LUBAN ❥ need you more than you think.

Ce weekend, pareil, j'ai eu des crampes. J'ai accusé le coup d'une mauvaise digestion, ça n'avait pas duré longtemps. Mais ce mardi, c'est vraiment trop fort. J'ai du mal à aller aux toilettes. Hier, on a mangé beaucoup de glaces avec Corban, peut-être que ça vient de ça. J'ai été trop gourmande ? Ai-je un début d'intolérance ? Par message, Corban m'a annoncé qu'il était au boulot. Alors j'ai paniqué. Les crampes sont vraiment trop fortes et j'ai peur de couver quelque chose de grave. Alors j'y suis allée seule. Et au final, j'ai attendu quelques temps en salle d'attente, sans rien pour me soulager, jusqu'à ce qu'ils me prennent en charge. Le médecin m'a écouté, m'a ausculté. Il ne me donnait pas de réponses et m'indique qu'il va me faire une prise de sang. Et en attendant les résultats, il va m'envoyer faire une échographie du ventre. L'annonce est sans appel. Les résultats sanguins ne feront que confirmer que ce que l'on voit sur l'écran. Conception vers mi-Janvier, m'indique-t-il. J'écoute à peine. Les émotions sont si fortes que je ne peux pas retenir mes larmes. Elles coulent sans cesse. L'infirmière essaie de me calmer tandis qu'on m'emmène dans ma chambre. J'ai passé tellement de temps sans savoir ce que je vivais qu'ils doivent s'assurer que le bébé va bien et moi, aussi. Je suis alitée sur un lit, la télévision tourne en boucle alors que je reste accrochée à mon téléphone. Les conversations tournent, surtout avec Marco. Parce que je le sais. Je n'ai pas d'incertitudes à ce sujet. C'est alors que Corban m'indique qu'il approche par message. Quelques minutes plus tard, je l'aperçois. Je tends les bras comme une enfant, l'attirant à moi, blottissant mon visage dans son cou. - Me lâches pas. Serres-moi contre toi. Protèges-moi. De cette réalité beaucoup trop douloureuse.

Depuis le retour du Summer Camp, vous vous étiez revus quelques fois avec Luna. Soit chez elle, soit en ville quand tu n'étais pas pris par tes obligations professionnelles. Obligations que tu faisais en sorte de ne pas évoquer auprès de qui que ce soit, évidemment. Seuls les gens du milieu - ou bien ton meilleur ami - sont au courant de tes activités, évidemment. Et, forcément, au moment où Luna a besoin de toi tu es en plein rendez-vous d'affaire. Tu as dû hâter ton arrangement afin de quitter les lieux plus tôt et rejoindre ton amie à l'hôpital. Si d'habitude tu ne respectais pas les limitations de vitesse, cette fois-ci c'était sans doute pire. Tu te garais un peu de travers, sans vraiment faire attention à ce détail qui n'avait aucune importance par rapport à la situation présente. Le pas rapide, tu entrais dans l'hôpital, te rendant directement vers l'accueil.
Après quelques échanges avec l'hôtesse d'accueil et surtout un léger mensonge qui passe l'air de rien, quelqu'un a la gentillesse de t'accompagner jusqu'à la chambre de ta femme. Oui oui, ta femme. Il fallait bien que tu trouves quelque chose pour qu'on évite de t'interdire de la voir. Peut-être cinq minutes plus tard, tu te retrouves enfin devant la chambre de Luna. Tu n'attends plus, tu entres, découvrant une jeune femme attristée, les yeux rouges. Tu ne comprends pas ce qui se passe mais quand elle tend les bras avec cette petite mine tu ne peux que t'approcher pour la prendre contre toi. Vous restez quelques minutes dans cette même position et tu ne changes rien même si tu dois lui poser la question fatidique. Les doigts entremêlés avec ses cheveux, tu te décides enfin à ouvrir ta bouche. - Tu veux en parler ? Tu n'as pas envie de la forcer à dire quoi que ce soit, c'est à son bon vouloir. Mais tu sais très bien que si les médecins ont décidé de la garder c'est que ce doit être important.

Corban, c'est le mot magique pour me sentir en sécurité. Quand ses bras m'entourent, je me sens enveloppée et surtout, un peu plus rassurée. Je sais que je vais devoir faire face à un avenir incertain mais je sais qu'il est là. L'étreinte de ses bras me fait du bien comme si je ne l'avais pas vu depuis des mois alors que nous avons passé du temps ensemble hier après-midi. Sa main dans mes cheveux, c'est une douce caresse. ça m'apaise. Je pourrais affronter le monde si ce n'était pas l'une de mes grandes peurs qui venait de se réaliser. Sa voix me rappelle à la dure réalité. Je pousse un soupir, me reculant un peu pour affronter son regard. Même si j'ai les yeux rouges à force de pleurer, je veux qu'il me voit. Mes doigts jouent avec ceux de sa main libre. Je cherche mes mots. Je les pèse. - Je suis enceinte. Je grimace, parce que je me sens un peu idiote. J'ai merdé sur toute la ligne dans l'histoire. Je me suis tellement adonné à ce plaisir que j'en ai oublié la possibilité, même infime, que ça passe quand même. J'inspire. J'expire. Lentement. - Pas de toi, ne t'en fais pas. On s'est toujours protégé. Je lève les yeux au ciel. Je me déconcerte. - Ce n'est pas K. le père. C'est Marco. Un ami. Selon le gynécologue, ça daterait entre le 14 et 18 janvier, environ. En gros... le week-end que j'ai passé avec lui. On ne s'était pas... protégés... pour le plaisir... C'était que cette année où je me suis adonnée à cette pratique. ne pas me protéger. Parce que j'ai adoré la sensation. Avec K. Avec Marco. Je voulais faire la même chose avec Corban et finalement... - Tu voudras bien rester avec moi, Corban ? Me laisses pas toute seule s'il te plait...

Même si vous avez cette relation très particulière et que d'habitude tu ne réagis pas comme tel, il y a cette partie de toi qui veut la protéger de tout et tout le monde. Malheureusement, la nouvelle qui va tomber dans quelques instants est complètement indépendant de ta volonté. Encore plus sachant que ce n'est pas toi le "fautif". Néanmoins, l'annonce de sa grossesse te fait te crisper. Forcément que l'idée que ce soit toi le père traverse ton esprit, n'importe qui aurait pensé la même chose à ta place. Heureusement, vous vous êtes toujours protégés alors ces dires ne font qu'un peu plus te soulager. Tu te détends peu à peu mais Luna a l'air tellement anxieuse. Ton pouce vient chercher le creux de sa main, exerçant une légère pression dans un mouvement circulaire afin de tenter de la soulager un peu et surtout lui signifier que tu es là et que tu ne vas pas partir. C'est malheureux à dire, mais peut-être que si c'était toi le père tu aurais réagi totalement différemment. Tu n'as pas envie de la blâmer non plus, ce n'est pas ton rôle et encore moins le moment. Ce ne serait qu'enfoncer le couteau dans la plaie. - Tu vas lui dire ? Si ça se trouve il va prendre ses jambes à son cou quand il va apprendre la nouvelle. Et si jamais il fuit comme un lâche et laisse Luna dans la merde, tu n'hésiteras pas à aller lui rendre une petite visite "amicale". Mais ce que tu n'arrives pas à comprendre, c'est comment elle ne s'est pas rendue compte avant qu'elle était enceinte. - Tu n'as jamais eu des signes annonciateurs d'une grossesse avant aujourd'hui ? Pour toi, c'est irréalisable. Comment depuis janvier elle n'avait rien ressenti ? On parle quand même d'un bébé. Mais tu n'es pas là pour l'asséner de questions mais plutôt pour la soutenir. - Bien sûr que je reste auprès de toi. Tu te rends compte que c'est une situation difficile et qu'elle n'a pas à la surmonter seule. Tu espères simplement qu'ils ne vont pas non plus la garder toute la nuit, sinon tu serais dans l'obligation de faire un choix. Soit te consacrer à ton boulot, soit rester avec elle et risquer de mettre en colère ton patron quand tu vas devoir lui annoncer que tu ne pourras pas faire le combat de ce soir et qu'il va devoir trouver un remplacent. Tu vas te faire tuer, c'est sûr.

Il me rassure. Ce qui est salvateur quand on sait que ce n'est pas le genre d'homme qui serait ainsi avec une femme. Douce exception que je prends comme flatteuse, pour me faire du bien. Je parviens à trouver cette paix d'âme parce qu'il est là. J'inspire doucement pour me déstresser. - Oui. Je n'ai pas le droit de lui cacher. C'est son enfant. Je sais que je voudrais pas qu'on me laisse dans l'ignorance si j'étais un homme. Et comme j'ai envie de laisser ce futur enfant connaitre son père, s'il le souhaite. Si Marco fuit, je sais que ce ne sera pas de ma faute. La question de Corban vient résonner dans ma tête. - Je ne sais pas... je te cache pas que je suis encore... un peu sonnée... il faudrait remonter les semaines qui sont passées. Et je dois dire que j'ai du mal à me rappeler ce que j'ai pu manger ce week-end alors les sept derniers mois. - Je suppose que j'ai du en avoir sans penser que ça venait de la grossesse. A part mon hypersexualité au summer camp, j'ai du mal à faire le lien sur l'année que j'ai passé. J'ai eu d'autres choses à penser ces derniers mois. Quand je suis arrivée quelques semaines avant ma rencontre avec Marco, j'ai entamé cette bataille de tous les jours pour protéger mes soeurs avec l'aide de Bradley. Je suis rassurée qu'il reste. Au moins quelques heures. Ce que je veux, ce n'est pas être seule. Je ne demande pas l'argent, ni le gîte, ni rien. En dehors de cette présence inconditionnelle. Je me blottis dans ces bras, profite de cette chaleur rassurance, observant le dessin de ses doigts dans mes mains. Je ne sais pas vraiment comment tout va se passer. Je souris tendrement à mon ami avant de venir lui voler un baiser. Tendre. Ce mécanisme n'est pas vraiment sexuel. j'ai besoin de me sentir réconfortée. - on peut faire ça jusqu'à ce que l'infirmière nous coupe ? autant j'espère qu'elle ne viendra pas de la nuit. Je caresse sa joue avec tendresse alors le visage triste dont le sourire essaie d'égayer, je veux me convaincre que ce n'est qu'un rêve dans les bras de Corban.

Tu n'es certainement pas à l'aise avec cette discussion, ça te dépasse un peu tout ça. Tu ne sais pas ce que tu aurais fait si tu avais été à la place du papa. - Tu as complètement raison. J'espère juste qu'il ne va pas mal le prendre. On ne sait jamais vraiment comment les gens peuvent réagir à une grossesse. Certains deviennent émotifs comme des vraies fleurs bleues, d'autres au contraire laisse place à la colère de se rendre compte qu'ils sont parents et que c'est pour la vie ce genre de responsabilités. Mais oui, il faut penser aussi à l'autre côté de la pièce. La mère aussi a une histoire à raconter. Et tu peux clairement comprendre que l'apprendre du jour au lendemain c'est pas facile. Ça change pas mal de perspectives d'avenir.- Compréhensible, ce n'est pas une nouvelle facile. Et comme ça n'arrive pas vraiment souvent c'est impossible de s'y préparer. On parle quand même de quelque chose qui s'est passé en janvier. C'est fou comme le corps humain peut nous cacher des choses s'il en a envie. Tu te demandes même comment c'est possible. Est-ce le cerveau qui commande au corps de garder une grossesse secrète ou bien l'inverse ? C'est comme se demander si l’œuf est apparu avant la poule finalement. - Ton cerveau était bien trop occupé à penser à d'autres choses. D'où le nom déni je suppose. C'est fou comme votre relation ne ressemble à aucune autre. Tu es là, à son chevet, lui apportant cette attention dont elle a besoin alors que vous n'êtes même pas ensemble ni même les meilleurs amis du monde. C'est impossible à décrire et encore moins à expliquer et pourtant c'est si naturel. Ses lèvres effleurent les tiennes et tu te laisses emporter. Tu n'ouvres les yeux qu'une fois qu'elle s'arrête alors que sa main reste douce sur ta joue. - Elle va vouloir se joindre à nous j'en suis sûre, tu lui dis en souriant légèrement avant que tes lèvres ne s'accrochent de nouveau aux siennes. Même si la situation générale reste angoissante dans un sens, tu profites quand même des petits moments de tendresse à ses côtés.