slow dancing in the dark (miren)

@Mia Campbell - sa bonté le perdra. dans un coin isolé d’une fête battant son plein - ces fêtes étudiantes caricaturales, vous savez, là où aucune limite ne semble imposée et chacun gagne une nouvelle identité sous l’influence de savants mélanges de spiritueux - eren ne cessait d’épier la pauvre pendule, fébrilement suspendue en face de lui, comptant les minutes qui le séparaient de son cocon paisible. tranquille, silencieux. l’inverse total de l’endroit où il avait accepté d’atterrir en soutien à belly. sa bonté le perdra définitivement. loin d’être un ermite social, sa définition de festoyer n’équivalait tout de même pas ces extrémités et il ne désirait qu’une unique chose : s’enfuir. l’aiguille des minutes tournait, le temps filait mais le petit prince se figeait, verre à la main, incapable de faire un pas vers l’inconnu. ce soir n’était pas le bon soir. ses iris, naturellement curieuses, observatrices, refusaient même de scanner les présents de la pièce, eren préférait s’engouffrer dans son duel du regard avec l’horloge. tic, tac, tic, tac. rythme assidu, harmonieux qui l’apaisait en quelque sorte, rythme infini, l’emprisonnant dans une bulle sonore. tic, tac, tic, tac, tic, tac.. boum. puis l’explosion. sa bulle fut soudainement éclatée, le rythme constant de la pendule s’effaça en arrière plan, sous le plus grand damne du petit prince, sourcils froncés, qui s’apprêtait à s’insurger de l’interruption de sa paix dans l’apocalypse qui l’entourait. une voix lui parlait, féminine, se confondant en excuse après avoir maladroitement renversé son verre. un classique. eren baissa les yeux, exaspéré mais s’arrêta vite dans sa désapprobation vocale. il se figea, de nouveau. « Mia ? » interrogation stupide, il reconnaissait les courbes dorsales de sa silhouette à distance. un mètre de distance et un face à face imposé lui permettait une confirmation plus minutieuse, plus personnelle. comme les traits fins de ce visage qu’il avait exploré maintes fois du bout de ses doigts ou ces prunelles bleutées dans lesquelles il se plongeait sans remords. auparavant. souffle coupé, eren maudissait belly de l’avoir embarqué; sa blessure à peine refermée maudissait belly.

Été terminé, la voilà de nouveau prisonnière de cette cage dorée qu'elle cache aux yeux de tous depuis ce qui lui semble être une éternité. Plus du genre bosseuse que fêtarde, elle n'a pourtant pas hésité une seule seconde avant d'enfiler sa petite robe noire et ses talons, déterminée à prolonger ce sentiment illusoire de liberté le temps d'une soirée. Raisonnement probablement stupide quand on y pense, considérant que tout se passe dans sa tête. Être libre ou ne pas l'être, c'est un choix qu'elle s'impose et qui n'a rien à voir avec le lieu ou la saison. Si un certain monsieur Campbell trotte évidemment dans sa tête de jour comme de nuit, ça ne l'a jamais empêchée d'enfreindre les règles et ce, à plusieurs reprises. Un rébellion qui se termine le plus souvent par un échec ou un abandon mais soit. Ce soir elle veut juste pouvoir souffler, se vider la tête sans trop se poser de questions ni réfléchir à chacun de ses faits et gestes. Les boissons comme les discussions s'enchaînent et c'est désormais un sourire qui trône sur ses lèvres, illuminant son visage bien trop souvent de marbre. Elle n'y pense plus, à lui. Ce soir elle n'est que Mia et n'appartient à personne d'autre qu'elle-même. Ou du moins c'est ce dont elle essaie de se convaincre à l'intérieur, l'alcool coulant dans ses veines l'aidant à se voiler la face. Breuvage magique dont elle ne peut se passer ce soir, se relevant du fauteuil sur lequel elle se trouve pour remplir à nouveau son verre. Mission réussie, la voilà qui bouge dans tous les sens, cherchant à se frayer un chemin parmi cette foule d'étudiants, d'inconnus. Et plus elle cherche à éviter le drame plus elle galère, celui-ci finissant par se produire. Verre renversé, chaussures arrosées, le mal est fait. C'est du moins ce qu'elle pense, jusqu'à ce son regard ne croise le sien. Autant que lui, elle a du mal à croire ce qu'elle voit. Est-ce que c'est vraiment lui ou bien la réalité lui fait défaut, le sang trop imbibé pour démêler le vrai du faux. Lèvres entrouvertes, elle fait un pas en avant, sourcils froncés. Sans parler, elle l'examine, prête à lui pincer les joues pour s'assurer que son esprit ne lui joue pas de tour. Une situation pas tant extraordinaire que ça quand on y pense, puisque tout comme elle il étudie à Harvard. Alors pourquoi a-t-elle la lourde sensation de croiser un fantôme ? Il n'est ni un ange ni un mirage, juste Eren. Victime inconsciemment de ce très cher monsieur Campbell. "Tu n'as pas changé..." Qu'elle souffle finalement, sans le quitter du regard. Bien sûr qu'il n'a pas changé, parce que ça ne fait pas si longtemps. Compliment caché qui signifie surtout qu'il n'a pas perdu de son charme, bien au contraire.

l'altercation le tira de sa bulle, l’obligea à sortir sa léthargie mais ces iris, ces yeux amandes, cette timbale de voix le ramena en un instant dans une autre bulle. là où elle éclipsait l’apocalypse actuelle dans la salle, là où son attention ne lui était accordé qu’à elle. mia. instantanément, son corps réagit à sa présence ; ses doigts se crispèrent anxieusement autour de ce pauvre verre qu’il tenait adroitement et son souffle se coupa au point où il dut se rappeler, se forcer à respirer. c’était tôt, beaucoup trop tôt, de la revoir. les souvenirs de leur récente rupture dansaient encore dans sa mémoire et il se maudissait d’être si facilement touché.. attaché. le fléau de son existence. elle, n’avait eu aucun mal à le délaisser et à, sans aucun doute, l’oublier. quand bien même son sous-entendu à travers ses salutations ou ses pupils intensément posées sur lui poussaient à croire le contraire - mais non, il ne tomberait pas dans le piège de fabuler. pas encore, pas une autre fois. et il lui fallut quelques secondes pour se convaincre lui-même et se résoudre à parler, sortir un mot, quelconque. « Hey » aucune référence à sa remarque, pour se protéger. aucune réaction quant à ses chaussures trempés, il ignorait et intima son visage à former un sourire, un simple et stupide sourire, et y était sans doute parvenu mais aussitôt apparu, aussitôt ce sourire disparut. « Hm.. qu’est-ce que tu fais là ? » question saugrenue, insensée en plein milieu d’une fête étudiante mais il se devait de parler, passer à autre chose de son compliment caché, obliger ce foutu regard à se poser ailleurs, partout sauf sur lui alors qu’il n’était même pas certain de son état de sobriété à elle. lui, dans tous les cas, avait totalement et complètement dessaoulé, électrocuté par l’effet mia.