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Où es-tu ? Excellente question. Il n’y a pas plus désagréable sensation qu’une montée de lucidité au cœur d’une fête. Éclair fragile te ramenant brusquement à la réalité. Tu sens un liquide épais s’écoulé de ton arcade sourcilière, embrumant ta vision. Où est-ce simplement l’alcool qui dédouble toutes ces personnes ? Qui sont-ils ? Ta chemise est poisseuse et tu titubes difficilement vers ce qui ressemble à la porte de sortie. Tu as atteint le point de non-retour pour cette nuit. Difficilement, tu sors une cigarette du paquet écrasé au fond de ta poche une fois sur le trottoir. Pas d’absolution pour cette nuit qui n’en finit plus. Rien, le néant. La musique abrutie encore tes pensées qui s’entrechoquent jusqu’à la surface. Des flashs, encore et toujours : les lueurs, la chaleur, la sueur… Dans ta bouche pâteuse, la fumée se fraye un chemin brûlant. Un arrière-goût de gin. Tu expires une longue bouffée cherchant du regard le chemin a emprunté pour rentrer chez les Adams. Peu importe, tu retrouves toujours ton chemin Théodore, espèce de don inné pour ne pas s’endormir dans le caniveau. Peut-être devrais-tu envoyer un message à quelqu’un ? Non… Non, non, non. L’air frais te réveille quelque peu et ton téléphone affiche trois heures du matin. Il serait inconvenant de réveiller quelqu’un. Morsure soudaine de lucidité, tu balances tes coudes au milieu de la foule, entraîné par un rythme infernal. Extatique, tu t’enivres encore et toujours le gin tonic coulant à flot dans ta gorge. Des corps se collant et s’éloignant de toi comme une vague étourdissante. Une véritable orgie de personnes s’unissant sous la même musique. Il n’existe pas de meilleurs moyens d’effacer l’avenir, pour piétiner les souvenirs. Plus de réflexions, de pensées, juste ce magnifique spectacle de son et d’image. Les fêtes sont l’endroit idéal pour se noyer dans la vague. La cendre tombe sur tes doigts te ramenant brutalement à la réalité. Ce n’est pas la seule douleur qui t’élance, non. Ta tête bat brutalement le rythme et tes mains se teintent d’une jolie violine. Tu te redresses difficilement, le paysage tourne et se retourne. D’un œil extérieur, tu es particulièrement pathétique. Heureusement que tu n'offres pas au bitume un renvoi liquide. Théodore, tu observes la rue, tu attends que quelque chose vienne. Tu ne sais qui, tu ne sais quoi. Que le soleil se lève ? Qu’une âme charitable te ramasse ? Une âme charitable. Orphéa. Tu essaies de lui écrire un message, en vain. Apparemment tu n’as plus de batterie. Félicitation champion. Depuis combien de temps es-tu assis là ? Tu voudrais dormir et ne plus penser, néanmoins tu sais pertinemment que le retour de la lucidité signifie l’incapacité de dormir sans tes idées moroses. Les cauchemars seront là, doux accompagnateurs ne te laissant aucun repos. Heureusement que l’alcool existe. Respirant profondément, tu commences l’ascension de cette rue. Est-ce que tu venu à cette soirée seul ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus. Tu avances pendant une éternité, peut-être même deux avant de voir au loin une habitation familière. Tu ne veux pas dormir seul Théodore, non. Tu pourrais très bien continuer ta route, rejoindre ton propre lit mais en égoïste fini tu veux dormir accompagner. Tu appuies de toute tes forces contre la sonnette pendant plusieurs minutes, presque ravi d’emmerder ton monde. La porte finie s’ouvrir, tu as gagné. Encore. « Bonso.. Bonjour ? ». Ton haleine chargée d’effluves cachera-t-elle l’odeur sournoise du sang et de la sueur tachant ta chemise ? Peu importe.
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