Et si je jouais avec toi ? - Jucia

Une pluie battante venait de s'abattre sur la ville, malheureusement je n'avais pas de parapluie sur moi et il faisait déjà noir. N'étant pas rassurée j'entrais dans le premier bar que je voyais pour m'abriter et appeler ma soeur afin qu'elle vienne me chercher. J'entrais dans l'endroit, une odeur d'alcool émanait des gens et il restait quelques places de libre au niveau du bar, les tables, elles, étaient toutes prises. J'allais donc m'asseoir, et je tentais d'appeler ma soeur, qui, comme toujours, ne répondait pas. Mes cheveux étaient encore trempes et je grelottais, mais la chaleur de l'endroit me réchauffa en quelques minutes. Je demandais une pression au serveur histoire de m'occuper en attendant qu'elle me rappelle, ce qui pouvait être long. Je buvais ma bière tout en envoyant des messages à l'aide de mon téléphone, quand une jeune fille décida de s'asseoir à côté de moi, je la regardais d'un air intrigué et elle aussi. Mes cheveux mouillés peut-être?

à tes oreilles viennent le doux clapotis de l'eau. celui-ci s'est vite vu remplacé par une pluie torrentielle qui, à petit feu, te dissuade d'aller t'aventurer dehors. de ce fait, tu ne fais qu'espérer que le déluge cesse, que tu puisses quitter cet endroit mal famé. tu regrettes tant d'y avoir mis un pied! une belle erreur, simplement attirée par un soupirant dont tu as écourté la déclaration. depuis une heure déjà, tu tues le temps en contemplant, dégoutée, la crasse qui orne le bar. tu sirotes ta bière, et tu te dis qu'ainsi, tu représentes parfaitement le cliché de la lesbienne. tu esquisses un pâle sourire. non, pas habillée ainsi. pas avec cette chemise blanche rigide et transparente, boutonnée jusqu'en haut, ni avec ce cheap monday seconde peau noire, zippé à la cheville, et encore moins ces boots bordeaux à haut talon. non, au final, tu es plutôt le portrait de la pauvre fille qui attend son mec qui n'est jamais revenu des toilettes. ton regard se pose sur la sortie, et tu remarques une bien jolie silhouette plus loin. d'humeur joueuse, tu décides, effrontément, d'aller la rejoindre dans sa solitude. elle est plutôt jolie, malgré sa chevelure trempée. tu la contemples quelques secondes avant de l'aborder, le sourire aux lèvres. « c'est étonnant, en dépit du fait que tu sois trempée jusqu'aux os, tu demeures très jolie. tes beaux yeux jouent peut être pour quelque chose, qui sait ? » l'abordes-tu,

Voilà une jeune femme qui n'a pas froid aux yeux, c'est ce qui me traversait l'esprit lorsqu'elle termina sa dernière phrase. J'étais d'abord surprise car c'était bien une des premières fois qu'une femme m'abordait de la sorte et puis ma seule aventure avec une personne de la gente féminine c'était Emma et je n'avais vraiment un bon souvenir de cette expérience. Néanmoins, l'ennui me faisait de l'oeil et je décidais de profiter de cette occasion pour m'amuser et voir où cela me m'enterait. Je souriais donc à sa remarque en jetant un bref coup d'oeil au sol histoire de donner l'impression que j'étais gênée. Et puis, elle n'était pas si mal non plus, non pas que je dis être attirée par elle, mais d'un point de vue masculin, elle était vraiment attirante, du moins je pense. Je prenais ma bière dans ma main droite avant de lui répondre. T'es pas mal non plus dans ton genre, même si tu sembles trop bien apprêtée pour ce genre d'endroit. lui dis-je avant de boire une gorgée tout en souriant.

elle semble gênée, juges-tu d'après son regard fuyant. tu savoures alors cette mince victoire. tu es rassurée de ne pas être tombée sur une homophobe, ce qui aurait été assez contraignant. de plus, son visage ne te semble pas tout à fait étranger, sans doute l'as-tu croisé au sein d'harvard. tu te presseras d'éclaircir ce point tout à l'heure. ton regard effleure toujours son agréable visage, et tu ne peux cesser de penser à quel point c'est dommage, qu'elle ait les cheveux ainsi trempés. tu l'observes prendre sa boisson, une bière elle aussi. « t'es pas mal non plus dans ton genre, même si tu sembles trop bien apprêtée pour ce genre d'endroit. » tu souris à la remarque. c'est certain que tu déteins grandement comparée à cet endroit mal famé. tu jettes un regard par dessus ton épaule, en levant les yeux au ciel. ou du moins, au plafond. « un keum m'a emmener ici, il voulait m'inviter au bal et s'est donc arrêté dans le premier rad merdique pour me le demander. à l'origine il m'avait proposé un pic-nique à deux non loin. » tu étouffes un rire discret. « sauf que comme il m'intéressait pas, j'ai coupé court à son élan. » tu t'avoues quelque peu fière de cette mésaventure. « le problème c'est qu'il est allé au toilette juste après, et qu'il n'est jamais revenu. » tu soupires avant de t'interroger sur son cas. « et toi, t'as pas l'air d'être commune à ce genre de trou, tu fous quoi ici bas ? »

La jeune femme qui se trouvait devant moi m'intriguais. Elle venait de me déballer sa vie tout ça avec un langage assez grotesque qui ne correspondait pas du tout à ce que j'avais l'habitude d'entendre, mon éducation de bonne famille en prenait un coup et je ne savais pas quoi dire. "Rad merdique" "Keum", des mots à éliminer d'un vocabulaire, ce n'est pas éloquent et je ne supportais pas ça pour être honnête, mais bon je n'étais pas d'humeur à me prendre la tête pour des broutilles surtout que l'envie de m'amuser était bien trop forte. Le pauvre, tu viens de lui briser le coeur, j'sais pas s'il s'en remettra de se faire rembarrer par une fille aussi jolie lui dis-je en souriant, avant de répondre à sa dernière question.Le noir ainsi que la pluie sont venus me barrer le chemin et je ne peux rentrer chez moi dans ces conditions, du coup j'attends ici que ma soeur passe me récupérer, seulement elle ne répond pas. J'suis coincée ici pour un bon bout de temps j'pense lui dis-je en soupirant car Maxym ne me répondait toujours pas.

ce jeu à le mérite, s'il n'est le seul, de t'amuser. il te distrait de ta propre peine, et fardeaux. n'y a-t-il le moindre mal à se laisser divertir par quelque malice ? tu en conclues que c'est la nature humaine qui est ainsi. alors, tu te laisses, sans le moindre remord, allé à cet échange. « le pauvre, tu viens de lui briser le coeur, j'sais pas s'il s'en remettra de se faire rembarrer par une fille aussi jolie » un pâle sourire nait, de nouveau, sur tes lèvres. le cœur, le cœur, on vit à une époque où il semble superflu d'y penser. on l'utilise seulement s'il peut se rendre profitable. on en use pour semer la discorde, le malheur. pour blesser, pour obtenir. s'il n'est pas utile à ces viles bassesses, il n'est qu'un vulgaire accessoire parmi tant d'autre. ainsi, le briser, ce serait étonnant. « un don juan en possède-t-il seulement un ? une demande en l'air, sans doute. » même, s'il était sérieux, qu'est-ce que cela pourra bien changer ? « le noir ainsi que la pluie sont venus me barrer le chemin et je ne peux rentrer chez moi dans ces conditions, du coup j'attends ici que ma soeur passe me récupérer, seulement elle ne répond pas. j'suis coincée ici pour un bon bout de temps j'pense. » son visage ne t'est guère inconnu en raison de sa sœur, tu te laisses supposer. oui, sans doute la connais-tu, de loin, ou même ne l'as-tu jamais rencontré. ce point s'invite à s'éclaircir. « la mienne aussi, je pense. » tu marques une pause, baladant ton doigt sur le rebord du bar. « avant cette rencontre assez atypique, jt'aurais pas déjà vu avant ? t'es le genre de meuf à être remarquée, je suppose. »