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★ ─ Sweet illusion feat @S. Manny Ferrer |
Parfois, je me dis qu’il en faut vraiment peu pour les impressionner. Des cartes qui se volatilisent, des animaux qui apparaissent dans des chapeaux… les gens sont un peu bêtes, en fait. Mais ça m’arrange. Plus je leur mets la poudre aux yeux, et plus ils fourrent des billets dans les paniers disposés au bord de la scène. Le Sapphire aime innover, voyez-vous, donc je ne suis ni magicienne ni strip-teaseuse : je suis les deux en même temps. Du moins… « effeuilleuse », pour utiliser le terme qui figure dans mon contrat.
Mon costume est censé rappeler les tenues des années 20 : bandeau à plume sur le front et robe moulante dorée à paillettes. En un tournemain et un peu de fumée (merci la régie pour les effets spéciaux), je me retrouve en culotte-soutif noirs en dentelle à la fin de mon numéro. Heureusement que je porte des collants, en-dessous. Au moins j’ai l’impression d’être Supergirl. Faut que je joue la comédie aussi, que j’affiche un air de surprise comme Betty Boop et que je fasse mine de cacher la marchandise (comprenez : mes parties intimes). Après quoi la régie se charge de me faire disparaître de la scène à l’aide d’une trappe secrète et d’un nouveau nuage de fumée. Je me donne en spectacle deux fois par semaine : les vendredis et samedis soirs, quand le casino est à son comble. C’est un petit job en plus, un ajout récent, après que le patron m’a vue jouer des tours à mes collègues pendant ma pause.
─ Mais je savais pas que t’étais magicienne ! T’aurais dû me le dire ! Ça te dirait de faire un numéro ?
Est-ce que ça me disait de gagner plus de fric ?! Quelle question. Sauf qu’il a omis de mentionner la partie effeuillage, et qu’il a fait passer ça comme une formalité, au moment de la signature.
─ Ce sera classe, tu verras, pas de mauvais goût ici… Tu gardes tes sous-vêtements, t’enlèves juste ta robe. C’est juste… une manière d’éveiller l’imagination et de faire chauffer les porte-monnaies. Comme Dita Von Teese, tu vois ?
Ouais, sauf que Dita Von Teese est payée des milliers de dollars pour dévoiler sa culotte, elle. Bref. J'aurais pu protester ; rien ne me forçait à accepter cette condition. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, et je ne voulais pas perdre une telle opportunité. Donc : effeuillage.
Le moment venu, je dézippe ma robe d’un geste presque imperceptible. Glissade le long de mes cuisses, détour par mes mollets, puis montagne dorée à mes chevilles. Le public en redemande.
─ Oh !
Main sur la bouche, air surpris, fumée, etc, etc. La musique et les conversations s’estompent à mesure que la trappe m’emmène dans les entrailles de l’édifice. Je me retrouve dans la salle où ils stockent les bouteilles de vin. Un objet parmi d’autres objets. Je récupère ma tenue de croupière accrochée sur un portemanteau et l’enfile avant de remonter l’escalier menant aux coulisses de la scène. Le visage fermé, les traits dénués d’expression après avoir forcé sur les sourires pendant tout mon spectacle, je me plante devant un miroir pour ôter mon bandeau et rassembler mes cheveux dans une queue-de-cheval. Quelqu’un a laissé un mot pour moi :
Harper, tu peux aller gérer la table de Blackjack en salle 3 ? Gordon a eu un malaise, il a demandé à prendre sa soirée.
Tu parles ! Il m’a dit qu’il avait trop forcé sur la vodka, hier soir, à l’anniversaire d’un pote. J’vais pas me plaindre : le Blackjack, c’est bien plus fun que la roulette. Je remets une couche de Bourjois carmin sur mes lèvres avant de retrouver le tumulte des machines à sous et des conversations animées. Back to work.
Mon costume est censé rappeler les tenues des années 20 : bandeau à plume sur le front et robe moulante dorée à paillettes. En un tournemain et un peu de fumée (merci la régie pour les effets spéciaux), je me retrouve en culotte-soutif noirs en dentelle à la fin de mon numéro. Heureusement que je porte des collants, en-dessous. Au moins j’ai l’impression d’être Supergirl. Faut que je joue la comédie aussi, que j’affiche un air de surprise comme Betty Boop et que je fasse mine de cacher la marchandise (comprenez : mes parties intimes). Après quoi la régie se charge de me faire disparaître de la scène à l’aide d’une trappe secrète et d’un nouveau nuage de fumée. Je me donne en spectacle deux fois par semaine : les vendredis et samedis soirs, quand le casino est à son comble. C’est un petit job en plus, un ajout récent, après que le patron m’a vue jouer des tours à mes collègues pendant ma pause.
─ Mais je savais pas que t’étais magicienne ! T’aurais dû me le dire ! Ça te dirait de faire un numéro ?
Est-ce que ça me disait de gagner plus de fric ?! Quelle question. Sauf qu’il a omis de mentionner la partie effeuillage, et qu’il a fait passer ça comme une formalité, au moment de la signature.
─ Ce sera classe, tu verras, pas de mauvais goût ici… Tu gardes tes sous-vêtements, t’enlèves juste ta robe. C’est juste… une manière d’éveiller l’imagination et de faire chauffer les porte-monnaies. Comme Dita Von Teese, tu vois ?
Ouais, sauf que Dita Von Teese est payée des milliers de dollars pour dévoiler sa culotte, elle. Bref. J'aurais pu protester ; rien ne me forçait à accepter cette condition. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, et je ne voulais pas perdre une telle opportunité. Donc : effeuillage.
Le moment venu, je dézippe ma robe d’un geste presque imperceptible. Glissade le long de mes cuisses, détour par mes mollets, puis montagne dorée à mes chevilles. Le public en redemande.
─ Oh !
Main sur la bouche, air surpris, fumée, etc, etc. La musique et les conversations s’estompent à mesure que la trappe m’emmène dans les entrailles de l’édifice. Je me retrouve dans la salle où ils stockent les bouteilles de vin. Un objet parmi d’autres objets. Je récupère ma tenue de croupière accrochée sur un portemanteau et l’enfile avant de remonter l’escalier menant aux coulisses de la scène. Le visage fermé, les traits dénués d’expression après avoir forcé sur les sourires pendant tout mon spectacle, je me plante devant un miroir pour ôter mon bandeau et rassembler mes cheveux dans une queue-de-cheval. Quelqu’un a laissé un mot pour moi :
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Tu parles ! Il m’a dit qu’il avait trop forcé sur la vodka, hier soir, à l’anniversaire d’un pote. J’vais pas me plaindre : le Blackjack, c’est bien plus fun que la roulette. Je remets une couche de Bourjois carmin sur mes lèvres avant de retrouver le tumulte des machines à sous et des conversations animées. Back to work.
credits img/gif: pinterest
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