TW : langage familierC’est comme s’il avait quitté le domaine hier, Thomas. Il a rien oublié, même pas la route pour y venir. Dans la finalité, s’il se posait des questions avant d’arriver aux intersections, c’était plus le cas lorsqu’il se trouvait devant. Il savait où tourner, quel itinéraire prendre. Ouais, il avait cette terrible impression que Sam les avait quitté la veille et il s’en sentait mal à l’aise. Parce qu’il a toujours couvé Thalia des yeux. Faut dire qu’il devait se voiler la face, son meilleur pote, à l’époque. Tout le monde lui disait qu’elle était mariée en plaisantant, car ce genre de regards, ça trompe pas. Mais Samuel devait pas y croire ou alors, savoir qu’il était pas un salaud. Il la toucherait pas, jamais. Ils étaient mariés et même ivre, il s’était jamais permis de la draguer. Seulement, aujourd’hui, ils sont seuls et Thomy ne sait plus que penser.
- « Dommage pour la piscine. » Il répond en haussant des épaules, ses mains enfoncées dans ses poches.
« Tu pourrais la faire pour toi. Un bon plongeon, chaque matin, pour bien commencer la journée. » Ça doit être plaisant, surtout avec le cadre qui les entoure.
« J’affirmerai pas que je la connais mieux que toi, mais ouais, j’ai visité le lieu à de nombreuses reprises et je sais avec quels matériaux ta maison a été construite. » Architecte jusqu’au bout des ongles, il a demandé à Samuel les plans, puis aussi à fouiner pour fourrer son nez dans toutes les pièces, déformation professionnelle comme on dit.
« Fin, j’prends tes mots sur parole. Si tu veux une piscine, j’m’en occupe. » Seulement, si ce soir, il doit s’occuper ne serait-ce que d’une chose, c’est de ce fameux gâteau au chocolat puisqu’il a promis de s’occuper du dessert.
« Oh ! Ça fait mal. » Qu’il prétend, posant ses mains sur sa poitrine comme s’il avait reçu un coup.
« J’dis juste que si ça foire ce s’ra à cause de ta cuisine, de ton four et pas d’ma super recette. » Clin d’œil complice offert, ils viennent à parler de ce qu’ils mangent, après que Thomas se soit demandé s’il devait pas s’occuper de déboucher la bouteille. Non pas qu’il soit accro aux vins en tout genre, mais sans doute parce qu’il est habitué à le faire lui, plutôt que de laisser qui que ce soit d’autre le faire, surtout Thalia. Le truc, c'est qu’elle est œnologue maintenant alors, il se sent con. Préférant rien ajouter hormis le fait de lui offrir un sourire, il lève ensuite son verre aux livreurs, puisque c’est vrai qu’ils se nourrissent grâce à eux.
- « Joli toast ! J’l’aime celui-là ! » Qu’il prononce pour se joindre à son rire. Avalant quelque gorgées, il en vient à leur vie respective, pour avouer qu’il est heureux qu’ils se retrouvent, quand ses mots le font avaler de travers ! Toussotant, il frappe avec son poing libre sur sa poitrine pour se remémorer les raisons de leur séparation : ce qu’il a toujours ressenti pour elle. Thomy se voyait mal l’aider à traverser l’épreuve de son deuil en lui tenant la main alors qu’il voulait l’embrasser. Il aurait été un putain de salaud s’il avait profité de sa tristesse ainsi que de sa douleur pour se laisser aller à ses envies, alors au lieu de céder et de s’en vouloir, il s’est éloigné progressivement, en cessant de s’emparer de sa main et en gardant une distance raisonnable, afin qu’il puisse pas tomber sans le faire exprès sur ses lèvres.
« ‘Scuse-moi, j’ai avalé d’travers. » C’est vrai et c’est tout ce qu’il peut affirmer avant de gouter de nouveau à son vin pour faire croire qu’il est occupé plutôt que de répondre à sa question. Heureusement, elle finit par lui demander s’il compte rester dormir et c’est en rougissant qu’il accepte, gêné par la situation.
« L’vin à le don d’me donner des couleurs. » Qu’il prononce comme excuse pour expliquer son teint rosé quand elle retrouve la cuisine pour s’occuper du dîner.
« Prêt, déjà ? » Il pense au fait qu’il a même pas préparé le dessert.
« Faut épouser, ouais. 'Fin, éponger. Sinon, je pourrais pas m’occuper du gâteau ensuite. » Prenant son verre, il rejoint Thalia et sourit rapport aux senteurs des lasagnes.
« Ça sent hyper bon ! » Il s’exclame pour rester debout, à ses côtés, afin de lui tirer sa chaise.
« J’pense que j’risque de me servir plusieurs fois. Ainsi, ça épongera l’vin et vers minuit, si on a fini, j’préparerai l’gâteau ! » Après tout, il va crécher ici cette nuit, alors il peut bien le faire tard, pour en manger plusieurs morceaux avant de se coucher au lever du soleil.