SOREN WITTGENSTEIN ► eran farkash

enfant roi, trop gâté, adulé. soren n’est ni plus ni moins qu’une personne détestable. celui à qui l’on a jamais rien refusé, celui dont on a dissimulé les caprices et les peines par d’innombrables privilèges. celui à qui on a appris que « oui » n’était pas une option, qu’assouvir la moindre de ses envies était son dû. soren, c’est le gamin dont on a profité des faiblesses pour le façonner d’une certaine façon. un crâne qu’on a bourré d’affirmations destructrices et erronées. une personnalité forgée sous une pluie de devoirs, d’ambitions et d’espoirs paternels.

soren est exécrable, soren marche sur les autres pour mieux briller. il ne supporte pas l'échec, le refus, la défaite. croule sous un besoin constant d'exister, de montrer qu'il n'a pas eu besoin de ce dont il a manqué pour se forger, de prouver qu'on a fait le bon choix de l'abandonner et qu'il est prêt à le faire payer.

but beautiful.

soren c'est aussi un écorché vif, une douceur brute et un coeur pur. il ne fait pas miroiter des fausses affinités, se contente d'un cercle ultra fermé sur lequel il appuie un contrôle permanent. une exigence qu'il impose à ses proches, une loyauté à tout épreuve. il va au front pour ceux qu'il aime et réduit en cendres ceux qui les trahissent. c'est un ami, un vrai, mais celui de peu de personnes. un ami qu'on appelle à toute heure, qui garde le moindre secret quitte à l'emmener dans sa tombe. un ami difficile à apprivoiser mais qui gagne à être accepté.

soren est né le six mars 1998, deux ans après l’adoption d’eren, son frère. premier enfant biologique du prince gustav de sayn-wittgenstein-berleburg, on lui accorde très rapidement une légitimité d’héritier, à laquelle son frère n’a soudainement plus droit. ※ un déferlement médiatique s’abat sur eren pendant plusieurs années, alors qu’on offre à soren une enfance normale, privilégiée, aux yeux de tout le pays. école privée, activités extra-scolaires. soren est mis en avant à chaque apparition publique, au détriment de son grand frère. ※ en 2003, à l’issue d’une lutte acharnée contre son mari, leur mère décide de fuir l’allemagne, emportant avec elle eren. seulement âgé de cinq ans, soren ne comprend pas encore les conséquences d’un tel abandon. ※ gamin triste laissé seul à son père, soren devient très vite l’enfant roi. on cède au moindre de ses caprices pour combler le manque d’une mère absente et d’un père aux fonctions princières trop prenantes. ※ son éducation reste des plus strictes, on cultive chez lui un désir d’extraordinaire, on lui répète tous les jours ô combien il est important. on lui inculque que le savoir apporte le pouvoir, que la puissance et l’image de la maison de sayn-wittgenstein-berleburg passe avant tout. petit à petit, on prépare à soren à un futur qui ne lui était pas dû. ※ soren grandit, entouré de multiples visages et employés qui défilent dans sa maison. jardiniers, cuisiniers, femmes de ménages, maîtres de maison, nourrices… soren s’amuse à faire la connaissance de chacun d’eux, parce que si la politesse est une vertu, savoir qui l’entoure est capital. ※ rencontre avec elena, fille de la nourrice. cette petite brune du même âge que lui, qui trainait dans les pattes de sa mère et par conséquent, dans celles du petit prince. quelques blagues échangées et voilà qu’une complicité naît entre les deux. bouffée d’air frais pour soren au sein de son propre foyer, légèreté pour laquelle il nourrit une affection particulière au fil des années. ※ l’adolescence. l’étau qui se resserre autour de l’enfant parfait du prince gustav. jeune homme qui prend en assurance, caractère qui doucement se dessine. on le remarque. la presse l’encense, tantôt pour ses apparitions réussies aux côtés de son père, tantôt pour ses exploits sportifs. ※2016. les dés sont rejetés. eren est officiellement renié de la famille, laissant définitivement soren prendre toute la place. à dix huit ans, soren est déclaré prince héritier, tout change. tout s’accélère. ce qui était auparavant plausible, devient une certitude. la prise de conscience est immédiate, tel un switch on/off. ce moment, au fond, soren l’attendait avec impatience, persuadé qu’après toutes ces années, eren n’aurait pas mérité de conserver un tel titre. ※ la pression s’intensifie, les responsabilités pèsent davantage et soren les porte d’une main de maître. Imperturbable devant les pièges qu’on peut lui tendre, il démontre une force de caractère impressionnante. le fossé se creuse entre l’enfance et l’avenir. exit les nourrices, exit les amitiés légères et insouciantes. très vite, soren et elena ne se comprennent plus, il ne l’écoute plus, ne lui accorde plus l’attention ni l’importance qu’elle avait avant. plus de temps à investir dans quelque chose qui ne mènera à rien. ※ soren commence ses études de droit à munich. quelques déboires, des étudiants tentent de salir la réputation du prince parfait qu’on lui connait. en vérité, soren est exécrable. prétentieux, condescendant, il mène au doigt et à la baguette un petit groupe de « fils de » de l’université. beaucoup le détestent, beaucoup le redoutent, mais c’est auprès de la gente féminine qu’il fait toujours l’unanimité. ※ en 2018, un incident survient pendant des vacances hivernales en autriche. sous l'influence de l'alcool, soren s'en prend violemment à un de ses amis de la fac et le tabasse dans une boite de nuit pour avoir fait du rentre dedans à sa meuf du moment. son attitude irresponsable lui vaut un sermon des plus durs de son paternel, mais le procès lui est évité grâce à un généreux chèque. erreur. soren se croit donc invincible. ※ 2020. victime d’une mauvaise réputation à munich, soren aspire à d’autres horizons. plus de prestige. finir ses études de droit à harvard. au fond, une certaine tentative de fuir la pression constante, mais qu’il niera toujours. drame qui le frappe de plein fouet à son arrivée, face à face avec un frère oublié depuis des années. effet miroir d’un douloureux épisode de son passé, soren ne l’aime pas, le déteste, le réduirait à néant s’il pouvait pour lui avoir arraché la présence d’une mère et inéluctablement, celle d’un frère.

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<span class="pris">ERAN FARKASH</span> <g1>-pris-</g1> @"Soren Wittgenstein"