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Protect yourself
with @M. Ezekiel Emerson
warning : Mention agression, violence physique
the 04.09.2022 Band of brothers, Boston
Je ne pourrais pas affirmer si oui ou non la salle d’escrime à laquelle je pensais existait toujours, ni même son nom. Je ne me souvenais simplement des boutiques et du quartier environnant dans lequel je me plaisais à flâner en attendant que mon date sorte de son entraînement. Et bien qu’il m’arrivait encore aujourd’hui de m’y promener ou d’aller y faire du shopping, je n’avais malgré tout plus penser à cette salle depuis bien longtemps. Dans tous les cas, les informations que je venais de lui donner pourraient au moins permettre à Ezekiel de savoir par où commencer ses recherches s’il désirait reprendre l’escrime. Mes lèvres s’étirent dans un sourire alors qu’il me remercie, ce qui dans le fond, me semble parfaitement naturel. Je n’avais pas grand chose à faire de cette information, mais lui si, alors autant la partager.
Le silence s’installe quelques secondes entre nous tandis que je réfléchis à comment présenter les choses. Jusque là, je n’avais pas beaucoup eu à le faire, si ce n’était auprès de mes adelphes avec qui je n’avais pas à faire preuve de retenue et avec qui les dessous de l’histoire se trouvaient légèrement différents, puisque sans le savoir eux-mêmes, ce n’est pas envers Paco que nos agresseurs en avaient, mais après moi.« Je ne sais pas s’ils l’ont confondu avec quelqu’un, ou si c’est parce qu’il est proche de quelqu’un qu’ils soupçonnaient d’être dealer aussi. Leur discours était confus. » Parce qu’ils ne soupçonnaient pas la bonne personne. Non, qui soupçonnerait la petite blonde souriante et innocente qui sait parfaitement tenir son rôle de niaise. J’avais trompé tout le monde dans cette histoire, et pourtant je n’en étais pas satisfaite, en colère contre moi-même de ne pas avoir été capable de me défendre seule, comme on m’avait appris à le faire. A quoi bon toutes ces années d'entraînements et de souffrances si c’était pour me faire étaler par les premiers venus ? Quand bien même c’était le meilleur moyen pour préserver mon image d’innocente, je n’acceptais pas d’avoir pris ce coup. Encore moins de ne pas l’avoir vu venir.« Physiquement, il va bien. Mais il est tout aussi confus que moi sur cette histoire. On ne savait même pas quoi raconter à la police, on a juste été surpris et dépassé par tout ça. » Ce qui n’était pas complètement faux, même pour moi.
Un regard curieux glisse en direction d’Ezekiel quand il affirme connaître cette sensation de rage liée à l’impuissance. J’en suis la première surprise, un peu trop convaincue - à tort - que l’homme n’a pas souvent dû connaître ce genre de ressenti. Mes yeux ne le quittent pas alors qu’il commence à me parler de lui, de sa jeunesse. On est loin de ce que je m’attendais d’un professeur d’Harvard, du genre de déboires que je m’attendais à ce qu’il me raconte. Malgré tout, je l’écoute attentivement, hochant légèrement la tête. Sa tête reste basse tout le long de son anecdote, surement pour dissimuler la tristesse qu’il éprouve mais que je peux malgré tout voir perler au coin de ses yeux.« Ce que je vais dire va certainement paraître très horrible, mais vous avez fait ce qu’il fallait pour survivre dans cet enfer. Vous devriez vous pardonner. » Je viens poser la main tout doucement sur son bras, en geste de réconfort, sans pour autant essayer de ne pas paraître trop familière, ou pire, intrusive vis-à-vis de son espace vital.« Je ne dis pas que c’était la meilleure chose à faire, ni la plus sensée, mais vous étiez un garçon en détresse que personne n’a entendu. Ni vos parents, ni vos adelphes si vous en avez, ni vos amis n’ont entendu que vous appeliez à l’aide. Vous avez tenté de vous en sortir avec les moyens que vous aviez. » Je sais combien mes mots pouvaient être cruels, mais je savais aussi quel effet ça faisait d’appeler à l’aide sans être entendu, et dans quelle situation de désespoir il fallait être pour en arriver là. Je ne pouvais pas le juger, alors que j’avais commis pires horreurs dans le passé, pour simplement pouvoir survivre.« Vous devriez lâcher prise sur cet épisode de votre vie. Ce qui est fait est fait, et vous ne pourrez pas le changer. Mais vous pourrez faire mieux dans le futur, vous pourrez voir les signes, et aider celles et ceux qui en ont besoin à gérer cette colère pour qu’ils ne fassent pas la même erreur que vous. Ça marche en tout cas sur les jeunes filles blondes d’Harvard ! » Que je conclue avec un peu plus de légèreté et un sourire qui se veut réconfortant.
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