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(libre) your voice could calm the oceans

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L’emménagement s’est bien passé, mais il manque encore de quoi décorer l’appartement. Les murs sont tristes et la chambre d’Ellie mériterait un peu plus de chaleur. Elle grandit aussi très vite, c’est pour ça que j’suis dans ce centre commercial. J’aimerais lui trouver quelques tenues pour terminer correctement l’été. Peu sereine, notamment après tout ce que j’ai quitté à Cambridge, les histoires comme quoi j’aurais poussé ma coloc au suicide, je me fais discrète et frôlerais presque les murs. Les magasins visités, j’ressors avec quelques paquets et décide de me poser sur le bord d’une fontaine pour savourer une glace. Le pot terminé, j’étais sur le point de repartir lorsque trois filles m’encerclent et dégainent leur portable. « Mais c’est la meurtrière, Beryl Buckley » Elles rient et une reprend « T’es de retour pour nous jouer un mauvais tour ? Espèce de sorcière » L’une fouille dans mes sacs et sort une petite robe « Tu nous as pondu un gosse ? » Les moqueries s’entassent. Leurs téléphones sont braqués sur moi. Je cache mon visage et alors que je voulais me relever pour déguerpir, la brune me pousse et je bascule dans le petit bassin. Les jambes qui dépassent, je reprends mon souffle et tombe entièrement dans la fontaine. Le monde s’attroupe autour de moi. J’suis sonnée. Enjambant le rebord, je récupère mes achats et je fuis aussi loin que je peux. Je cours dans les allées et me réfugie dans un recoin, toute ruisselante. La respiration n’a plus de rythme. J’étouffe. Mon coeur se bloque et repart. Je suffoque. Le décor paraît tourner autour de moi. Une sensation de mort imminente me tétanise. « Je vais pas mourir, c’est faux, reprends toi Bee » #rplibre 
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★ ─ Your voice could calm the oceans
feat @Beryl Buckley



Tu te promènes tranquillement au centre commercial, appréciant le fait qu’il y a quelques années à peine, tu aurais arpenté les boutiques telle une ombre et fourré des fringues au fond de ton sac à main - assez grand pour contenir la collection printemps, été, automne, hiver de n’importe quelle grande marque. Or depuis que tu travailles au Sapphire, ton salaire régulier et les pourboires assez généreux des clients - qui raffolent de tes tours de magie - sont généralement suffisant pour que tu ne dévies pas du droit chemin. Comme une boule de bowling lancée à toute allure, tu as besoin de ces remparts de chaque côté de la piste, qui t’amènent de plus en plus près de ton but ultime : le strike, la richesse et le luxe qui l’accompagne. Sans eux, tu perdrais ton équilibre, partirais dans les sillons qui recèlent de coups foireux et de plans dangereux. M’enfin, tu trouverais quand même le moyen de faire mouche, car c’est dans ta nature de gagner. La méthode serait simplement moins… légale.

Après t’être octroyé une nouvelle montre de marque, tu quittes le centre en sifflotant, songeant déjà au programme de la soirée : journée off, donc tu comptes en profiter pour prendre un bon bain moussant avec une coupe de champagne à la main et un masque de charbon sur la tronche. Il faut bien épurer ces pores, de temps en temps ! De loin, tu aperçois quatre adolescentes près d’une fontaine : une seule est assise tandis que les autres l’encerclent, leur portable braqué vers elle et leurs traits tordus par des moues moqueuses. Tu n’entends pas ce qu’elles racontent, mais tout à coup, l’une d’elle pousse la gamine du bord. Celle-ci se retrouve à la flotte, refait surface brusquement puis, humiliée, déguerpit sans demander son reste.

Sourcils froncés, tu avances vers les trois tyrans en braquant ton téléphone vers leurs faciès amusés, la fonction vidéo activée. S’il y a bien une chose que tu ne supportes pas dans ce monde, ce sont les petites brutes de cour d’école.

─  Bravooo… vous êtes fières de vous ? Ça vous dirait de raconter à la caméra ce que vous venez de faire à cette pauvre fille, hm ? De toute façon, j’ai tout enregistré, donc vous pourrez vous expliquer au commissariat.

Les pestes s’entre-regardent en se demandant si tu bluffes ou non. Malheureusement pour elles, tu as l’habitude d’être très convaincante, surtout quand tu mens. Du coin de l’œil, tu captes que la brune articule silencieusement à ses amies : « ne dites rien ».

─  Alors, on a perdu sa langue, hm ?

Tu t’approches de la rouquine, qui a l’air sur le point de craquer, et brandis la camera vers elle.

─  Vous faites moins les malignes, quand c’est vous qu’on filme.

Tu t’apprêtes à les provoquer encore, incapable de t’arrêter, mais elles semblent enfin capter que la fuite est leur unique option pour ne pas s’incriminer davantage. Aussi, après un signe échangé, elles prennent leurs jambes à leur cou.

─  C’est ça, courez, bande de petites chattes apeurées !

Rangeant ton téléphone dans ta poche, tu te rends compte que les regards sont désormais tournés vers toi. Ça ne te dérange pas : tu aimes l’attention, briller comme un diamant sur le cou d’une millionnaire.

─  Qu’est-ce que vous regardez ?!

Tu récupères une petite robe oubliée par terre, et te mets en quête du chaton noyé : pas très difficile de retracer ses pas, puisque des traces d’eau trahissent le chemin emprunté. Tu la retrouves rapidement, tassée dans un coin et tremblotante : de froid ou de peur ? Sans doute les deux. Tu te penches vers elle et lui tends le vêtement taille poupée.

─  Hey… t’as laissé ça par terre. Ces idiotes ne perdent rien pour attendre. Le karma les poursuivra, t’en fais pas !

C’est drôle que ton propre karma ne t’inquiète pas plus que ça, malgré toutes tes filouteries. À ton sens, voler n’est pas un crime en soi : tu ne fais que rétablir l’équilibre dans une balance qui penchait trop du côté « pauvre » à ta naissance.

─  Y a des toilettes, par là-bas. J’peux te prêter une robe, si tu veux.

Tu sors ladite robe - courte et fleurie - d’un sac en papier en la présentant à la gamine comme si c’était une cliente à convaincre.

─  Pas mal, hein ? C’est peut-être pas ton style, mais au moins, tu seras au sec.



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