(lilly&tay) confidences.

jeudi 25 août Mon été ne s'était absolument pas passé comme je l'avais imaginé, ni souhaité. Alors que je pensais profiter pleinement de mon premier été libre, bien qu'avec Benjamin, je m'étais retrouvée à enterrer mon ex (le père de mon enfant) et à le pleurer durant presque toute la fin de ce Summer Camp. Pleurer tout en tentant de l'oublier par de la boisson. Je pensais surtout à cette fameuse soirée où j'avais rencontré cet homme, très similaire à Gresham. Que ce soit l'alcool, le manque, la tristesse ou la folie, je m'étais retrouvée à partager ma nuit avec lui. Une façon pour moi de dire au revoir à ce qui était surement l'homme de ma vie ? Peut-être bien. Mais ça m'avait plutôt bien aidé. Evidemment, j'avais continué à le pleurer quelques nuits d'affilés, mais j'allais un peu mieux. Voulant aller de l'avant, pensant que ça serait ce qu'il voudrait.
Puis un soir, je donnais la mauvaise nouvelle à Taylor. Sans même me rendre compte qu'elle allait surement être mal par la suite. Ne pensant surement qu'à ma propre douleur. Mais voilà que je n'étais pas capable de rentrer chez nous, trop de souvenirs y étaient. J'étais donc dans un hôtel, le temps d'affronter ce nouveau cap, et j'attendais Taylor. Il fallait que l'on discute. J'en avais besoin. Parce que maintenant, elle était ce qui ressemblait le plus à une : meilleure amie ?
Benjamin déjà au lit, je l'entendis frapper à la porte. Déjà en pyjama je vins l'ouvrir, et tentais de lui sourire. Mais ce sourire se transforma en câlin. Non, avec elle je n'arriverais pas à faire semblant. Après ce léger contact, je reculais pour la laisser rentrer. excuse-moi... nous n'en étions peut-être pas encore là dans notre amitié : les câlins.

@Taylor V. Foster

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25 08 2022

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@Lilly-Ann Borowski

J’ai eu tant de mal à croire ses mots. A réaliser qu’ils se peuvent être vrais, et non totalement faux. C’est comme s’il refusait l’information, mon cerveau. Et même si je n’avais pas eu de ses nouvelles depuis longtemps, que cette amitié avait ce goût d’inachevé, il n’en reste pas moins que je suis sonnée. Evidemment, je n’ai pas pu lui dire que je ne me sentais pas la force de la prendre de plein fouet, cette vérité. Que j’en ai eu envie de pleurer, de m’énerver, que dans la salle de repos, à l’abri des regards, j’ai craqué. Evidemment, aussi, que je ne pouvais pas lui écrire que je n’étais pas certaine de pouvoir supporter de la voir souffrir. J’ai juste approuvé le fait que je suis celle sur laquelle elle peut se reposer. Que je serais ce soutien dont elle semble avoir besoin. Que je serais là pour essuyer ses larmes, jusqu’à demain. La vie, la mort, l’amitié, le destin. Je crois que dans ma tête il n’y a plus rien qui tourne bien.

Alors une fois face à l’hôtel, je m’arme du peu de courage qu’il me reste, et me plante face à la porte de la chambre qu’elle m’a indiqué. Ma main heurte l’entrée et quelques secondes plus tard, elle ouvre, j’en ai un truc qui se tord, dans mon estomac. Jusqu’à ce qu’elle me prenne avec pudeur dans ses bras. « Excuse-moi... » mais elle n’a pas à le faire, j’estime que dans son état, elle possède absolument tous les droits. Elle peut hurler, s’effondrer, qu’importe, à présent, je suis là. Et j’ai toujours été plus forte que ce que je ne le crois, alors en un soupir, je referme derrière moi. « T’excuse pas. » Et approche dans la chambre, à petit pas, pour ne rien brusquer, même si je me permets de questionner. « Tu reprends du début ? » Comme si c’était moi qui étais perdue.

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tw : décès Depuis que j'étais sur Boston, j'avais connu peu de personnes. Il y avait mes camarades de la Adams, mais je ne me sentais pas forcément assez proche d'eux pour aller me confier à qui que ce soit. Alors c'était tout naturellement que je me tournais vers Taylor, qui connaissait aussi Gresham. D'ailleurs, je me souviens encore avoir été un peu jalouse d'elle. Mais tout cela était passé. Elle devenait petit à petit une amie. Une amitié qui avait commencé un peu étrangement, mais après tout, pourquoi pas. Je la laissais alors entrer dans ma chambre d'hôtel. Benjamin dormait déjà. Nous pourrions "parler" tranquillement. Je tentais de paraitre forte, mais c'était trop dur. Surtout face à elle. Je sentais que j'avais besoin d'extérioriser, au moins une fois. Est ce que tu veux boire quelque chose avant ? Une façon de retarder les confidences. Mais surtout, je me souvenais qu'il était bon de proposer à boire à ses convives. Et ce qui était bien cette fois-ci, c'est que peu importe ce qu'elle demanderait, il y aura : juste besoin d'appeler le room service. Les bons points de vivre dans un hôtel. Je ne sais pas par où commencer... Dis-je en m'asseyant dans un des fauteuils. Quand je suis allée le voir à Londres, j'ai bien vu qu'il avait changé, physiquement. Il avait perdu beaucoup de poids. Et il m'a fait comprendre qu'il était malade. Il n'a jamais voulu rentrer dans les détails. Je lui dis tout d'une traite, sentant que ma voix allait dérailler si je m'arrêtais de parler. Il a gardé un peu Benjamin, pour que je profite un peu du Summer Camp, et en rentrant, il est mort dans son sommeil. Comme s'il avait besoin de ces moments en ma compagnie et celle de son fils, avant de partir, à tout jamais.

@Taylor V. Foster

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@Lilly-Ann Borowski

Je devrais être habituée, aux départs, aux décès, par rapport à mon histoire mais aussi à mon métier, je devrais savoir comment faire. Comment réagir, être capable de l’épauler. Oui, je devrais. Mais à la voir à deux doigts de s’effondrer, j’avoue que je ne sais plus comment fonctionner. Ca devient réel, et je ne suis pas certaine d’apprécier cette réalité. « Est ce que tu veux boire quelque chose avant ? » Avant quoi ? Avant qu’elle ne l’énonce à haute voix ? Et c’est par la négative que je secoue le visage, incapable d’articuler un mot, comme si j’attendais qu’elle sonne le glas, qu’elle craquèle quelque chose, à l’intérieur de moi. J’attends qu’elle signe la fin d’une partie de ma vie, qu’elle galvaude mon quotidien.

Alors elle amorce le début de cette fin, s’asseyant, et moi, toujours face à elle, les bras ballants. « Je ne sais pas par où commencer... » Et bien évidemment, je le comprends. Je lui laisse le temps. Ne la brusque pas, mais j’ai besoin de l’entendre, c’est plus fort que moi. « Quand je suis allée le voir à Londres, j'ai bien vu qu'il avait changé, physiquement. » J’accuse le coup, je hoche le visage, j’ignore même pourquoi, peut-être pour digérer, je me force à respirer, « Il avait perdu beaucoup de poids. » Manquer de souffle, la gorge asséchée, « Et il m'a fait comprendre qu'il était malade. » Il y a mon nez, mes yeux qui se mettent à piquer, « Il n'a jamais voulu rentrer dans les détails. » du Gresham tout craché. Ce n’était pas le genre à parler des maux qui pouvaient le ronger. Et je déteste songer à lui au passé. « Il a gardé un peu Benjamin, pour que je profite un peu du Summer Camp, et en rentrant, il est mort dans son sommeil. » Un coup de poing dans l’estomac, le souffle totalement coupé cette fois. Je tente même de me le répéter. Gresham n’est plus là. Et bien que je n’avais plus de ses nouvelles depuis plusieurs mois, je ne peux nier que oui, ça casse quelque chose à l’intérieur, juste au niveau du cœur. Laissez moi donc vous donner un secret… Le métier n’aide pas, à la mort, on ne s’y habitue jamais. Et la main plaquée sur la bouche, comme pour m’empêcher de sangloter, je prononce, les paroles étranglées. « T’étais avec lui ? » Malade d’avance d’entendre que c’est probablement seul, qu’il est parti.

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tw : décès, deuil Je m'étais vraiment imaginé terminer ou continuer ma vie avec Gresham. Certes, il était plus vieux que moi, mais il n'était pas si âgé que cela. Je n'avais pas pensé le perdre aussi vite. Ce n'était pas dans mes plans. Ni les siens. J'étais déjà passé par quelques étapes du deuil : le choc, bien évidemment, quand je me suis réveillée à ses côtés. Je dormais avec lui, oui. Et je peux vous dire que se réveiller auprès d'un mort, c'est plutôt chaotique. Puis je suis passée par le déni, en pensant le revoir avec ce fameux Ezekiel. Je n'y croyais pas. Il n'avait pas fait cela. Il voulait juste me faire une farce. Jusqu'à ce que je me rende à l'évidence que ce n'était pas lui et qu'il m'avait bien délaissé. Passant alors par la colère. En colère contre lui de nous avoir fait perdre cette année. De ne pas avoir été là pour son fils pour ses premiers mois. Je lui en voulais de n'avoir pensé qu'à lui. J'aurais aimé me marier avec lui, jusqu'à ce que la mort nous sépare. Et j'étais actuellement en pleine phase de la tristesse. J'avais du mal à m'en sortir. J'avais besoin d'extérioriser et d'en parler. Pardon Taylor, c'est tombé sur toi. Je n'arrive pas à m'y résigner et accepter cette nouvelle étape dans ma vie. Je regardais Taylor, sans vraiment savoir quoi dire de plus. Devais-je en dire plus dire ? Ou la laisser encaisser et parler quand elle en aura le courage ? Je lui pris sa main, pour lui montrer que j'étais tout de même là pour elle. Je savais que malgré leur dispute, elle tenait quand même à lui. Elle avait tenu à lui, et ce n'est pas un désaccord entre eux qui ferait partir la peine en elle. Ou alors, elle n'aurait pas de cœur.

@Taylor V. Foster

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@Lilly-Ann Borowski

C’est le bordel dans ma tête, dans mon esprit. Tout se mélange, je suis paumée. Je ne sais plus à quel moment mes neurones ont décidé de se déconnecter. Je refuse tout bonnement les vérités qu’elle vient de m’énoncer. Je refuse le fait qu’il soit parti et qu’on n’ait jamais pu s’expliquer. Je refuse de me dire qu’avec lui, je ne me disputerais plus jamais. Je déteste utiliser le mot jamais, et là, dans mes songes, il semble se répéter, en boucle. Une ritournelle qui rime avec éternité. « Je dormais avec lui, oui. » Elle finit par prononcer, et ma paume se trouvant jusqu’à là encore devant mes lèvres, elle retombe, mon bras ballant sur le côté de mon corps. J’ai cette sensation d’être vide, je n’en démords. Gresham a été ma famille, pendant un temps, malgré tous nos différents. Il était celui vers qui je pouvais me tourner, avant que les sentiments ne viennent s’en mêler. Avant que tout se brise. Avant Lilly-Ann aussi, c’est vrai.
Et c’est comme si je reprenais vie à l’évocation de son prénom. Lilly-Ann. C’est celle qui importe aujourd’hui. Pas moi, pas le reste. Juste elle. Je déglutis, je tente de me retrouver cette contenance qui m’a quitté. J’essaie de ne pas songer à la fissure, à mon cœur abîmé. J’ai mal, mais elle, elle doit être brisée. « Comment tu … » je m’en veux de la banalité, « comment tu te sens ? » oui, je suis désolée.

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tw : décès, deuil C'est avec tristesse que je lui disais tout cela. J'avais souhaité la voir, mais maintenant qu'elle était là, je m'en voulais presque de l'avoir fait venir. N'aimant pas particulièrement être dans cette position d'infériorité, l'ayant été pendant trop longtemps. Je tentais d'être forte, de le paraitre. Et avec Gresham j'avais plus ou moins réussi à l'être. Il avait réussi à me faire sentir tout autre. La vraie Lilly-Ann. Et maintenant qu'il n'était plus là, je ne savais plus vraiment qui j'étais. A part : la maman de Benjamin. Pas bien ? A quoi bon lui mentir ? C'était encore trop frais pour que je puisse aller, plus ou moins, bien. Est-ce que ... Je la regardais, et je voyais dans son regard qu'elle n'allait pas forcément bien non plus. Tu vas bien ? J'étais bien placée pour savoir qu'on pouvait toujours mal vivre le décès de quelqu'un. Que l'on ait été proche ou pas au moment du décès. J'ai moi-même mal vécu le décès de mon bourreau, malgré tout ce qu'il avait pu me faire. J'ai des photos... tu veux les voir ? Des photos de nous deux, nous trois, lui seul avec son fils. Des vidéos aussi. Je pensais alors qu'il fallait que je les mette quelque part afin de ne pas les perdre. De ne pas perdre ces derniers moments avec lui.

@Taylor V. Foster

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25 08 2022

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@Lilly-Ann Borowski

Et quand elle me répond son ; « Pas bien ? » je réalise à quel point ma question était stupide. Ce n’est pas comme si elle avait un panel de possibilités… Mis à part la tristesse, la colère, je ne sais pas quoi je m’attendais. Je me sens bête, et je n’ose juste pas parler. Je suis incapable d’ajouter quoi que ce soit, j’ai envie d’être avec elle, mais j’en ai quasiment oublié ce que je fiche là. Je ne sais même plus si c’est ma place. Je me devrais d’être celle qui s’efface. « Est-ce que ... » un soupir m’échappe, « Tu vas bien ? » Non, mais lui dire, franchement, à quoi bon ? Ce n’est pas à moi d’être triste, enfin… J’en ai le droit, mais pour elle, c’est forte que je me dois d’être. Parce que si j’ai perdu un ancien ami, elle, elle doit dire adieu à toute une partie de sa vie. Alors je me contente de secouer le visage par la négative, sans pour autant lui dire ce qu’intérieurement, je ressens. « J'ai des photos... tu veux les voir ? » D’abord, mes lèvres s’ouvrent, seulement, je ne parviens pas à articuler, c’est comme si les mots, dans ma gorge, étaient coincés. D’ailleurs, dans mon cou, ma main va se glisser, comme si ça pouvait m’aider à extérioriser. Je me sens comme attaquée, par tous les démons que j’essaie d’oublier. Les angoisses, c’est bien trop tenace. « Je… » bloquée, la suite, si bien que j’ai cette impression de ne plus savoir respirer. J’ignore même comment je parviens à lui souffler, « Ne m’en veux pas mais… » Non, je ne veux pas les voir. Pas maintenant, peut-être plus tard. Je n’ai pas le cœur à contempler les vestiges de leur histoire. L’illusion de leurs espoirs.

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tw : décès, deuil Et tout devenait bizarre entre nous. Il semblerait que nous ne sachions pas quoi dire, ni l'une, ni l'autre. J'avais besoin de la savoir là. Ca me faisait du bien. Mais qu'est ce qu'elle pouvait m'apporter de plus ? Ce n'est pas comme si nous étions si proches que ça. Alors je sentais que la situation devenait bizarre. C'est pourquoi j'avais proposé de lui montrer des photos. Pensant alors que ça lui ferait du bien de les voir, de voir à quel point Gresham semblait heureux dans ses derniers jours. Oui, même si je n'allais pas très bien, je restais fidèle à moi-même : à mettre les autres devant moi. Peut-être qu'être là pour Taylor me ferait du bien, à moi. J'haussais les épaules. Je comprends ... Chacun à sa manière de faire son deuil. Je regardais autour de moi, à la recherche d'une idée de ce que l'on pouvait faire ensembles. On se regarde un film ? Proposais-je en voyant la télé. Et on peut commander du vin. Je souris avant de rajouter. Et du pop corn. Peut-être qu'elle préférait passer une soirée au calme, sans forcément parler. Juste que l'on soit là l'une pour l'autre.

@Taylor V. Foster

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@Lilly-Ann Borowski

Le silence, assourdissant, dans le fond, je me doute que ce n’est pas ce qu’elle attend. Seulement, je ne sais pas quoi ajouter, et j’ai cette sensation de n’entendre que mes propres pensées. Parfois, Lilly-Ann, quand ça me touche trop, j’oublie comment fonctionner. Un jour, promis, je te dirais combien je suis désolée, de ne pas réagir comme je le devrais. « Je comprends… » Mais moi, je ne le fais pas vraiment. Alors je hoche le visage, sans bouger, bordel, je suis paralysée. « On se regarde un film ? » C’est comme si je reprenais mon souffle dans les mots qu’elle vient de prononcer. Je reviens dans cette réalité. « Et on peut se commander du vin. » Des litres, j’ai envie de lui souffler que ce serait bien. « Et du popcorn. » Je m’essaie à esquisser un sourire au moment de l’approuver. « Je crois que c’est parfait. » Non, évidemment, rien n’est parfait. Ici et maintenant le monde a totalement déconné. L’univers dans son entièreté. Si bien que je retire mes chaussures pour aller m’installer sur le lit à ses côtés. A la fois maternelle, amicale, comme avec elle je ne l’ai jamais été. J’ose la prendre dans mes bras, synonyme d’un ; Je serai toujours là.

FIN DU RP

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