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Blessée physiquement et dans mon égo à deux reprises ces derniers mois, j'avais décidé de revenir à des approches de défense plus radicales que celles que je pratiquais actuellement. Je sais qu'avec ma carrure de poupée barbie ça faisait plutôt sourire de me voir dans une salle de boxe, mais moi, je n'avais aucune envie de rire. Au contraire, j'avais la rage. La rage d'être si souvent sous-estimée, parfois à raison, la rage d'avoir négligé une partie de mon éducation physique depuis mon arrivée à Boston, comptant trop souvent sur mes frères pour assurer ma défense. Le père avait eu raison sur bien des points lors de la dernière réunion de famille. Il suffisait qu'il ferme les yeux cinq minutes pour que l'on se relâche. Mais clairement, j'en avais assez de devoir être protégée. Alors fini d'être la petite blonde sur la défensive chaque fois que quelqu'un pensait pouvoir m'écraser. On allait revenir à des approches plus impactantes. La marque de ma dernière confrontation encore visible sur le haut de ma joue me rappelle pourquoi je suis là malgré les commentaires sexistes et désobligeants de certaines personnes dans la salle. Des dizaines depuis mon arrivée, sans compter les regards lourds de sous-entendus. De quoi alimenter toujours un peu plus ma rage que je décharge sur un sac de frappe. Il était temps que je me remette à frapper avec plus de précision et surtout plus de force. De longues minutes à enchaîner les exercices avant de marquer une pause pour me désaltérer, saisissant ma bouteille d'eau posée sur un banc avec ma serviette. Quelques secondes de répit que je prévois d'apprécier, tranquillement. A condition que l'on me foute la paix. A peine ais-je porté la bouteille à mes lèvres qu'un homme vient à nouveau m'interpeller, poussant ma patience à bout. « Putain mais c'est pas possible d'avoir la paix cinq minutes ici ? Non, je n'ai pas besoin qu'on me protège, ni qu'on règle mes comptes à ma place, et encore moins d'un exercice "particulier" ! Alors fous-moi la paix !  » Le ton est des plus secs, mon taux de patience descendu à zéro. Dommage, parce que si j'avais quand même pris le temps de l'écouter avant de cracher ma colère sur lui, j'aurais sûrement compris que c'était sa bouteille que j'avais dans les mains, et non la mienne.
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Retrouver une salle de boxe lui paraît irréelle, surtout avec ces deux mois douloureux qui se sont écoulés. Seulement, Ezekiel semble courir après les maux, comme s’il ne souffrait jamais suffisamment. Alors, il a enfilé une tenue de boxe moulant parfaitement son corps athlétique afin de pouvoir se remettre à cet art. Car à son sens, il est beau, ce sport qui se pratique depuis de nombreuses décennies partout dans le monde.
Sa chevelure fraichement coupée, une mèche risque malgré tout de trainer devant ses iris saphirs, mais cela lui importe peu, tout comme le fait qu’il ne connaisse qui que ce soit ici, ayant résidé à Oxford avant de partir pour le Summer Camp. L’adonis a tout juste eu le temps de découvrir l’université d’Harvard, qu’il a boudé lors de son choix afin de faire ses études supérieures, bien qu’il y ait été admis, ayant reçu une missive positive avec son dossier à remplir. Mais blesser ses aïeuls ainsi que son patriarche était une si douce revanche qu’il n’avait pu songer un seul instant à accepter de s’y rendre : celle-ci se trouvant être l’université familiale des Emerson. Seulement, à ce jour, il s’y trouve, à Cambridge. C’est au Band of brothers qu’il s’est décidé à se rendre - sous de nombreux conseils - afin de se remettre « en forme » selon ses dires. Mais est-ce une réalité ? Seul le temps pourra nous le faire savoir… En attendant, le professeur de politique et économie internationale s’affaire en sortant de son sac sa serviette, ainsi que sa bouteille d’eau. Ses mains se trouvant gantées - en rapport avec sa pathologie - il a également bandé celles-ci sur ses derniers, pour passer par la suite ceux de boxe, afin de frapper avec force dans un sac. Il faut admettre que la rentrée n’a été de tout repos et n’ayant encore déniché un club d’escrime digne de ce nom, il se remet à ce sport qu’il pratique depuis son adolescence, ayant un besoin démesuré à décharger sa colère, sa hargne ainsi que sa rage en frappant violemment dans autre chose qu’un mur. Se mettant en position, il s’échauffe, puis donne des premiers coups de poings, pour monter crescendo dans ses derniers, en mettant de plus en plus de vélocité dans ses frappes, ainsi que d’amplitude. Continuant ainsi en frappant aussi le sac avec ses pieds, l’italien d’origine rejoint finalement son sac, où un autre se trouve à présent à ses côtés, pour se rendre compte que sa bouteille d'eau lui fait défaut. *Mais où diable l’ai-je posé ?* Il s’interroge, certain de l’avoir mise au côté de son dit sac, quand, à quelques pas de lui, il note qu’une parfaite inconnue l'a en sa possession et s’apprête à boire. Fronçant les sourcils, défaisant ses gants de boxe, il s’approche de cette dernière et fait fi de bonne manière, en se raclant la gorge afin qu’elle note sa présence, quand, avant même qu’il ne puisse émettre un son, la jeune femme commence un monologue qui le laisse coi ainsi que circonspect. Joignant ses mains devant lui, il commence alors, sur un ton calme et posé :
- "Je ne comptais vous donner le moindre cours particulier, ni même m’en prendre à une tierce personne pour vous." Il regarde autour d’eux, légèrement contrarié quant au fait qu’on puisse malgré tout s’en prendre à cette jeune femme. "Aucune protection. Quant à votre paix, c’est avec plaisir que je vous la laisse, cependant…" Il se mord sa lippe inférieure, quelque peu gêné, pour elle. "… Vous avez en votre possession ma bouteille d’eau." Ezekiel fixe à présent la jeune blonde et patiente dans l’attente qu’elle réagisse, mais aussi la lui rende.  
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Je ne sais plus bien quand j’ai été si en colère pour la dernière fois. Ressentir une rage aussi brute, ce n’était pas vraiment mon genre, malgré une éducation qui avait tenté de me forger dans ce trait de caractère. Malgré tout, j’étais restée très émotive, plus encline à ressentir la peine et la douleur que la colère et la rage. Je favorisais ma propre destruction au lieu de celle des autres. Sauf que cette fois, c’était différent, parce qu’il n’y avait pas que moi qui avait été attaqué. Paco aussi. Et ça, je me le pardonnais bien moins. Le jeune homme n’était en rien mêlé à mes activités, il n’en n’avait même pas conscience, et c’était lui qui avait été pris à partie pour avoir été vu avec moi. De quoi provoquer suffisamment de culpabilité et de colère pour que les choses n’en restent là. Hors de question qu’il paye pour moi. Déjà parce que ce n’était pas mon genre de laisser les autres assumer mes erreurs, mais en plus, parce que le paternel avait raison. L’amour était un poison dangereux. Même si le mot était fort, les sentiments que j’éprouvais pour Paco étaient en train de me pousser à faire tout ce en quoi il nous avait toujours mis en garde. Laisser une faille ouverte et accessible à mes ennemis. D’où l’importance, dès maintenant, de me préparer à ce qui allait suivre. De me reprendre en main.

Sur le sac de frappe face à moi, je décharge toute ma colère, toute la haine refoulée depuis des mois, des années peut-être. J’utilise tout ce qui m’a fait du mal par le passé pour me motiver, pour donner plus de puissance à mes muscles. Je suis loin d’être une combattante impressionnante ou émérite, mais mes coups sont suffisamment rapides ou précis pour déstabiliser un adversaire qui m’aurait sous-estimé, même si j’avais encore besoin de pratique pour pouvoir véritablement rivaliser seule avec des hommes comme ceux qui nous avaient agressés avec Paco. Le corps en sueur, quelques mèches de cheveux collées à mon visage et les muscles qui commencent à être endoloris, je m’accorde une petite pause, notamment pour m’hydrater. Une pause que je pensais pouvoir apprécier sans avoir à être dérangée par qui que ce soit, mais c’était visiblement trop demandé à ce monde.

Mes yeux toisent l’homme près de moi qui se manifeste en se raclant la gorge, et à qui je ne laisse aucune chance d’ouvrir la bouche. J’en avais assez de ce défilé d’Adonis qui tentait de se placer alors que je voyais juste en leurs intentions. Ma colère craché verbalement, je reste surprise de ne pas le voir bouger, rester droit devant moi, et me répondre. Qu’est-ce qu’il fallait pour qui me foute la paix ? Je l’écoute distraitement, persuadé qu’il s’agit là d’une nouvelle technique pour m’amadouer, comme d’autres avaient essayé avant lui. Cependant la finalité de son discours est bien différente de ce qu’on m’avait dit jusque là, ce qui me fait rire. « Wouah ! J’en ai entendu des prétextes pour m’aborder mais là… Vraiment… Je ne m’entendais pas à une excuse aussi bi… » Je ne sais pas pourquoi mais dans un moment de doute, mes yeux décident tout de même de vérifier l’information et se portent sur la bouteille. « … don… Oh ! » Je me sens tout à coup très bête face à l’homme devant moi. J’étais à la limite de l’avoir agressé, et à tort en plus. Bravo Elvira. Un peu confuse, je lui tends la bouteille, avec bien moins d’assurance que quelques secondes plus tôt. « Je suis désolée, je ne devais pas être très attentive en la prenant. Mais je n’ai pas encore bu dedans. Tenez. » Même si ce n’est pas ce qui allait redorer mon image.

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Sa forme est à l’image de son été psychologique depuis son décès, malgré les années écoulés. Le Summer Camp le lui avait fait comprendre dans de nombreuses piqures de rappel et il l’avait saisi, l’adonis, qu’il en était arrivé à ce point : celui que l’on nomme de non-retour. Est-ce que Beth souhaiterait le voir ainsi ? La réponse est évidente et fuse dans son esprit : non. C’est donc pour elle qu’il est présent ici, à ce jour. Car il ne désire la rendre plus malheureuse qu’elle doit déjà l’être, tandis qu’elle se trouve à le fixer depuis le paradis. Parfois, il s’imagine que lorsqu’il pleut, il s’agit en partie de ses larmes. Malheureux, il l’est et le restera, bien qu’il puisse se sentir apaiser, selon les dires de certains de ses proches. Seulement, jusqu’à présent, cela n’est arrivé et il peine à croire que ça arrivera un jour. Le fait est qu’il se doit de se ressaisir et ainsi de se reprendre. C’est pourquoi il souhaite se remettre au sport et s’il ne peut pratiquer l’escrime pour le moment, c’est la boxe qui lui permettra de retrouver un semblant de tonicité qu’il avait autrefois. Bien entendu, sa pathologie ne l’aide en rien, mais avec ses gants qui sont bandés et ceux de boxe qu’il a ajouté sur ces derniers, il pense être suffisamment protégé. De plus, sa tenue se trouve mouler sa silhouette athlétique et son médecin lui a spécifié que s’il n’arbore sa combinaison compressive, c’est avec de tels vêtements qu’il se sentira mieux. Alors, que faire de plus ? Rien, hormis le fait de cesser de rester planter près de son sac pour commencer à frapper.
Après un cours échauffement, il commence doucement. Il faut dire qu’il n’a pratiqué cette discipline depuis Oxford. Nonobstant, il semble que cela soit comme le vélo et par conséquent que cela ne s’oublie point. Alors, c’est avec aisance qu’il retrouve ses repères, ses combinaisons qu’il adore tant afin d’affliger des coups à l’un de ses adverses, mais ici, c'est à un sac, plutôt que de monter sur le ring. Ce sont d’abord de ses poings dont il use, pour commencer à frapper avec ses pieds, ses longues jambes musclés n’ayant perdu de toute leur tonicité. Le professeur se pensait être dans un piètre et piteux état, hors cela ne semble se vérifier et c’est un sourire qui se dessine sur son visage anguleux. Sa chevelure battant l’air au rythme de ses mouvements, elle virevolte, sa mèche se positionnant de temps à autre devant ses prunelles saphirs, mais cela ne le dérange nullement. Ce qui l’ennuie, c’est cette soif accrue qu’il ressent. Cependant, sa transpiration et son souffle heurté lui font du bien, où plutôt, c’est ainsi qu’il préfère imaginer les choses tandis qu’il rejoint son sac afin de se saisir de sa bouteille d’eau. Le fameux Saint Graal qui va être au centre d’un monologue fâcheux et agressif d’une jeune femme qu’il ne connaît guère. Toutefois, il s’imagine qu’elle doit être étudiante à Harvard et se trouvant dans le corps professoral depuis la rentrée de septembre, Ezekiel préfère la diplomatie à quoi que ce soit d’autres.
Ses mains positionnées devant lui, tenant ses gants qu’il a ôtés, l’adonis écoute attentivement cette inconnue qui rejette sa colère sur lui, et cela, sans ciller. À quoi bon, de toute façon ? Parfois, nous avons tous besoin de nous défouler et grand bien lui fasse si cela permet à cette femme de se sentir plus apaiser. Seulement, Ezekiel n’occulte le fait qu’elle se sentira sous peu sotte, à cause de la situation. Car il lui explique que la bouteille qu’elle détient est la sienne à lui, mais elle n’en démord point. *Quelle mouche l’a piqué ?* Il s’interroge, tandis qu’elle reprend un laïus qui lui fait soulever un sourcil. De la patiente, il en possède, mais peu.
- "Aussi quoi ?" Il lui demande, son regard vrillé dans le sien quand elle se confond en excuses et qu’il répond après une bonne minute en fixant dans un premier temps ses gants : "Ne vous en faites pas. J’ai compris que ça n’allait pas avec vos propos." Déposant ses prunelles sur sa bouteille, il hésite à la lui laisser, se demandant si elle n’en a pas bien plus besoin que lui. "Êtes-vous certaine qu’il ne vous en faille pas une seconde ?" Il la désigne dans un mouvement de menton, hésitant à s’en saisir. "Je ne sais pas ce qui vous est arrivé, et cela ne me regarde en rien, mais vous semblez avoir besoin de parler. D’extérioriser ce que vous avez vécu. Frapper afin de se défouler n’est forcément la meilleure des solutions." Sur ses mots, il ajoute rapidement, agitant ses gants devant lui : "Il ne s’agit ici que d’un avis. Le mien. Ce n’est pas une façon de vous approcher. Je souhaite seulement, vous…" Il n’est certain d’user du bon terme, mais l’ose : "… Aider." La réalité est qu’Ezekiel s’en fait pour cette inconnue qui semble en avoir lourd sur le cœur et il craint qu’elle puisse craquer à n’importe quel moment ou encore imploser, ce qui l’ennuierait, car elle semble être une bonne personne. Toutefois, l’habit ne fait guère le moine et il ne l’omet pas.
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Je sais que je peux être extrême dans mes réactions, je sais que je suis rarement de celles qui se positionnent sur le juste milieu, je suis tout ou rien, et cette fois, j’avais décidé d’être tout. Toute ma colère, toute ma rage, la possibilité d’être ma propre vengeance. Un extrême qui disparaîtra peut-être d’ici quelques jours, quand la colère sera redescendue, quand l'hématome aura commencé à disparaître.Peut-être que d’ici quelques jours je redeviendrais douce et inoffensive, insouciante. Peut-être que j’oublierais que je peux être un monstre de cruauté moi aussi, capable de rendre les coups au centuple. Peut-être que tout ceci n’avait pour but que d’évacuer tout ce que j’avais pu ressentir de peur, de colère ou de négativité ce soir là. Peut-être que ce n’était qu’une façon artificielle de regonfler mon égo, de me rassurer en me disant que j’étais apte à me défendre seule, que je n’avais plus besoin d’être protégée par quiconque autour de moi.

Chaque coup que je porte au sac se veut précis, à défaut d’être réellement puissant. Si, comme mes adelphes, j’avais appris à me battre, je n’avais cependant j’avais réellement travaillé ma ma force. La puissance de mes muscles restait donc relativement moyenne mais ce n’était pas ça qui m’empêcherait de faire mal pour autant à quiconque venant m’emmerder une nouvelle fois. Ce qui ne semblait pas s’arrêter depuis mon arrivée dans la salle. Du moins c’est ce que je pensais. Des regards, des sourires mesquins, des commentaires désobligeants, jusqu’aux approches de drague les plus lourdes et sexistes, j’avais eu le droit à un florilège de tentatives de contact plus désespérantes de connerie les unes que les autres. Des tentatives que je pensais avoir calmées une bonne fois pour toutes, à tort.

Lorsqu’un nouvel adonis vient m'accoster, je ne peux pas m'empêcher de l’envoyer chier en beauté, sans la moindre forme de compassion ou de ménagement. Toujours sur un extrême. Mais à tort cette fois. Il ne suffit que de quelques secondes, que d’une possibilité au jeune homme pour s’exprimer avant que toute ma colère ne se transforme en confusion, lorsque mon regard se porte sur la bouteille que je tiens dans les mains. De quoi me faire passer pour une belle imbécile. Mon assurance se fait alors la malle, lorsque je commence à présenter mes excuses. Je me sens bête et stupide d’avoir presque agressé un homme qui ne cherchait qu’à récupérer ça bouteille d’eau. Dans un éclair de lucidité, je la lui tends, presque timidement. « Ca va aller. J’ai très certainement besoin d’une pause avant tout. » Le problème n’était pas la soif, ou l’hydratation, mais bel et bien l’ouragan de rage derrière lequel je me cachais. « Je pensais pourtant que c’était clair… »  Que j’annonce naïvement en faisant référence au bleu qui orne le haut de ma joue. « … Et que vous saviez quel genre de problèmes j’avais rencontré. » Après tout, le monde avait beau faire souvent comme si de rien était, on savait tous les problèmes que les femmes de ce monde pouvaient rencontrer plus ou moins fréquemment. « Mais je ne suis pas sûre que vous soyez là pour écouter une jeune femme déverser sa haine suite à une agression. » Tout comme je n’étais pas vraiment là pour en parler.

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@Elvira S. Kaine

TW : trouble HSD - agression physique évoquée

Fuir ses propres problèmes pour se préoccuper de ceux des autres est inné, chez le professeur de politique et économie internationale d’Harvard. Il faut bien admettre que préférer régler les soucis d’autrui permet de faire l’autruche en ce qui concerne les siens. S’il se laisse aller lorsqu’il se retrouve seul en plongeant dans les abysses de tout ce qui le préoccupe, lui, quand il se trouve en publique, l’homme brun aux origines italiennes ne sait que s’intéresser aux autres uniquement ! C’est pour cela qu’il se trouve bien souvent à tendre l’oreille pour se montrer à l’écoute et apporter quelques "solutions" s’il peut penser ainsi, à ses interlocuteurs. Le fait est que certaines fois, il se sent impuissant et c’est généralement dans un geste de soutien, en serrant la main de ladite personne, qu’il démontre qu’il est là, simplement. Mais il ne peut toujours agir ainsi, l’homme aux deux doctorats et à cet instant, dans cette salle de boxe, il se doute qu’un contact physique aussi simple qu’une main sur l’épaule ne sera envisageable. Car dès son début d’entraînement mis en pause afin de s’hydrater par le biais de sa bouteille d’eau, il se fait sévèrement "agresser" par cette inconnue qui la détient. Il faut dire que leurs sacs se trouvent côte à côte et que cela peut prêter à confusion, surtout avec ses accès de colère ainsi que de rage. C’est pour cette raison qu’il se démontre patient, courtois, bien qu’il n’aime qu’on le traite ainsi. S’il avait s’agit d’un homme, aurait-il été aussi délicat, au départ ? Certes, oui, mais s’il l’avait agressé de la sorte, Ezekiel n’en est certain. Le fait est que ses douleurs le tirent et qu’étant peu en forme ses derniers temps, il ne se serait sans doute pas laisser tenter par une bagarre. De plus, s’il était sanguin jeune, il n’est plus de son âge d’agir aussi bêtement. Le fait est que cette interrogation est née dans son esprit au vu des propos de la demoiselle, qui l’imaginait la draguer ainsi qu’être sexiste, c’est du moins son ressenti.
- "Je souhaitais également en faire une en avalant quelques gorgées d’eau." Il se saisit de sa bouteille pour esquisser un frêle sourire. « Mais la réalité de cette dernière est tout autre." C’est son corps, qui le fait souffrir, à cause de sa pathologie. "Je pensais que vous vous entraîniez beaucoup ici et que vous aviez reçu un mauvais coup. » Fronçant les sourcils, une ridule se créant entre ces derniers, le professeur ne met énormément de temps avant d’imaginer ce qui a pu arriver à l’inconnue présente devant lui. Autant de colère, de besoin de frapper, ne peut venir que d’un fait : une agression. Au vu de son bleu présent sur son visage, il imagine sans mal ce qu’elle a dû vivre. "Pardonnez-moi, j’imaginais autre chose. C’est la première fois que je viens ici." Mais en réalité, il ne se trouve d’excuses quant à son manque de clairvoyance alors qu’il avait plusieurs indices sous les yeux. "Si jamais vous souhaitez en parler, il est parfois plus aisé de le faire avec un inconnu et je vous promets de m’essayer à être attentif à vos propos. D'être à l'écoute." Déposant ses gants de boxe sur son sac, il grimace en forçant le bouchon de sa bouteille à céder pour la porter à ses lèvres et ainsi à en avaler quelques gorgées. Puis, la déposant à l’intérieur de ce dernier, il lui demande : "Souhaitez-vous que l’on discute ?" Se pinçant les lèvres, il termine de reprendre après avoir levé les yeux au ciel : "Veuillez excuser mon impolitesse. Je me nomme Ezekiel. Puis-je vous demander votre prénom ?" Autant recommencer sur de bonnes bases en mettant de côté ce qu’elle a pu lui dire pour reprendre leur conversation. Et pourquoi pas, en venir à ce qu’elle a bien pu subir lors de son agression, afin que son cœur s’allège, ne serait-ce qu’un tout petit peu.


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Je me sens incommensurablement bête lorsque je prends conscience de mon énervement injustifié. Quelque part, c’était tout moi de réagir excessivement, alors qu’il faudrait plutôt que je garde mon calme. Mais impossible de me décharger de cette colère, et tant que celle-ci ne serait pas redescendue, je savais bien que j’allais rester bêtement agressive envers la terre entière. C’était comme ça, j’en voulais à tout le monde de cette situation, de ce moment de faiblesse, pour masquer combien je m’en voulais avant tout. Je sais au fond de moi, que j’aurais pu éviter cette situation, qu’il y avait des moyens pour éviter ce coup que j’avais pris, et pourtant… Je ne sais pas, j’agissais comme si cela était une surprise alors que cela faisait des mois que je négligeais toute forme d'entraînement physique ou presque. Bien sûr, je n’avais jamais été une boxeuse pour autant, mais mes réflexes avaient sacrément diminués, et c’était bien ce qui me dérangeait. Et me faisait peur. Si je n’étais pas capable de me défendre face à de petites frappes sans jugeote, qu’est ce que ça donnerait face à de réels dangers, face à ceux qui nous voudraient du mal, à ma famille et moi ?

La boxe avait donc pour objectif de m’aider à me remettre en forme autant que me défouler de toute cette rage loin d’être dissimulée. L’homme venait d’en faire les frais, j’étais juste une bombe à retardement, dénuée de raison, ou en tout cas, de lucidité, jusqu’à ce qu’on me le fasse remarquer. Je lui tends sa bouteille, le visage un peu bas, comme pour masquer ma gêne. Vraiment, si bête. Finalement, une pause pour retrouver un peu de clairvoyance ne pouvait pas me faire de mal. « Non, je ne suis pas vraiment une habituée des lieux. C’est peut-être la troisième fois que je viens et encore… » Je ne sais pas combien de fois j’ai mis les pieds dans cette salle. Pas souvent, c’est certain. Ici, je suis une inconnue, et c’était sûrement pour cette raison que tout le monde pensait que j’étais une petite chose fragile à protéger. « D’habitude, je suis plutôt self-défense ou krav maga. » Des techniques plus proches de mes capacités physiques mais aussi de mes objectifs. En réalité, je n’avais jamais vraiment eut vocation d’être capable de me battre contre qui que ce soit, seulement, d’être capable de me défendre, de me protéger, et d’éviter d’être un poids mort pour mes proches si un jour les choses devaient mal tournées. « Ne vous excusez pas, vous ne pouviez pas devenir. Et je suis normalement bien placée pour savoir que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent. » Quelque part, c’était moi qui avait imaginé des choses sans fondements. Son approche à lui, était tout à fait sensée, la mienne, chaotique. Voilà la triste vérité. Je me décale un petit peu, fouille dans mon sac pour trouver ma bouteille d’eau, jusque-là négligée. Il était temps de retrouver mon calme. Doucement, je fais forcer le bouchon, porte la bouteille à mes lèvres, puis la pose quelques secondes au contact de mes joues pour me rafraîchir, tout en levant le regard vers l’inconnu. « Je ne suis pas sûre que ça vous intéresse vraiment d'écouter les déboires d’une étudiante qui a fait une mauvaise rencontre en sortant d’un bar avec un ami. » Tristement, ça n’avait rien d’exceptionnel. Je n’étais pas la première à qui ça arrivait, et certainement pas la dernière. « Elvira. » Que je réponds calmement à sa question, après avoir enregistré son prénom également. Je repose ma bouteille dans le sac, me pince les lèvres en reposant mes pupilles sur le sac de frappe. Jusque là, ça n’avait pas vraiment donné le résultat escompté, alors peut-être qu’il était tant d’essayer une autre approche. Je lève la tête en soupirant bruyamment, n’étant pas vraiment en accord avec ce que j’allais faire. « Je suppose qu’en parler à quelqu’un ne peut pas vraiment me faire de mal… » Et qui sait, peut-être que ça m’aidera à passer à autre chose.
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@Elvira S. Kaine

TW : trouble HSD - agression physique évoquée - décès des proches

Ezekiel craignait de faire face à ses problèmes de santé qui seraient visibles lors d’un entraînement de boxe et il n’en fut pas déçu. Après avoir déniché une salle dans le centre de Boston, il frappait avec une certaine force, mais se sentait inévitablement vanner. Sa fatigue était si présente qu’il puisait dans ses dernières forces et promptement, il se rendait compte qu’il ne parviendrait pas à frapper bien longtemps dans ce maudit sac. L’été avait été rude, comme les trois dernières années à Oxford puis ici même, et il ne savait pas si un jour, il parviendrait à retrouver celui qu’il était, avant de les perdre toutes deux.
Heureusement, le professeur en politique n’a guère le temps de se questionner longuement, puisque dès lors qu’il désire s’hydrater, une jeune femme est en possession de sa bouteille. Une discussion s’ensuit, et après qu’elle est laissée ses foudres s’abattre sur lui qui n’a point broncher, cette dernière se tient, le menton baissé, face à lui.
- « Redresser la tête, ce n’est qu’une bouteille d’eau, après tout. » Il prononce à son intention, un frêle sourire présent sur son visage, qu’il aimerait être communicatif. « C’est la première fois que je viens. » Il ajoute à la suite de ses propos, pour qu’ainsi, elle comprenne qu’ils sont similaires dans certains points. « Effectivement, vous semblez posséder le physique pour. » Il surenchérit, souhaitant qu’elle n’y voit pas quoi que ce soit de machiste, tandis qu’il parcourt la salle du regard et continue : « Je désirai trouver une salle dans laquelle on pratique l’escrime. » Ezekiel hausse des épaules, une moue légère présente sur son visage anguleux : « Je ne l’ai pas encore débusqué. » Il aime la boxe, se défoulait jadis, lorsqu’il pratiquait, mais l’escrime, c’est tout autre chose. Il adore cet art, comme il le nomme si bien et il excelle dans ce dernier, ou du moins, excellait.
Rebondissant sur ce qu’elle a pu subir, l’homme aux origines italiennes s’excuse de n’avoir compris qu’elle avait été agressée et à sa réponse, il se pince les lèvres, si bien qu’elles disparaissent pour ne laisser place qu’à un trait. Méditant sur ses propos pour essayer de saisir ce qu’elle lui cache, il ne pipe mot quand il lui propose qu’ils discutent, puisqu’il ne peut rien faire de mieux. S’il avait été en meilleure santé, il lui aurait proposé de le frapper, seulement, ne le pouvant et peu désireux qu’elle s’en prenne physiquement à lui, il s’assied sur le banc sur lequel trône son sac de sport pour reprendre, ses mains entourant sa bouteille d’eau :
- « Je peux également vous conter les déboires d’un professeur d’Harvard qui n’enseigne que depuis la rentrée de septembre, si vous le souhaitez. » Ses iris saphir s’ancrent dans les siennes : « Mes déboires. » Une fois n’est pas coutume, il lui offre un nouveau sourire, qui s’affiche davantage encore sur son visage afin de l’encourager à se livrer avant de décaler son sac afin qu’elle puisse prendre, elle aussi, place sur le banc. Ce dernier entrouvert entre tous deux, il y range sa bouteille puis en ferme la fermeture Éclair et entremêlent ses doigts, ses mains étant gantées de ses mitaines qu’il porte à cause de sa pathologie. « Alors. » Il débute, baissant d’un ton afin que tous ne les écoutent. « Quand a eu lieu votre agression ? » Toute trace de joie s’est éclipsé de son visage et seules ses prunelles retranscrivent son intérêt, ainsi que sa compassion, bien qu’il ne connaisse encore les tenants et les aboutissants de cette histoire.


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Ce n’est pas pour la bouteille d’eau que je baisse la tête, mais plutôt à cause de mon emportement et mon attitude assez abject dans laquelle je me suis permise de sous entendre que l’homme pouvait être bien des choses peu flatteuses, alors qu’il ne cherchait qu’à récupérer ce qui lui appartient. Mais l’homme ne semblant pas entretenir la moindre amertume à mon égard, je relève la tête, un frêle sourire sur les lèvres, comme une façon de dire que je suis désolée, tout en le remerciant de sa bienveillance. Lui aussi découvre un peu les lieux, ce qui justifie la confusion. Ni lui ni moi n’étions des habitués des lieux, et c’était sûrement pour cette raison que nous imaginions déjà que l’autre puisse l’être. Mais pour ma part, j’étais plutôt adepte de sports moins brutaux que la boxe, et plus adaptés à ma force physique, ce que je ne me cache pas de dire, même si lui semble penser que j’ai bien plus de force que je ne veux l'admettre. Je le sens au ton employé derrière sa remarque, bien que sexiste, qu’il y a quelque chose de trop dans sa voix pour être sincère. Quelque chose qui met en lumière l’ironie de ses mots. Je parcours la salle du regard avec lui, les sourcils légèrement foncé alors que je tente de comprendre ce qu’il y cherche, avant de confesser que la boxe n’est pas non plus son premier choix. Finalement, on était un peu deux étrangers ici. « Pour l’escrime… Il me semble qu’il y a une salle vers Newbury Street ? » Je réfléchis quelques secondes à ce que j’avance. J’avais fréquenté un étudiant qui en pratiquait il y a quelques années maintenant, et je me souvenais avoir souvent fait du shopping dans ce coin-là avant d’aller le rejoindre. « Si elle existe toujours. » Ca, c’était un autre souci, Boston évoluant toujours à vive allure, se renouvelant sans cesse, et il suffisait parfois que je ne mette pas les pieds dans un quartier pendant quelques semaines pour être dépaysée. Alors si on commençait à parler en années… « Mais vous devriez vous renseigner par là-bas. » Que je lâche dans un haussement d’épaules. Après tout, c’était toujours un début.

Si dans un premier temps, je refuse l’idée d’évoquer les détails de mon agression et les raisons qui me poussent à me défouler ainsi sur le sac de frappe, je me laisse convaincre en réalisant que malgré les jours qui passent et les diverses tentatives pour tourner la page, la colère ne disparaît pas. J’en veux toujours à ces mecs qui nous ont pris en grip, je m’en veux toujours d’avoir été trop confiante à l’idée de les confronter, et surtout, je m’en veux toujours d’avoir mis Paco en danger. Mais le pire, et c’est ce qui alimentait le plus gros de ma colère, c’était ce sentiment d’impuissance que j’avais éprouvé lorsque je m’étais retrouvé au sol. Alors finalement, peut-être que c’était ça la solution, la méthode pour me décharger de tout cela. Reconnaître pourquoi j’étais si en colère, au lieu de me cacher derrière l’agression en elle-même. Je viens m’asseoir sur le banc à côté d’Ezekiel, laissant une distance raisonnable entre nous. « Vos déboires semblent nettement plus intéressants que les miens cela dit ! Je serais curieuse de les entendre ! » Après tout, je n’avais pas souvent l’occasion d’échanger avec un professeur d’Harvard en dehors du cadre de l’apprentissage ou professionnel. Nos regards se croisent lorsqu’il pose sa première question, provoquant chez moi un soupir, comme pour me donner la force de conter mon histoire. Ou en tout cas, celle de ces derniers jours. « Il y a quatre jours. Rien d’exceptionnel dans les détails, j’étais avec un ami dans un bar, on a bu quelques verres, et quand on a voulu quitter le bar, quelques mecs nous ont accosté. Je crois qu’ils ont pris mon pote pour un dealer, ou ce genre de connerie. Le ton est monté, je me suis interposée en leur disant de lâcher l’affaire et… » Je pointe le haut de ma joue pour conclure ma phrase. L’hématome qui s’y trouvait était bien assez parlant. « Mon ami a prit un coup aussi avant que d’autres personnes ne s’en mêlent et nous aide à nous sortir de là mais… Je me suis sentie si fragile et faible sur le moment. Ça m'a foutu la rage. » Et cette rage persistait depuis.

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@Elvira S. Kaine

TW : trouble HSD - multiples agressions physiques évoquées - propos injurieux - évocation du souhait de donner la mort dans le passé

La boxe, il a commencé à la pratiquer très jeune. Ezekiel avait ce besoin irrationnel de frapper dans quelque chose et plutôt que ce soit dans les murs, c’est un sac de frappe qui lui a été offert lors de l’un de ses anniversaires. C’était une excellente idée en soi, puisqu’il y assénait des coups, encore et encore, dès lors qu’il en avait besoin, mais ses parents commençaient à se demander les raisons de sa rage. Seulement, il ne parlait pas. Ne le pouvait pas, tout bonnement. Alors, plus les années défilaient et plus, il cognait dedans, de jour comme de nuit. Il faut dire que taire les raisons d’un tel état est la plupart du temps désastreux, car lorsqu’enfin, il l’a laissé s’extirper, sa dite colère, cela a failli couter la vie d’un parfait salaud, certes, mais il aurait eu de terribles ennuis s’il avait été au bout de sa prise autour de la gorge de cet homme.
L’escrime s’est imposé à lui lorsqu’il est allé étudier à Oxford et cela lui a permis d’en apprendre davantage sur le fait de savoir esquiver. Puis il a toujours trouvé ce sport d’une beauté inqualifiable, en rapport avec les autres. Sans doute à cause de la maîtrise qu’il faut avoir, ainsi que la retenue de temps à autre avant de donner le coup qui lui permettait d’avoir son point. Il y avait aussi les tenues ainsi que la posture. C’était à l’image d’une symphonie à ses yeux et c’est toujours le cas, aujourd’hui.
- « Newbury Street ? » Il reprend, songeur, quand il se dit qu’il devrait le noter afin de le retenir, seulement, il n’en fait rien. Et cela, pour une raison bien particulière : sa pathologie. À l’heure actuelle, il a déjà bien eu du mal à ôter ses gants, alors prendre un stylo et écrire est tout bonnement impossible à imaginer. Puisqu’il ne pourrait le tenir et encore moins cacher la douleur qui se lirait sans mal sur son visage. « Je devrais pouvoir le retenir. » Il murmure davantage pour lui-même que pour Elvira, lorsque aux propos qu’elle ajoute, l’espoir de trouver un tel lieu se dissipe. « J’irai me renseigner, merci. » Pour l’information, bien qu’il ne soit pas l’un de ceux qui gardent espoir en quoi que ce soit. Puisque ce dernier est vain, synonyme de malheur et n’apporte que tristesse.
En tout cas, s’il y a une chose que le professeur est capable de faire : c’est écouté. Malgré ce que l’on peut s’imaginer en le voyant, il a bien plus de cœur qu’il ne souhaite qu’on puisse savoir. Car montrer ses faiblesses lui a toujours été prohibé et qu’il a grandi ainsi, en apprenant cette règle parmi tant d’autres.
- « Si vous saviez. » Il répond un sourire s’inscrivant sur son visage carré, à cause de ses mots qui sonnent on ne peut plus justes. Il pourrait écrire un roman sur son existence, même plusieurs ! Seulement, il ne le fera évidemment jamais. « Nous verrons en ce qui concerne l’un de mes déboires. » Il ajoute pour se remémorer plusieurs d’entre eux avant de reprendre et ainsi de l’encourager à parler ; à enfin vider son sac. « C’est étrange qu’ils aient pu penser qu’il était un dealer. » Ce sont les premiers mots qui s’extirpent d’entre ses lèvres pleines, alors que ses sourcils se sont froncés et qu’il médite à ce propos. « Heureusement que d’autres personnes sont intervenues, afin de vous venir en aide. » Lui-même l’aurait fait sans se poser la moindre question, puisqu’il est du genre bagarreur lorsqu’il se rend dans les bars, notamment lorsque l’on s’en prend à une personne qui n’a strictement rien demander. « Cela explique donc la trace sur votre joue. » Ezekiel pourrait se mettre en rogne, fulminer contre ces jeunes, mais il est bien trop épuisé ainsi qu’affaibli. Alors, il se contente de répondre ce qu’il pense, sans réagir, bien que ses poings se serrent quelque peu. « Comment se porte votre ami ? » Il conclut son regard retrouvant le sien, quant à la fin de sa phrase, il acquiesce laconiquement. « Je ne connais que trop bien cette sensation. » Il lui vient soudainement à l’esprit qu’il doit rendre le change et il soupire, regarde une nouvelle fois autour d’eux, avant de conter sa propre histoire. « J’étais si en colère lorsque j’étais jeune que mes… » Il déglutit. « … parents ont cru qu’un sac de frappe m’aiderait à me défouler. Ce fut le cas, au début. Mais j’étais toujours aussi en rogne. Plus les années défilaient et plus, elle montait crescendo. Car je craignais de parler, de dire enfin ce qui n’allait pas. » Il baisse le regard, ce dernier empli de scintillement dus à des larmes. « L’homme qu’il avait engagé afin que j’apprenne les bonnes manières, les codes, me violentait. Il m’anéantissait aussi, psychologiquement parlant. Selon lui, mes fameux parents le lui avaient demandé. Bien évidemment, je l’ai cru. » Puisqu’il avait été adopté et n’avait confiance en personne, seulement, il tait cette partie de son histoire. « Il est par conséquent resté et à continuer de m’humilier pour me donner des coups de plus en plus forts. Cela variait entre gifles, coups de poings dans le ventre et bien d’autres choses. J’ai encaissé durant si longtemps qu’un jour, je n’ai pas pu me contenir et il a été mon sac de frappe. À la fin, son visage était en sang, mais surtout, mes mains étaient autour de son cou. Je ne souhaitais qu’une chose : qu’il meurt. Par moi. À cause de tout ce qu’il m’avait fait subir, toute cette rage que j’avais accumulée en moi. » Il est loin d’en être fier et n’en avait jamais parlé à personne avant cet instant. « Fort heureusement pour moi, mère est apparue et est intervenue. Elle m’a supplié de le laisser et des larmes de colère ont roulé sur mes joues. Je leur ai dit que je savais qu’ils lui avaient donné l’autorisation de me battre, mais la réalité était toute autre. » Sur ces derniers mots, il n’ajoute rien de plus et se contente de fixer le sol, sa révélation l’ayant remué plus qu’il ne l’aurait envisagé.


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