A North Korean in Boston city - en reconstruction

Ji-hun arrive sur le sol américain accompagné d'un membre de l'association, et rencontre pour la première fois la famille qui l'a parrainé.

Ji-hun trouve un contrat de travail plus malléable à la Luna Caffe où il devient serveur et préparateur de sandwiches de 4PM-8PM.

Ji-hun débute les cours intensifs d'anglais au sein de l'université d'Harvard. Il devient étudiant de la faculté d'arts, histoire et littérature pour la session mi-avril/fin juillet.

Ji-hun candidate pour une thèse et signe un contrat doctoral avec l'organisme national de recherches, qui prendra effet à la rentrée à condition qu'il obtienne un bon score aux examens linguistiques.

Ji-hun complète son activité salariale par un contrat dans un hôtel 3* où il exerce le métier de réceptionniste et homme d'étage aux horaires de nuit (8:30PM-00/2AM).

Ji-hun passe ses derniers examens et réussit à obtenir le certificat d'aptitude linguistique à 79%, échoue sur l'examen d'histoire, civilisation et littérature des États-Unis.

Ji-hun reprend les cours de natation le mercredi soir (7:30PM-10:30PM) et le samedi matin (8AM-11AM) en vue de se préparer pour les premières rencontres de l'automne. Il ajoute 5H de préparations physiques sur la semaine auprès d'un coach sportif.

Ji-hun commence sa formation doctorale au sein du laboratoire de pharmacologie, et démarre sa thèse sur le «développement d’une nouvelle stratégie neuroprotectrice efficace et d’une méthode de quantification précoce non invasive des lésions de la matière blanche cérébrale immature» en souvenir de sa petite soeur Ha-eun née prématurément.  

Ji-hun reçoit un message de son père qui l'inquiète, et lorsqu'il lui demande en retour ce qui ne va pas, tout ce qu'il obtient est la preuve qu'il l'a lu. Le nord-coréen devra attendre deux jours pour avoir des explications, et apprendra de son père que des espions de leur ancienne patrie voyagent à travers le globe pour faire taire les rescapés. 

Ji-hun quitte son poste à l'hôtel et ne travaille plus que le week-end à la Luna Caffe de 12AM à 4PM. Ses horaires de natation changent et il ne s'entraîne plus que le dimanche matin auprès de son préparateur physique. Il déménage également dans une chambre simple de la PfoHo et perdra sa virginité le soir même.  

TW : drogues, séquestration Ji-hun et quelques autres Pforzheimers, se font droguer lors de la réunion mensuelle de sa Maison, et se réveillent dans un endroit glauque où ils seront séquestrés plus de vingt-quatre heures, sans boire, ni manger. Terrifié à l'idée de souffrir physiquement et psychologiquement, il peine à se remettre de cet épisode. 

Première compétition dans le Minnesota, pour laquelle l'équipe de natation d'Harvard ne monte pas sur le podium cette saison. Bien qu'ils aient tous réussi à battre certains de leur(s) records, Ji-hun revient démoralisé, et commence à se demander si ces longs mois sans activité sportive n'ont pas laissé des séquelles irréversibles sur ses performances.

Participe à son tout premier séminaire à Philadelphie, durant lequel il aura performé sur trois discours d'environ trente minutes chacun. Défendant son sujet de thèse et sa discipline sur les thèmes suivants : neurologie, médecine générale et l'intelligence artificielle. 

10 mars 2022, Boston
아버지, 저는 보스턴에 있습니다.
모든 것이 괜찮습니다.
이 좋은 사람들 큰 집에서 살고 저만 원 베드룸있습니다 !
곧 연락할게요. 그러니까 너무 걱정하지 마세요.
(Père, je suis arrivé à Boston, et tout va bien.
Ces gentilles personnes vivent dans une grande maison,
et j'ai une chambre rien qu'à moi.
Je vous donne des nouvelles bientôt,
alors ne vous inquiétez pas trop.)

11 mars 2022, Daegu
내 아들, 기분 좋아요.
항상 밝고 유쾌하게 살아가요
(Mon fils, je suis content.
Vis toujours heureux et intensément.)

14 mars 2022, Boston
아버지, 하루 종일 전화를 드렸지만,
시차를 지금 거꾸로 살고 있습니다.
I forgot.
나중에 전화할게요.
(Père, j'ai essayé d'appeler
mais je vis sur un autre fuseau horaire.
J'ai oublié.
Je vous appelle plus tard.)

14 mars 2022, Daegu
OK,내 아들.
(okay, mon fils.)

8 avril 2022, Boston
아버지, 전화를 했지만 요즘 바쁜일이 있습니다.
오늘 면접보고 왔습니다. 했습니다 !
안 하셔도 됩니다. 밥 잘 챙겨드세요.
조만간 또 연락할게요.
(Père, j'ai appelé mais vous étiez occupé.
J'ai passé un entretien aujourd'hui. J'ai réussi !
Plus besoin de s'inquiéter, soyez sûr de manger correctement.
Je vous appelle bientôt.)

9 avril 2022, Daegu
내 아들, 너무 뿌듯해요.
보내줄게요.
(Mon fils, je suis si fier.
Je vais t'envoyer de l'argent.)

16 avril 2022, Boston
아버지, English시험에서 좋은 성적을 받으면
박사 해도 되겠습니다.
제게 해주신 모든 일에 감사드립니다.
대구는 4월에 날씨가 좋아요.
곧, 다른 아름다운 꽃들이 많이 필 것입니다.
늘 건강하세요.
(Père, je pourrais faire un doctorat,
si j’ai de bonnes notes à mes examens d'anglais.
Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi.
Il fait très bon à Daegu en avril.
Bientôt, beaucoup d'autres fleurs vont éclore.
Prenez soin de vous.)

18 avril 2022, Daegu
좋아요.
항상 열심히 하라고.
(C'est une bonne chose.
Fais toujours de ton mieux. )

9 mai 2022, Daegu
너의 메시지가 정말 감명받았어요.
너의 여동생가 알았다면 그녀 행복할 것 같아요.
어머니 네가 무척 자랑스럽구나 !
(Ton message était très touchant.
Si ta petite sœur savait, elle serait heureuse.
Et ta mère si fière de toi ! )

9 mai 2022, Boston
아버지, you taught me
«노력과 땀은 결코 배신하지 않는다.»
그래서 열심히 해보겠습니다!
하은 추모하며...
(Père, vous m'avez enseigné
«les efforts ne trahissent jamais».
Alors je vais travailler dur !
En mémoire d'Ha-eun...)

10 mai 2022, Daegu
안 죽였어요.
어머니도 여동생들도, 다시 올 거예요.
걱정하지 마세요.
(Elles ne sont pas mortes.
Ta maman et tes sœurs vont revenir,
ne t'en fais pas. )

10 mai 2022, Boston
I know, 아버지
(Je sais, Père.)

25 juillet 2022, Boston
해드렸습니다,  아버지 !
(Je l'ai fait, Père ! )

26 juillet 2022, Daegu
Congratulations, 내 아들 !
(Félicitations, mon fils ! )

19septembre 2022, Daegu
사방이 북조선 스파이입니다. 조심해요!
(Les espions nord-coréens sont partout.
Reste sur tes gardes ! )

19 septembre 2022, Boston
아버지 ? 무슨 뜻입니까? 무슨 일 있습니까?
(Père ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Quelque chose ne va pas ? )

21 septembre 2022, Boston
아버지 ?
(Père ? )

21 septembre 2022, Daegu
제발 전화 좀 받아요.
( Décroche s'il te plaît. )

Les éléments qui vont suivre sont fictifs mais bel et bien inspirés de faits réels rapportés par des persécutés nord-coréens et des détenus étrangers dans les camps de détention japonais. Ils peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes. Je vous conseille de bien faire attention aux warnings mentionnés au fil de l'histoire.

Centre de détention de l'immigration,
Higashi-Nihon, à Ushiku, préfecture d’Ibaragi
7 novembre 2021
Warnings, mentions :: détention, hospitalisation, camp de prisonniers, suicide.

Ji-hun clopine près d’un pied à perfusion, auquel l'un de ses poignets est rattaché par des menottes. Il le traîne dans un couloir fade, plus long que large, où des portes sont alignées à égale distance les unes des autres. La grande allée est éclairée par des néons intenses qui l’empêchent d’ouvrir correctement les yeux ; ou est-ce à cause de la fatigue ? Il poursuit difficilement son chemin jusqu’à la salle d’interrogatoires devant laquelle un interprète l’attend. Une fois à sa hauteur, il est obligé d'agripper davantage la barre de fer pour baisser, dans un alignement parfait, dos, épaule et tête devant celui qui traduira son audition. Il ne tombe pas. Mutuellement ils se saluent avant d’entrer à tour de rôle dans la pièce. Le même schéma traditionnel se répète face à la psychologue du service avant qu’ils s'asseyent sur des chaises peu confortables.

Psychologue :: Avant de commencer, veuillez me confirmer votre identité.

Ji-hun comprend le japonais mais ne peut s'exprimer dans cette langue. Il entrouvre ses lèvres asséchées puis commence à parler. Le traducteur, quant à lui, profite de chaque fin de phrase pour transcrire mot pour mot ce qui est annoncé par le détenu. Je suis le camarade Hwang Ji-hun. Je viens de la région de Hamgyeong du Sud de la République populaire démocratique de Corée. Je suis né en juche quatre-vingt-quatre, le dix-neuf mars. Je suis … Il ferme les yeux et avale péniblement sa salive du fait d’un pharynx desséché. L’analyste patiente, en profite pour écrire quelques caractères sur la feuille devant elle. Lui ouvre les paupières et reprend. Je suis étudiant à l’université de science et technologie de Pyongyang, où j’ai validé un master en chimie et biologie moléculaire et cellulaire. Je suis arrivé le vingt-sept octobre au Japon, et suis enfermé au centre de détention de Ushiku depuis le six novembre. Le transfuge tente de passer sa langue sur ses croissants de chair, mais son muscle est tout aussi sec que le reste de sa bouche. Il ne fait que les irriter davantage.

Psychologue : J’ai appris pour votre hospitalisation, permettez-moi d’abord de vous demander comment vous allez.

Ji-hun sait qu’il souffre de déshydratation sévère. Il a perdu connaissance plus d'une fois, sa perte de poids est conséquente, et ses organes vitaux sont touchés au point de compromettre leur bon fonctionnement. Il risque de vivre avec des séquelles pour le restant de ses jours, pourtant il ne trouve rien d’autre à répondre que ceci. Je suis en vie.

Psychologue : Elle était en danger ?

Ji-hun reste impassible et répond de façon robotisée, comme s’il récitait les articles d’un code pénal. Le départ non approuvé d’un citoyen nord-coréen, ou de tout ressortissant ayant bénéficié de la protection et la générosité de notre dirigeant suprême, entraîne l’envoi immédiat du coupable en camp de concentration. Les membres de sa famille sont considérés opposants du régime sur trois générations, et sont également incarcérés pour une peine à purger au prix d’un dur labeur. La spécialiste l’observe un court instant avant de continuer.

Psychologue : Et en mer, vous n’avez jamais imaginé pouvoir la perdre ?

Ji-hun décide de soulever un point important, qui fait toutefois toute la différence. Je pouvais décider de la façon dont je voulais mourir. Il n’y a pas plus satisfaisant que de se savoir libre de choisir, Madame. Il se rappelle de cette fiole que sa main avait fermement agrippée durant sa semaine de périple sur les eaux de l’Est. Rien n’avait pu l’en décrocher. Les garde-côtes nippons avaient peiné à la lui arracher, même lorsqu’il était inconscient. [En mer] J’ai surtout imaginé ce que j’avais laissé derrière moi.

Psychologue : Qu'avez-vous laissé derrière vous, Monsieur Hwang ?

Ji-hun finit par baisser le regard sur la table qui le sépare de la psychologue, et celle-ci comprend qu’il est encore trop tôt pour en parler. Elle change très vite de manœuvre et repart sur un sujet de conversation plus général, mais le nord-coréen s’est d’ores et déjà fermé à l’idée de continuer, et prétend avoir besoin de repos. Il demande à rejoindre sa cellule et on lui accorde.