Meet your friend again | ft Haiwee

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the 02.08.2022 Marrakech ; Maroc ; SC 2022

Installé sur le lit, je feuillette les prospectus touristiques des environs. Difficile cette année de profiter de mes vacances comme je l’entends, à vadrouiller partout au gré de mes envies, mais je suppose que c’est quelque chose à quoi j’allais devoir m’habituer. Anaé sous ma garde jusqu’à ce que je rentre à Boston, Céleste étant désormais hospitalisée, on était vraiment loin de ce que j’avais imaginé, mais je relativisais au mieux. J’avais déjà passé dix jours formidables avec Novel, et je suppose que ces dernières semaines me permettaient de rattraper le temps perdu avec Anaé. Allongée sur le lit, je l’entends gazouiller tout en agitant ce qu’elle a dans la main. « Alors bébé, où est-ce qu’on va aujourd’hui ? » Je la regarde et elle gazouille de nouveau, ce qui me fait rire. « Ça m'aide pas beaucoup comme réponse ma puce. » Mais je suppose que j’allais devoir m’en contenter. Je regarde les prospectus et soupir. On avait eu l’occasion de faire un tour en ville hier pendant la soirée, lorsque les températures s’étaient un petit peu adoucies, histoire d’éviter le coup de chaud, surtout pour Anaé. Des visites courtes, aux heures les moins chaudes de la journée histoire de ne pas rester exclusivement à l’hôtel et quand même profiter des charmes du Maghreb, mais on était loin de mes vacances de l’année dernière, où j’enchainais les activités, plus dingue les unes que les autres. « Je crois qu’on va rester au calme cet après-midi et profiter de la piscine. Qu’en dis-tu ? » Toujours la même réponse incompréhensible que j'interprète comme bon me semble. « Allons-y alors ! » J’attrape Anaé pour la changer, jouant un peu avec elle, ce qui me prend plus de temps que je ne l’imaginais. Ma fille posée dans son couffin, je me change à mon tour et regroupe toute les affaires nécessaires pour que ce petit après midi piscine ne tourne pas au cauchemar avec elle. Crème solaire, biberon, chapeau, lunettes, bouée, serviettes, de l’eau, de la compote. Je répète plusieurs fois la liste à haute voix et à mesure que je mets tout dans un sac à langer. Je pense que je n’avais rien oublié. Au pire, la chambre ne serait pas si loin. « Vivement que tu grandisses quand même, qu’on puisse enfin voyager léger. » Parce que vraiment, je n’avais jamais voyagé si chargé.

Le sac sur l’épaule, le couffin dans la main et on est parés à sortir. Direction la piscine, à laquelle je ne suis pas le seul à avoir pensé. Un transat choisi à l’ombre pour protéger Anaé au maximum, je la sors de son couffin pour la caler sur mes cuisses tandis que je commence à déposer un peu de crème solaire sur le bout de son nez avant de prendre une photo que j'enverrai à sa mère plus tard. Ça la fera sûrement sourire. J’en applique soigneusement sur toutes les parcelles de peau d’Anaé exposées au soleil. « Voilà, tu vas pouvoir aller patauger maintenant. » Je remets correctement son chapeau et ses lunettes de soleil qui lui donnent des allures de diva miniature. Mais bon, sa sécurité d’abord. Tout en la gardant caler contre moi, je commence à gonfler sa bouée de piscine. Décidément, c’était du boulot d’emmener un bébé à la piscine, mais pour nos premières vacances, je ne m’en sortais surement pas trop mal.

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the 03.08.2022 Marrakech ; Maroc ; SC 2022

Les vacances avec un bébé, c’était définitivement une épreuve. Une épreuve à laquelle je n’aurais jamais cru être confronté de façon si précaire. Mais maintenant que Céleste était rentrée à Boston et hospitalisée, je n’avais pas d’autre choix que d’assumer pleinement mon rôle de père. En soit, rien d’insurmontable, bien sûr, d’autant plus que si Céleste avait réussi à gérer si longtemps, je devais en être capable aussi, mais ça me demande de faire quelques recherches pour ne pas faire n’importe quoi. Qui avait dit qu’élever un enfant se faisait de façon innée ? Surement un imbécile qui n’avait jamais eu à prendre l’avion avec un bébé pour traverser un océan. Car même si je ne savais pas quand j’allais rentrer, ce n’était pas à la dernière minute que j’allais devoir me soucier de savoir ce que je devais anticiper pour que le vol se passe pour le mieux pour Anaé. Tout comme aujourd’hui. Bien sûr, la protéger du soleil me semblait l’évidence même puisque je le faisais pour moi, mais j’avais dû effectuer plusieurs recherches pour vérifier si certains produits ou même comportements étaient adaptés à son âge. Franchement, j’avais un doute sur le fait qu’on puisse emmener un si jeune bébé dans une piscine, mais avec l’équipement adapté, c’était ok. Et heureusement, parce que je ne sais pas comment j’aurais diverti ce petit ange autrement.

Anaé parfaitement préparée à affronter le soleil et la chaleur, je la cale contre mes cuisses le temps de gonfler sa bouée. Avec mon cardio, ça ne me prend pas longtemps, mais je n’ai pas le temps d’arriver au bout qu’on m’interpelle, m’obligeant à arrêter pour relever la tête et me tourner légèrement. « Ca c'est parce que j’attends toujours ton message. » Je regarde la jeune femme face à moi avec un sourire tout en haussant légèrement les épaules. Ce n’était pas complètement vrai, même si c’est vrai que depuis notre dernière rencontre j’aurais apprécié avoir de ses nouvelles. La vérité étant que j’avais été débordé par la paternité cumulée aux révisions et partiels en cette fin d’année. Et que je n’avais pas vraiment pris le temps de prévenir qui que ce soit de ce changement tant que ces personnes n’étaient pas amenées à me croiser avec Anaé. Mais j’aurais dû deviner qu’Haiwee, j’allais finir par la croiser à nouveau pendant ce séjour. « Bon, blague à part, j’aurais peut-être dû envoyer quelques messages aussi. Mais pour faire les présentations, Haiwee, je te présente Anaé, Anaé bébé, je te présente Haiwee. Dis bonjour ! » Incapable de prononcer le moindre mot, ce qui est normal à son âge, elle gazouille, pousse des petits cris aïgus. « Ca veut dire bonjour. » Que j’affirme à Haiwee, comme si une traduction était vraiment nécessaire. « Bon alors, comment vas-tu depuis la dernière fois ? » Je lui pose naturellement, comme si ne rien était, mais je n’oublie pas que la dernière fois que je l’avais croisée, elle avait évoqué un événement traumatisant qui semblait encore la travailler. L’avait-elle complètement dépassé désormais ? « T’es venue en touriste ou en compétitrice ? » La grande question de l’été, voyant s’opposer deux teams, ceux qui veulent profiter du farniente, et ceux qui aiment quand même se bouger pendant leurs vacances.


((HJ : Ni vu ni connu, on est le 3 ))

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L’annonce de ma paternité n’était pas un secret, mais elle n’avait pas non plus été annoncée de façon festive et répandue, pour la simple et bonne raison que cela avait été pour moi un choc trop difficile à accepter. Il m’avait fallu du temps pour accepter que je sois père, dans ces conditions. Parce qu’il y avait eut le déni de Céleste, un doute sur la paternité, et déjà deux mois de manqués dans la vie de ma fille et mon propre déni à assumer avant de commencer à répandre l’information, et seulement auprès des personnes dont j’étais le plus proche. Novel en premier lieu, avec qui j’avais eut peur que ma relation prenne fin, puis Zéphyr, pour trouver le courage d’assumer une paternité qui me terrorisait. Puis il y avait eut ma famille, et d’autres de mes amis, à mesure que l’occasion se présentait. Une façon de faire peu commune, ce qui expliquait que certaines personnes comme Haiwee le découvrait sur le tard, six mois après la naissance d’Anaé.

Mon regard suit la main de Haiwee qui vient doucement serrer celle d’Anaé, comme s’il s’agissait de présentation officielle, ce qui amuse la plus petite. Dès qu’on jouait avec ses mains ou ses pieds, elle s’en amusait de toute façon. Sagement calée contre moi, j’en profite pour prendre des nouvelles de l’amérendienne, dont je n'ai pas croisé la route depuis le printemps. Une honte, surement pour beaucoup de se dire qu’il est possible de ne pas voir ses amis si longtemps, mais je n’en étais certain avec elle. On se voyait quand on se croisait, et ça ne nous empêchait pas de profiter du moment, quand bien même des mois pouvaient s’écouler depuis les mots échanger. « J’aurais voulu y participer aussi cette année, mais j’ai loupé les premières destinations. Et puis si je l’avais fait, ça aurait compliqué la garde de la demoiselle avec sa mère. N’est-ce pas bébé ? » Question rhétorique sur laquelle Anaé semble tout de même avoir un avis que je la laisse exprimer en souriant. Celle de Haiwee cependant, nécessite une vraie réponse sur laquelle j’ai un moment d’hésitation. Pas à l’aise à l’idée de confier Anaé à n’importe, ni même pour qu’on la prenne dans les bras à tout va, j’avais tendance à la garder avec moi ou la laisser dans son couffin lorsqu’il y avait du monde autour de nous pour éviter qu’elle ne se balade de bras en bras. Pourtant, malgré une certaine réticence, j’accepte de la laisser à Haiwee quelques minutes, presque convaincu qu’il ne pourrait rien lui arriver. « Ouais, vas-y. » Je lâche la bouée pour aider à Haiwee à prendre plus facilement Anaé dans ses bras, sans pour autant lâcher ma fille un seul instant du regard. Le garde du corps en moi n’était décidément pas si loin. « Tu n’auras pas le choix. Je pourrais te chasser jusqu’au bout du monde pour la récupérer. Et vraiment devenir très mauvais. » Je sais que ce n’est qu’une plaisanterie, une façon de parler, mais avec mon passé, ce genre de remarque évoquait une inquiétude et une douleur bien réelle que mes parents avaient connu pendant de longues années. Une douleur que je commençais à comprendre, avec vingt ans de retard. « Désolé, c’est pas te menacer hein. Enfin, si, un peu, mais bon, c’est surtout pour dire que compte bien rentrer à Boston avec elle. » Surtout pour dire que je n’accepterais jamais de la perdre. Je vérifie que tout semble aller pour Haiwee avant de reprendre la bouée et de mettre tout mon souffle pour la gonfler cette fois avec plus d’efficacité que ce que je faisais jusqu’à maintenant.

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Je n’aurais jamais cru être capable de m’attacher à quelqu’un de façon aussi viscérale un jour, encore moins, dans un tel contexte. Moi qui avait refusé d’admettre la paternité, qui avait douté de l’information jusqu’à ce qu’un second test le prouve, je ne pensais pas, il y a encore quelques mois que je pourrais déjà être si protecteur avec ma fille alors que celle-ci était encore si jeune et dépendante de ses parents. Je pensais que cela serait peut-être venu, vers cinq ou six ans, quand elle serait en âge de faire certaines choses par elle-même, gagnerait en autonomie, ou quand elle irait à l’école. Quand la vie lui imposerait plus d’épreuve, et à moi aussi. Mais le fait est qu'à six mois à peine, j’étais déjà un père surprotecteur, possiblement capable du pire si quelqu’un tentait de s’en prendre à ma fille ou de me l’enlever. Haiwee le comprend bien, lorsqu’elle arque un sourcil à mon égard. La menace n’en est pas vraiment une, exprimée maladroitement par l’inquiétude, mais le danger était bel et bien réel. Car elle l’ignore, l'amérindienne, qu’il s’agit là d’un sujet délicat, évoquant un traumatisme du passé auquel je refusais de faire face adulte. Un traumatisme que auquel je pense désormais en tant que parent, qui me laisse entrevoir ce que mes parents ont traversé pendant cinq années durant, et que je n’étais pas capable de voir avec mes yeux d’enfant. La question qu’adresse Haiwee à Anaé me pousse dans une réflexion silencieuse mais profonde. Serais-je capable de faire volontairement du mal à quelqu’un, pour protéger ma fille ou la retrouver ? Les réponses qui se dessinent ne sont pas toutes marquées par la bienveillance et la légalité, ce qui me fait les repousser au loin, alors que je redirige mon attention sur Haiwee et ma fille. « On va essayer de ne pas trop plaisanter sur le sujet. Et de ne pas effrayer ma fille. » Bien qu’elle n’aurait pas de souvenir de cette discussion, je ne voulais pas nourrir cette idée, cette potentielle image de moi. « Et puis tu ne connais pas encore la mère. C’est d'elle surtout que je me méfierais. » Elle n’en donne pas l’air comme ça, Céleste, mais je suis sûre que pour sa fille, elle pourrait devenir une tigresse redoutable.

Mais Haiwee semble plus fascinée et curieuse de cette humaine miniature, comme si elle voyait un bébé pour la première fois que dans une réelle optique de devenir maman dans l’immédiat. Sûrement, qu’elle y pensait, d’en avoir un jour, dans le futur, mais qu’elle avait d’autres projets avant cela. « Effectivement, elle semble bien avec toi. Et puis t’as l’air d’être à l'aise aussi. Il y en a beaucoup dans ton entourage ? » Je ne sais pas bien, qui elle fréquente Haiwee, et si les enfants sont nombreux autour d’elle. Ce n’est pas forcément le cas chez les étudiants, bien qu’il y ait plus de parents qu’on ne puisse l’imaginer sur les bancs de Harvard. Je secoue la tête à la question de la brune tout en soufflant pour la dernière fois dans la bouée qui a enfin adoptée la forme qui lui est propre. « C’est tout le contraire. Sa mère est venue la première avec elle, et je les ai rejointes. Mais elle a présenté des problèmes de santé et est rentrée en urgence à Boston. » Je retiens d’ajouter le moindre commentaire sur le fait que ça n’aurait peut-être pas été le cas si elle m’avait écouté plus tôt. Ce n’était pas le sujet. Ni la bonne façon de faire. « Du coup, c’est des vacances en tête à tête jusqu’à ce qu’on rentre à Boston. Si j’arrive à trouver comment m’organiser pour faire un vol si long avec un bébé. » Si Céleste avait pu faire l’aller, je devrais être capable de faire le retour, bien que j’appréhendais toute l’organisation que cela pouvait demander.

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J’essaye de relativiser face au propos d’Haiwee, de les remettre à leur place. Celle d’une plaisanterie maladroite, sans arrière pensée. C’était juste une boutade, comme de nombreuses autres pouvaient être faites, sans que cela donne lieu à un quelconque drame. D’autant plus qu’elle ne peut pas savoir l’amérindienne, la place que cela a pris dans mon passé, la place que cela prend encore dans mon présent. Ce n’est pas vraiment le genre de chose que l’on raconte autour d’un café, que l’on a soit même été kidnappé enfant, et que notre présent pourrait être bien différent si certains hasard n’avaient rétabli l’ordre des choses. Tout comme je ne dis pas que si cela devait arriver avec Anaé, je serais certainement capable du pire. J’essaye donc de revenir dans le ton de la plaisanterie, en affirmant que c’est de Céleste qu’il faudrait se méfier si quelque chose devait arriver à Anaé. Quelque part, je sais aussi qu’il existe une part de vrai dans ces propos. Connaissant la blonde, je suis sûr qu’elle deviendrait une véritable lionne si on touchait à sa fille. Un sujet sur lequel je n’ose moi-même pas plaisanter avec elle, de peur de déchaîner des réactions que je ne pourrais maîtriser.

Rapidement, le sujet dévie malgré tout, alors que je m’étonne de l’aisance avec laquelle Haiwee porte et s’amuse avec Anaé, comme si c’était naturel pour elle. Une aisance que je jalouserais presque, en me rappelant à quel point ça avait été difficile pour moi, rien que de la prendre dans mes bras la première fois. Clairement, on n'était pas tous égaux face à la parentalité. Mais je ne peux m’empêcher de hocher légèrement la tête à ses propos, confirmant le fait que la majorité des étudiants n’ont pas d’enfants, même si je sais que Céleste et moi n’étions pas un cas isolé pour autant. « Faut dire qu’Harvard est déjà très prenant. Ca doit demander une sacrée organisation en plus avec des enfants. » Je ne sais pas encore vraiment ce que ça va donner, d’être étudiant et père. Même si je l’étais depuis plusieurs mois déjà, la fin des cours était vite arrivée après la découverte de ma paternité, et Céleste avait géré presque exclusivement la garde d’Anaé. Je n’avais pas eu à me questionner sur les heures auxquelles je devais déposer mon bébé à la crèche ou la récupérer selon mes cours, à penser à préparer son sac avec toutes ses affaires, et toutes ces choses avec lesquelles la paternité va me rendre familier. Je suppose que ma prochaine rentrée serait donc bien différente des précédentes.

Tout comme mes vacances désormais, très différentes de celles que j’ai l’habitude de passer, et dont mon programme devait s’adapter à ce que pouvait supporter un bébé de six mois. Surtout maintenant que j’étais seul pour la garder, Céleste ayant dû rentrer d’urgence à Boston. Une information sur laquelle je m’attarde, partageant avec Haiwee mon appréhension à effectuer un vol retour si long avec un bébé, et à laquelle Haiwee répond avec bienveillance. « C’est gentil. Éventuellement, si un jour tu veux faire une balade avec nous en ville, hésite pas non plus. » J’avais du mal à proposer à des amis de sortir, ne voulant pas imposer la présence d’un bébé à qui que ce soit, cela pouvant être très contraignant, mais l’amérindienne semblait aimer les bébés, alors ça pourrait me permettre d’avoir un peu de compagnie pour une fois. « C’est que je me dis mais bon, c’est pas moi qui ait fait l’aller, et j’ai jamais voyagé avec un bébé. Bon si d’autre arrive à le faire, pourquoi pas moi, mais je me dis qu’il y a un risque pour que tous les passagers me détestent à l’arrivée. » Même si Anaé n’était pas particulière un bébé difficile à vivre, les conditions particulières liées à l’avion pouvaient la chambouler. Pour le coup, j’aurais apprécié que Céleste puisse être là pour partager son expérience.« Elle a une santé assez fragile. Elle ne se sentait pas très bien depuis quelques jours. Elle a préféré rentrer pour faire des examens et être convenablement prise en charge. » Je ne mentionne pas l’hôpital et la chambre stérile dans laquelle elle est depuis plusieurs jours, ne voulant pas non plus dévoiler sa vie privée, même si moi, ça ne me dérangeait pas d’en parler. Céleste avait un système immunitaire défaillant, et il fallait aussi s’attendre à ce que ça puisse être le cas d’Anaé. Mais la question qui suit me laisse perplexe, les sourcils froncés. Comme si Haiwee avait dit quelque chose d'insensé. En soit, sa question était légitime, mais je n’arrivais toujours pas à m’y faire. « On est pas ensemble. C’était juste l’histoire d’un soir. Ou deux. » Que j’annonce avec légèreté. Notre histoire avec Céleste était ce qu’elle était, et je n’avais aucune honte sur le sujet. « Et neuf mois plus tard, elle m’annonçait que j’étais papa. » Comme si on était un film ou une série pour ado. « Mais j’ai quelqu’un quand même dans ma vie. Un homme. » Quitte à être sur le chemin des confessions, autant continuer ainsi. Je me lève du transat, m’étire un peu avant d’attraper la bouée. « Est ce que tu peux me la donner quand je serai dans l’eau, comme ça mademoiselle va pouvoir barboter ! » Et aucun doute que ça allait lui plaire.