Jeudi 15 Septembre. Fin de matinée. Maison de Lakeville.
La vie n’était décidément pas clémente avec moi. Le Destin restait à jamais bien trop joueur et fouteur de merde dans mon existence. Le Veritas était tombé lundi soir. Au-delà de mettre en lumière les déboires du Summer Camp – même s’il n’y avait aucune accusation spécifique et que je pouvais m’en tirer aisément – ce Veritas lançait un tremblement de terre dans la ruche mafieuse. La photo s’était retrouvée à la vue de tout le monde. Cette photo où Rob était à mes côtés en train de rire alors que je lui parlais. Cette photo où notre proximité était visible. Putain, Veritas avait parlé d’amant ou de petit copain secret et ça aurait pu être le cas. N’importe qui pourrait éventuellement le penser surtout en connaissant l’infidèle habituel que j’étais. Ça n’avait pas fait autant de vagues que je le pensais auprès de Mio Amore. Ça avait un peu chauffé auprès de Côme. Et, bordel, ça avait carrément explosé auprès de Rob. Il avait vraiment des yeux partout. Il avait entendu parler de ce Veritas. Il avait vu cette photo postée avec son visage bien trop exposé. Il avait vu cette photo qui mettait en lumière un lien entre lui et moi. Quelques heures seulement après la publication, mon téléphone avait sonné et la voix colérique de Rob avait résonné de l’autre côté du combiné. Une voix qui filait les frissons. Une voix à laquelle il était impossible de dire non. Il m’avait demandé une rencontre à l’abri des regards le plus rapidement possible. Alors, sous la panique, j’avais soufflé la seule adresse qui me venait en tête et qui ne mettait en danger personne. J’avais lancé l’adresse de la maison de Côme et moi à Lakeville. C’était éloigné. C’était vide. C’était mieux. Le rendez-vous était convenu pour aujourd’hui en fin de matinée. J’avais posé ma journée prévenant Mio Amore que j’avais quelque chose à faire sans donner plus de détails. Je m’en voulais déjà tant de le mêler à cette vie mafieuse qui n’était pas la sienne et qui n’aurait jamais dû le côtoyer. Mon mari n’avait pas posé plus de questions se doutant sans doute déjà de ce qui allait m’occuper aujourd’hui. J’avais quitté Boston aux alentours de neuf heures roulant avec trop peu de prudence sur la moto qui filait à vive allure. Pourtant, malgré cette conduite, la tête ne se vidait pas. L’angoisse était toujours là quelque part. Elle cognait bien trop fort. Elle ne s’évadait pas. Et, une fois arrivé à destination, c’était pire encore. Appuyé contre ma moto, je crevais de chaud et je sentais cette panique faire trembler la totalité de mon être. Minable gamin. Pitoyable gosse. J’avais l’impression de me retrouver des années en arrière sous une emprise dont je ne savais pas me défaire. Cigarette glissée entre les lèvres, je marchais de long en large à côté de ma moto. Ma veste avait valsée sous cette chaleur écrasante qui me terrassait. J’étais bien trop en avance. Rob, lui, était toujours à l’heure. Jamais en retard. Juste à l’heure pile poil. À chaque fois. Et cette fois ne manquait pas. La voiture se garait à quelques mètres.
Je me stoppais aussitôt m’appuyant contre ma moto et observant au loin. Les gardes restaient à l’intérieur de la voiture. Le moteur continuait de tourner. Rob ne comptait pas s’attarder ici. Il ne comptait pas me tuer non plus. Soufflant doucement, je prenais sur moi et les tremblements cessaient aussitôt. Faire semblant que j’avais le contrôle. Levant les yeux sur le mafieux qui s’approchait, nos regards s’affrontaient sans que je ne défaille. Il arrivait à vive allure à mes côtés. Ses mains se posaient sur la moto derrière moi de chaque côté de mon corps. Prisonnier soumis. C’était ce que j’étais alors que je me retrouvais bloqué entre lui et ma moto. L’une de ses mains venait retirer la clope d’entre mes lèvres pour la balancer au loin et je déglutissais difficilement sans baisser les yeux. Le « Bonjour chaton… » lui échappait avec trop de tendresse. Le sourire passait sur mes lèvres en l’entendant souffler ce surnom qu’il s’amusait à utiliser comme s’il pouvait remplacer Côme. Le regard de Rob se relevait sur la maison au loin quelques secondes et je lançais « C’est Côme qui l’a achetée. Pour moi. Loin de Boston. Je… Personne hormis Côme ne connaît l’endroit. Mais, il n’y a que moi qui m’y rends. » Mensonge soufflé sans la moindre hésitation malgré la possible punition qui pouvait tomber quand je mentais. Mais, après avoir donné cette adresse, je m’étais rendu compte de la connerie faite. Je mettais Côme en danger. Il venait parfois ici. Si Rob apprenait cela, il risquait de venir s’en prendre à Côme. Alors, je soufflais ces quelques mots mettant en avant le fait que Côme ne serait jamais ici. Le protéger lui aussi. Essayer en tout cas. Rob se contentait d’hocher la tête. Sa main bougeait se posant sur ma hanche alors qu’il reprenait la parole « Il va falloir que nos rencontres soient plus discrètes chaton. Je me doute que tu as dû dire à ton mari que c’est moi sur la photo ce qui fait qu’il sait à quoi je ressemble à présent… Et je suis certain que Baldini m’a reconnu aussi… N’est-ce pas ? » J’hochais doucement la tête pour confirmer les mots. Oui, mon mari savait à présent à quoi Rob ressemblait. Oui, Côme l’avait reconnu également. Le mafieux ne semblait pas s’attarder sur cette dérangeante réalité alors qu’il s’éloignait à peine me soufflant de me tourner. Fermant les yeux, j’obéissais sagement serrant les poings lorsque l’arme était déposée sur l’arrière de ma tête. Rob restait ainsi quelques secondes. Quelques minutes peut-être. Le silence était absolu. Je demeurais immobile. Et, finalement, l’arme disparaissait. Rob se collait dans mon dos déposant ses mains sur mes hanches. Ses lèvres tout proche de mon oreille, il soufflait « Tu es sage c'est bien. J’espère que ton mari sait être sage aussi. J'espère que je n’aurai pas d’ennui avec lui chaton sinon ça risque de très mal finir. » « Je… Tu n’auras pas d’ennuis Baby Daddy. Il ne fera rien. Il ne dira rien. Je continue mes missions et, tant que tu restes loin de lui, il n’y aura aucun problème. » « Bien. Je voulais te voir pour t'informer. Nous allons changer d’organisation… Tes missions te seront transmises par des personnes différentes à chaque fois. Elles te trouveront là où tu bosses. Quand à toi et moi… » Ses dents venaient mordre mon lobe me poussant à fermer les yeux. Mes mains se posaient à plat sur la moto pour ne pas faire de conneries, pour ne pas l’inciter à plus, pour ne pas retomber dans les vieux travers. Ses lèvres glissaient dans mon cou avant qu’il ne remonte à mon oreille pour y susurrer « Toi et moi… On va se retrouver ici une fois par mois pour faire le point sur tes missions et pour que j’ai le plaisir de te voir tout de même. Qu’est-ce que tu en penses chaton ? » L’une de ses mains glissait doucement s’aventurant vers mon entrejambe et je m’empressais de souffler « Oui… D’accord… C’est ok… Tout ce que tu veux… » Le rire de Rob résonnait à mon oreille avant qu’il ne s’éloigne. L’entrevue était finie. Je le savais. Me retournant lentement, nos regards se croisaient avant qu’il ne s’éloigne. Il m’offrait un clin d’œil tout en rejoignant sa voiture et en lançant « Il faudra que tu me racontes tes déboires du Summer Camp chaton… J’ai bien envie de savoir quel genre d’homme a réussi à te baiser cet été… » Sans même réfléchir, je lui offrais un doigt d’honneur qui le poussait à rire avant qu’il ne disparaisse dans la voiture. Une voiture qui ne s’attardait pas tandis que moi je restais là. Appuyé contre la moto, je glissais une nouvelle cigarette entre mes lèvres fermant les yeux. Je tirais lentement sur le bâtonnet de nicotine laissant mon cœur se calmer. Ça n’avait pas été catastrophique. Ça s’était même plutôt bien passé. Même si je n’étais que cette marionnette entre les mains de Rob, sa confiance m’était de plus en plus acquise et ça c’était une bonne chose. Pour le futur. Pour la sécurité de mon mari et de ma fille. J'étais sur la bonne voie.
La vie n’était décidément pas clémente avec moi. Le Destin restait à jamais bien trop joueur et fouteur de merde dans mon existence. Le Veritas était tombé lundi soir. Au-delà de mettre en lumière les déboires du Summer Camp – même s’il n’y avait aucune accusation spécifique et que je pouvais m’en tirer aisément – ce Veritas lançait un tremblement de terre dans la ruche mafieuse. La photo s’était retrouvée à la vue de tout le monde. Cette photo où Rob était à mes côtés en train de rire alors que je lui parlais. Cette photo où notre proximité était visible. Putain, Veritas avait parlé d’amant ou de petit copain secret et ça aurait pu être le cas. N’importe qui pourrait éventuellement le penser surtout en connaissant l’infidèle habituel que j’étais. Ça n’avait pas fait autant de vagues que je le pensais auprès de Mio Amore. Ça avait un peu chauffé auprès de Côme. Et, bordel, ça avait carrément explosé auprès de Rob. Il avait vraiment des yeux partout. Il avait entendu parler de ce Veritas. Il avait vu cette photo postée avec son visage bien trop exposé. Il avait vu cette photo qui mettait en lumière un lien entre lui et moi. Quelques heures seulement après la publication, mon téléphone avait sonné et la voix colérique de Rob avait résonné de l’autre côté du combiné. Une voix qui filait les frissons. Une voix à laquelle il était impossible de dire non. Il m’avait demandé une rencontre à l’abri des regards le plus rapidement possible. Alors, sous la panique, j’avais soufflé la seule adresse qui me venait en tête et qui ne mettait en danger personne. J’avais lancé l’adresse de la maison de Côme et moi à Lakeville. C’était éloigné. C’était vide. C’était mieux. Le rendez-vous était convenu pour aujourd’hui en fin de matinée. J’avais posé ma journée prévenant Mio Amore que j’avais quelque chose à faire sans donner plus de détails. Je m’en voulais déjà tant de le mêler à cette vie mafieuse qui n’était pas la sienne et qui n’aurait jamais dû le côtoyer. Mon mari n’avait pas posé plus de questions se doutant sans doute déjà de ce qui allait m’occuper aujourd’hui. J’avais quitté Boston aux alentours de neuf heures roulant avec trop peu de prudence sur la moto qui filait à vive allure. Pourtant, malgré cette conduite, la tête ne se vidait pas. L’angoisse était toujours là quelque part. Elle cognait bien trop fort. Elle ne s’évadait pas. Et, une fois arrivé à destination, c’était pire encore. Appuyé contre ma moto, je crevais de chaud et je sentais cette panique faire trembler la totalité de mon être. Minable gamin. Pitoyable gosse. J’avais l’impression de me retrouver des années en arrière sous une emprise dont je ne savais pas me défaire. Cigarette glissée entre les lèvres, je marchais de long en large à côté de ma moto. Ma veste avait valsée sous cette chaleur écrasante qui me terrassait. J’étais bien trop en avance. Rob, lui, était toujours à l’heure. Jamais en retard. Juste à l’heure pile poil. À chaque fois. Et cette fois ne manquait pas. La voiture se garait à quelques mètres.
Je me stoppais aussitôt m’appuyant contre ma moto et observant au loin. Les gardes restaient à l’intérieur de la voiture. Le moteur continuait de tourner. Rob ne comptait pas s’attarder ici. Il ne comptait pas me tuer non plus. Soufflant doucement, je prenais sur moi et les tremblements cessaient aussitôt. Faire semblant que j’avais le contrôle. Levant les yeux sur le mafieux qui s’approchait, nos regards s’affrontaient sans que je ne défaille. Il arrivait à vive allure à mes côtés. Ses mains se posaient sur la moto derrière moi de chaque côté de mon corps. Prisonnier soumis. C’était ce que j’étais alors que je me retrouvais bloqué entre lui et ma moto. L’une de ses mains venait retirer la clope d’entre mes lèvres pour la balancer au loin et je déglutissais difficilement sans baisser les yeux. Le « Bonjour chaton… » lui échappait avec trop de tendresse. Le sourire passait sur mes lèvres en l’entendant souffler ce surnom qu’il s’amusait à utiliser comme s’il pouvait remplacer Côme. Le regard de Rob se relevait sur la maison au loin quelques secondes et je lançais « C’est Côme qui l’a achetée. Pour moi. Loin de Boston. Je… Personne hormis Côme ne connaît l’endroit. Mais, il n’y a que moi qui m’y rends. » Mensonge soufflé sans la moindre hésitation malgré la possible punition qui pouvait tomber quand je mentais. Mais, après avoir donné cette adresse, je m’étais rendu compte de la connerie faite. Je mettais Côme en danger. Il venait parfois ici. Si Rob apprenait cela, il risquait de venir s’en prendre à Côme. Alors, je soufflais ces quelques mots mettant en avant le fait que Côme ne serait jamais ici. Le protéger lui aussi. Essayer en tout cas. Rob se contentait d’hocher la tête. Sa main bougeait se posant sur ma hanche alors qu’il reprenait la parole « Il va falloir que nos rencontres soient plus discrètes chaton. Je me doute que tu as dû dire à ton mari que c’est moi sur la photo ce qui fait qu’il sait à quoi je ressemble à présent… Et je suis certain que Baldini m’a reconnu aussi… N’est-ce pas ? » J’hochais doucement la tête pour confirmer les mots. Oui, mon mari savait à présent à quoi Rob ressemblait. Oui, Côme l’avait reconnu également. Le mafieux ne semblait pas s’attarder sur cette dérangeante réalité alors qu’il s’éloignait à peine me soufflant de me tourner. Fermant les yeux, j’obéissais sagement serrant les poings lorsque l’arme était déposée sur l’arrière de ma tête. Rob restait ainsi quelques secondes. Quelques minutes peut-être. Le silence était absolu. Je demeurais immobile. Et, finalement, l’arme disparaissait. Rob se collait dans mon dos déposant ses mains sur mes hanches. Ses lèvres tout proche de mon oreille, il soufflait « Tu es sage c'est bien. J’espère que ton mari sait être sage aussi. J'espère que je n’aurai pas d’ennui avec lui chaton sinon ça risque de très mal finir. » « Je… Tu n’auras pas d’ennuis Baby Daddy. Il ne fera rien. Il ne dira rien. Je continue mes missions et, tant que tu restes loin de lui, il n’y aura aucun problème. » « Bien. Je voulais te voir pour t'informer. Nous allons changer d’organisation… Tes missions te seront transmises par des personnes différentes à chaque fois. Elles te trouveront là où tu bosses. Quand à toi et moi… » Ses dents venaient mordre mon lobe me poussant à fermer les yeux. Mes mains se posaient à plat sur la moto pour ne pas faire de conneries, pour ne pas l’inciter à plus, pour ne pas retomber dans les vieux travers. Ses lèvres glissaient dans mon cou avant qu’il ne remonte à mon oreille pour y susurrer « Toi et moi… On va se retrouver ici une fois par mois pour faire le point sur tes missions et pour que j’ai le plaisir de te voir tout de même. Qu’est-ce que tu en penses chaton ? » L’une de ses mains glissait doucement s’aventurant vers mon entrejambe et je m’empressais de souffler « Oui… D’accord… C’est ok… Tout ce que tu veux… » Le rire de Rob résonnait à mon oreille avant qu’il ne s’éloigne. L’entrevue était finie. Je le savais. Me retournant lentement, nos regards se croisaient avant qu’il ne s’éloigne. Il m’offrait un clin d’œil tout en rejoignant sa voiture et en lançant « Il faudra que tu me racontes tes déboires du Summer Camp chaton… J’ai bien envie de savoir quel genre d’homme a réussi à te baiser cet été… » Sans même réfléchir, je lui offrais un doigt d’honneur qui le poussait à rire avant qu’il ne disparaisse dans la voiture. Une voiture qui ne s’attardait pas tandis que moi je restais là. Appuyé contre la moto, je glissais une nouvelle cigarette entre mes lèvres fermant les yeux. Je tirais lentement sur le bâtonnet de nicotine laissant mon cœur se calmer. Ça n’avait pas été catastrophique. Ça s’était même plutôt bien passé. Même si je n’étais que cette marionnette entre les mains de Rob, sa confiance m’était de plus en plus acquise et ça c’était une bonne chose. Pour le futur. Pour la sécurité de mon mari et de ma fille. J'étais sur la bonne voie.
@Côme L. Mickelson
(Neal T. Hood-Spritz)