Beep-beep, so let's ride (zanian)

feat. @Zane Schwartz — Une demande de ma part, une provocation de la tienne, du dédain en retour puis une proposition pour clore le tout. Je n'ai aucune foutue idée d'où tu m'emmènes mais ton initiative me fait chaud au coeur. Difficile de décrire ce picotement de soulagement de savoir que malgré les apparences, je sais que je peux compter sur toi. Tu es lourd la plupart du temps, bien plus que moi - c'est pour dire - mais ton coeur ne semble pas si atteignable que tu te complais à laisser penser. Avec tout ce qu'il s'est passé avec Caesar, j'ai simplement l'envie de me changer les idées et d'être, pour une fois, traité comme si j'avais un minimum d'importance. Qu'il est lassant de n'être qu'une intrigue dans la vie des autres, de ne pas être une personne à part entière pour eux. Mon esprit divague alors que l'écart entre la fenêtre de la voiture et son rebord laisse passer un air défigurant ma chevelure, me ramenant parfois à la réalité de ce 4x4 que tu t'es décidé à prendre pour m'emmener à cette mystérieuse destination. Je tourne la tête et te regarde, en débardeur tout comme moi mais avec cet air beauf qui me donnerait presque envie d'en retourner une, le bras en partie dehors, le biceps qui se contracte inconsciemment comme s'il était doté d'une conscience propre. Lui même sait que tu es beau et adore le signifier, c'en est presque ridicule de te voir aussi caricatural mais c'est ainsi que je t'aime, autant que je suis impulsif, ingérable et la caricature de celui qui se détruit à coups de plaisirs éphémères. Ne sommes-nous pas que deux êtres remplissant parfaitement leurs rôles ? Tu t'arrêtes, nous descendons, je reste près de toi tout en regardant autour. Tu m'entraînes dans une forêt et mes sourcils commencent à se arquer. ❝ Euh je suis pas contre le rapport sexuel inattendu et violent mais si tu pouvais éviter de m'étrangler et m'enterrer après, c'serait cool de ta part. Pas envie de m'retrouver dans une vidéo de Victoria Charlton. ❞ Ricanement brisant l'humour noir, imposant ma totale surprise face à ce que tu as en tête, à ce que tu as potentiellement préparé. La végétation a tout de même cette beauté typique qui me charme et m'envoûte, avant qu'au loin ne se dessine un pont me faisant poser davantage de questions. ❝ Qu'est-ce que... Zane, t'as prévu quoi ? Quoi que j'ai fait, j'te jure que j'suis désolé. ❞ J'ose un petit rire entre la gêne et la peur, faussement persuadé que tu comptes mettre fin à mes jours pour être un insolent garnement ne donnant des nouvelles qu'à sa convenance. On me l'a rappelé et on me le rappelle encore que je suis un trigger pour les personnes se faisant du soucis pour leurs proches, un enfer pour les angoissés des amitiés. L'inconnu du moment devrait m'effrayer dans un sens mais entre le décor qui offre une toute autre ambiance et ta présence, j'ai l'impression qu'un moment unique et propre à nous deux est sur le point d'arriver. Un moment où je suis Adrian, et non pas une source lumineuse servant à des jeux d'ombres et de lumières.

Tu l’as ressenti, ce feeling bizarre. Celui qui avait piqué Adrian pendant cette soirée à la con. Cette impression d’avoir un gars broyé devant toi. Vide de toute énergie. Loin d’être le plus démonstratif et invasif que cette Terre n’est jamais portée, tu n’as rien relevé sur le fait. Tu détestes t’exprimer sur ce que tu peux bien ressentir, cœur fermé, les émotions inaccessibles. Tu ne voulais pas en savoir plus, par respect pour Goldberg, pour ce lien que vous entretenait depuis des années. Ce message envoyé, sa facilité à se confier à toi. Tu l’sais, le type à besoin d’air. Tu t’es reconnu dans son regard, dans le timbre de sa voix touchée. Tu t’es reconnu, toi, Zane écorché par ces quelques frasques du passé. Secret toujours bien gardé. Tes mains sur ce volant, 4x4 qui s’avancent dans des chemins sans un mots. Fenêtres ouvertes, vent chaud qui s’embarque dans l’habitacle de l’engin. Tu conduis d’une main, une autre libre reposée sur la portière, doigts qui jouent avec l’air. Tu ne dis rien, lui non plus. Pas très bavard Schwartz. Pas besoin de l’être, tes actes parlent. Portière qui se referme quand tu descends de la voiture une fois garée devant ce pont. Les clés rapidement jetées dans le fond d’une de tes poches. Tes pieds s’avancent entre quelques arbres. Tu ricanes à ses mots, tu marches devant lui, ses pas qui emboitent les tiens. Je suis sûre que t’arriverais à te défendre même avec la queue à l’air. Hé puis j’te jetterais plutôt d’une falaise pour que ça passe pour un accident, mais encore faudrait-il que j’aie envie d’te baiser sauvagement dans une forêt. Bras qui dégagent une branche avant de laisser découvrir ce pont, quelques personnes déjà présente sur la roche suspendue. Tu te retournes vers lui, en continuant d’avancer, un regard par-dessus l’épaule. T’as le vertige Goldberg ? Un sourire insolent qui se trace sur tes joues quand vous arrivez vers le point de rencontre. Ton corps qui se bascule dans le vide pour admirer la hauteur. Tu peux voir ça comme une thérapie nan ? Un truc du genre.. Tu sautes dans ta nouvelle vie sans ce mec à la con ? Presque poétique le Zane. Tu passes en premier ? Promis j’te pousse après 10 secondes d’hésitations trop longues.

feat. @Zane Schwartz — Le rire éclate en retour comme si la surenchère était de mise. À vrai dire, j'ai de réelles doutes sur tes intentions mais je ne redoute pas que celles-ci ne soient pas louables. ❝ La falaise, j'suis d'accord mais toi qui me baiserais pas dans une forêt ? Tu préfères le lit, okay, c'est noté. ❞ L'esprit joueur, le regard enfantin, les taquineries coulent de source à en oublier le temps du chemin. Nos pas nous guident, les tiens menant les miens, alors que nos corps déboulent sur un pont. ❝ Euh... En vrai, ça va mais ça dépend... Tu veux vraiment me jeter d'une falaise en fait ? ❞ rigole-je en ouvrant grand la bouche, presque choqué de voir que tu te rapprochais de la vérité. Tu es surprenant de divertissement, et tes mots s'écoulent dans mes oreilles comme les mots d'une figure d'autorité. Le respect est de mise, la peur bloquée au niveau de mes intestins. ❝ Okay pour la thérapie mais sauter en premier ? Comment ça en premier ? Non, mec, tu l'fais avec moi ou c'est moi qui t'pousse. ❞ Le regard est apeuré, clairement, tant la situation me met mal à l'aise. C'est tout de même une chose d'être au dessus d'un toit alcoolisé à se croire le roi du monde. C'en est une autre de sauter d'un pont en forte hauteur tout en étant sobre. Dans quelle galère t'ai-je laissé m'emmener. L'équipement à disposition, je ramène à moi ce dernier en te regardant fixement. ❝ Je présume que tu sais enfiler tout ça déjà ? Car déso, si j'saute là, j'vole pas. J'suis un démon, pas un ange BG. ❞ Le calme se joint de nouveau à la partie, masqué d'une franchise teintée d'humour. Tu auras beau dire ce que tu veux, tu ne me feras pas sauter comme un idiot. Dans un lit, certes, mais pas d'ici, et tes charmes n'auront pas raison de tes ordres.

Tu te marres déjà aux traits de son visage déformés par la peur. Encore entrain de me demander si cette surprise était pour lui changer les idées pour simplement t’amuser ? Probablement les deux. En vérité, tu as déjà sauté à l’élastique, toi. Une passion exaspérante pour l’adrénaline, l’argent en trop dans les poches, c’est évident que ton corps connait déjà cette sensation de sauter dans le vide. Lâcher prise comme tu ne sais jamais le faire. Simplement oublier tout ce qu’on pense de nous même pour sauter dans le vide, faisant confiance à un simple plastique extensible censé te garder en vie. Tu aimes cette sensation de presque frôler la mort, la taquiner du regard de loin. Et tu profites encore plus de voir Goldberg avoir peur. Sadique ? Non, peut être un peu certes, mais surtout content de voir que t’auras au moins la sombre idée qui va réellement lui permettre de penser à autre chose. Le matériel entre ses doigts, le son de sa voix en détresse. Tu ricanes en lui prenant le harnais des mains, trouver le bon sens. Oui je sais l’enfiler et de toutes façons y’a un des mecs qui va venir vérifier. Fais comme moi. Tu enfiles d’abord le tiens, tu passes ton corps au milieu des sangles remontant jusqu’à ton torse et tes épaules. Il te regarde faire, répéter la même opération. Sangles entortillées sans aucuns sens. L’arrogance dans ton regard, souligné de ce rictus qui déforme ton vissage insolent, tu te rapproches de lui, près, toujours trop près. On a trouvé au moins une chose que tu sais pas enfiler. Tu ricanes, tes phalanges qui prennent les sangles le long de son corps. Tu commences par remettre celles du torse à leur place, tes doigts contre le tissu de son t-shirt, ton visage non loin du sien, ton regard concentré sur les lanières. Tu finis par tourner autour de lui, il te fait dos. Tu ressers une boucle mal ajustée au creux de ses omoplates, doigts qui longent les sangles le long de son dos pour finalement arriver au niveau de ses fesses. Deux de chaque côté. Ton visage qui se rapproche par-dessus son épaule quand les mains tirent sur une boucle. Sombres murmures à ses oreilles : heureusement qu’il n’est pas gris ton short, hein. La provocation dans la voix. Tu te dégages rapidement. C’est bon t’es paré. Le gars va juste mettre les sangles autour des chevilles à la fin, celles qui sont reliées à l’élastique et t’auras un hameçon pour relier au reste du harnais. Un type se ramène à vous, vous invitant à vous rapprocher de la plateforme. Il contrôle les sangles, tout est ok. Dernières enfilées aux chevilles, puis au reste du corps. L’homme vous demande de vous rapprocher entre vous. Tu grimaces rapidement, t’as demandé de sauter pour deux à la réservation. T’as surement obligé de préciser, l’un après l’autre. Non, on saute l’un après l’autre. Le type marmonne dans sa barbe sans parler anglais. L’incompréhension fait place quand il met cet hameçon entre vos deux sangles de chevilles. Vous êtes reliés face à face, et il ne veut rien savoir. Ton visage insolent, remplacé par un gros point d’interrogation.

feat. @Zane Schwartz — Mes yeux roulent tout seuls dans leur orbite en te voyant jubiler de ma détresse. Ma voix se pose enfin, l'attitude changeant vers un mode blasé des plus efficaces. ❝ Okay, j'te suis mooonsieur le connaisseur. ❞ Je te regarde attentivement, fais de même sans louper la moindre nuance. Ton corps entier se meut dans tes actions au point que je réalise seulement à quel point ta musculature s'est affinée de plus en plus. Élément intéressant qui a le mérite de me faire oublier qu'une mort certaine m'attend dans les minutes à suivre. ❝ Déso, j'ai l'habitude qu'on m'enfile, pas ma faute ❞ lance-je instinctivement sans même lever un sourcil. Un soupir sort de ma gorge, dans une exaspération folle. Les membres se faisant lourds, prêt à tomber au sol, me faisant poupée alors que de tes agiles mains, tu entâmes une inspection minutieuse. Il y a quelque chose qui me déconcentre dans le moment. La façon que tu as d'être proche et de souffler sur moi, tes mains que je sens fermes, la sensation que tu m'enfermes de ta poigne, de part l'accoutrement de protection que tu m'enfiles. J'en glousse même à ta phrase, regardant de côté en voulant éviter de voir ne serait-ce qu'un bout de ta silhouette. ❝ Hm hm ❞ est la seule chose que je prononce avant que tu ne te recules. J'ai l'air plus serein qu'auparavant, c'est une chance en soit. ❝ Okay, okay. ❞ Il y a tout de même ce stress qui monte alors que l'individu inconnu, déstabilisant à son tour le grand coq de la basse-cours. Nos corps se font face, proximité des plus restreintes alors qu'ils nous sanglent ensemble. Tu as beau vouloir contester, je me mets à ricaner en voyant une grimace germer sur le sublime jardin qu'est ton visage. ❝ Tu me rappelleras de le remercier de t'avoir donné une bonne leçon d'humilité ? ❞ Le Adrian clownesque est de sortie mais ceci n'est que de courte durée. Les choses sérieuses commencent et mon sourire se fend en une ligne immobile, mes pupilles dilatés comme si tous mes sens étaient en alerte. Je deviens plus attentif, les forces de la nature me rendant sensible au moindre stimuli alentour. ❝ Okay, j'retire la leçon d'humilité, si on s'en sort vivant, je t'offre un rein. ❞ La panique se fait sentir, me poussant à me coller à toi comme un enfant se terrant dans les jupes de sa mère. Le bord n'est pas loin, et je comprends qu'il nous faut sauter ou abandonner tout espoir. En suis-je capable ? La chaleur de tes gestes me rappellent que je ne suis pas seul, mes mains se résignant à me montrer faible en se posant sur ton ventre. Je tente de maintenir mon souffle à flot avant que mes yeux ne croisent les tiens. Nos nez si proches, ma respiration dirigée vers ta bouche qui semble me rassurer sans qu'un seul mot n'ait besoin de s'en extirper. Pendant ce court instant, la peur se fige et laisse place à une sensation de réconfort inconnu. Celle d'être en sécurité, celle d'être bien. Cette confusion mentale se bloque et débloque, et déglutissant, je tourne mon visage vers le précipice, entendant le top départ dans ce semi cri que nous pousse l'inconnu. Mes traits confrontent les tiens à nouveau, nos regards s'enlaçant à nouveau. L'inquiétude est claire dans mes yeux mais aussi la quiétude de t'avoir près de moi. La confrontation de ses deux sentiments ennemis, Capulet et Montaigu du coeur, m'incombe de lâcher prise sans pour autant te lâcher. Et alors que nos pas s'avançant, que nos têtes tournent, je sens mon corps perdre pied. Mes mains s'accrochent à tes bras, volonté de vivre même à tes crochets, la bouche s'entrouvrant pour y reprendre de l'air en sentant ton coeur pulser à travers tes bras. Le vide m'englobe et m'appelle, mon corps se jetant dedans dans une gravité t'amenant collé à moi. Et la faucheuse qui nous salue, la réalisation de ce qui se passe, mes membres trouvent le moyen de glisser, ma tête cognant contre ton épaule, mes bras se serrant derrière toi. Le fil se tend, et nos torses se heurtent, et je te sers comme si je te remerciais de m'accompagner pour ma dernière minute sur Terre.