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@Gaspard H. Wertheimer jeudi 28 juillet 2022 ; atelier chanel tw : vomissement de bébé, coup de chaleur.
Il n’y a rien à faire. Cela fait une vingtaine de minutes que je suis avec Rosalia en train de faire les boutiques et une dizaine de minutes qu’elle hurle à la mort. Ma petite soeur est en pleine crise mais crise de quoi, je n’en sais trop rien. Elle a l’air de bien aller mais la réalité semble bien loin de ce que j’imagine. Je la regarde, des larmes dans les yeux et la sors de sa poussette. La vue sur la ville va peut-être la calmer un peu mais rien n’y fait. Alors, mon bébé-soeur braillard et moi, on avance sans trop savoir où on va, où on est parce que j’ai clairement perdu ma notion du temps et de l’espace. La petite dans les bras, je tente de lui chanter des comptines et me retrouve face à un refus total de coopérer. Elle crie toujours autant, énervée - pas autant que moi - comme pas possible, ce qui n’aide pas à faire baisser sa température et je soupire. Écoutes, il faut que tu y mettes du tien. Je ne parle pas le bébé mais, visiblement, il y a un souci que je n’arrive pas à régler. J’embrasse son crâne et continue de la bercer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus réellement de bruit. Un gazouillement tout au plus et moi, j’ai rapidement des hauts le cœur parce que je sais ce qu’il s’est passé. Rosie, non… Que je soupire en jetant un coup d’oeil par-dessus son épaule à moitié nue. Le lait, régurgité. Je me dirige vers un coin d’ombre, les larmes aux yeux, clairement au bout de ma vie et m’assois sur des marches d’une boutique qui n’a pas l’air ouverte. La petite sur les bras, ma main libre attrape les lingettes et je commence à nettoyer la poussette avant de la poser dedans. Au moins, j’ai mes deux mains libres maintenant. Et me voilà à m’essuyer les mains, mon t-shirt taché et aussi les baskets souillées. Il n’y a plus rien qui va. Je vais puer et n’ai qu’une envie : rentrer. Les larmes toujours plus présentes, je prends quelques secondes à débarbouiller Rosalia et lui donne un peu à boire, histoire de l’hydrater un peu. Je la regarde et finit par éclater en sanglots. Je n’y arrive plus. Il y a des jours où tout va bien et où je pense qu’on est sur le bon chemin et d’autres où je suis à paniquer et pleurer au milieu d’une rue passante. Et moi qui pensait être tranquille deux minutes, deux employés de ladite boutique - Chanel en plus de cela - débarque pour me demander de bouger. J’ai besoin de deux minutes. Que je baragouine. Deux minutes pour souffler, pour pleurer, pour me reprendre et filer vers la nouvelle épreuve de ma vie parce qu’elle n’est construite que de ça depuis près de six mois.
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