(becca&kassim) second chances

samedi dix septembre, à six heures C'était énervée, frustrée, triste et très susceptible que j'étais partie de chez Bradley dans les coups de cinq heures. Petit passage éclair à la maison, pour prendre les trois petites culottes que Kassim m'avait dit de prendre. En faisant, je m'étais arrêtée dans la cuisine. Ca a du bon d'avoir des jeunes chez soi : j'y trouvais de l'alcool. J'en pris une grande gorgée, avant de reposer la bouteille, ni vu ni connu. Et voilà comment gâcher dix jours d'abstinence. Mes "affaires" enfin prêtes, alors que j'allais récupérer ma voiture, je fis un détour au garage. Et sans réfléchir, je troquais les clés de la voiture contre la moto de mon défunt mari. Je n'avais plus osée y toucher, ni même eu l'envie. J'en avais même eu peur. Mais aujourd'hui je décidais de ne pas réfléchir. Puis, l'idée du week end en moto, j'en étais certaine que ça allait plaire à Kassim. Chevauchant le bolide, je me rendais chez lui. Six heures tapantes, j'attendais devant chez lui. Petit message envoyé 'je suis devant'.

@Kassim Malacki

Il m’a fallu une longue douche et des médocs pour dormir. Reveil a 5h. J’aurais dû fermer ma gueule. Mais voila que je lachais mes obligations. Personne ne me verra au travail, chez les BH et je ne répondrai au tel que par nécessité. Oui je laissais tout tomber parce que je me sentais noyé. Me lever fut compliqué. Redbull pour tenir et un café enfilé également. Regarder par la fenêtre. Les yeux se levent surpris ! Une moto. Cette femme me déçoit jamais. Je termine de becqueter, fous mon sac sur le dos. Les bestioles chez la voisine et je devale les escaliers. - Où as tu chopé cette merveille ?? Je siffle d’admiration. - On roule jusqu’où ?

Il était l'heure et c'était assise sur cette fameuse moto que j'attendais Kassim. Mon portable sonna, Bradley. Tout en râlant, je déclinais son appel. Tout en descendant, et en enlevant mon casque, je préparais le tout pour Kassim. Cela me fit légèrement bizarre, ayant vu tout l'équipement la dernière fois sur mon mari. J'avais même l'impression de sentir son odeur le temps de quelques secondes, mais mon ami me sortit de mes pensées. Je ris avant de répondre Tu parles de moi c'est ça ? Je lui tendis le casque, avant de répondre plus sérieusement. Elle était à mon mari. Je te présente Carmen. Et oui, il lui avait même donné un prénom. C'est qu'il en avait passé du temps avec cette Carmen. Et peut-être que s'il l'avait conduite le jour de l'accident, elle ne l'aurait pas lâché. L'autre moto était totalement morte. Et voilà que j'avais perdu mon mari, mon fils, mais j'étais restée avec ma fille, et cette Carmen. Qui avait passé trop de temps dans le garage. Il était temps de la faire sortir un peu. Le plus loin possible. Et tout en disant cela mon portable sonna une énième fois. Je ne regardais même pas l'écran. A tous les coups ça devait être Bradley. Qu'il aille se faire voir. De toute façon, je n'avais pas besoin qu'il me sermonne s'il apprenait que j'avais bu de nouveau. D'ailleurs, j'omis aussi à Kassim ce petit détail, alors que je me plaçais sur la place du conducteur. Allez monte. Et surtout, installe toi parce que je ne compte pas m'arrêter avant un bon moment.

@Kassim Malacki

TW : accident.

Je ne sais pas où l'on va mais je m'en moque. Je sais que c'est le moment de prendre ma liberté. C'est temporaire. Mais nécessaire. Cueillir de meilleures ondes que celles que je ne fais que ressasser. Je la laisse mener notre aventure. Ca me va. J'en suis rendu là. A me laisser guider par une femme. Oui, c'est sexiste, y'a quoi ? Je m'accroche à sa taille, aussi chastement que possible. On s'éloigne de nos tourments. On s'ouvre à d'autres horizons. J'accueille à bras ouverts les prochains matins où on va larver. On file droit vers l'oxygène. Boston devenait mon mouroir. Doucement mais sûrement. Alors voir d'autres paysages m'offrira ce manque que je ne ressens jamais. Et peut-être définitivement. Irresponsable.

Il faut croire que le Destin avait autre chose de prévu pour moi en guise de changement et de repos. Je ne saurais décrire exactement ce qu'il s'est passé. J'ai juste compris que ne ferait pas le poids contre la trajectoire dans ce virage. Trop rapide. Trop penchés. Juste .. Impact avec l'asphalte. Avec cette vitesse, on ne fait pas dans le détail. Espérer protéger Becca, et sentir le corps se briser ça et là, avec les tonneaux provoqués par la vitesse. La respiration est difficile. Sang qui coule. Tenter d'appeler ma partenaire. Voir la fameuse Vie défiler. Penser à mes adelphes et mes filles. Ca y est, je vais l'avoir ma pause.

tw : accident de moto Je ne sais pas ce qui m'a prit de conduire alcoolisée. Je pensais réellement être apte à le faire. Pensant ne pas avoir énormément d'alcool dans le sang. Du moins, je ne pensais pas l'être. Mais avec tout l'alcool ingurgité ces derniers temps, je pense que j'avais atteins un certain seuil qui faisait que je ne me sentais plus alcoolisée alors que je l'étais. Me sentant tout simplement bien à ces moments. Plus de douleurs, au coeur, dans l'esprit. Je me sentais bien, et j'avais la force de vivre. J'étais tout simplement bien, et je ne me rendais pas compte que ce n'était que l'alcool qui me rendait ainsi. Et ce qui devait arriver, arriva. Un virage que je pris trop vite. Nos deux poids nous firent perdre le contrôle. Je sentis les bras de Kassim me serrer fort, comme s'il souhaitait me protéger face à l'impact. A ce moment-là, avec l'adrénaline, tout l'effet de l'alcool se dissipa. Je revins à la réalité et me rendis compte de ce que je venais de faire. Je venais de mettre en danger Kassim. Et c'est avec cette pensée que je perdis conscience, au sol, projetée à quelques mètres de la moto. Pardon Kassim.

Je ne sais pas ce que j'aurais accompli dans ma Vie mais j'espère que je saurais laisser une trace indélébile de mon passage. Que j'ai suffisamment mis de la thune de côté pour toute ma famille. Que mes filles pourront trouver le code pour le coffre quand elles auront l'âge de le trouver. J'ai mal, je perçois des bruits mais je me sens à des kilomètres. Des voix mais pas celle que je voudrais entendre. Je tente de l'appeler, en vain. Faut lâcher prise, non ? Juste .. C'était quand la dernière fois que j'ai eu si mal à ce point ? Punaise, faudrait que je prenne ma retraite de tout à ce stade. Allez un petit somme et on repart sur la route, ça ne peut que nous faire du bien.

FIN