Ce qui n'était "que" des crampes s'avéraient être plus grave. Je ne pensais pas abriter ça au fond de moi. Je n'ai jamais cru que j'aurais à vivre ce moment dans ma vie. Boston et ce renouveau inattendu. J'ai peur. Je me sens effrayée à l'idée de devoir vivre cet épisode dans ma vie. Je ne me sens pas prête. Que ce soit dans 2 mois ou dans 9 mois. Ce n'est pas possible à mes yeux. Longues sont les heures jusqu'à ce que Marco arrive. Corban a passé la nuit avec moi mais a du repartir pour travailler au bout d'un moment. Dans la nuit, après des heures de sommeil, il est apparu. J'ai pleuré. Je ne peux pas compter le nombre de fois où j'ai explosé en larmes en le voyant. Avant de m'endormir. Si je n'y pensais pas, c'est que je dormais ou alors j'étais en rendez-vous avec le gynécologue ou encore la psychiatre. Je déteste les psychiatres. Ils m'angoissent. Le repas se termine quand l'infirmière entre dans ma chambre. Il m'indique que j'ai une visite. Et ça ne peut être que lui car je n'ai pas souhaité prévenir d'autres personnes. Pas tant que lui, saches. Je me redresse, ramenant le lit un peu plus en vertical et je ramène la couverture jusqu'à mon cou, la tendant au mieux pour cacher mon corps. J'ai encore les yeux rouges quand mon regard rencontre celui de Marco. - Hey... Mais à nouveau, il s'embue. Mes lèvres se closent à nouveau, tremblent. Il a le droit de savoir. Je peux pas le laisser loin de tout ça. On est liés. Qu'on le veuille ou non.
Tu ne comprends rien, Marco. C'est véritable casse tête qui se joue devant toi, sans même que tu ne puisses agir. Réagir. Tu as beau réfléchir à toutes les possibilités, tu ne comprends pas pourquoi elle ne te le dit pas par message. A en croire les dires de Luna, si tu savais la vérité, tu ne reviendrais pas. Comment c'est possible ? Tu ne t'estimes pas être un mauvais ami. Tu es toujours présent pour tes proches, tu prends un peu mal sa remarque. Comme si connaître la vérité allait changer votre amitié. Quoi qu'il en soit, tu as eu du mal à quitter les bras d'Eneas. Là aussi c'est compliqué pour toi. Tu as l'impression de lui dire adieu. Le retour à Boston signifie la rentrée scolaire et donc la fin du rêve. Tu vas devoir reprendre les cours particuliers et les séances de révision qui n'en finissent plus. C'est dans un mood bien particulier que tu rejoins l'hôpital puis la chambre de Luna. - Hey, réponds-tu avec un fin sourire sur tes lèvres. Tu poses tes affaires sur la chaise à côté de l'entrée puis tu t'approches d'elle. - T'as une petite mine, comment tu te sens ? demandes-tu en venant à côté. Juste à côté.
Je souris tristement quand je le vois dans l'encadrement de la porte. C'est mon ami depuis des mois, on a une relation particulière tous les deux. A la fois amis et amants. Mais avec cette histoire, j'avais tellement peur de perdre l'ami. J'y tiens à cet idiot. Et j'ai peur qu'il m'en veuille alors que j'ai toujours fait attention pour éviter ça. Pour éviter ce qui nous arrive maintenant. J'ai envie de pleurer, mes lèvres tremblent comme si j'avais trahis un ami. - J'sais pas, Marco. Je tends une main vers lui, pour la glisser dans la sienne et l'attirer à moi aussi près que ce soit possible. J'attire le dos de sa main à mes lèvres jusqu'à lever mon regard à nouveau sur mon ami. Je sens que je vais pleurer mais je me contiens. Mon autre main continue de serrer le drap contre moi. - Marco, embrasses moi, s'il te plait. je t'en supplie. j'ai besoin de sentir une dernière fois la douceur de ses lèvres. pouvoir l'enregistrer avant d'en être privée. je me déteste déjà tant. alors lui, il va me détester encore plus. J'en suis sûre.
Ton coeur se resserre en la voyant aussi pâle, aussi mal. Elle est dans le dur, ça se ressent. Tu ne sais pas encore exactement la maladie qui vient de lui tomber dessus mais ça a l'air tellement grave. Difficile de trouver les bons mots dans ce genre de situation alors tu te contentes d'avancer vers elle et lui demander comment elle se sent. Ce qu'elle ressent en cet instant visiblement difficile. Tu ne t'attends pas à une réponse positive, tu veux juste savoir ce qu'elle a. En 24 heures, tu t'es imaginé le pire des scénarios possibles. Tu t'inquiètes énormément pour Luna. Tu la laisses prendre ta main et te rapprocher d'elle un peu. Elle a besoin d'être rassurée et épaulée. - C'est pur ça que tu m'as fait venir hein coquine ? que tu balances en rigolant pour essayer de détendre l'atmosphère. Ton visage se rapproche du sien. - C'est bon, j'suis là maintenant, murmures-tu avant de capturer tendrement ses lèvres. Un simple baiser pour tenter de la rassurer. Tu sais comment elle est et la perte de ces quatre messieurs dans son entourage l'affecte énormément. Elle a besoin d'attentions. Ce genre d'attention. - Ca va mieux ? Comme si un baiser avait le pouvoir de guérir tous les maux.
Je ne peux m'empêcher de rire. C'est nerveux. - Si seulement... mais elle n'est pas capricieuse à ce point envers un homme. Sauf peut-être avec K. Je me laisse aller à ce baiser. Au fond, son attitude me rassure. Mais le petit démon sur mon épaule me rappelle qu'il ne sait pas encore. Lorsque nos visages se séparent, j'arrive à lui sourire un peu plus calmement. Mais c'est encore là. - Si c'était un bon mood pour moi, j'en abuserais pendant des heures mais... ma main quitte la sienne pour caresser sa joue. Je le regarde à la fois avec tristesse et douceur. - Je peux pas te laisser dans le flou plus longtemps. j'inspire lentement, mes doigts caressent sa joue, tombent sur le matelas pour rejoindre sa main. Lentement, j'invite sa main, avec la mienne, à se glisser sous la couverture. Jusqu'à ressentir ce ventre rebondit qui a grandit en quelques heures. Mon regard s'était ancré dans le sien alors que les larmes ont finies par céder. - J'ai... j'ai... je peux pas... pardon... la main qui tenait le drap se relâche, le laisse aller sur mes cuisses pour dévoiler la rondeur de mon ventre sous ma blouse d'hôpital. - Ne m'abandonnes pas, Marco... ma main se resserre sur la sienne. je tremble d'effroi, j'ai peur de le perdre. c'est bien pour ça que je ne voulais pas lui dire par message.
Un petit baiser, rempli de douceur et de soutien. Tu n'es pas le genre de mec qui trouve les bons mots pour rassurer les autres et leur remonter le moral. tu ne sais pas le faire. Et même lorsque tu essaies, tu fais pire que mieux. Tu donnes ton maximum pour essayer d'adoucir la lourdeur qui plane dans cette chambre, sans savoir de quoi il retourne. Lorsque tu recules ton visage, tes yeux s'ouvrent et tu croises son regard. - Merci ... Hé, tout va bien, je suis là ok ? Elle te prend la main et la glisse sous le drap. T'as ce sourire malicieux, presque pervers sur les lèvres. Ce même sourire qui disparait aussi vite qu'il n'est apparu. Tes sourcils se froncent alors qu'elle bégaye. - Qu'est ce que ? Tu ne comprends rien du tout. Tes yeux se baissent sur son corps qu'elle dévoile. Luna se met à pleurer, elle fond en larmes et toi, tu essaies tant bien que mal de connecter tes neurones. - C'est quoi ça ? demandes-tu en reculant ton visage et en pointant son ventre du doigt. Tu comprends pas du tout. - Luna, c'est quoi ça ? C'était pas là y'a deux semaines. T'es enceinte ? que tu lances maladroitement, sans prendre le temps de peser tes mots. - Hé hé, calme toi s'il te plait et explique moi ce qu'il se passe...
Je m'en veux de lui dire. Il est si gentil avec moi. Ce genre de moment, on en a rarement lui et moi, depuis qu'on se connait. Même s'il a été là pour moi bien des fois. Autant que je peux l'être pour lui. Je suis en larmes alors qu'il comprends. Je le sais tout ça. Ce que c'est ? - Bah... je... je me sens comme une enfant prise sur le fait alors qu'elle a fait une bêtise. - C'était même pas encore là hier ! euh... oui... oui... je sais ! je sens que mon énervement monte. Marco revient vers moi, me demandant de lui expliquer ce qu'il se passe. Je cherche les mots. Mais avant tout, le calme. Mes mains recherchent les siennes, ne trouvant qu'un semblant de paix intérieur une fois qu'elles se touchent. Je ferme les yeux, afin d'y trouver les bons mots. - C'est déni de grossesse. C'est pour ça que ça a grossi autant d'un coup... en moins d'une journée... Je regarde mon ventre, presque avec dégout, à l'idée de voir grandir cet être à l'intérieur de moi. Pourquoi ? J'veux pas de ça. pas maintenant. Marco n'est pas l'homme de ma vie. Il va m'abandonner... encore... lui aussi... il va me laisser... seule. comme ils l'ont fait. et lui aussi, il finira par s'en aller. qu'il me soit retiré. ou qu'il me quitte avant. - Marco... tout ça, j'en prends conscience maintenant. - Ne me laisses pas. Je t'en supplie. Je peux pas... je peux pas... gérer ça... je peux pas vivre ça toute seule...
Comment cela est-il possible ? Tu n'en crois pas tes yeux. Certes tu ne connais pas grand chose aux femmes et aux miracles de la vie mais là, c'est chaud. Tu as l'impression de te trouver dans un film de science fiction où la nana tombe enceinte et va accoucher d'un alien en une fraction de seconde. Tes sourcils sont levés, ton visage fermé. - C'était pas là hier ? Qu'est ce que tu racontes, c'est un faux ventre ? Parce qu'en vérité, tu n'as jamais entendu parler du dénis de grossesse. T'es qu'un gosse Marco, putain. Tous ces trucs-là ne te concernent pas et ne t'intéresse pas non plus. T'as jamais été confronté à la moindre grossesse, même dans ta famille, c'est super rare. Alors ouais tu croises des femmes enceintes de temps en temps mais tu n'y prêtes absolument pas attention. - Un déni de grossesse ? Ca veut dire quoi exactement ? Tu ne savais pas que tu étais enceinte et maintenant que tu le sais, ton ventre a grossis ? Tu marques une courte pause. C'est chaud. - Et mh ... t'es enceinte depuis combien de temps pour avoir un ventre aussi rond ? te risques-tu de lui demander. Sauf que Luna attrape tes mains et les serres fortement. Elle n'arrête pas de te demander de rester, de ne pas l'abandonner. Putain, tu piges pas le rapport. Et quand enfin les fils se connectent dans ton cerveau, tu fais un pas en arrière. - Attends, attends ... T'es pas en train de me dire qu'il est de moi ? que tu demandes, l'air paniqué avec un rire nerveux aux lèvres.
J'en oublié que Marco était bien plus jeune et que la notion de grossesse ne risquait pas de lui parler. Je suis une femme alors évidemment que j'ai appris des choses pour justement 'éviter' mais là, la situation est hors de contrôle. Je ne suis vraiment pas prête de faire face aux réactions de Marco. J'acquiesce quand il semble comprendre ce qu'il s'est passé. - Oui, il a grossi depuis que j'ai pris conscience... qu'il est là. Ce bébé. La psychiatre dit que c'est rare mais avec mon passé, ça ne la surprenait pas. Après tout, j'ai toujours refusé l'idée de tomber enceinte un jour. J'ai même envisagé de me faire ligaturer, mais je me suis retenue. Au final, j'aurais peut-être du ? J'inspire, essayant de ne pas me faire paniquer plus. - 7 mois... selon le gynécologue. autant ne pas lui dire tout de suite. ou bien, je n'en ai peut-être pas envie ? Marco va m'abandonner. Voilà cette litanie dans ma tête qui martèle au point de m'accrocher à lui. Lui. Autant que moi. Quand son visage change d'expression, que les mots filtrent ses lèvres. J'ai l'impression que je vais mourir. J'ai peur. J'angoisse. Mes doigts continue de maintenir les mains de mon ami dans les miennes. - Marco... il n'y a que... je t'en supplie... Une douleur transperce mon ventre. Automatiquement, je lâche ses mains pour porter les miennes à mon ventre. Mon dos retrouve le matelas surélevé. J'inspire et expire comme l'infirmière me l'a expliqué. J'essuie mes larmes, je dois être forte. Le stress, c'est mauvais pour le bébé qu'elle a dit. - Je... il estime ça entre le 14 et 18 Janvier. ça correspond, à notre grand week-end, tous les deux... celui où nous avons profité de ce moment sans protection. même si je prenais la pilule, il semblerait que ça n'a rien empêché... - Tu vas m'abandonner, Marco ? Toi aussi, tu vas partir ? ma phobie. ma peur. me voilà lié à lui avec le sentiment constant qu'il va partir.
7 mois ? Le calcul est long dans ta tête mais tu parviens quand même à comprendre qu'il ne lui en reste plus que deux avant d'accoucher. Et vu le bordel dans ta tête, ce calcul relève presque de l'exploit. Du miracle. Tu as bien du mal à comprendre tous les tenants et aboutissants de cette situation. - Dans deux mois, tu accouches ? Octobre ? Bien joué Wikander. Et dire qu'il y a à peine douze heures, personne ne savait qu'elle était enceinte, voilà qu'elle va accoucher dans quelques semaines. Cette histoire est incroyable, incompréhensible. Tu pourrais penser qu'elle te fait une mauvaise blague si tu ne voyais pas son ventre si rond, si épais, de tes propres yeux. C'es difficile de faire la part des choses dans ce genre de situation urgente. Et soudain, c'est l'illumination, ça se connecte enfin dans ton cerveau et tout semble prendre du sens. La réaction de Luna ne te parait plus étrange, elle s'explique enfin. Il est de toi. Elle serre tes mains dans les siennes jusqu'à avoir une douleur en voyant certainement ton mouvement de recul. Tu ne fais pas ça pour la faire souffrir, c'est juste un mécanisme de défense. Tu tombes de quarante étages et la chute est brutale. C'est cette même chute que Luna a dû faire en apprenant la nouvelle. Tu la laisses s'essuyer les larmes car tu es dans l'incapacité de réagir. Tu es comme figé sur place. - 14 janvier ? C'était notre week-end ? répètes-tu bêtement en essayant de réfléchir mais rien y fait, tu es bloqué émotionnellement. Dans l'urgence. Tu dois réagir et vite. Luna attend de toi une réaction, n'importe laquelle sauf que tu ne veux pas te tromper et la blesser. Tu ne veux pas non plus faire des promesses dans la précipitation que tu ne tiendras pas. - Je ... non ? Tu es sure que ça correspond à janvier ? demandes-tu en ne lâchant pas l'hypothèse de la blague ou la caméra cachée. Mais en voyant Luna s'effondrer de plus belle, tu réalises que ça ne peut pas en être autrement. - Laisse moi deux secondes, s'il te plait. Tu lâches ses mains pour les passer dans tes cheveux, tu lèves les bras et te tournes. Tu marches un peu dans la pièce, tu essaies de faire le tri du flot d'informations qui vient de te parvenir. Tu prends finalement une grande inspiration et reviens vers elle pour lui prendre de nouveau les mains. - Arrête de pleurer, s'il te plait ... Je ne vais pas t'abandonner, je te le promets. C'est ... Enfin je ... Je ne m'attendais pas à ça, je suis pris de court là, commences-tu de ton accent français parfois trop prononcé sous le coup de la panique. - Je ne vais pas fuir, ni t'ab... vous abandonner ? Ecoute, il va me falloir un peu de temps pour comprendre tout ce qu'il se passe. Et je ... On pourra faire un test de paternité si ça te convient mais quoi qu'il arrive, je serais là. J'vais pas te lâcher et tu vas assumer tes actes. Mais le test de paternité semble indispensable Ca te laissera surement le temps nécessaire pour digérer l'information.