(neal) we drown in the water

Le sommeil était aux abonnés absents. Il s’était fait la malle loin de moi me laissant plonger dans le dédale déchirant de pensées qui traversaient ma tête. Je ne parvenais pas à glisser dans la paix rassurante des bras de Morphée. J’étais allongé là et perdu dans ma tête. Une tête qui tournait trop vite. Des pensées qui tournoyaient vivement. Ça faisait mal. C’était désagréable. C’était dérangeant. Alors, incapable de rester à me faire dévorer, je finissais par quitter le lit. Je déambulais dans la chambre avec douceur pour tenter d’empêcher l’énervement qui pulsait dans les veines. Je contrôlais ma respiration avec lenteur pour l’empêcher de s’emballe et m’empêcher de finir à terre. Peut-être qu’un peu d’air frais saurait apaiser mes pensées. Ou peut-être qu’une douche pourrait aider à mieux contrôler l’être et la tête. Je n’en savais rien. Je me mettais pourtant en mouvement comme pour échapper à cette horreur qui me coursait. Avant même d’atteindre une sortie, mon téléphone vibrait dans ma poche. Qui pouvait m’écrire en plein milieu de la nuit ? J'attrapais le mobile je jetais un œil à la notification. Le message s’affichait sous le nom du diable. L’invitation était là sous le prénom de Félix. Une invitation pour un tour dans cet Enfer brûlant. Une invitation pour une chute dans cette déchéance certaine. Une invitation sur un chemin bien trop dangereux et fichtrement tentant.

La réponse était tapée sans réflexion. J’acceptais de rejoindre Félix à la piscine curieux de cette soudaine invitation. J’acceptais de retrouver le jeune homme alors que j’avais conscience du danger. J’acceptais de me rendre à cette piscine alors que je savais que je pouvais trébucher. Gamin idiot qui avait envie de passer le test. Gosse stupide qui espérait tenir ses résolutions d’homme marié. Je quittais les lieux sentant les frissons glisser sur ma peau. Peur ? Anticipation ? Excitation ? Sans doute un mélange de ces trois sentiments. Le cœur cognant fort dans ma poitrine, je me dirigeais vers la piscine. Mes prunelles ne tardaient pas à le repérer. Félix. Seul. Dans la piscine. Félix et son sourire malicieux. Félix et son putain d’être un peu trop attirant et parfait. Félix et sa putain d’aura diabolique. J’haussais les épaules aux premiers mots incapable de savoir quoi répondre. Je ne le quittais pas des yeux. Sa main dans ses cheveux, son corps qui s’approchait. Cette invitation qui tombait. Ma langue glissait avec lenteur sur mes lèvres. Je restais à distance de la piscine sentant la tête exploser sous les pensées. Sans retirer mon tee-shirt ou mon pantalon, je m’approchais du bord. Je m’approchais du diable. Soufflant un « J’pas mon maillot… », je retirais mes chaussures avant de m’asseoir sur le bord de la piscine plongeant uniquement mes pieds dans l’eau. Reposant le regard sur Félix, je reprenais « Je te rejoins juste comme ça… » Juste avec des pieds dans l’eau. Simplement avec des vêtements sur le corps. Juste avec cette envie de résister à la tentation pour ne pas rompre la promesse faite au mari.

Fuir la tentation… C’était ce chemin que j’aurai dû emprunter sans la moindre hésitation. C’était ainsi que l’histoire aurait dû s’écrire ce soir. Gamin marié depuis plusieurs mois qui se devait d’être fidèle. Gosse enchaîné à la vie d’un autre qui avait promis de ne pas tromper malgré la vie d’avant qui cognait toujours quelque part et les manques qui pulsaient presque quotidiennement. Être humain qui faisait tout pour se contrôler sans jamais dérailler depuis des mois. Rester droit. Demeurer sage. Rester fidèle. Alors, putain, qu’est-ce que je foutais hors de ma chambre ce soir ? Qu’est-ce que je fichais à m’éloigner de cette position que j’avais tenu tout ce temps ? Difficilement ouais, mais je l’avais tenu. Enfermé dans mon monde et coupé des autres, j’avais su m’éloigner de la réalité du Neal d’avant. J’avais su me terrer dans un autre monde où la tentation n’était plus et où les murs étaient foutrement étroit. Je m’étais moi-même fait prisonnier de cette vie pour être certain de ne pas sombrer. Je ne voulais pas faire de faux pas. Je ne voulais pas risquer cette nouvelle vie qui me rendait heureux. Je l’étais. Vraiment. C’était juste différent et compliqué. Ce soir, tout se bouleversait avec le message du Diable. Ce soir, je trébuchais et je me perdais. Gamin qui ne reprenait pas le bon chemin. Gosse qui se perdait sur le chemin de l’Enfer brûlant et tentant. J’acceptais de rejoindre Félix à la piscine. Seuls. Juste lui et moi. Simplement nous. Le danger était présent. Ça m’effrayait autant que cela m’excitait. Le cœur cognant fort dans la poitrine, je venais prendre place au bord de la piscine. Habillé avec uniquement les pieds dans l’eau, je tentais de maintenir le barrage en place. Ces murs qui m’empêcheraient de sombrer. Ces murs que Félix sauraient sans doute trop bien faire exploser.

Les mots du jeune homme ne tardaient pas à tomber. Je levais les yeux au ciel en les entendant parce que je savais. Bien sûr que je n’avais pas besoin de maillot pour me baigner avec le Diable. Je pouvais y aller en boxer. Je pouvais même y aller à poil. Mon excuse était minable. Glissant ma langue sur mes lèvres, je sentais mon cerveau tourner. J’étais en quête d’une autre excuse. Une excuse qui risquait d’être tout aussi bancale. Cependant, avant même que je n’ouvre la bouche, les mains de Félix se posaient contre mes cuisses. Ça arrêtait la tête. Ça figeait le corps. Ça stoppait presque le cœur. Je n’osais plus faire le moindre mouvement. Les mains brûlaient agréablement la peau. Ce simple contact faisait chauffer l’être. Les pensées s’embrouillaient alors que Félix se redressait. Son visage se trouvait face au mien. Les mots tombaient. Ces mots qui sonnaient comme une sentence à laquelle je ne pouvais guère échapper. Ces mots qui résonnaient comme une menace qui me faisait frissonner. Je me raclais la gorge baissant les yeux pour cesser d’observer le Diable qui se tenait devant moi. Et, j’hochais doucement la tête en marmonnant un « D’accord, d’accord… » pour éviter de finir à l’eau tout habillé. Me remettant sur pied, je m’éloignais de quelques pas me sentant respirer de nouveau avec cette distance. Je retirais mon tee-shirt avec lenteur laissant ma tête repartir en quête d’une issue à cette tentation, d’une fuite à ce chemin. Mes iris sombres fixaient Félix puis la piscine. J’hésitais. Et, finalement, je retirais mon pantalon ne gardant que mon boxer sur ma peau. M’approchant de nouveau de la piscine, je glissais une nouvelle fois mes pieds dans l’eau avant de m’y laisser glisser totalement. Sans perdre de temps, j’instaurais de la distance entre le diabolique tentateur et moi. Je reculais dans l’eau avant de poser mon regard sur lui pour souffler un « Satisfait ? » avec un léger sourire comme si cela pouvait me sauver du péché.

Maintenir le barrage était indispensable avec quelqu’un comme Félix face à moi. Il était l’un des rares à pouvoir me faire réellement chavirer. Il était l’un des seuls à réellement parvenir à me pousser en dehors de ce chemin sur lequel je me tenais sagement depuis des mois. Non. En vérité, il était bel et bien le seul à avoir un tel pouvoir. Il était le seul à avoir une telle emprise. J’en avais parfaitement conscience. Je savais que je risquais de replonger dans mes débauches d’avant mariage à ses côtés. Je le savais putain. Pourtant, je n’avais pas refusé l’invitation quand elle était tombée. Je n’avais pas dit non quand bien même j’avais conscience que nous serions seuls et qu’aucun filet de sécurité ne serait là pour m’empêcher de plonger dans l’Enfer délicieux auquel il voulait donner vie. Diable foutrement tentateur. Diable terriblement doué face à moi. J’étais venu jusqu’à la piscine ce soir pour le retrouver et fuir les murs de ma vie si bien rangés. Être sage, bosser, s’occuper de ma fille, être fidèle envers mon mari que j’aimais. C’était à cela que se résumait ma vie depuis de longs mois. Depuis le mariage, j’étais enfermé dans ces murs étroits de mon existence et ça me convenait. Je faisais tout pour que ça me convienne ainsi contenant les débordements qui voulaient se faire une place dans cette nouvelle vie. Ce soir, je n’avais pas su les contenir. Ce soir, ma fidélité risquait de ne plus être intact. Ce soir, je m’offrais à la tentation qui avait le pouvoir de me faire valser. Ce soir, je replongeais dans une vie où je n’étais pas sage et droit. Pourtant, même sur place, l’hésitation cognait fort partout dans l’être. Je restais sagement à distance. Je tentais de maintenir le barrage en place. Les pieds dans l’eau, j’essayais vraiment de rester dans mon rôle sans chuter aux côtés du diabolique Félix. Ce jeune homme qui finissait par s’approcher de moi laissant son contact me chauffer la peau. Ça brûlait agréablement l’être. Ça faisait pulser encore plus fort le manque douloureux que j’étouffais depuis des mois. F*ck it. Le diable lançait les menaces frissonnantes et l’accord passait la barrière de mes lèvres. Bien trop facilement. Je craquais. Je cédais. Les mots de Félix tombaient tandis que je me remettais sur pied en quête d’une autre fuite peut-être.

Une fuite qui ne viendrait jamais en réalité. Je ne voyais aucune porte dérobée pour m’effacer de cette situation. Je ne percevais aucune excuse valable pour m’enfuir de cet Enfer qui me tendait les bras. Et, putain, je n’avais absolument aucune envie. Je ne voulais pas m’éloigner. Je ne voulais pas retourner sur mon droit chemin. Je venais de m’aventurer sur un sentier interdit et j’avais juste envie de continuer à m’enfoncer. Continuer ma route et voir vers quoi cela me mènerait. Gamin qui sentait son cœur palpiter plus fort dans la poitrine. Gosse qui avait l’impression de retrouver sa vie d’autrefois. Cette vie qu’il avait tant connu. Cette vie qui manquait bien trop fort malgré le bonheur et l’amour porté au mari. Retirant lentement mes vêtements, les limites étaient toujours là quelques part. L’envie de rester fidèle cognait toujours dans l’être. Elle me poussait à garder mon boxer. Elle me poussait à tenter de garder les barrières en place même si je me glissais totalement dans l’eau en compagnie de Félix. Je ne tardais pas à l’interroger d’ailleurs savoir s’il était satisfait de me voir dans cette piscine avec lui. Au fond de moi, je savais que ce n’était guère le cas. Mais, putain, une partie de moi priait pour que cela lui suffise avant que je ne glisse encore plus profondément dans cet Enfer que j’aimais tant. Félix soufflait des propos qui me poussaient à lui tirer la langue comme si je n’étais qu’un gamin qui ne savait pas réagir autrement face à la taquinerie. Et, lorsqu’il se mettait à applaudir, je ne pouvais m’empêcher de lui offrir un doigt d’honneur avec mon plus beau et grand sourire. Gamin amusé qui sentait les murs oppressants de l’existence rangée s’écarter. Gosse qui avait l’impression de respirer un peu plus alors que le danger s’approchait. Un danger de plus en plus proche. Mon sourire se perdait lorsque la silhouette du jeune homme approchait créant du contact. Et les mots tombaient à mon oreille soufflant une réalité bien trop dangereuse. Son souffle était proche. Sa voix était envoûtante. J’avais envie d’éteindre mon cerveau et de plonger. Purement. Simplement. Sa main glissait le long de mon torse. Les braises s’allumer. Mon cœur cognait plus fort. Mes poings se serraient comme pour me pousser à me contenir. Je déglutissait difficilement avant de murmurer « Me… Me laisser aller ? » Les mots étaient soufflés de façon interrogative comme si je n’étais qu’un gamin qui ne comprenait pas le sens des propos. Jouer à l’imbécile était préférable. Ça permettait de rester loin de la victoire de Félix. Ça permettait de rester fidèle. Encore et toujours. Penchant la tête, je fronçais les sourcils avant de proposer « Ooooh, ça veut dire que tu veux qu’on fasse la course dans cette piscine et je peux me laisser aller à te ridiculiser en gagnant ? » Sourire amusé aux lèvres, je jouais le rôle de ce gamin à la perfection. Ou peut-être pas tant que ça parce que le corps trahissait les envies réelles. Le corps qui se mouvait de lui-même pour effacer le peu de distance existante entre Félix et moi. Le corps qui avait envie d’envoyer au loin les règles strictes et suivies depuis des mois au contraire de la tête qui tentait encore de résister. Mais, résister à cette tentation était déjà perdu… Non ?