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with @William Bennett
warning : Drogues
the 09.07.2022 Boston
Ce n’était pas tout à fait ainsi que j’entendais passer ma dernière soirée sur Boston, mais tant pis, il était trop tard pour faire autrement désormais. Calmement, installée au laboratoire, je termine de préparer un petit sachet d’une substance que je connais bien. Mes mains tremblent légèrement à cet instant, reflétant un mélange de peur, d’appréhension, mais aussi un léger manque. Trois mois de sevrage mais la tentation reste présente, et surtout dangereuse. Pourtant, j’y fais face pour ne pas retomber dans mes pires travers. J’avais bien cru perdre mon frère la première fois, il n’était pas question d’avoir le sentiment de le perdre une deuxième fois. Méticuleusement, je range le petit sachet que je viens de préparer dans une de mes poches, et remets tout ce que j’ai utilisé à sa place. En me préparant à quitter la pièce, je jette un dernier regard sur celle-ci. Je pense que ça n’allait pas vraiment me manquer dans les prochaines semaines, et je pense même que ça allait me faire du bien de m’en éloigner un peu. Surtout depuis la visite d’un de nos aînés, se plaignant de ventes trop faibles. Des ventes qui, comme je l’avais prédis, avaient redécollé à la fin des examens et au début des vacances. Ce n’était désormais plus une inquiétude, ni mon problème ce soir.
Mon problème ce soir était qu’une vente avait été repoussée à la dernière minute, et qu’il était compliqué de bouleverser le programme de chacun pour y intégrer une simple vente. Résultat, c’était à moi de m’y coller, mais surtout, je devais le faire dans les “conditions habituelles”. Des vêtements discrets, un coin sombre, il paie, je donne, et chacun repart de son côté. Une façon de faire très différente de la mienne, car j’alimentais surtout les réseaux d'étudiants d’Harvard, et que j’avais choisi une approche moins obscure. Mais toute la ville ne pouvait pas fonctionner de la même façon. Si je le faisais pour Harvard, c’était aussi parce que je savais à qui j’avais à faire, et comment me protéger. Ce soir, ce n’était pas le cas. Je n’avais aucune idée de qui j’allais rencontrer, seulement où et quand. Et comment le reconnaître, grâce au nom de code de son livreur habituel.
Sweet large enfilé en sortant du labo, je traverse tranquillement les rues jusqu’au point de rendez-vous, près de Charles River, sous un des ponts plus en périphérie de la ville. Vraiment glauque à la nuit tombée. Le genre d’endroit où aucune autre fille n’irait se balader seule au milieu de la nuit. Le genre d’endroit où l’on fait forcément une mauvaise rencontre. Et j’y reste préparée. J’attends que les minutes passent, restant concentrée sur ce qu’il se passe autour de moi. Pas d’écouteurs, pas de téléphone pour ne pas tromper mes sens. Je détaille quelques silhouettes qui passent non loin de moi, mais aucune ne m’interpelle. Il ne me restait plus qu’à continuer d’attendre.
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