restes fière, forte en apparence, ça lui ferait trop plaisir de voir que tout ça marche.
la vie avec lui est un calvaire, alors quand il te demande d’accomplir ton devoir conjugal dans votre lit et que tu n’y mets pas assez d’entrain, qu’il remarque ton absence totale de désir pour lui, ça a tendance à l’énerver, le rendre fou, toute cette violence et parfois tu t’demandes si ça n’serait pas plus simple de crever sous ses coups. tu es là pour ça. lui vider les c, faire son ménage, remplir son ventre. rien de plus, c’est à ça que tu dois servir. le pire reste quand même les soirs où il sort, alors quand il n’est pas là c’est sympa, tu profites du calme, mais quand il rentre c’est une autre histoire. encore un peu de poudre blanche au bout de son nez, puant l’alcool a des kilomètres. a chaque fois qu’il fini par rentrer, tu le sais, encore une fois c’est pour ta pomme. violence verbale, coups, relations non consenties, c’est toujours le même schéma. dans ta tête l’envie de le tuer grandi toujours et encore. tiens encore un peu, ton diplôme tu l’auras dans seulement quelques mois. phrase qui se répète dans ta tête. t’as déjà commencé les démarches pour trouver une avocate, une qui t’aideras, te comprendras sans juger, c’est pas facile dans une situation comme la tienne.
rapidement, comme si c’était ta chance, ton destin, celle que tu trouves comprend l’urgence de la situation, seulement on ne peut divorcer seule, faut que les deux partis soient d’accord. plusieurs mois, bien plus d'une dizaine de mois même, tu goûtes enfin à ta liberté.