we're in trouble (elvira)

@Paco Reyes | La rentrée a beau avoir eu lieu il y a quelques jours, l’euphorie des vacances ne semble pas s’être totalement dissipée. Les amis se retrouvent, les bars se remplissent de nouveau, et les célébrations en tout genre se multiplient, faisant presque oublier à beaucoup d’entre nous que d’ici quelques jours, il faudrait sérieusement se remettre à bûcher sur nos cours. Je fais partie de celles qui ont décidé de prolonger un peu les vacances le temps que les enseignements redeviennent vraiment intenses, ayant accepté plusieurs soirées au cours de la semaine. Certaines plus posées que d’autres, simplement pour le plaisir de revoir quelques personnes avec qui je n’avais eu que peu de contact pendant l’été. Ou pas assez à mon goût. Un peu comme avec Paco, avec qui un bon courant passait. Difficile de mettre véritablement un mot sur notre relation, mais il était clairement ce qu’on pouvait associer à un crush estival. C’est donc sans retenue que j’avais accepté de le rejoindre ce soir pour un petit verre en tête à tête, ne sachant pas trop la tournure que prendrait notre relation maintenant que nous étions sur Boston, mais j’avais bon espoir que ça puisse durer tout de même un peu.

Familière avec le Lord Hobo, je n’ai aucune difficulté à rejoindre l’établissement et à me frayer un chemin à l’intérieur jusqu’au jeune homme que j’aperçois rapidement. D’un pas léger et enthousiaste, je viens jusqu’à lui, m’installe face à lui avec un large sourire. « Hey ! Ca va très bien et toi ? Alors, pas trop épuisé par cette première semaine de cours ? » Même si la plupart des enseignements n’étaient pas des plus difficiles en ces premiers jours, il n’était pas toujours simple de retrouver un rythme adéquat pour les cours après ces longues semaines de vacances. « Tu es en 5ème année c’est ça ? C’est ta dernière du coup ? » J’essaye de remettre en ordre certaines informations qu’il m’avait donné lors de nos divers rendez-vous. Pas que je ne l’écoutais pas, au contraire, mais son attitude avait parfois vite fait de me distraire.

@Paco Reyes | J’affiche un sourire, amusée par les propos de « Je comprends, c’est un sacré campus que nous avons là. Mais tu t’y feras vite. » Moi aussi, ça m’avait fait étrange, alors que j’étais pourtant habituée à Oxford, mais au bout de quelques semaines on commençait à connaître les chemins par cœur, au moins pour nos bâtiments. Et puis l’avantage c’est qu’avec le nombre de personnes sur le campus, on était jamais complètement perdu. Il y avait toujours quelqu’un pour nous aider à retrouver notre chemin. Je hoche lentement la tête à ses propos lorsqu’il me confirme être en cinquième année. Une information retenue sans trop de mérite, simplement parce que j’avais su me faire la réflexion qu’il en était au même stade que moi. « Ca doit te changer ! Même si l’université de Boston reste impressionnante malgré tout. » A se demander quelles universités américaines ne l’étaient pas. Notre discussion marque une légère pause lorsque le serveur vient prendre nos commandes avant de reprendre avec son départ. « Je vois que tu m’as vaguement écouté. » Je le taquine en riant. Difficile de lui en vouloir, surtout que la plupart de nos discussions avaient pris des tournants plus intimes. Finalement, elle était peut-être là l’occasion d’apprendre un peu plus à le connaître. Après tout, dans un endroit comme celui-ci, on était obligé de se tenir. « En cinquième année aussi. De biochimie. Mais je ne sais pas encore si je m’arrête là ou si je signe pour trois années supplémentaires. » Je lâche un petit soupir. Doctorat ou pas doctorat, je n’arrivais pas vraiment à me décider.  

@Paco Reyes | Il n'était pas toujours facile de préserver ses amitiés estivales lorsque le retour au quotidien se faisait. Certaines amitiés, d'apparences légères et décontractées n'avait pas forcément leur place entre les cours, les révisions, les vies de familles, le boulot et tout la réalité que représentait Boston. J'en suis la première à en avoir consciente, que certaines relations sont destinées à s'éteindre entre les gratte ciel de la ville, que certaines ne pourront plus évoluer sans que d'évident risques ne viennent les fragiliser. Ma relation avec Paco fera certainement partie de celles-ci, de celles dans lesquelles j'aurais peur de m'investir plus malgré ce quelque chose d'évident qui pulse dans mes veines, mais au moins, notre relation actuelle était préservée. Un léger rire vient glisser entre mes lèvres alors que je secoue légèrement la tête. « Je ne sais pas si on peut vraiment dire ça. Ca a juste toujours été clair dans mon esprit, logique. Et pourtant, d'un autre côté, je suis incapable de comprendre les bases fondamentales de la mécanique ou de l'informatique, alors je suppose que chacun à simplement son domaine dans lequel il se sent à l'aise. » Même si j'excellais dans mon domaine, de nombreux autres m'étaient obscurs.  Mon verre dans la main, je le porte à mes lèvres pour en boire une gorgée et me stoppe, le verre toujours au bord des lèvres, le regard froncé dans une expression d'incompréhension face aux derniers mots de Paco. Je repose doucement mon verre sur la table malgré ce sentiment désagréable dans ma poitrine. « Tu veux dire, ne plus se revoir du tout ? » Notre relation - quelle qu'elle soit - allait vraiment prendre fin avec notre retour à Boston. « Tu es perdu ou tu sais déjà qu'il y en a une autre qui compte plus que les autres ? » La question va peut-être facher, mais pour moi, c'est à ça que ça ressemblait. A quelqu'un qui a déjà fait son choix.