Mardi 20 Septembre. 12h30. Toit d’un immeuble proche de l’université.
@Aiden Wongsa
Sourcils froncés, j’étais penché sur la même moto depuis de longues minutes en quête de la résolution du problème. Les essais s’étaient multipliés infructueux. La panne n’était pas encore décelée, mais la liste se réduisait. Les minutes s’écoulaient sans que je n’abandonne ma mission. Je persévérais dans ma quête. Encore. Toujours. Ça me faisait du bien de toute manière. Je me perdais dans la mécanique et j’adorais ces moments. La tête se mettait sur off pendant ces heures. J’oubliais tout. Je ne pensais à rien lorsque je me retrouvais à bosser ici. La respiration était apaisée. Le cœur était lent. Le démon était enterré. La voix dans la tête n’existait pas. Ouais, tout allait mieux durant ces heures où je bossais au Holy Motors. Je m’y sentais tellement mieux qu’au Lord Hobo depuis plus d’un an. Ici, il n’y avait pas le brouhaha incessants des clients. Ici, il n’y avait personne. Ce n’était que calme et silence. Ce n’était que réflexion et persévérance. Ce n’était que bruits de moteurs et bruits d’outils. Ici, je me sentais en sécurité. Il n’y avait pas le risque qu’on vienne me foutre une balle dans la tête pour m’emmener en Enfer. Il n’y avait pas le risque de bagarres ou d’agressions. Ouais, ici, je ne me sentais pas aussi oppressé qu’au Lord Hobo. Pourtant, même si la possibilité était là, je refusais de quitter mon job de barman. Je n’avais pas envie de m’effacer du monde de la nuit. Ce monde qui avait été le mien pendant des années. Je n’avais pas envie d’arrêter de préparer des boissons alcoolisées. Je n’avais pas envie de perdre cette liberté que je m’accordais. Alors, je continuais à bosser au Lord Hobo malgré l’oppression et la panique qui cognaient en moi quand je m’y trouvais. Et, je profitais de mes heures de boulot au Holy Motors pour être mieux dans un environnement de travail. Ici, je me noyais dans la mécanique et les ennuis ne me suivaient pas. Bordel, les ennuis… Ils étaient nombreux depuis des mois. Mes pertes de mémoire récurrentes, mon retour dans la Mafia, le Summer Camp et mes déboires, le quotidien toujours percuté par des problèmes dans l’entourage, la voix dans ma tête qui tentait de me pousser sur le mauvais chemin… Ouais, ça faisait beaucoup trop. Mes uniques moments de paix étaient lorsque je me retrouvais plongé dans la mécanique ou perdu dans ma bulle avec mon mari et notre fille. Soudainement, un grand sourire se dessinait sur mon visage. La panne était décelée. Mes prunelles s’égaraient sur l’horloge du garage. La réparation attendrait demain. J’avais quelque chose de prévu pour ce midi et il était temps de me bouger.
Après m’être débarbouillé – oubliant au passage quelques traces de cambouis sur mon visage – j’avais enfourché ma moto pour récupérer le repas et me rendre au lieu de rendez-vous. Le toit accessible d’un immeuble. La moto garée, je m’étais empressé d’attraper mon téléphone et j’étais rassuré. Mon compagnon de déjeuner n’était pas arrivé. Je prenais le temps d’écrire un message à mon mari avant de ranger le mobile et d’attraper mon sac à dos pour monter sur le toit désert. Ce serait juste deux personnes dans ce cadre. Un cadre un peu trop romantique non ? Mâchouillant ma lèvre et déposant mon sac à dos au sol, je venais l’ouvrir pour en sortir une couverture que j’installais sur le sol. J’attrapais les boites des pizzas pour les poser sur la couverture avant de déposer quelques cannette de boissons à côté. Tout était prêt pour ce déjeuner à présent et Aiden n’était pas encore arrivé. Alors, je venais m’installer sur la couverture m’allongeant de tout mon long et fermant les yeux. C’était nouveau ça. Je lâchais la bride du contrôle de mon existence. J’acceptais de revoir du monde et je crois que mon mari était content de me voir redevenir un peu plus moi. Depuis le mariage, je m’étais enfermé dans une cage. Gosse qui s’était cloîtré bien trop loin des autres. Gamin qui avait refusé de sortir de la routine instaurée de peur de commettre des bêtises. Ma peur ne s’était pas évaporée. Elle était toujours là. Elle ne me quittait pas. Elle collait à l’être. Cependant, depuis le Summer Camp, la folie était quelque part aussi. Une folie douloureuse. Une folie dangereuse. Ne voir personne était en train de me détruire. Il fallait que je bouge, que je sorte, que je vois des proches. Aiden était l’un de ces proches. Un ami unique. Un ami important. Néanmoins, je fautais en ayant organisé ces retrouvailles. Aiden était une tentation. Réelle. Brûlante. Il avait été mon ami avant que nous partagions une histoire d’amour puis il était redevenu un ami. Un ami particulier puisque la tension était présente entre nous. Une tension qui m’avait poussé à être en retrait depuis mon mariage. Une tension qui m’avait poussé à ne plus le revoir pour ne pas faire de bêtises. Ne plus le revoir jusqu’à aujourd’hui dans ce lieu calme et à l’abri des regards. C’était dangereux de faire ça. La voix dans la tête le savait. ELLE s’amusait à me dire que j’allais déraper et je savais déjà qu’ELLE allait tenter de me pousser sur ce chemin. Je n’avais pas le temps de me perdre dans ces pensées. Du bruit se faisait entendre. Ouvrant les yeux, je percevais la silhouette d’Aiden à quelques mètres. Le léger sourire passait sur mon visage. Sans bouger de ma position, je soufflais un « B’jour Honey… » avant de tapoter la couverture pour l’inviter à venir prendre ses aises à côtés de moi.
Après m’être débarbouillé – oubliant au passage quelques traces de cambouis sur mon visage – j’avais enfourché ma moto pour récupérer le repas et me rendre au lieu de rendez-vous. Le toit accessible d’un immeuble. La moto garée, je m’étais empressé d’attraper mon téléphone et j’étais rassuré. Mon compagnon de déjeuner n’était pas arrivé. Je prenais le temps d’écrire un message à mon mari avant de ranger le mobile et d’attraper mon sac à dos pour monter sur le toit désert. Ce serait juste deux personnes dans ce cadre. Un cadre un peu trop romantique non ? Mâchouillant ma lèvre et déposant mon sac à dos au sol, je venais l’ouvrir pour en sortir une couverture que j’installais sur le sol. J’attrapais les boites des pizzas pour les poser sur la couverture avant de déposer quelques cannette de boissons à côté. Tout était prêt pour ce déjeuner à présent et Aiden n’était pas encore arrivé. Alors, je venais m’installer sur la couverture m’allongeant de tout mon long et fermant les yeux. C’était nouveau ça. Je lâchais la bride du contrôle de mon existence. J’acceptais de revoir du monde et je crois que mon mari était content de me voir redevenir un peu plus moi. Depuis le mariage, je m’étais enfermé dans une cage. Gosse qui s’était cloîtré bien trop loin des autres. Gamin qui avait refusé de sortir de la routine instaurée de peur de commettre des bêtises. Ma peur ne s’était pas évaporée. Elle était toujours là. Elle ne me quittait pas. Elle collait à l’être. Cependant, depuis le Summer Camp, la folie était quelque part aussi. Une folie douloureuse. Une folie dangereuse. Ne voir personne était en train de me détruire. Il fallait que je bouge, que je sorte, que je vois des proches. Aiden était l’un de ces proches. Un ami unique. Un ami important. Néanmoins, je fautais en ayant organisé ces retrouvailles. Aiden était une tentation. Réelle. Brûlante. Il avait été mon ami avant que nous partagions une histoire d’amour puis il était redevenu un ami. Un ami particulier puisque la tension était présente entre nous. Une tension qui m’avait poussé à être en retrait depuis mon mariage. Une tension qui m’avait poussé à ne plus le revoir pour ne pas faire de bêtises. Ne plus le revoir jusqu’à aujourd’hui dans ce lieu calme et à l’abri des regards. C’était dangereux de faire ça. La voix dans la tête le savait. ELLE s’amusait à me dire que j’allais déraper et je savais déjà qu’ELLE allait tenter de me pousser sur ce chemin. Je n’avais pas le temps de me perdre dans ces pensées. Du bruit se faisait entendre. Ouvrant les yeux, je percevais la silhouette d’Aiden à quelques mètres. Le léger sourire passait sur mon visage. Sans bouger de ma position, je soufflais un « B’jour Honey… » avant de tapoter la couverture pour l’inviter à venir prendre ses aises à côtés de moi.
@Aiden Wongsa
(Neal T. Hood-Spritz)