Ji-hun offrit sa main, exprimant poliment l’envie de sentir celle de sa vis-à-vis venir se blottir tout contre. Premier rendez-vous qui menait aux premières douceurs. Petite pause de la drague verbale et gestuelle, il était temps d’immiscer le contact dans leur échange. Le nord-coréen n’eut aucun mal à faire le pas vers elle, quitte à pouvoir se faire recaler. Homme confiant et en qui on pouvait avoir confiance, – capable de porter bon nombre de responsabilités et confidences sur les épaules. Maturité déjà bien empaquetée, freinée par ce statut d’étudiant qu’il portait encore – doctorant pour trois ans, post-doctorant pour deux années minimum encore. Bien des années à voir passer avant de pouvoir s’engager auprès d’une femme, pourtant il voulait savoir ce que ça faisait de tenir la main d’une de celles actives d’ici – de tenir la main d’Aya dans la sienne. La politesse fut peut-être de trop, mais pouvait-on lui en vouloir quand elle était formulée de façon excessive chez lui – dans son pays ?
Ça n’empêcha pas la plus âgée de répondre à la démarche, heureusement. La paume féminine vint se coller à la masculine, et les phalanges épousèrent leurs jumelles, à quelques centimètres près identiques. Les doigts stagnèrent les uns contre les autres pour laisser le temps à leurs propriétaires d’en apprécier la liaison, avant qu’ils ne s’articulent pour ne former plus qu’un. Se mêlant à leurs semblables, ils finirent par se blottir dans la tendresse. La jeune femme mit du sien en caressant de son pouce l’épiderme à portée de doigt ; qu’est-ce que cela faisait ? Beaucoup de choses ça révèle, que parfois ne peuvent exprimer les mots, fit-il, tout bas. Chacun pouvait interpréter la chaleur qui s’en dégageait à sa manière, sans véritablement savoir ce que pouvait penser l’autre. Sentiment de sécurité, de sérénité, de confort ou de force – d’affection ? Les pulpes du brun finirent par bouger, eux aussi. De bas en haut, sur le revers de la palme de la plus âgée, ils glissèrent en apprivoisant la douceur de la peau.
L’autre main vint s’emparer de la bière, le verre au bord des lèvres, il termina en une gorgée la boisson alcoolisée et proposa : la prochaine boisson, pour moi tu choisis. Jeu risqué, maintenant qu’il avait avoué ne pas tenir le vin, et que la carte était composée de plusieurs alcools forts, mais il avait envie de s’amuser. Il savait qu’il n’était pas méchant lorsqu’il avait un petit coup dans le nez, Aya, tout comme lui, ne risquait rien. Et puis on ne se retrouvait pas dans un pub pour en sortir complètement sains, alors… Du Jameson, pour toi, l’informa-t-il de son choix pour elle, tout en lui offrant la possibilité d’une alternative : en cocktail, pur, ou en shot, toi qui vois, pour ça. Avec du jus, un soda, de l’eau ou sur quatre cubes de glaces. Whisky irlandais qu’il connaissait pour avoir un bon goût, qu’importait la façon dont on le consommait. Il se sirotait de préférence, pour en apprécier tous les arômes, et pouvait plaire aux femmes comme aux hommes.
Il tira ensuite sur le bras d’Aya, le temps que cette dernière finisse ce qui restait du vin commandé plus tôt, puis il posta le bout de son nez sur le haut de sa main. Il bougea sa tête ensuite, pour effectuer de délicates caresses de son museau, avant que ses lippes ne prennent le relais. Chairs épaisses qui émirent de légères pressions, à peine visibles, mais sans difficulté ressenties par celle à qui il les offrait. Regard qui se releva à ce moment-là, pour percevoir à quel point l’adulte pouvait être réceptive à ce retour à la séduction.
@Aya Wolford
(Ji-hun Hwang)